La démocratie : la diversité de définitions de la notion

La démocratie : la diversité de définitions de la notion

Chapitre deuxième : La notion de la démocratie

Il n’est pas facile de cerner l’étude de la démocratie. Ce pourquoi, il parait exigeant dans une telle situation de définir dans un premier moment la démocratie et de dégager par la suite les formes des démocraties existantes, une fois que ces deux moments de l’étude sont franchis, il nous sera indispensable de ressortir les principes et les exigences de la démocratie.

Section 1

définition

Etymologiquement le mot « démocratie » émane du grec ancien démocratia, « souveraineté du peuple », de Démos « peuple », et Kratos « pouvoir », « souveraineté » est le régime politique dont le peuple est souverain. 114

Selon la formule d’Abraham LINCOlN 16è président des Etats unis Amérique de 1860-1865, la démocratie est « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ». 115 LINCOLN consacre la souveraineté politique du peuple comme origine et finalité du pouvoir.

Le peuple trouve donc tout son rayonnement dans la démocratie et Hans Kelsen n’a pas manqué de le préciser : « Idéalement, la démocratie est une forme d’Etat ou de société dans laquelle la volonté générale est formée . . . ou l’ordre social créé par ceux qu’il est appelé à régir le peuple. Démocratie signifie identité du sujet et de l’objet du pouvoir, des gouvernants et des gouvernés. . . »116

C’est parmi les définitions canoniques couramment reprises, ainsi qu’en témoigne, par son introduction, la constitution de nombreux de pays qui se réclament démocratiques.

Aujourd’hui, il n’existe pas de définition communément admise de ce qu’est la démocratie. C’est la raison irréfutable de la diversité de définitions émises par bon nombre d’auteurs entre autres : Farès, N’Gbanda, Seymoule, Burdeau, Alexander, Barber, Kazadi Kimbu etc.

Telle qu’elle a été pensée et qu’elle est pratiquée jusqu’à ce jour, la démocratie a pour essence le droit pour le peuple de designer et de contrôler le gouvernement de la nation. Ainsi perçue, la démocratie est un mode de désignation des gouvernants réalisant aussi complètement que possible l’exercice du pouvoir pour le compte de l’ensemble des citoyens de la nation117.

114 Internet : //http :www. wikepedia. org/wiki/
115 Internet : //http :www. wikepedia. org/wiki/
116 Hans, k. , cité par Zalagoye, B. , Election et transition démocratique en RCA, master en droit, Université Catholique d’Afrique centrale, 2005, p. 3

Farès estime que la démocratie est la reconnaissance du droit de peuple à gérer librement leurs affaires118. Cette définition est approfondie par celle émise par N’GBANDA119. Pour ce dernier, « la démocratie est définie comme étant la souveraineté, le pouvoir, le gouvernement du peuple dirigé par la multitude, par opposition à la monarchie, à l’aristocratie et l’oligarchie ».

SEYMOULE MARTIN considère pour sa part la démocratie comme étant un système politique qui, à l’intérieur d’un complexe social, permet le renouvellement légal du personnel dirigeant ; et comme un mécanisme social qui permet à une très grande partie de la population d’exercer une influence sur les décisions importantes en choisissant les responsables120.

Liant la démocratie à l’idée de la liberté, Burdeau conçoit la démocratie Comme « un régime de la liberté politique, parce que l’autorité y est fondée sur la volonté de ceux qu’elle oblige121 »

Selon Alexander, la démocratie est le droit du peuple de gouverner et à choisir leurs gouvernants d’une façon systématique et les libertés de parole, de presse, de pensée, et d’action associé à ces choix essentiels pour le développement qui devait être que souvent le but de société organisé.

Benjamin BARBER affirme que l’idéal démocratique repose sur un certain nombre de concepts : la liberté, l’égalité les élections libres d’une majorité qui fait la loi, la défense des droits des minorités, la liberté de choisir ses allégeances sur les plans: religieux, économique et politique plutôt qu’une soumission totale à l’Etat.

