Chute des Personnages Principaux : Manipulation Coloniale Dévoilée

Deuxième partie : chute

Dans cette partie, deuxième du document, il sera question, en trois chapitres, les causes de la chute des personnes, Fama et Djigui, respectivement personnages principaux de Les soleils des indépendances et de Monnè , outrages et défis . Parmi celles-ci les actions pernicieuses de la colonisation, en chapitre premier, qui a causé du tort à chacun des personnages. Au cours de cette étude, nous tenterons d’expliquer comment la colonisation s’est écartée de sa mission civilisatrice qu’elle s’était assignée pour s’adonner à une véritable exploitation des royaumes conquis.

Ce chapitre sera traité en deux sous-titres : l’ingérence des colonisateurs dans les affaires locales et la manipulation des rois vaincus pour orienter les activités des populations en sa faveur. En chapitre deux, le conformisme de Fama ; celui-ci se vautre dans l’idéalisme du monde ancien et refuse d’accepter le changement. Son inadaptation au nouveau monde et le voyage maléfique qu’il entreprend constituent le contenu de ce chapitre. Et en trois, l’intransigeance du roi Djigui. Ce chapitre sera évoqué en deux volets : l’orgueil du vieillard et son altruisme démesuré. Ces éléments cités ont été déterminants dans leurs revers.

Chapitre I : Les actions pernicieuses de la colonisation :

Comme dit précédemment, la colonisation a été un facteur déterminant dans la chute des deux personnages en raison des actions qu’elle effectuait dans les royaumes conquis. Aux dires de ses acteurs, c’était une mission civilisatrice, de bienfaisance aux indigènes autrement dit le but de leur présence en Afrique était pour aider les africains. Au fil du temps et au regard d’un observateur bien avisé, la colonisation avait une autre face bien cachée. Son objectif était d’avoir une mainmise sur les colonies afin de les exploiter. Ainsi pour parvenir à ses fins, elle a planifié plusieurs manèges qui seront évoqués dans les prochaines pages.

1-1 L’ingérence dans les affaires locales :

Après la conquête militaire des colonies, les colonisateurs ont opté pour une cohabitation pacifique avec leurs butins. Pour ce faire, ils devaient gagner la confiance des indigènes, les faire adhérer à leur projet. Pour bien mener cette action, les colonisateurs faisaient des chefs locaux leurs alliés. Par ailleurs, le chef qui s’avisait de désapprouver leur mission s’attirait leurs colères et se révèle un danger pour leur mission. Donc tout était mis en place pour éjecter ce chef au profit d’un autre qui sera docile aux envahisseurs. Tel fut le cas du prince héritier de Horodougou, Fama, qui a subi les représailles de l’administration coloniale pour l’avoir méprisée et désavoué sa mission.

Au début de cette histoire, Fama Doumbouya, prince héritier, était en pole possession de devenir le roi de tout le Horodougou. Mais des évènements extraordinaires et des circonstances atténuantes ont changé le cours des choses. Ce brusque changement n’épargne personne dans tout le royaume même le roi et ses courtisans. En effet, tout a commencé lorsque les colonisateurs ont débarqué et subjugué le royaume. Ils installèrent leur autorité dans le Horodougou. Quant à la chefferie traditionnelle, elle ne fut pas bannie complètement, mais réduite seulement à s’occuper des affaires moins importantes. Cette sournoiserie du Blanc déplaît à Fama qui le faisait savoir partout ; et ce constat se fait dans le fragment de texte suivant :

Son père mort, le légitime Fama aurait dû succéder comme chef de tout le Horodougou. Mais il buta sur intrigues, déshonneurs, maraboutages et mensonges. Parce que d’abord un garçonnet, un petit garnement européen d’administrateur, toujours en courte culotte sale, remuant et impoli comme la barbiche d’un bouc, commandait le Horodougou. Evidemment Fama ne pouvait pas le respecter ; ses oreilles en ont rougi et le commandant préféra, vous savez qui ? Le cousin Lacina, un cousin lointain […] 16

16 Ahmadou Kourouma, Les soleils des indépendances, p :23

Ce passage laisse voir le prélude de la déchéance du prince héritier, Fama. Il a mordu à l’hameçon, le commis blanc ne voulait pas qu’il succède à son père mort. Ce dernier attendait la moindre erreur de l’homme insoumis pour réagir. Son attitude envers le commandant blanc lui a attiré les haines de celui-ci qui ne tardera pas à sévir. Selon Fama, un chef, ce n’est pas n’importe qui et n’est pas chef légitime celui qui n’est pas venu conformément aux préceptes de la tradition.

D’abord, dans le Horodougou, le prétendant doit être issu de la dynastie régnante, celle des Doumbouya et de surcroit être l’ainé des enfants du roi. Le successeur doit avoir joué le rôle de lieutenant auprès du roi, il part en voyage avec lui, assiste aux prises de décisions pour se familiariser avec le pouvoir en attendant son règne sur le trône. Ensuite il doit suivre l’enseignement traditionnel au cours duquel il est soumis à plusieurs épreuves et tests afin de former un chef résistant, persévérant et fort. Et enfin il doit être poli et respectueux envers tout le monde et ne doit pas non plus braver les interdits et les tabous de la cité.

