Les causes multiples des guerres civiles en Afrique

Les causes multiples des guerres civiles en Afrique

Section 5 : Les guerres civiles

L’Afrique est depuis son accession à l’indépendance le maillon faible des guerres civiles interminable pour des causes aussi multiples. La chronologie des guerres civiles en Afrique laisse voire que sur plusieurs années depuis l’indépendance, l’Afrique n’a connu que très peu d’année de paix et beaucoup des guerres, provoquant par conséquent des violations aussi

diverses de droit de l’homme et entrainant l’Afrique dans un retard profond de développement. La présente section gravitera autour de points suivant : les causes des guerres civiles ; la chronologie de ces guerres ; et enfin leurs effets.

§1. Les causes des guerres civiles

Depuis le début des années 90, la plupart des conflits et guerres en Afrique opposent les populations ou une partie des populations à leurs gouvernements. Autrement dit, il s’agit des « conflits internes » ou des « guerres civiles »252. Cependant, « les guerres civiles ne sont pas un phénomène nouveau en Afrique.

Le Tchad a vécu les premières décennies de son indépendance sous les feux d’une longue fratricide animé par protagonistes : François TOMBALBAYE, HISSEN HABRE et GOUKOUNI ou EDDE. 253Le zaïre RD Congo, l’Angola, Tchad, le Rwanda ont étés le théâtre des guerres civiles souvent régulières ou interminable.

Cette brève illustration montre que les guerres civiles ont, très tôt, fait partie de nombreux conflits qui ont décerné à l’Afrique indépendante le record absolu de l’insécurité et de l’instabilité. Jusqu’à amener certains auteurs à le qualifié de « maillon faible 254 ».

Mais est-ce là la nouveauté ? les guerres civiles ont connus au cours des dernières années du 20e siècle, une très grande recrudescence et une rapide propagation dans le continent, telle une pandémie d’un bout à l’autre de l’Afrique, elles ont brutalement émergé comme sous un effet de mode, jetant à la face du monde une nouvelle facette, combien tragique, du lourd drame africain. Comment est-on arrivé là ?

Cette question lapidaire conduit immédiatement à la recherche des causes des guerres civiles en Afrique.

Signalons anticipativement qu’il existe plusieurs causes pouvant expliquées le déclenchement des guerres civiles en Afrique. Toute fois dans le cadre de notre étude nous en retenons quartes. A savoir : « les causes structurelles », « les causes conjoncturelles », « les causes liées à l’absence de démocratie », et les causes attachées « l’expression des intolérances ».

252 KAFANDO, Z. , Conflits armées et guerres civiles en Afrique, internet : http://www. lefaso. net/
253 NGANSO P, J. G, Tchad : 20 ans de crise, Paris, L’harmattan, 1986, P. 24.
254 Bolya, L’Afrique : le maillon faible, Paris, Ed. Le Serpent à Plumes, 2002, pp. 13-14

A. Les causes structurelles

La configuration politico-administrative héritée de la colonisation est l’une des caractéristiques communes entre les conflits en RDC, en coté d’Ivoire, au Soudan…est assurément la distance séparant la capitale du pays concerné du lieu de rébellion.

Pratiquement toutes les rebellions prennent racine et débutent dans les zones frontalière avec des pays voisins : que ce soit le KIVU en RDC, à la frontière avec le RWANDA, L’OUGANDA, le Nord de la Cote d’Ivoire, frontalier avec le BURKINA FASO, le DARFOUR, frontalier du TCHAD255.

Ce constat est une conséquence de l’organisation territoriale des pays africains hérités de la colonisation : la priorité donnée par les colonisateurs à l’exportation des biens explique qu’ils aient privilégié cette configuration politico-administrative256.

