Les coups d’Etat en Afrique : avant 1990 et après 1990

Les coups d’Etat en Afrique  avant 1990 et après 1990

§2. Les coups d’Etat avant 1990

Dès le 13 janvier 1963, un comité militaire de huit membres s’est emparé du pouvoir au TOGO après avoir assassiné le chef de l’Etat Sylvanus OLYMPIO dans les jardins de l’ambassade des Etats Unis et arrêté tous les ministres de son gouvernement. En date du 16 janvier, Nicolas GRUNITZ, refugié politique appelé du bénin par l’armée, devient président de la république et forme son gouvernement. 210

A moins de trois ans des indépendances, démontre le tableau des coups d’Etats en Afrique, le départ venait d’être donné, pour une succession ininterrompue de coup d’Etat.

Toujours en 1963, cette fois ci il s’agit du BENIN qui ouvre la porte aux coups d’Etat. En effet, le « le Benin vit les dix premières années de son indépendance dans une instabilité politique perpétuelle qui a débouché sur cinq coup d’Etat, et une dizaine de changement de régimes politiques. 211

210 SECK, Y. C, op. cit, P. 105
211 Internet: http // : www. voyagesphotosmanu. com/indépendance-Bénin/

Les 13, 14 et 15 aout de cette même année, trois confédérations syndicales restées dans l’histoire sous le nom des « trois glorieuses » se sont soulevées et ont renversé l’Abbé Fulbert YOULOU, premier président du Congo indépendant. 212

En 1965, un nouveau coup d’Etat a eu lieu en Algérie où un organe appelé conseil de la révolution et dirigé par Honari BOUMEDIENE a pris la direction de l’Etat après avoir renversé et emprisonné Ahmed BEN BELLA. 213

Le 24 novembre 1965, à Kinshasa Congo zaïre, le général Joseph Désiré MOBUTU a renversé et assigné à résidence le président du Congo Léopoldville zaïre joseph KASAVUBU. 214

Le 12 décembre 1965, dix-sept jours après sa prise du pouvoir, « l’homme fort de Kinshasa » l’expression est de la presse belge réuni la population de la capitale au stade ROI BAUDOUIN. Il effectue une sévère critique de la gestion chaotique des politiques aux politiciens pour justifier le coup d’Etat militaire et prend l’engagement de conduire le pays vers la prospérité. 215

LA RCA s’inscrit aussi sur la liste des coups d’Etat en Afrique ; le colonel Jean BOKASSA va renverser le président DAVID DACKO en date du

Le 04 janvier 1966, l’armée a de nouveau frappé cette fois ci en haute volta BURKINA FASO. Le président Maurice YAMEOGO est destitué par le chef d’Etat-major de l’armée, le lieutenant-colonel Sangoulé LAMIZANA, qui s’est autoproclamé proclamer chef de l’Etat.

Le 24 février 1966, le père de l’indépendance ghanéenne, le chantre du panafricanisme Dr Kwamé NKRUMAH a été renversé par l’armée ghanéenne. 216

Les nombreuses condamnations des coups d’Etat n’ont pas cessées cette fois- ci encore, d’avoir l’effet dissuasif escompté et du 29 juillet au 1e Aout 1966, un putsch militaire sanglant a eu lieu au Nigéria. Le général YAKULU GOWON s’est emparé du pouvoir après avoir assassiné le général IRONI et ses acolytes217

212 SECK, Y. C, op. cit. , P. 106
213 Ibidem
214 KASONGA, M. G. B, Kabila le retour du Congo, Bruxelles, Ed. Quorum, 1997, P. 25
215 KASONGA, M. G. B. , op. cit. , p. 29
216 SECK, Y. C. op. cit. , p. 106
217IBIDEM

L’opinion africaine avait à peine fini d’accuser le coup que le 12 septembre suivant, l’armée éthiopienne déposait l’empereur Hailé Selassie et arrêtait sa fille. Le général Tafari BANTE qui lui a succédé à la tête de l’empire allait, à son tour, connaitre un destin tragique. 218Il a, en effet, été fusille le 3 février1977et remplacé à la présidence par Menghistu Hailé MARIAM 11 février.

Aux Comores Ali Sollih, qui a déposé par coup d’Etat le premier président des Comores indépendantes Ahmed ABDALLAH le 03 aout 1975.

En février 1979, cette fois, le coup d’Etat est entendu au Congo : « le colonel JAOCHIM YHOMBI OBANGA est remplacé par un autre colonel du nom de Dénis SASSOU NGUESSO ». L’année 1979 était donc partie pour être une année à forte cadence de coups d’Etat : « renversement du maréchal Idi Amin DADA le 11 avril par ses opposant de l’U. N.

