Les transitions politiques en Afrique

Les transitions politiques en Afrique

Section 4 : Les transitions politiques en Afrique

Nous ne pouvons pas discuter de la transition politique en Afrique sans préalablement cerner la notion de la transition.

§1. Approche théorique de la transition

Au regard des études comparées, la génétiques institutionnelle est embryonnaire. La connaissance des mécanismes de naissance, de développement et même de perfectionnement des institutions restent aussi très fragmentaire et dispersée. Cet instantané de la science politique moderne est qui continue encore à penser les institutions à partir de leur acte de naissance juridique.

En effet, très peu d’études ont essayé de transcender les difficultés d’approche de la transition pour mieux restituer sa logistique historique, ses clés d’interprétation et ses différentiations entre modèles est copies. 242 C’est donc sur base des travaux pillés de quelques auteurs que nous nous appuierons pour comprendre ce qu’est « la transition ».

Raymond Aaron estime que l’on doit comprendre qu’il n’y a réellement transition politique qu’à deux conditions243 : D’abord, l’existence préalable d’un régime autoritaire au sens où la doctrine la plus autorisée les a pensées, ensuite sa mutation et son évolution vers un autre de nature différente.

Pour HORNBY, A. S. , “ la transition est un changement d’une condition ou d’un ensemble des circonstances vers et ou un autre ». 244

WEESTERS définit pour sa part la transition comme : « étant le passage d’une place, d’un état, d’un stade ou d’un type de développement vers un autre »245.

Les politiciens quant à eux considèrent la transition comme « une période intermédiaire entre un régime politique jugé caduque vers un autre estimé meilleur ou encore une période marquant le passage d’une république à une autre, plus nouvelles. 246 Cette définition est proche de celle que nous donne le dictionnaire micro robert : « le passage d’un état à un autre, en général lent et graduel. C’est un état intermédiaire ». 247

Plus pragmatiste et réaliste, Adam Prezewoski pour sa part, lie à la réalisation de la transition, l’existence et l’installation d’institutions démocratique. Il estime que la démocratie est consolidée lorsque la plupart des différents politiques et sociaux sont régulés et réglés par les fonctionnements réguliers des instituts post-totalitaires. 248

Samuel HUNTINGTON à son tour rattache l’appréciation de l’effectivité de la transition à un effet psychologique. Il considère qu’il y aurait consolidation démocratique dès lors que l’euphorie des lendemains chantant céderait le relais à la désillusion voire à certaines formes de nostalgie grâce. 249

242 AIVO, F. J, op. cit. , p. 368
243 AARON, R. , Démocratie et totalitarisme, Paris, Gallimard, 1965, pp. 287-288
244 HORN BY, A. S. , Cité par KANZA, T. , Soutiens extérieurs des parties au conflit congolais et les difficultés d’une transition démocratique, mémoire, FSSPA. , R. I, UNILU, 2003, p. 24
245 WEESTERS, News collegrate dictionary, cité par KANZA, T. , op. cit. , p. 25
246 KANZA T. , op. cit. , p. 25
247ROBERT, P. , Dictionnaire du Français primordial, Paris, Ed. Les Roberts, 1987, p. 1089
248 PRZEWORSKI, A. Cité par AIVO, F. J. , op. cit. , p. 370
249 HUNTINGTON, S. P. , Cité par AIVO, F. J, op. cit, p. 370

En effet, en se fondant sur ces dernières « théories de transition » développés par des auteurs aussi talentueux que nous dégagerons l’hypothèse selon laquelle « la transition en Afrique a belle et bien eu lien car, les pays africains grand nombre d’entre eux ont tourné la page du« totalitarisme pur » des années « 1970 » et « 1980 » à un autre pluraliste ou démocratique. Pour certain simplement au lendemain des conférences nationales Cameroun et « des reformes politiques ».

Au regard de la constitution de « l’Etat de droit » dans la plupart de pays africains et l’installation d’institutions démocratiques dont les pouvoirs sont mesurés par des contre- pouvoirs, nous pouvons soutenir avec Frédéric AIVO qu’il y a eu « l’effectivité de l’ouverture de transition politique » en Afrique; En dépit des multiples contestations des auteurs aussi brillants, à l’instar de Jean-François Bayart250 qui estime en faisant le bilan de la démocratie en Afrique noire francophone qu’il s’agit d’une simple « décompression autoritaire ». Raison pour laquelle le prochain va examiner ces transitons.

§2. L’Afrique dans les transitions politiques

A l’évidence, le continent africain se situerait dans la troisième et dernière vague de la démocratie. 251 Cependant, à partir de ces données qui servent presque à tous de repères théoriques et d’outils de mesure de la circulation ou de la ventilation démocratique dans le monde, la polémique sur la situation de l’Afrique en la matière prend tout son sens.

Ainsi, à quand doit-on situer la démocratisation des Etats d’Afrique ? En 1956 au moyen de la loi cadre GASTON Deferre qui introduit l’autonomie partielle dans les colonies françaises ? Ou, à partir de 1960, année d’accession de la grande majorité des pays africains à l’indépendance ? Ou, à partir de 1960, année d’accession de la grande majorité des pays africains à l’indépendance ? Ou encore, à la fin des années 1980, avec les récentes vagues de démocratisation ?