Etre démocratique veut dire attacher de l’importance et la valeur à la personne, avoir foi dans un monde où la personne pourra s’épanouir au maximum de ses possibilités. 122

117 KAZADI KIMBU, M. , « Les chances de réussite du processus électoral en RDC », in MBEGU, CRAP, Janvier 2005, n° spécial, pp. 179-180
118 Fares, Z. ,op. cit. ,p. 35
119 N’GBANDA, H. , op. cit. , p. 27
120Seymoule, M. , cité par KALALA, M. J. P. , La pérennisation au pouvoir et la problématique de la démocratie de l’Afrique. Cas de la RD Congo de1990 à 1997, TFC, F. S. S. P. A, R. I, UNILU, 2004, p. 9
121 Burdeau, G. , cité par KANZA, T. , Soutien extérieur des parties au conflit congolais et difficultés d’une transition démocratique, mémoire, F. S. S. P. A, R. I, UNILU, 2003, p. 28
122 Barber, B. , civiliser la démocratie, Paris, DESCLEE DE BROUWER, 1998, pp. 97-98

Toutes ces définitions peuvent se résumer en une seule : « la démocratie est un système politique, forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple ». 123

Alain Bockel fait de la démocratie « le terme le plus dévoyé dans l’histoire de la Politique ; sans cesse sollicitée par l’adjonction d’un adjectif variable, cette expression à couvert les régimes politiques les plus divers »124. C’est ce qui rend sans doute cette notion difficile à définir ou tout simplement indéfinissable.

Cependant, ces difficultés relatives à l’étude du concept de démocratie, nous incitent à tenter, non plus de le définir, mais plutôt de présenter ce qui nous paraît essentiel dans le débat autour de cette notion.

Dans l’Esprit des Lois, Montesquieu défini la démocratie en ces termes: « Lorsque dans la République, le peuple en corps a la souveraine puissance, c’est la démocratie ». Généralement, deux conceptions sont invoquées pour définir le terme de démocratie. La première, dite maximaliste, présente la démocratie comme un projet de réalisation du bien-être matériel et moral des citoyens.

L’ancien Président du Sénégal, Abdou Diouf, semble se ranger dans cette lignée quand il définit la démocratie « comme une condition nécessaire à l’épanouissement de la personne humaine. Elle est une exigence morale universelle. Il n’y a pas une démocratie pour les riches, et une autre pour les pauvres.

La démocratie la diversité de définitions de la notion

Il n’y a pas une démocratie pour les forts et une autre pour les faibles. Il y a un socle de valeurs sur lequel repose l’humanité. Tous les peuples doivent avoir la démocratie en partage. Au reste, les crises qui secouent notre continent portent les stigmates de violations massives des droits de l’homme et d’absence de démocratie »125.

Cette conception se rapproche de la célèbre définition d’Abraham Lincoln qui considère la démocratie comme « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple126 ».

Mais il faut reconnaître que cette conception de la démocratie ne correspond pas trop à ce que nous livre la réalité. Omar Diop va même plus loin quand il affirme que « la démocratie occidentale exige dans son sens premier le gouvernement du peuple, dans l’intérêt du peuple, par le peuple.

123Grand usuel LAROUSSE, Dictionnaire encyclopédique, Paris, éd. LAROUSSE Bordas, 1997, p. 2132
124 Bockel, A. , cité par NDIAYE, M, Gouvernance et démocratie en Afrique : le Sénégal dans la mondialisation des pratiques, thèse de doctorat en Science de l’Information et de la Communication, Université de Bordeaux3, 2006, p. 13
125 NDIAYE, M. , op. cit. , p. 15
126 Internet : http://www. re-so. net/article.

