La fin du parti unique et les limites du multipartisme en Afrique

La fin du parti unique et les limites du multipartisme en Afrique

Chapitre quatrième : La démocratisation des régimes politiques africains

La démocratisation des régimes politiques africains est un phénomène qui s’observe à travers de signes dont : la fin de parti unique et l’ouverture au multipartisme ; la multiplication des organes des presses ; la renaissance coopérative et l’organisation des élections.

Section 1. La fin du parti unique et l’ouverture au multipartisme

L’étude de la fin de parti unique en Afrique et l’ouverture au multipartisme nécessite avant tout de le placer dans son contexte général ; lorsque cette étape de l’étude est franchie, il sera facile d’étudier de manière précise les anciens Etats cinquantenaire à parti unique et leur passage au multipartisme. Une fois ces deux étapes de l’étude sont dépassées ; il sera possible de dégager les limites du multipartisme en Afrique.

§ 1. Le contexte de la fin du parti unique et ouverture au multipartisme

L’Afrique « n’est pas mûre pour la démocratie » dira plus tard le président Français Jacques Chirac. Pourtant, dès que la porte s’entrouvre, les partisans du multipartisme s’engouffrent dans la brèche.

En 1989, la fin de la guerre froide, jusque-là prétexte aux soutiens occidentaux à des régimes totalitaires, puis le célèbre discours en faveur du multipartisme prononcé par François Mitterrand au 16esommet France-Afrique de la Baule en 1990 19-21 juin 1990, contribue à desserrer l’étau. 277

Le début de la décennie 90 est donc un nouveau moment d’espoir. Un peu partout, des présidents « tout-puissants » sont obligés de lâcher du lest.

Dans le meilleur des cas, ils quittent leur siège au terme de scrutins démocratiques Kenneth KAUNDA en Zambie, 1991, André Kolingba en république centre-africaine, etc… parfois ce sont des militaires qui jouent les arbitres, contraignant les dictateurs à quitter le pouvoir pour permettre la tenues d’élections.

Dans de nombreux cas aussi, le multipartisme est instauré, en réalité, pour permettre à l’ancien parti unique de rester aux affaires Togo, Guinée, Côte d’Ivoire, Cameroun, Sénégal, Mauritanie, Gabon, Zaïre RD Congo Kenya, Tanzanie. Dans certains pays, le pouvoir change de mains par la force exemple du Tchad.

Voire au cours d’une sanglante guerre civile Liberia. 278 Même si le niveau de démocratisation est inégal, le sentiment, à l’époque, est que l’Etat de droit et la démocratie ont fait un bon en avant au sud du Sahara. De nombreux pays adoptent

277/278  Champin, C. , «État de lieux de la démocratie », internet : http://www. rfi. fr/auteur/christophe-champin.

de nouvelles constitutions, le plus souvent par référendum, instituant-ou-rétablissant- les principes d’une démocratie libérale, respectueuse des droits et libertés ; prévoyant même parfois un statut pour l’opposition. 279 Manifestement ce fut donc là la fin du règne des partis-uniques en Afrique et le début du multipartisme.

Nous pouvons donc retenir brièvement avec Noël KODIA que à l’orée de la décennie 90, quand, à la Baule, François Mitterrand 280 demande aux chefs d’Etats africains d’ouvrir leurs pays au multipartisme pour une véritable démocratie, personne ne pouvait imaginer que les dirigeants africains captés par le désir ineffable du pouvoir pouvait accepter l’instauration du multipartisme.

Toutefois une étude des cas est nécessaire pour confirmer qu’il y a eu un réel basculement vers le multipartisme en Afrique et plus précisément dans les pays cinquantenaires. Le point suivant se penchera sur cette étude.

La fin du parti unique et les limites du multipartisme en Afrique

§ 2. Les limites du multipartisme en Afrique Démocratique

La vie politique africaine, après quarante années de parti unique a débouché sur un multipartisme qui montre ses limites. Tout se passe dans une consternante continuité et les élites qui avaient jadis ardemment revendiqué les libertés politiques n’ont pas été capables de conduire les Etats à la démocratie. D’évidence, le multipartisme n’est pas la seule clé de la démocratie. Chaque élection sur le continent le prouve. 281

En effet, les partis uniques africains après avoir parrainé la libération de leurs pays du joug colonial ont oublié celle des populations. Pire, ils ont préféré perpétuer la domination aliénante avec un seul changement majeur : le maître n’était plus le colon blanc européen, il aurait désormais une couleur locale.

Les peuples ont ainsi été maintenus dans les mêmes enclos sans droit, seuls les geôliers avaient changé. Plus de cinquante années d’indépendance n’ont rien changé à leur captivité. Ainsi, ni les indépendances, ni le multipartisme n’ont eu raison de cet état de fait. Les africains reste enchainés et leur liberté reste à conquérir.

Le multipartisme n’à finalement permis de libérer que les politiciens qui ont désormais la liberté de créer leurs partis et d’entrer en compétition les uns avec les autres pour accéder au pouvoir de contrôle patrimonial sur l’Etat et ses enclos. La RDC est un exemple sans précédent en cette matière, elle bat le record de plus de 400 partis politiques actifs officiellement sur son territoire national.

279 Champin, C. , «État de lieux de la démocratie », internet : http://www. rfi. fr/auteur/christophe-champin
280 KODIA, N. , « La démocratie, un luxe pour le africains ? », in D+C, N°6, novembre, décembre 2002, p. 26.
281 Coulibaly, M. « Libérer les africains des enclos », internet : http://www. afriquedémocratie. net

Les libertés politiques, ainsi acquises n’ont pas eu d’impact sur la libération des populations qui demeurent soumises aux mêmes spoliations. Malgré le multipartisme qui aurait dû créer un espace de contre-pouvoir favorable aux populations, on voit la terre qui, avant la colonisation appartenait aux habitants, demeure la propriété des Etats sans que quiconque ne s’insurge contre cette spoliation.

Les terres restent propriétés des Etats et, les titres fonciers ruraux n’ont pas été produits et octroyés aux paysans qui pourtant, ont toujours eu le droit coutumier sur ces terres.

L’intégration africaine reste fragile voire inexistante, chaque Etat ayant préfère garder son droit de propriété sur enclos et son contenu. Pire, le bilan du multipartisme est lourd en vie humaine si l’on compte le nombre de morts consécutives aux conflits internes guerres civiles occasionnés par les bagarres politiques.

282 Coulibaly, M. , «Libérer les africains des enclos », internet : http://www. afriquedémocratie. net

L’Afrique reste le continent le plus violent. Selon un communiqué récent du département d’Etat américain, 16 pays africains dont la Côte d’ivoire sont classés parmi les 32 pays les plus dangereux au monde. 282

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les États postcoloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique
Université 🏫: Université de Lubumbashi - Faculté des Sciences Sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Douceur Kadony

Douceur Kadony
Année de soutenance 📅: Politiques et Administratives. R. I. , juillet2013
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