A cette configuration politico-administrative s’est ajouté le fait que les Etats africains ont été crée avant d’être des Nations. Ainsi, le sentiment national dans des pays comme l’ex-zaïre et la cote d’Ivoire, est-il davantage né de l’allégeance au dirigeant en place respectivement Joseph Désiré MOBUTU et Félix Houphouët-Boigny-que de définition formelle d’un projet national. Ce presque dans cette logique d’idées que KADONY, N. K. 257 souligne que :

« L’Etat africain entre au XXIe siècle avec son statut historique, c’est un « Etat-individu ». Les gouvernants se considèrent comme étant, eux-mêmes, Etats. Parce que l’individu incarne l’Etat, il est « individu-Etat ». La disparition de l’individu-Etat entraine inévitablement celle de l’Etat. On comprend dès lors la raison profonde de la crise endémique qui secoue l’Afrique.

Bien qu’existant jusqu’à aujourd’hui, ce sentiment national n’a pas mit fin à la persistance de la solidarité ethnique comme outil de mobilisation politique et par conséquent catalyseur des guerres-civiles.

En outre, dans les pays sous-développés, l’avènement de l’Etat intervient dans des conditions moins favorables les territoires ayant était arbitrairement découpés par les puissances coloniales, les populations ont été souvent partagées dans des différents territoires. 258 Ce qui justifie clairement ce sentiment d’intolérance entre les peuples à l’intérieur du territoire national et, par là même la naissance et l’évolution des guerres civiles.

D’où, en Afrique, les ethnies, les Etats et les groupes organisés se font des guerres atroces autours de la dernière décennie du 20 e siècle. En Algérie, la mort est devenue une marchandise que les Extrémistes Islamistes distribuent gratuitement à leurs concitoyens qui ne sollicitent pas son appropriation sociale.

255 BEDZIZU, Y, « Les conflits en Afrique », internet : http://www. afri. org/IMG
256 BEDZIZU, Y, « Les conflits en Afrique », internet : http://www. afri. org/IMG
257 KADONY, N. K. , « L’Afrique malade de ses impuissances R I. quel avenir au IIIe Millénaire ? In cahier congolais d’études politiques et sociales, N°23, juin 2000, P. 207-208.
258 YEMBO GO, H. , op. cit. , P. 22

En somalie, la guerre civile, ayant causé des lourdes pertes en vies humaines a précipité la mort de l’Etat. Au Soudan, au Congo Brazzaville et au Tchad, les guerres civiles font des nombreuses victimes laissant ainsi périr la couche de la population vulnérable. Toutefois les causes conjoncturelles expliquent aussi mieux la raison des guerres civiles en Afrique.

B. Causes conjoncturelles

Les causes conjoncturelles peuvent être comprises comme étant celles liées aux « ingérences externes », « au rôle des matières premières dans les conflits » et « l’absence de victoire militaire ».

Ce dans ce sens que Emmanuel KISIMBA souligne que le produits agricoles et miniers à l’état naturel constituent de nos jours ce qu’il convient d’inscrire sur la liste des ressources naturelles qui malheureusement, suscitent la convoitise aussi bien des pays limitrophes que des pays occidentaux. 259Illustrant avec la situation de la RDC, KISIMBA considère que

« depuis plus d’une décennie, la RDC est devenue le théâtre d’affrontements meurtriers où les richesses sont pillées et des pertes en vies humaines enregistrées.

Cette montée en spirale de la violence s’explique du fait que des groupes internationaux, politiques ou économiques s’y sont mêlés, et semblent en tirer profit d’autant plus que la RDC n’a pas encore levé une armée forte et dissuasive capable de faire régner l’ordre et la paix nécessaires à la quiétude des hommes et leurs biens ni mis en application une diplomatie à géométrie variable ». 260Cette situation est valable pour beaucoup de pays africains qui sont au supplice des conflits-civiles.

A cette cause peut être jointe aussi l’alternance démocratique qui suscite en Afrique plusieurs contestations débouchant sur la prise des armes comme moyens de rétablir la vérité des urnes.

Les causes multiples des guerres civiles en Afrique

C. L’Absence de démocratie

A l’observation, nombre de guerres civiles qui ont secoué le continent sont le fait de ripostes à l’attitude de régimes totalitaires qui ont érigé la dictature et les violations massives des droits de l’homme en principes de gouvernement.

