L’alternance politique ou démocratique en Afrique

L’alternance politique ou démocratique en Afrique

§3 L’alternance politique en Afrique

De tout temps, la question du passage du pouvoir d’un individu à un autre, d’un groupe à un autre, se fait de façon soit violente, soit encore pacifique, dans le consensus collectif ou non, notamment depuis la merveilleuse invention de la démocratie.

Dans le cas de la jeune histoire de l’Afrique moderne, l’alternance a été plus souvent très violente parce que de nombreuses ambitions voulaient absolument s’exprimer au détriment de la volonté des peuples. 106

« Tant qu’il n’y a pas acceptation des règles de l’alternance, on se trouve dans un ordre démocratique déviant »cette pensée du politologue Français Christian COULON, décrit le plus grand malaise de la démocratie en Afrique. En effet, l’Afrique est l’unique partie au monde qui se dit démocratique tout en s’opposant au principe de l’alternance politique ou démocratique. 107

103 WAMU,D. , op. cit. , p. 70
104 AIVO, F. J. , op. cit. , p. 381
105 IBIDEM
106 Internet : http// : www. demainlenouveaucongobrazzaville. org.
107 Seck Y. C, Afrique : le spectre de l’échec, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 174

En Afrique, le chef de l’Etat est toujours qualifié de « cœur du système » cette situation s’inscrit dans une dynamique de la prépondérance du chef de l’exécutif observée dans les différents types de régime politique qu’ils soient présidentiel, semi-présidentiel, parlementaire, seul le régime conventionnel échappe à cette règle.

Sur le continent africain, cette évolution a abouti à un pridentialisme « négro-africain » caractérisé par la concentration de tous les pouvoirs au profil du président de la république malgré l’affirmation de la forme républicaine de l’Etat, en monarque par le mécanisme du parti-unique qui lui assure l’intangibilité dans ses fonctions. 108

Les évolutions institutionnelles de la fonction présidentielle au Benin, Cameroun, Gabon, Togo, RD Congo, etc. confirme en dépit de l’apparence démocratique de ces Etats, la prééminence du président de la République.

Malgré le pluralisme qui suppose une réelle concurrence pour la conquête du pouvoir, l’alternance, à l’exception notable du Benin, n’est toujours pas réalisée à la tète des Etats. Le président demeure toujours le maitre absolu du jeu politique. 109

Presque partout en Afrique, de 1960 à 1990, le droit de suffrage a perdu de son sens et de sa signification. Il n’est plus que l’instrument de législation de la perpétuation d’un homme et d’un système au lieu de servir l’alternance des idées et des hommes à la tête de l’Etat. Alternance politique était alors bannie du dictionnaire de la politique et du pouvoir dans les Etats africains.

Le legs politique et institutionnel colonial, l’importance de l’habillage moderne de l’autorité politique par le nouvel Etat postcolonial et enfin, le triomphe récent des valeurs libérales n’ont pas réussi à émousser à travers le temps, la conception monarchique de la fonction présidentielle propre aux sociétés africaines.

En effet, le chef de l’Etat représente aux yeux de beaucoup de peuple le « ahoxu », c’est-à-dire « celui à qui l’on paie une dette, à qui l’on paie une redevance ». Plusieurs années après la colonisation et l’indépendance, les chefs de l’Etat en Afrique porter toujours une image de petit dieu. 110 Qui ne peuvent –être remplacé et contredit.

Après bientôt deux décennies de multipartisme, la démocratie l’alternance politique, la vraie n’est pas encore dans les pays de l’Afrique, comptons ce qui suit : au Gabon, Omar dimba Bongo est au pouvoir depuis 1967 seul sa mort en 2009 permis une alternance politique ; au Togo Gnassingbé Eyadema au pouvoir sans partage depuis 1967, au Zimbabwe Mugabe demeure le maitre absolu depuis l’indépendance en 1980 malgré l’Etat de déliquescence avancé du pays ; Lassana CONTE règne sur la Guinée depuis avril 1984 ; l’inamovible Paul Biya du Cameroun est au pouvoir depuis 1982 ; Blaise comparé au Burkina Faso depuis 1987 ; Dos Santos en Angola depuis septembre 1979, Yoweri Museveni en Ouganda depuis janvier 1986; Mêle Zenawi en Ethiopie depuis 1991. 111

108 AIVO, F. J. , Le président de la république en Afrique noire francophone, Paris, L’Harmattan, 20007, P. 21
109 DALOZ, J. P. , Le nonrenouvellement des élites en Afrique subsaharienne, Bordeaux, éd. CEAN, 1999, p. 16
110 AIVO, F. J. , op. cit. , P. 23
111 SYDATI, internet : http// : www. bamanet. net.

