Les guerres civiles en Afrique : la chronologie et les effets

Les guerres civiles en Afrique  la chronologie et les effets

§2. La chronologie des guerres civiles en Afrique

Suivant les zones, nous pouvons classifier les guerres civiles comme suit :

2. 1. En Afrique centrale

L’Afrique centrale a connu plusieurs guerres civiles dans les différents pays composant cette sous-région du continent. On a observé les guerres civiles au Congo-Kinshasa et au Congo-Brazzaville.

A. Au Congo-Kinshasa de 1960 à 1965

Trois situations de guerres constatées à savoir :

  • La situation du Katanga avec Moïse Tshombe
  • La rébellion de Pierre Mulela dans la partie orientale de la RDC.
  • La rébellion de Soumualot et christophe à l’Est de la RDC.
  • Les guerres du Shaba entre 1977 et 1978
  • Les guerres de Kabila entre 1996 et 1998 et de 1998 jusqu’à ce jour.

B. Au Congo-Brazza

  • Juin – octobre 1997
C. Au Tchad en 1965
D. Centre-Afrique en 2002

2. 2. En Afrique des Grands Lacs

Ici nous partons :

  • De l’Ouganda de 1980 à 1986
  • De Rwanda : de 1990 à 1994
  • Le Burundi de 1993

2. 3. En Afrique de l’Ouest

En Afrique de l’Ouest nous comptons les guerres civiles suivantes :

  • La guerre du Biafra dans la partie orientale du Nigeria entre 1967 et 1970,
  • La guerre de Casamance au Sénégal en 1982
  • La rébellion de Touarègue au Mali entre 1990 et 1995
  • La guerre du Niger depuis 1991
  • La guerre de Sierra Léone entre 1991 et 2000
  • En Guinée Bissau entre 1998
  • La deuxième guerre du Libéria de 1998 à 2003
  • La côte d’Ivoire depuis 2002.

2. 4. A la corne de l’Afrique

Ici nous citons :

  • L’Erythrée de 1961 à 1993
  • La Somalie de 1980 à 1992 et de 1992 à ce jour
  • Le Soudan de 1955 à 1972 et de 1993 à 2005

2. 5. En Afrique Australe

Les guerres civiles en Afrique australe sont comptées dans deux pays :

  • En Angola : de 1975 à 1988, de 1992 à 1994 et de 1995 à 2002.
  • Au Mozambique : de 1976 à 1992.

2. 6. En Afrique du Nord

Concernant cette zone d’Afrique, nous pouvons signaler le cas de la guerre d’Algérie de 1992 à ce jour.

En effet, la guerre civile est le type des conflits le plus fréquent en Afrique. On a dénombré plus de 40 guerres civiles contre 20 conflits de colonisation et inter ethniques. Elle n’épargne aucune région qu’elle soit riche ou pauvre.

Les guerres civiles de plus de 10 ans constituent la majorité avec exception pour l’Erythrée 1961-1993 ; ensuite le Soudan 1953-1972 et 1983-2005, le Tchad 1967 et l’Angola 1975-2002.

§3. Les effets de guerres civiles

Lorsque les éléphants se battent, ce sont les arbres et les herbes qui en pâtissent. Comme toutes les guerres civiles connues en Afrique ont été d’atroces formes d’expression des pulsions meurtrières et destructrices de la bête humaine. Ainsi donc, les guerres civiles ont eu leurs conséquences qui sont : la violation de droit de l’homme, la dégradation des conditions socio-économiques, l’aggravation du retard du continent, …

3. 1. Les violations de droits de l’homme

A l’avènement de la guerre, tout ce qui a à unir les membres d’une société vole en éclat. La violence s’installe sous toutes ses formes. Cette caractéristique des sociétés post- conflictuelles est manifeste en Afrique où barbaries, atrocités et violations graves de droits humains de l’homme accompagnent les conflits armés.

La situation de guerre civile en Afrique du sud durant l’apartheid, a par exemple favorisé, l’émergence d’une culture de violence qui prévaut jusqu’à aujourd’hui. En 1997, plus de 150. 000 viols ont été signalés avec près de 25. 000 meurtres. En Afrique de l’Ouest, après cinq années d’une guerre civile particulièrement violente, 5 à 10. 000 viols ont été commis en Sierra-Léone.