Résultat, cela a donné lieu à toutes sortes d’abus sans que les citoyens disposent de mécanismes institutionnels compétents pour réparer les torts dont ils ont été victimes.

Un sentiment de ras-le-bol généralisé est ainsi né et il ne fallait qu’une toute petite étincelle pour provoquer la déflagration générale. Et a supposer même qu’ils aient eu des canaux pour se faire entendre et se faire rendre justice, il arrive un moment où les peuples ont besoin de changement.

259 KISIMBA, K. E. , «La gestion des ressources naturelles et défi de paix durable en RD Congo », in Africa Peace Research, Series N°2, juin 2008 , p. 81
260 KISIMBA, K. E. , art. cit. , p. 81

Pas parce que l’équipe en place est nécessairement mauvaise, mais parce que les citoyens en ont marre de la voir où elle est. A l’échelle individuelle, il nous arrive de nous débarrasser d’une voiture, d’une motocyclette, d’une chemise pas parce qu’elle est endommagé mais parce que le plaisir que nous éprouvons en l’utilisant s’est émoussé. 261

Le pays comme le Congo-Kinshasa qui subit les foudres d’une longue et destructrice guerre civile, est l’un des meilleurs modèles de refus de la démocratie.

Aux toutes premières heures de l’ouverture démocratique, ce pays a connu une conférence nationale souveraine qui a élu un premier ministre en la personne d’Etienne TSHISEKEDI et les 458 membres du Haut Conseil de la République HCR faisant office d’organe législatif de transition.

Le premier ministre et le HCR ont été chargés par la dite conférence de mener la transition démocratique par la définition du cadre organisationnel, légal et institutionnel des premières élections multipartistes.

En date du 1e décembre 1992, le président MOBUTU a brutalement freiné ce processus de démocratisation par le limogeage du premier ministre élu Etienne TSHISEKEDI et la nomination, à sa place, de Faustin BIRINDWA.

La transition démocratique s’est trouvée bloquer et ses organes vidés de tout leur sens, à la grande stupéfaction de la communauté internationale. MOBUTU établissait ainsi l’exception zaïroise : celle d’empêcher la tenue d’élections malgré qu’une conférence nationale ait siégé à cette fin.

La dictature du MPR, parti unique, sortie indemne du tournant historique de la transition démocratique, s’est perpétuée dans sa brutalité et ses médiocres résultats économiques. Les opposants zaïrois n’avaient donc d’autre alternative que les armes pour provoquer la chute de ce régime dans un pays où le pouvoir n’a jamais été mis en jeu dans le cadre d’une élection262.

Plusieurs autres Etats d’Afrique se sont trouvés plonger dans des guerres civiles à causes du règne pendant des très longues années, d’un parti-unique où d’un régime militaire, soit encore le règne pendant très longtemps d’un groupe ethnique. Tel est le cas de la Sierra Leone, du Soudan aujourd’hui balkanisé, du Congo Brazzaville, de l’Ethiopie, du Rwanda, etc.

261 KAFANDO, Z. , « Conflits armées et guerres civiles en Afrique », internet : http://www. lefaso. net
262 SECK, Y. C. , op. cit. , pp. 215-216

D. L’Expression des intolérances

Les intolérances sont des comportements fragmentaires de rejet ou de brimade d’autrui du fait de son ethnie, sa religion, son point de vue politique, sa doctrine philosophique,…elles sont la négation du sacro-saint droit à la différence et du principe de la république.

A coté de l’absence de démocratie, c’est donc le déficit de l’esprit républicain qui est à l’origine des guerres civiles en Afrique. Les africains ont eu du mal à réaliser qu’Ils sont liés à l’intérieur de chaque Etat par une seule et même entité qui transcende la famille, l’ethnie et la religion. 263

Cette entité la république, une et indivisible, dissout les différences dans une globalité et interdit à ses membres de s’identifier à des logiques fragmentaires, particularistes. Dans un mépris souverain de cette interdiction, certains groupes ont cultivé leurs différences avec passion au point de heurter, parfois violemment, les autres groupes avec lesquels ils cohabitent au sein des Etats africains.

