Le monopartisme africain : la naissance et les caractéristiques

Le monopartisme africain : la naissance et les caractéristiques

Section 3 : Le monopartisme africain

Les années qui ont suivies l’accession des Etats africain à l’indépendance, ont marqués un profond basculement des régimes politiques africain. En effet, les pays africain ont abandonnés le multipartisme de l’indépendance pour se loger dans le monopartisme, présentant un certain nombre des caractéristiques particulières et, permettant aux dirigeants africains d’assurer leur longévité au pouvoir.

Cette section portera pour ce faire sur trois points essentiels : le premier point étudie la naissance du monopartisme en Afrique, le second se penche sur les caractéristiques principales du monopartisme, et le dernier point porte sur le monopartisme comme facteur de pérennisation du pouvoir.

§1. La naissance du monopartisme en Afrique

On considère généralement le parti unique comme la grande innovation politique du XXe siècle. De fait, si la dictature est veille comme le monde, la dictature appuyée sur un parti, telle qu’on l’a vue en Allemagne et en Italie, telle qu’on voit en URSS et dans les démocraties populaire, constitue un système neuf. 226

L’évolution politique et constitutionnelle des Etats africains se caractérise par trois phénomènes principaux : l’apparition du pouvoir exécutif présidentiel fort, la mise en place de régimes monopartites, et une grande instabilité due aux 116 coups d’Etat militaire qui se succédèrent rapidement, créant régulièrement des vides constitutionnels. 227Mais comment en est-on arrivé à cette situation teintée de monstruosité ?

En effet, l’Etat colonial était un Etat exécutif dans lequel, le pouvoir était fortement concentré entre la main du gouverneur, le pouvoir suprême de la puissance colonial sur place. Ce dernier revête non seulement le pouvoir exécutif mais aussi une partie du pouvoir législatif et judiciaire. 228

Au moment de l’indépendance, les Etats africains reçurent en héritages de structure administrative centralisé et quasi-militaire. Pourtant, les nouvelles constitutions introduisirent dans les nouveaux Etats des appareils parlementaires inspirés du modèle anglais de « West minister » ou de la constitution française. Ce dernier est imprégné de la théorie de la « trias polica », de droit civique et de la défense de minorité.

Là où la structure de l’administration coloniale reposée sur un pouvoir non partagé, les Etats africain durent, sans aucune transition, fonctionnée comme de démocratie européenne. 229

Il ne nul surprenant qu’ils n’y soient pas parvenus. Le centralisme bureaucratique coloniale avait durée trop longtemps parce que cela fut encore possible, et avait en outre empêché la mise en place d’autres usages davantage inspirés de la démocratie et du parlementarisme.

226 DUVERGE, M. , Les partis politiques, Paris, Ed. Armand Colin, 1976, P. 350

227Internet : http/ :www. ugent. be/africafocus/

228Internet : http/ : www. ugent. be/africafocus/

229 Internet : http/ :www. ugent. be/Afrieafocus/

C’est donc déjà vers la fin de la première décennie qui a suivi la proclamation de l’indépendance que le monopartisme s’était généralisé, même si il montrait des différences d’un Etat à l’autre.

De cette manière l’Afrique est partie « du pluralisme politique adopté au lendemain des indépendances politiques, les africains ont embrassé le monopartisme. Aujourd’hui, ils ont la ferme conviction que revenir au pluralisme politique est une cure contre le sous-développement »230 dans lequel ils sont tenus captifs depuis leurs accessions à l’indépendance.

Notons que les défenseurs des partis-uniques croyaient que ceux-ci allaient permettre la réalisation d’une intégration nationale et la mobilisation des énergies collectives. Mais l’expérience a finalement montrée qu’ils avaient tort de croire que partis-uniques étaient synonyme de paix et concorde nationale. 231 Ce pourquoi il nécessaire d’examiner le caractéristique du monopartisme.

§2. Les caractéristiques principales du monopartisme

L’Etat monopartite se caractérise principalement par la position monopolistique permanente, et stabilité de fait ou de droit d’un seul partis.