LA armée nationale de libération de l’Ouganda appuyés en renfort par les troupes tanzanienn ; remplacement en date du 27 mai par le colonel LOULY de MOUSTAPHA OLD SALEK. , moins d’un an auparavant, de Moctar Ould Daddah ; renversement et remplacement en juin en Ouganda de Y. LULE au pouvoir depuis le départ de Idi Amin DADA le 11 avril par G. BANAISA, renversement par l’opération« barra cuda » de l’empereur BOKASSA succédé au pouvoir le 21 septembre par le même DAVID DACKO que l’empereur avait détrôné en 1965. 219

Puis vient la décennie 80 qui a été la continuité de la brutalité comme mode d’accession au pouvoir, continuité de la mobilisation de toutes les forces autour de la conquête du pouvoir au détriment de la recherche du bien être global des populations africaines, continuité des luttes sanguinaires de positionnement d’individualités dans le mépris total des intérêts généraux.

Elle est longue, très longue voire fastidieuse, la liste des coups d’Etat qui ont secoué le continent avant l’ouverture démocratique du début de la décennie 90. Le tableau ci- dessous en fait une récapitulation des coups d’Etat clés qui ont marqué l’histoire politique de l’Afrique avant 1990.

218 PABANEL, J. P. , op. cit. , pp. 117-118
219 SECK, Y. C. , op. cit. , p. 11

Tableau : répertoire des coups d’Etats en Afrique avant 1990

DatePaysPrésident renverséNouveau président
13 janvierTogoSylvanus olympioNicolas Grunizky
20 oct. 1963Bénin DahomeyHubert MagaChristophe Soglo
18 févr. 1964GabonLéon M’EaLéon M’Ea
25 nov. 1965Zaïre RDCJoseph KasavubuJoseph D. Mobutu
22 déc. 1965Bénin DahomeySourou N. ApithyChristophe soglo
1 janvier 1966CentrafriqueDavid DackoJean B. Bokassa
4 janvier 1966Haute voltaMaurice YameogoSangoule Lamizana
15 janvier 1966NigériaA. A. TafewaJohn A. Ironsi
24 février 1966GhanaKwame N’KrumahAnkrah
1 aout 1966NigériaJohn A. IronsiTakubu Gowon
28 nov. 1966BurundiNtare V.Michel Micombero
13 janvier 1967TogoNicols GrunitzkyEtienne Eyadema
23 mars 1967Sierra LeoneAlbert MargaiAndrew J. Smith
17 déc. 1967Bénin DahomeyChristophe sogloMaurice Kouandete
18 avril 1968Sierra-LeoneSiaka StivensPatrick gordon
4 Aout 1968CongoMaurice Massemba- DebatMarien Ngouabi
18 nov. 1968MaliMobido KeitaMoussa traore
21 sept 1969SomalieMohammed EgalSaid Mbarre
10 déc. 1969Benin DahomeyEmile ZersouMaurice Kouandete
25 janv. 1971OugandaMiltion OboteIdi Amin Dada
13 janv. 1972GhanaKoffi BusiaIgnatius K. Acheampon
26 oct. 1972Benin DahomeyJustin AhomdegbeMatthieu kereku
5 juillet 1973RwandaGregoire kayibandaJuvenal Kabyarimana
8 fév. 1974Haute-VoltaGerad ouedraogoSangoule Lamizana
15 avril 1974NigerDiori HamaniSeyni kountche
12 sept 1974EthiopieHaile SelassiteMichel Imin
6 avril 1975TchadFrançois TombolbayeFelix Malloun
29 juillet 1975NigeriaYakulbu GowonMurtala R. Muhammed
1 nov. 1979BurundiMichel MicomberoJean-B. Bgaza
3 juin 1979GhanaDavid AkuffoJerry Rawlings
3 Aout 1979Guinée EquatorialeMacias NuemaTheodore M. Mbazogo
11 avril 1980LiberiaWillian TolbertSamuel K. Doe
25 oct. 1980Haute-VoltaSangoula LamizanaSaye Zerbo
14 nov. 1980Guinée BissauluisncabalJono B . Viera
1 janv. 1981GhanaHillla LimamJerry Rawlings
1sept 1981CentrafriqueDavid DackoAndre Kalingba
7 nov. 1982Haute voltaSaye ZerboJean B. Ouedraogo

Source : PABANEL, J. P. , Les coups d’Etats militaires en Afrique noire, Paris, L’Harmattan, pp. 177- 179

Comme nous pouvons le constaté 3 ans après l’accession des pays africaines à l’indépendance, ceux-ci ce sont plongés dans le cycle continue des coups d’Etat.

Le tableau susmentionné montre qu’il ne s’est pas passé 2 ans sans qu’un coup d’Etat ne soit signalé. Toute fois ce tableau ne reprend que les pays d’Afrique noire mais, l’Afrique blanche a connu également le phénomène des coups d’Etat comme nous l’avons évoqué précédemment avec l’Egypte et l’Algérie.

Cependant malgré l’ouverture de la démocratie en 1990. celle ci n’a exorcisé le phénomène de coup d’Etat en Afrique. Les africain n’ont pas divorcés d’avec cette pratique honteuse, égoïste des coups d’Etat.