C’est ce qui s’est passé au Soudan où l’affirmation chauvine de la différence religieuse a installé le pays dans un long cycle de violences et de guerres civiles inspirant des idées sécessionnistes.

En effet, dans presque tous les pays africains, atteste YEMEOGO H, existent des phénomènes d’intolérance entre communautés : c’est le cas en Mauritanie, où dès l’indépendance, des difficultés ont surgi entre les communautés noire et arabe. Au TOGO, des disparités ethniques compromettent dès l’indépendance la stabilité de l’Etat : opposition entre populations du nord et celles du sud, mécontentement des Ewé, partagés au sud entre le Ghana et le Togo qui demandent leur réunification.

Le Rwanda est actuellement déchiré par un conflit à fort relent ethnique. Pour une superficie de 26. 338 km2 et près de 85% de hutus, 10% de Tutsis et 1% de Twas, ce pays est l’objet depuis des années de mouvements insurrectionnels, de massacres significatifs de la difficile coexistence des ethnies : les années 1963-1966 et 1973 sont des années qui ont vu le Rwanda livré au génocide.

Celui-ci semble malheureusement se poursuivre actuellement avec les guerres civiles qui s’y déroulent. 264

263 SECK, Y. C. , op. cit. , p. 221
264 YOMEOGO, H, op. cit, p. 53

Bref, les causes structurelles et conjoncturelles, les causes liées à l’absence de démocratie et à l’expression d’intolérance, sont complémentaire dans l’explication des raisons d’existence des guerres civiles en Afrique.

Dans ce sens, il nous parait utile d’examiner la chronologie des guerres civiles en Afrique afin de comprendre et de dégager leur impact sur la vie du continent.

E. La faillite du droit internationale

Plusieurs mécanismes juridiques ont été établis dans le cadre internationale et régionale pour interdire la guerre et atténuer ses effets, mais les guerres continues toujours à faire rage en Afrique.

Nous nous sommes réjoui en vain de la création de l’ONU, de l’OUAUA, et des autres organisations sous régionaux africains. Ces organisation n’ont pas étés une solution pour l’Afrique car, les guerres sont observées dans chaque sous-région d’Afrique.

Des naïfs, des belles âmes se sont félicités de déclaration des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’OuestCEDEAO.

Ce moratoire, conclu 31 octobre1998, à l’initiative du président malien Alpha Oumar Konaré, annonçait : « déclarons de manière solennelle et solidaire un moratoire sur l’importation, l’exportation et la fabrication des armes légères dans les Etats membres de la CEDAO, qui prend effet à compter du 1er novembre 1998… ».

Cette déclaration est loin de proscrire définitivement les armes légère : en effet, dans certains pays signataires, comme le Nigeria et la sierra Leone, ou sévissent des enfants soldats, le trafic ne s’est guerre interrompu265.

La communauté internationale n’étant pas encore l’autre appellation des Nations Unies, jusqu’à présent s’est contentée de d’énoncer des résolutions qui demeurent les plus souvent inappliquées, et elle émet des vœux pieux pour mieux justifier son absence et son impuissance face à la mondialisation par les armes.

Un exemple : la résolution 12095/1998 stipule, dans le rapport du secrétaire général en date en date du 13 avril1998 intitulé « les causes des conflits et la promotion d’un développement durable en Afrique en ce qui concerne l’importance de l’endiguement des mouvements illicites d’armes en Afrique266».

265 Bolya, Afrique : Le maillon faible, Paris, Ed. Le Serpent à Plumes, 2002, p. 77
266 Bolya, op. cit. , pp. 78-79

En dépit de ces multiples efforts de la communauté internationale, les guerres restent une réalité incontournable en Afrique, et elles se succèdent année par année.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les États postcoloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique
Université 🏫: Université de Lubumbashi - Faculté des Sciences Sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Douceur Kadony

Douceur Kadony
Année de soutenance 📅: Politiques et Administratives. R. I. , juillet2013
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