Kadony. N. renchérit en soulignant que « dans certains cas, depuis le passage du monopartisme au multipartisme, les dirigeant sont restés les mêmes. Ils n’y a pas eu alternance démocratique Zimbabwe, Togo, Cameroun, Tchad, Cote d’ivoire, Sénégal ou alors, s’il y a eu alternance ce que le changement intervenu n’a conduit qu’a un simple recyclage des élites – Malawi, Zambie, Tanzanie. 112

Presque partout en Afrique, les chefs d’Etats en dépit de la démocratisation, règnent sans l’esprit de quitter le pouvoir. Ce pourquoi les chefs d’Etat africains sont au centre de tout dans leurs pays et ont tendances à se confondre à l’Etat.

L’alternance politique ou démocratique en Afrique

De cette manière, l’observation de la pratique sociale en Afrique révèle que l’individu au pouvoir incarne l’Etat. Toute la vie de l’Etat et sa survie dépendent de son humeur, de son bon vouloir. Quelques exemples illustrent cette approche d’explication philosophique de l’Etat en Afrique.

L’Etat libyen est un Etat-Kadhafi : toute la voie de la Libye dépend des attributs humains de Kadhafi-Etat. L’Etat Togolais est un Etat Eyadema. 113Ces analyses de l’Etat acteur en relations internationales africaines débouchent sur la Conclusion telle que l’Etat-acteur des RIA est un Etat individu. C’est une démonstration valable de l’absence criante de l’alternance politique en Afrique.

Grosso-modo, l’alternance politique soulève beaucoup des questionnements depuis l’indépendance de l’Afrique 1960 jusqu’à nos jours, de 1960 à 1990 ce le règne des dictateurs presque partout en Afrique et refus de l’alternance politique.

L’ouverture des démocraties à la fin des années « 80 » n’a pas totalement fait table rase au mandat illimité et à la pérennisation au pouvoir des dirigeants africains ; les constitutions qui prétendent être démocratique, sont continuellement revues et corrigées afin de les « tailler à la mesure » de ceux qui gouvernent.

Les coups d’Etat, les assassinats, les révolutions populaires en Egypte, en Tunisie refont surface en Afrique. Tout pense à croire que l’Afrique n’est qu’au premier pas de sa marche vers la démocratie.

112 KADONY, N. K. « Afrique malade de ses impuissances en relations internationale. Quel avenir au IIIe millénaire ? » In Cahier Congolais d’Etudes Politiques et Sociales, n°23, juin 2000, p. 207
113 KADONY, N, K. , L’introduction aux relations internationales africaines, Paris, L’Harmattan, 2007, p. 20

Conclusion partielle du premier chapitre

Ce chapitre était consacré au cadre conceptuel et théorique. Il a été question dans une première section de cerner la notion de l’Etat. Pour ce faire, nous avons dégagé plusieurs définitions de l’Etat, parmi lesquelles nous avons retenu la célèbre définition que nous proposent les juristes.

Ceux-ci considèrent l’Etat comme en même temps un territoire, une population et un gouvernement. Partant de cette définition nous avons dégagé les éléments constitutifs de l’Etat.

Le souci de mieux comprendre ce qu’est l’Etat, nous a conduits à chercher comment il est né et comment nous en somme arrivée à la considération actuelle. A ce titre plusieurs thèses ont été évoquées pour justifier la naissance de l’Etat, notamment la thèse juridique, marxiste et contractuelle de l’origine de l’Etat.

Toutefois, nous avons démontré également que l’Etat qui né revêt une forme qui peut être soit unitaire, fédérale, confédérale, personnel une forme exclusive pour l’Afrique, soit encore il peut prendre la forme d’Etat nation nous avons souligné déjà à ce niveau que cette forme d’Etat pose de problème en Afrique.

Dans une deuxième section nous nous somme pencher sur l’histoire de la colonisation de l’Afrique. Celle-ci a commencé en 1885 à la suite de la conférence de Berlin et pris fin a l’orée des années 50 par l’accession a l’indépendance des Etats africains.

Cependant les Etats postcoloniaux africains présentent certaines caractéristiques particulières la politique et la structure économique extravertie, la faiblesse institutionnelle et la personnification du pouvoir qui rendent ces Etats fragiles et faibles.

La dernière section de ce chapitre était basée sur l’étude de l’histoire de la démocratie en Afrique. Trois points ont fait l’objet de cette section, à savoir : le multipartisme en Afrique, organisation de la conférence nationale et l’alternance politique en Afrique.

Pour ne pas être ambigu dans notre étude, nous avons estimé mieux de cerner la notion de la démocratie en partant de la définition pour chuter avec les exigences de la démocratie en passant par les formes et les principes de la démocratie. Le chapitre suivant s’y consacre.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les États postcoloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique
Université 🏫: Université de Lubumbashi - Faculté des Sciences Sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Douceur Kadony

Douceur Kadony
Année de soutenance 📅: Politiques et Administratives. R. I. , juillet2013
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1 réflexion au sujet de “L’alternance politique ou démocratique en Afrique”

  1. Bjr et merci beaucoup pour la disponibilité des thèmes que nous trouvons dans votre bibliothèque numérique. Cela est intéressant. Donnez nous l’occasion d’être plus informé et d’acquérir des connaissances qui peuvent nous servir à aider et enrichir nos réflexes démocratiques

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