Cette description comprend aussi les régimes dans lesquels la loi ou la considération n’admet qu’un seul parti que ceux dans lesquels un même parti occupe tous les sièges parlementaires et est à mesure d’éliminer les autres partis peu importe les existences d’une opposition extra-parlementaire dans le cadre d’un appareil monopartite de fait, puisqu’un Etat monopartite ne se qualifie pas tant par les nombres des partis existant que par les nombres des partis pouvant participé à la lutte pour le pouvoir dans le cadre des règles en vigueur dans un système donné. 232

230 KADONY, N. K. , art. cit. , P. 204

231 TSHIMANGA, B. E. , op. cit. , P. 91

232Internet : http//:www. ugent. be/africafocus/

Un courant apparu au cours des années 70 fait une brèche dans le monopartisme. Au Sénégal la constitution offrit en 1976 la possibilité de mettre en place un régime pluri partite, au début limité à 3 partis, mais actuellement 19 paris sont actifs. De 1977 à 1990, le Burkina Faso qui était encore haute volta s’efforça de suivre l’exemple sénégalais et la république Centrafrique autorisa le pluripartisme après la chute de l’empereur Bokassa mais le coup d’Etat de 1981 mit un terme à cette expérience. En revanche le Botswana, la Gambie et en partie le Zimbabwe restèrent fidèle au pluripartisme. 233

En outre, le Monopartisme se justifie soit se caractérise en Afrique par la lutte contre le tribalisme ou la nécessité de confier le sort du pays a un homme « providentiel » censé amener son peuple sur la voie du développement. 234

Cette situation inaugure un temps du « culte de la personnalité » en régime monopartite. Tel fut le cas de la cote d’Ivoire, de la Guinée, du Congo-zaïre, de la République Centrafrique, etc.

En Côte d’Ivoire on célébrait le « Nanan Houphouët », le bélier de YOUMOUSSOUKRO, « l’homme de l’abolition du travail forcé », « sage de l’Afrique ».

Les Guinéens doivent chanter les louanges du « chef suprême de la révolution » SEKOUTOURE qui impose un régime sanguinaire, tandis que on assistera durant la décennie suivante a de dérive absurde en Centrafrique, ou Jean Bede BOKASA se fait couronner empereur, avec la bénédiction de la France.

Le Zaïre a aussi manifesté ce symptôme africain des cultes de la personnalité par et à travers son président Joseph Désiré MOBUTU SESEKO, « le père de la nation », « l’éclaireur », « le tout puissant », « le roi du zaïre »…sont les attributs interminable d’un président qui a conduit le pays durant 32 ans de dictature et du monopartisme avec le Mouvement pour la Révolution Populaire. MPR en sigle235.

Dans la grande majorité des Etats africains monopartite, la critique du pouvoir en place était désormais bannie et à de degrés divers, la dictature devient la règle. Même de pays phare comme le Sénégal succombe à la tentation du raidissement.

En 1962, Léopold Sedar SENGHOR fait ainsi emprisonner son premier ministre Mamadou DIA pour tentative de coup d’Etat. En 1974, le Poète président sera néanmoins le seul de ses pairs d’Afrique francophone a accepté une ouverture limitée, avec notamment l’autorisation du parti démocratique sénégalais d’Abdoulaye WADE. 236

233 CHAMPIN, C. , Le multipartisme en Afrique, émission de RFI du 04 avril2000, internet : http://www. rfi. fr/

234 CHAMPIN, C. , Le multipartisme en Afrique, émission de RFI du 04 avril2000, internet : http://www. rfi. fr/

235 Internet : http : //www. aedev. org

236 Internet : http://www. rfi. fr/contenu/

Dès lors, la lecture de ces caractéristiques nous conduit à affirmer que le monopartisme en Afrique est devenu l’assiette de la pérennisation du pouvoir des dirigeants africain.

Le monopartisme africain  la naissance et les caractéristiques

§3. Le monopartisme africain comme facteur de pérennisation du pouvoir

Quelle que poussières d’années après l’accession des Etats africain à l’indépendance, on assiste à une vague impressionnante de transformation ou de passage des régimes politique d’une forme à une autre. La plupart des pays africains vont abandonner le multipartisme pour s’installer dans le monopartisme.