Ce type de gouvernement direct des hommes par eux-mêmes ne se conçoit que dans de petites cités, dont les citoyens, peu nombreux, ont la possibilité de se retrouver ensemble en un même lieu pour délibérer sur les affaires publiques. La taille des Etats modernes ne permet pas ce modèle d’organisation politique». 127

Nous apercevons toute la difficulté de mettre en œuvre la conception maximaliste de la démocratie ou plus précisément celle d’Abraham Lincoln qui fait du peuple l’élément central de la démocratie.

Ce sont, sans doute, toutes ces difficultés soulignées par les différents auteurs q qui rendent nécessaire le recours à une seconde conception qualifiée de minimaliste, en cela qu’elle associe la démocratie à l’organisation d’élections libres, honnêtes, plurielles et transparentes

Cette conception de la démocratie que nous pouvons qualifier d’électorale, et à laquelle se rallie Joseph Schumpeter128, suppose pour le citoyen la possibilité de contrôler les élus, d’exiger d’eux des prestations économiques et de les sanctionner au besoin grâce à leur carte d’électeur.

Elle est également appelée « démocratie représentative » dans la mesure où c’est le peuple lui-même qui élit ses représentants. Elle constitue le modèle de référence dans le monde contemporain et exige la satisfaction de plusieurs critères tels le pluralisme politique existence de partis politiques et d’associations de la société civile mais aussi et surtout le respect des opinions et libertés individuelles.

Maurice Duverger129 ajoute que « le critère fondamental de la démocratie libérale se trouve dans la reconnaissance de l’opposition, la proclamation et l’application du droit à l’hétérodoxie.

Lorsque, dans un pays, ceux qui professent des idées contraires à celles des hommes au pouvoir peuvent crier ces idées sur les tribunes des réunions publiques, les imprimer dans les journaux créés et distribués sans entrave, fonder des associations pour leur défense et leur diffusion, les enseigner à leurs enfants soit d’eux-mêmes, soit par l’intermédiaire de maîtres d’écoles librement choisis, se présenter aux suffrages des citoyens concurremment avec les candidats du Gouvernement et sans que ceux-ci bénéficient d’avantages de quelque nature que ce soit afin de conquérir le pouvoir et d’y appliquer enfin les idées qu’ils n’ont cessé de défendre, alors ce pays peut être qualifié de démocratie libérale ».

Dans la démocratie libérale, la notion de liberté est donc fondamentale et semble constituer ce qui la différencie de la démocratie sociale qui privilégie le principe d’égalité. 130Dans le courant du XXème siècle, l’opposition entre le bloc occidental et le bloc soviétique s’est accompagnée d’une opposition entre la démocratie dite libérale et celle qualifiée de sociale.

La démocratie sociale du point de vue de l’Occident semblait être la version socialiste de la démocratie libérale. Dans les pays communistes qui se réclamaient de la démocratie sociale, l’égalité primait sur les libertés individuelles, le parti unique témoignait de l’absence de pluralisme politique, d’élections franchement disputées et centralisait tous les pouvoirs.

127 Diop, O. , cité par NDIAYE, M. , op. cit. , p. 17
128 Schumpeter, J. , Capitalisme, socialisme, démocratie, Paris, Ed. Payot, 1972,p. 23
129 Duverger, M. , cité par NDIAYE, M. , op. cit. , p. 16
130 NDIAYE, M. , op. cit. , p. 18

Nous pouvons d’ores et déjà dire que dans cette étude, portant sur les Etats post coloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique, c’est sur cette forme de démocratie synonyme de pluralisme et de libéralisme politique, de reconnaissance des libertés individuelles, de la liberté de la presse et qui garantit la tenue d’élections libres et transparentes qui retiendra notre attention.

De cette manière, une étude minutieuse sur les formes de démocraties semble nécessaire pour dégager les divergences entre les différentes démocraties pratiquées dans divers pays au monde.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les États postcoloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique
Université 🏫: Université de Lubumbashi - Faculté des Sciences Sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Douceur Kadony

Douceur Kadony
Année de soutenance 📅: Politiques et Administratives. R. I. , juillet2013
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