La violence sexuelle à l’égard des femmes est, en effet, une façon immonde de blesser physiquement et psychiquement267. Pire encore est le cas de la RD Congo dans sa partie Est, le viol est devenu une pratique quotidienne que l’on peut assimiler à une salutation.

La violence se développe dans un contexte social déjà très endolori. Les populations sont confrontées à la famine et vivent une situation traumatisante du fait de l’éclatement des familles ou de communautés, des relations brisées en raison de la mort, de la séparation, de la marginalisation.

Les conflits armés enferment les sociétés dans un cercle vicieux de la violence duquel il est difficile de sortir. Un tel contexte favorise des comportements morbides, sadiques et vengeurs. Amnesty International rapporte que : « Le 24 août 1999, pour venger la mort d’une trentaine de leurs compagnons et de militaires rwandais, des combattants du RCD

267 KAMARARUNGU, H. J. , L’organisation des Nations Unies face aux conflits armées en Afrique, DEA en R. I et Intégration Européenne, Université des Liège, 200, pp. 33-35

Rassemblement Congolais pour la Démocratie ont tué plus 850 civils non armés dans la paroisse catholique de Kasika et dans les villages environnants Province du Sud-Kivu. Ils ont tué un chef traditionnel à coup de couteau et lui ont arraché le cœur. Une femme enceinte a été éventrée. Des enfants tenus par les pieds ont eu la tête fracassée contre le mur ou un arbre, beaucoup ont été jetés dans des latrines 268».

Dès lors, le droit à la vie, au respect de l’intégrité physique, et plusieurs autres droits fondamentaux de l’homme, perdent leur sens au moment et après les guerres civiles en Afrique.

Pire encore, est la situation de non-respect de droit international humanitaire, qui en effet, garantit le droit de populations civiles pendant le temps de guerre.

C’est dans cette ligne d’idées que nous pouvons signaler l’enrôlement des enfants dans les mouvements des rebellions en Afrique. « Actuellement, on estime que 300. 000 enfants sont directement impliqués dans les conflits armés au monde sur ces 300. 000 enfants,

120. 000 se trouvent en Afrique Subsaharienne. Les pays les plus touchés sont : l’Angola, le Burundi, le Congo, la RDC, le Rwanda, la Sierra-Léone, le Soudan et l’Ouganda. Cette manière d’utiliser les enfants viole les normes juridiques régionales et internationales mises en place pour protéger l’enfant.

Entre1991 et 1997, la guerre civile au Liberia a fabriqué et impliqué dans les hostilités 16 000 enfants soldats. Au lendemain du génocide Rwandais, 1000 enfants soldats accusés d’être génocidaires ont été incarcérés dans de prison de Kigali269.

De cette manière, les violations des droits élémentaires n’ont pas tardées à faire a se développé entrainant avec elle un certain désire pendant et à la fin du conflit : « la naissance d’économie des guerres des zones des conflits par rebellions dont on peut voir le pillage des ressources naturelles, la réorganisation des circuits économiques aux profits des criminels 270»

Les guerres civiles en Afrique  la chronologie et les effets

3. 2. La grande ampleur des destructions

Les guerres civiles du type de celles qui déstabilisent l’Afrique ont suscité l’adoption par la communauté internationale du protocole n°11 de 1977 additionnel aux trois conventions de Genève du 12 août 1949 relatives à l’amélioration du sort des blessés et des malades dans les forces armées en campagne, au traitement des prisonniers de guerre et à la protection des personnes civiles en temps de guerre.

268 KAMARARUNGU, H. J. , op. cit. , p. 39
269 HOLTZ, G et REGNAULT, M. A. , Va-t-en la guerre !, Paris, L’Harmattan, p. 24
270 PHEZO, D. , « Les guerres civiles » internet : http://www. retro-actuel. net

Le protocole n° II, signé et ratifié par cent vingt Etats a soumis les conflits armés non internationaux aux règles de droit humanitaire régissant les conflits entre Etats. Cette initiative, inspirée par les massacres incontrôlés et les destructions excessives perpétrées par les guerres internes aux Etats, a cherché à remplacer celle-ci moins moyenâgeuses, moins barbares et plus humaines.