C’est ainsi que YEMEOGO Herman237 affirme que « la fin du pluralisme politique tombe sur les pays africains avec la décolonisation. Dès les indépendances, on observe en effet le reflux du pluralisme à travers la consécration du parti unique dans la plupart des pays africains ».

Plusieurs prétextes seront évoqués pour tenter de justifier l’instauration du monopartisme dans les pays africains. Certains Etats évoquerons les raisons d’unité, de solidarité et cohésion nationale et d’autres Etats trouverons leurs motif dans la recherche de la stabilité du pays et de la quête du développement.

Cependant, la raison fondamentale qui est celle de la« longévité des pouvoirs », est restée inavouée.

La clé d’explication de la longévité des pouvoirs africains postcoloniaux réside dans cet outil principal, « le monopartisme ». Nous l’évoquions plus haut, les présidentialismes africains des années 1970 et 1980 se sont appropriés, comme jamais aucun pouvoir ne l’a fait auparavant, le passé précolonial et ancestral du continent pour mieux asseoir leur assise politique.

Le monopartisme efface de facto toute expression pluraliste, la violence systématique et instaure un autoritarisme fluctuant par pays, selon le degré d’instrumentalisation de la terreur. 238Entrainant ainsi la formation d’une barrière à tout mouvement d’alternance politique.

Le parti, traditionnellement destiné à stimuler la concurrence pour le pouvoir, organise son monopole et sa pérennité aux mains d’un homme, la violence légale est au service de l’unicité et transforme l’Etat en un monstre froid. 239 Dans ce contexte quasi-totalitariste, le Léviathan hobbesien prend sa dimension et trouve en terre africain, l’une de ses plus parfaite illustrations.

De même, le parti unique dont le chef de l’Etat s’approprié le monopole pour durer, se substituent à merveille aux pouvoirs instrumentaux dont thomas HOBBES240 atteste « qu’acquis grâce à la fortune, ils permettent d’en acquérir davantage ».

Dans ce sens nous pouvons mieux comprendre les écrits de MAURICE DU VERGER241 lorsqu’il affirme que « le parti unique est un admirable outil pour modeler l’opinion, pour la former, pour l’encadrer, pour la canaliser, pour la diriger ». Et ajoute encore que, le parti unique « constitue l’organe de propagande le plus perfectionné de tous ».

237 YEMEOGA, H. , Repenser l’Etat africain : ses dimensions et prérogatives, Paris, L’Harmattan, 1993, P. 36.

238 AVIO, F. J. , op. cit. , P. 223

239 Ibidem

240 HOBBES, T. , Cité par AIVO, F. J, op. cit. , P. 224

241 DUVERGER, M. , Les partis politiques, Paris, Armand Colin, 1976, p. 355

Frédéric Joël AIVO souligne a son tour que « le monopartisme sera d’autant, en Afrique, le moyen de contrôle le plus important que la légitimation du pouvoir présidentiel s’est construite autour et en fonction du monolithisme.

La clé du rôle joué par les partis uniques ou dominants dans la déification des hommes d’Etat africain jusqu’en 1989, se trouve dans les textes fondamentaux des formations politiques d’alors.

L’organisation, le fonctionnement ainsi que les attributions de ces partis entretenaient à cette époque, une certaine confusion et flou qui étaient la caractéristique principale des partis uniques ou dominants africains, constituaient en même temps le ciment du régime et le gage de longévité le plus sr du pouvoir ».

Apres la recrudescence des coups d’Etat et le règne du monopartisme dans les pays africains particulièrement les pays cinquantenaire, l’heure de la transition politique démocratique venait de sonner dans ce pays africains. Ceux-ci se sont engagés dans des transitions politiquesou encore démocratique interminable.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les États postcoloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique
Université 🏫: Université de Lubumbashi - Faculté des Sciences Sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Douceur Kadony

Douceur Kadony
Année de soutenance 📅: Politiques et Administratives. R. I. , juillet2013
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