L’intérêt de la question pour l’étude des transitions africaines est de pouvoir établir un lien de parenté entre les processus démocratisations africains et les différents courants de démocratisation dans le monde. Celui-ci ouvrira sans doute de nouvelles perspectives d’approches des conséquences des mutations politiques africaines des années 1990.

L’analyse des transitions africaines communément faite à partir simplement du fonctionnement des institutions post-transitions, pouvait-être complétée par une approché s’appuyant aussi sur les origines génétiques des mouvements africains. En effet, sur la situation des prétentions démocratiques de

250 Bayart, J. F. , La problématique de la démocratie en Afrique noire, in Politique Africains ,n°43 ,octobre 1991, pp. 11-12
251 Selon les repères de Samuel HUNTINGTON cité par AIVO, qui a situé dans son étude les origines de la transition en Afrique

l’Afrique dans la circulation de la démocratie dans le monde, plusieurs hypothèses s’affrontent, sans qu’aucune ne parviennent vraiment à imposer une logique implacable ou une approche scientifiquement imparable. Nous exposons ici, celles qui sont le plus souvent avancées.

Les transitions politiques en Afrique

2. 1La première hypothèse

La première hypothèse postule l’appropriation de la démocratie par le continent africain, à la faveur de la vague de démocratisation proposé par Samuel HUNTINGTON, c’est-à-dire précisément entre 1945 et 1964 où, par les reformes politiques intérieures, les empires coloniaux, dont la France, ont réussi à diffuser les règles démocratiques jusque dans les territoires d’Afrique noire francophone.

Cette première hypothèse s’inscrit dans les thèses diffusionnistes qui prétendent elles-mêmes rendre compte de l’émergence des démocraties non occidentales exclusivement à partir de l’œuvre et de l’héritage des empires coloniaux.

Celles-ci attribuent donc le pluralisme politique et le libéralisme qui caractérisent l’organisation des institutions postcoloniales africaines, à l’action directe de la puissance coloniale qui s’est assurée, dans bien de cas, de léguer à l’Etat africain naissant une démocratie à l’image de celle en vigueur dans les capitales occidentales.

2. 2. La deuxième hypothèse.

La deuxième hypothèse inscrit la démocratisation des pays africains au sud du Sahara dans la troisième onde de choc démocratique selon la classification de Samuel HUNTINGTON celle-ci qui s’ouvrit en 1974 et qui relancée par la chute de l’empire soviétique.

L’Afrique à coup sur, si elle devrait être classé dans cette catégorie, n’aurait bénéficié de cette vague que grâce à la fin de la bipolarisation, puisque la revendication démocratique s’accentue vers la fin des années 1980 et la matérialisation des reformes politiques ne s’observe qu’au début de 1990.

Les deux approches sont soutenables par le fait que formellement, elles constatent sans qu’on puisse la contester, l’appropriation par les africains d’institutions démocratiques. Dans le 2 cas, la revendication démocratique fut populaire et très largement portée par toutes les couches du corps social. Cependant la première semble imposable pour deux raisons, ou plutôt compromises par deux élément :

D’une part, l’expérience démocratique postcoloniale fut très courte. La parenthèse libérale fut très rapidement refermée par presque tous les pays francophones,

D’autre part, le présidentialisme prétorien et autoritaire qui lui succéda, dura plusieurs décennies. L’autoritarisme négro-africain régna sans partage entre 1965-1989 et révéla partout sur le continent noir une constance politique, qui, à quelques différences près, se résume en un pouvoir absolu personnalisé, sacralisé et théocratisé.

A contrario, la deuxième hypothèse nous semble plus réaliste. Elle semble tenir compte de l’expérience nécessaire à l’appropriation de la démocratie. Plus que le constitutionnalisme du début des années 1960, celui tout aussi libéral issu des transitions politiques de 1990 présente quelque garanties d’effectivité, sans oublier les tentatives de consolidation au bilan mitigé.

Il faut signaler d’abord que la phase démocratique africaine ouverte entre 1990 et 1994 a duré plus que celle de 1960. Ne serait ce que formellement au double niveau textuel et du discours des acteurs politiques, l’affichage pluraliste et la revendication démocratique n’ont pas été remis en cause.

L’on pourrait, certes avec prudence et beaucoup de retenue, avancer les tentatives sincères de consolidation qu’ont connue certains pays africains.

Ce sont notamment, le fonctionnement régulier-non sans mal ou sans entraves-des nouvelles institutions démocratiques et les différentes consultations électorales organisées dans les délais les constitutionnels, malgré les imperfections, pour assurer le renouvellement des acteurs politiques.

Ainsi donc l’Afrique a réellement connu des transitions politiques qui se situent aux différentes périodes. A savoir : vers les années 1960, inaugurant leurs accessions à l’indépendance et vers les 1990, qui marque l’ouverture démocratique.

Il convient cependant de faire mention d’un phénomène non négligeable qui a caractérisé les périodes des transitions politique, il est questions en effet des guerres civiles. Celles-ci ont été des conséquences directes du non observation des principes et des exigences de la démocratie.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les États postcoloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique
Université 🏫: Université de Lubumbashi - Faculté des Sciences Sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Douceur Kadony

Douceur Kadony
Année de soutenance 📅: Politiques et Administratives. R. I. , juillet2013
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