Les coups d’Etat en Afrique  avant 1990 et après 1990

§3. Les Coups d’Etat après 1990

Si dans les années 1990, on a remarqué une régression des coups d’Etat, des rebellions, depuis quelques années on note un retour marqué de coups d’Etats notamment dans la partie occidentale du continent.

Après le discours de François Mitterrand à la baule en 1989, le vent de démocratisation avait suscité l’espoir et dans la foulée, l’organisation de l’unité africaine, qui deviendra en 2002 union africaine UA proscrit, lors du sommet d’Alger en juillet 1999, les coups d’Etat. 220

Mais, ce que l’on constate c’est que les coups d’Etat militaire reviennent au goût du jour en Afrique, et de plus avec le soutien moral des populations.

Ce fut le cas avec le cas au Niger, au lendemain du Putsch du 18 février 2010 contre le président Mamadou TANDJA, en Mauritanie en 2006 avec la chute de Mouya, en Guinée lors de l’arrivée au pouvoir du capitaine MOUSSA DADIS, en décembre 2008. à Madagascar, un chef de l’Etat démocratiquement élu, Marc RAVALOMANANA, a été chassé du pouvoir par l’armée avec le soutien de l’opinion public. 221

Cependant lorsqu’on fait un recul en 1990année de l’ouverture démocratique, nous constatons déjà qu’en tout état de cause, « le spectre » de la conquête armée du pouvoir a résisté au vent de la démocratisation et a d’ailleurs très tôt révélé sa survie en touchant le mali dans les premiers moments de cette décennie.

Après la chute du régime dictatorial de MOUSSA TRAORE en 1991, le Mali a vu naitre, sous l’instigation du lieutenant-colonel AMADOU TOUMANI TOURE, le comité de transition du salut du peuple C. T. S. P comprenant les représentants de l’Etat, des associations politiques, des groupements de jeunesse, des mouvements de chômeurs es organisations de défense des droits de l’homme, des associations d’élèves et étudiants, des syndicats et de l’ordre des avocats.

Mis en place en avril 1971, « le CTSP avait pour tâche principale d’organiser avec le gouvernement, des élections libres et pluralistes ». En juillet de la même année, le processus de démocratisation a échappé d’extrême justesse à la décapitation. Les sous-officiers et hommes de

220 DIOP, D. , 50 ans d’indépendance : quelle renaissance pour les Etats africains, internet : http :
//www. cerium. ca/DIOP-DJIBRIL/
221IBIDEM

rang dirigé par le commandât Lamine DIABIRA ministre de l’administration au moment de fait ont arrêtés tous les officiers supérieurs du pays, en prélude à la prise manu militari du pouvoir. Il a fallu de longue négociation pour éviter la énième répétition de l’arrachement brutal du pouvoir. 222

Dans cet ordre d’idées nous pouvons aussi citer le cas Nigéria, « pays le plus peuplé d’Afrique, a ainsi connu huit coups d’Etat entre 1993 et 1966. Plus récemment en 2003 on assiste au coup d’Etat en Guinée-Bissau Septembre 2003 et, à Sao tomé et principe toujours 2003 juillet, ainsi que la tentative de Putsch au Burkina et en Mauritanie toujours la même année223

Ainsi, l’ère des coups d’Etat qui paraissait révolu est bel et bien de retour sur le continent africain et contrairement au passé, dans la plupart de cas, ils recueillent l’assentiment d’une grande partie de l’opinion publique. N’y a-t-il pas lieu de s’interroger sur comment a-t-on pu en arriver là.

Le mouvement de démocratisation semblait irréversible sources d’instabilité dans leurs pays depuis 1980, par leur violation récurrente des normes élémentaires de l’Etat droit, par l’instrumentalisation de la constitution et leur volonté cynique d’imposer à leur pays un succession dynamique. C’est là les véritables causes du retour des coups militaires. 224

Grosso modo retenons que, l’Afrique détient indéniablement le triste record du continent ayant connu le plus grand nombre des coups d’Etat. Ces cinquante dernières années. Le continent africain a connu entre 80 et 85 coups d’Etat réussi au cours de ces cinq dernières décennies. 225

222 SECK,Y.C. , op.cit., P.119
223 SLIMANE, K.N., « Les coups d’Etat en Afrique », internet : http// :www.terangeweb.com/lescoups-detat-enafrique/
224 TAVARE, F.P., « Pourquoi tous ces coups d’Etat en Afrique », internet : http/ :www.mode-diplomatique.fr/2004 /
225Internet : http// : www.ugent.be/africafocus/

Hormis le règne du phénomène des coups d’Etat, on note également dans registre de la vie politique africaine le règne du monopartisme dans plusieurs Etats ; lequel règne a permis de soutenir les dictatures de ceux qui ont accédés au pouvoir par les coups d’Etat.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les États postcoloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique
Université 🏫: Université de Lubumbashi - Faculté des Sciences Sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Douceur Kadony

Douceur Kadony
Année de soutenance 📅: Politiques et Administratives. R. I. , juillet2013
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