Dans un « mépris souverain » de toute cette règlementation internationale, les guerres civiles perpétrées en Afrique ont provoqué des crimes et des destructions qui sortent de toutes les proportions humainement soutenables.

Dans la conduite des hostilités, les parties en conflit font usage incontrôlé et abusif des mines anti personnelles dans les conflits africains violant ainsi le principe de droit international humanitaire.

Ces graves impacts des mines anti personnelles sont perceptibles sur un pays comme le Mozambique, l’un des plus minés d’Afrique, a accueilli du 3 au 7 mai 1999, de façon symbolique, le 1ère rencontre internationale d’évaluation de l’application du traité d’Ottawa sur l’interdiction de l’emploi, du stockage, de la production, du transfert des mines anti personnelles.

Le Mozambique est un pays de 18. 000. 000 d’habitants où une longue guerre civile a entraîné le déplacement de 3. 000. 000 de personnes à l’intérieur de ses frontières et l’exode de 200. 000 autres à l’étranger271.

Les enfants sont incapables de distinguer des mines antipersonnel d’un jouet. Car certaines ressemblent en effet à une radio ou à papillon, de couleur vert ou flou. Ce design attirant en fait des objets de convoitise pour les enfants privés de jouets.

Mais les mines antipersonnel ne sont pas en mesure de différencier un soldat d’un enfant. Les fabricants d’armes ont réussi cette performance inouïe de se transformer en producteurs de jouet gratuits et mortels272. De même le fusil de petit calibre est devenu le seul jouet des enfants noirs, ainsi qu’un outil de travail pour les adultes.

Selon les statiques de l’ONU, on estime que plus de 700 000 armes à feu circulent en toute liberté et en toute impunité dans la population d’Angola. Les organisations spécialisés estiment qu’il circulerait au moins 8 millions d’armes légères en Afrique de l’Ouest, dont plus de la moitie est détenue par des forces rebelles.

La Croix Rouge évalue à plus de 50% les victimes des guerres actuelles tuées par des armes légères. Statique macabre qui se rapproche du bilan fourni par le Département d’Etat américain concernant le 7 à 8 millions des morts dus aux guerres africaines en 200273.

271 SECK, C. Y. ,op. cit. , p. 229
272 Bolya, op. cit. , p. 67

L’ampleur des destructions va s’étendre sur des bâtiments scolaires, des hôpitaux, des champs, des fermes et des routes. Plongeant ainsi la majeure partie du continent africain dans le sous-développement aigue et sans exemple.

3.3 L’aggravation du retard du continent

Devant les défis pressant et les graves problèmes qui assaillent le continent depuis son indépendance, il est incompréhensible que ses fils se détournent des vrais combats contre la faim, la maladie et l’ignorance au profit d’affrontements armées. Le sous-développement chronique qui ôte à l’Afrique jusqu’à sa dignité appelle, en effet, d’autres réactions que des conflits immatures qui l’aggravent et le pérennisent.

Le rapport de l’Organisation des Nations-Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture FAO publié le 14 octobre 1999 à Londres établit une liaison étroite entre les guerres et la pauvreté en indiquant que la malnutrition chronique de la majorité écrasante des africains se justifie principalement par les conflits armés274.

Des pays comme le Congo Brazzaville, la RDC, bien partis aux premières heures des indépendances, au point d’être classés parmi « les pays à revenus intermédiaires » ; ont été relégués par des guerres aux derniers rangs du concert des nations.

Le Mozambique ne s’est pas mieux tiré de dix-sept ans de guerres civiles, le revenu moyen par habitant y est inférieur à 100 dollars par an. L’espérance de vie ne dépasse pas 47 ans. Un tiers de la population n’a pas accès à l’eau potable et plus de 60% des mozambicains de plus de 15 ans sont analphabètes275.

Cette situation est presque valable pour tous les Etats africains en proie des guerres civiles car l’instabilité chronique des Etats africains dû à la pérennisation des guerres civiles entraine la naissance d’économies des guerres des zones en conflits par des rebellions dont on peut voir le pillage de ressources naturelles, la réorganisation des circuits économiques aux profits criminels favorisant par conséquent l’appauvrissement des populations, l’affaiblissement de l’Etat et au finish le retard du continent entier.

273Bolya, op. cit. , pp. 68-69
274 Internet : www. FAO. org/giews/french
275 KPATINDE, F. , «Soulagement pour le Mozambique », in Jeune Afrique Economie, N°258, Mars 1998, p. 66

La destruction de la nature est devenue une des sources nouvelle d’enrichissement personnel en Afrique retardant ainsi le développement, elle permet des financer les guerres de rapines qui dévastent le continent noir. Les pillages et la destruction de la biodiversité sont les seules activités des forces paramilitaires qui s’affrontent dans l’Est de la RD Congo.

On ne retrouve pas en Afrique et plus précisément dans la région des Grands Lacs une vision féconde de l’avenir de la faune et de la flore. Dans cette région, la renaissance africaine ressemble à une fantastique régression subliminale vers le néant absolu où règne la rapine.

Les populations de toutes les espèces les plus spectaculaires, dont le gorille, l’éléphant, le rhinocéros blanc et l’okapi sont exploitées et trafiquées illégalement par les seigneurs de guerres276. Ainsi donc, les ressources susceptibles d’amener les Etats africains vers le développement sont devenue des facteurs d’appauvrissement des ces États.

Conclusion partielle du troisième chapitre

Dix-sept pays africains dont neuf en Afrique de l’Ouest, six en Afrique centrale et deux en Afrique de l’Est ont célébrés leurs cinquantenaires d’indépendance en 2010.

Cependant, ces Etats se portent mal car, l’Afrique indépendante comme nous pouvons le constaté est allé de coup de d’Etat en coup d’Etat, réussi comme manque au point que l’histoire ayant trait au pouvoir politique en Afrique postcoloniale révèle que le coup d’Etat on fait défiler n’importe qui, n’importe quand au commandement des Etats africains. Enjeux excessif du pouvoir, ou encore l’absence de légitimité peuvent justifier cette situation de recrudescence de coup de d’Etat.

Louverture à la démocratie n’a pas mis fin à la réplétion de coup d’Etat en Afrique. Ceux-ci refont surface et, elles sont plus pires que ceux de la période avant démocratie, car ces coups d’Etat sont compagne du soutien morale de la population. Ce règne des coups d’Etat ont favorisé l’instauration du monopartisme dans les Etats africains.

En effet les pays ont abandonnés le multipartisme de l’indépendance pour se loger dans le monopartisme. Ce dernier a été à la base de la pérennisation au pouvoir des leaders politiques africains.

276 Bolya, op. cit. , pp. 153-154

Dans un tel contexte les guerres civiles n’ont pas tardées à surgir dans bon nombre des Etats postcoloniaux africains, faisant ainsi de l’Afrique le maillon faible des guerres civiles interminable. Provoquant par conséquent des violations massives des droits de l’homme et entrainant l’Afrique dans profond retard dans le processus de développement.

Ce pourquoi ce chapitre a eu à tourner autour de Cinque sections, traitant chacune d’elles respectivement de : pays cinquantenaires d’Afrique, la recrudescence de coups d’Etat en Afrique postcoloniale, le monopartisme africain, les transitions politiques interminables, et les guerres civiles

La démocratisation des régimes politiques africains sera observée durant les années 1990 par certains signes dont, la fin du parti unique, la multiplicité des organes de presse, la renaissance coopérative et l’organisation des élections. Dans ce sens le prochain chapitre se penchera sur la démocratisation des régimes politiques africains.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les États postcoloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique
Université 🏫: Université de Lubumbashi - Faculté des Sciences Sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Douceur Kadony

Douceur Kadony
Année de soutenance 📅: Politiques et Administratives. R. I. , juillet2013
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