Par contre le nouveau commandant ne répondait pas à ces critères. Le commis blanc s’habillait n’importe comment et ne connaissait le moindre geste de respect envers les sages. Fama a eu du mal à digérer cette absurdité des choses et s’adonnait à le combattre. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé dans la ligne de mire du commis de la colonie qui l’a spolié le pouvoir au profit de son cousin, pourtant, illégitime selon les coutumes. Le prince héritier fut obligé d’abandonner le Horodougou pour fuir l’humiliation et d’aller recommencer une nouvelle vie dans la capitale des Ebènes en faisant du négoce.

Hormis l’inadvertance du prince de tomber dans le piège des envahisseurs, ce passage laisse voir le côté sombre de la colonisation, c’est-à-dire son ingérence dans l’élection des chefs traditionnels pour imposer son choix aux villageois dans l’optique d’obtenir la franche collaboration de ce dernier. Hors ne connaissant pas les règles coutumières de succession, son immixtion peut entrainer la venue d’un chef illégitime.

Ce plan du colonisateur a bien fonctionné puisque le chef illégalement imposé aux villageois ne fera jamais l’unanimité. Il sera la marionnette de celui qui l’a propulsé et travaillé certainement dans l’intérêt de celui-ci. C’est cette mascarade que les colonisateurs opéraient dans les colonies pour mieux dompter le terrain. Fama en a été victime à l’instar de plusieurs dignitaires traditionnels en dehors de toute fiction romanesque.

2-1 La manipulation comme cheval de bataille :

Dans la suite de la rubrique sur les mauvaises actions de la colonisation qui ont auguré le déclin des personnages, point particulier sera fait sur le cas Djigui, personnage principal de Monnè , outrages et défis . Tout comme le prince héritier du Horodougou, le roi de Soba a aussi fait les frais des mauvais agissements de la pénétration coloniale.

Après avoir vaincu tous les grands rois du Mandé, y le roi toucouleur, Samory Touré, les troupes de Fadraba (général Faidherbe, commandant de la colonne française) ont mis le cap sur le royaume de Soba. Ils ont assiégé la ville sans rencontrer la moindre résistance. Quand Soba fut militairement pris et Djigui devenu un captif de guerre, les blancs ont jugé de trouver des compromissions avec le roi leur permettant d’apposer leur domination totale. Ils demandèrent au roi de reconnaitre officiellement sa défaite en buvant le dégué 17 de la soumission. L’interprète fut chargé de lui annoncer et s’adressa à Djigui sur ce ton :

Il vous est seulement demandé de monter au camp le vendredi prochain après la grande prière boire le dégué de la soumission et promettre que vous renouvellerez chaque vendredi, […] le serment d’allégeance des Keita à la France par une visite au capitaine commandant le Kébi. 18

Dans le mandé ancien, pour reconnaitre sa défaite et se soumettre à son adversaire, le vaincu doit boire une bouillie « dégué ». A l’issue de chaque guerre ou combat opposant des individus, le vainqueur obligeait le vaincu à boire ce dégué, symbole de forfaiture et de reconnaissance de la supériorité de l’adversaire ; tout cela se déroulait devant les témoins.

Après sa conquête de Soba, le commandant demande à Djigui d’honorer le serment en buvant le dégué de la soumission. Hors s’exécuter cet acte est synonyme de la chute du royaume de Soba et de surcroit la fin du règne de la dynastie des Keita. Il est évident ici que le colonisateur était bien informé sur la ville nouvellement obtenue.

Toute fois ce manège montre l’intention du Blanc de déposséder le roi de son pouvoir, car malgré la défaite militaire du roi, il restait encore chef aux yeux de ses sujets tant qu’il n’a pas renoncé officiellement en consommant la bouillie symbolique. C’était une manière pour le commandant de l’administration de rendre illégitime le pouvoir de Djigui. Devant la réaction du monarque, il avait fait des promesses au roi de l’épargner des hostilités s’il acceptait d’honorer le commandant en effectuant la visite hebdomadaire des vendredis lors de laquelle il recevait les instructions du commandant. Le roi de Soba prête le serment d’allégeance des Keita à la France, mais refuse le « dèguè » de la soumission.

17Bouillie à base de la poudre du mil, sacrée symbole de la résignation dans le royaume de Soba.

18Ahmadou Kourouma, Monnè, Outrages et Défis, p : 47

Après avoir concédé le refus catégorique du roi de se faire stupidement spolier, le capitaine de la colonne, désormais commandant du Kébi 19 , change de stratégie. Il adopte une approche indirecte qui finira par affecter le dignitaire de Soba. Le plan est de faire travailler les habitants par Djigui pour le colonisateur. Le commandant orchestre les travaux forcés, les prestations, le recrutement des jeunes pour renforcer ses rangs et l’acquittement de l’impôt de capitation et mandate Djigui de veiller à l’exécution. C’est ainsi qu’il fait du roi le bouc émissaire de la souffrance infligée aux indigènes qui n’ont pas tardé à haïr leur chef.

Puis lors des visites du vendredi, des ordres à exécuter sont donnés à Djigui comme : les prestations, les jeunes gens (garçons et filles) étaient choisis pour satisfaire les besoins du commandant blanc et compagnie ; en d’autres termes, la satisfaction de leurs besoins charnels, le rôle de domestiques et de boys étaient assurés par ces jeunes gens. Pour parvenir à ses fins, le Blanc se renseignait beaucoup sur Soba avant de faire ses propositions à Djigui.

En réalité, l’interprète était en quelque sorte un agent de renseignement pour le commandant ; il connaissait les coins et les recoins du royaume, il savait pour les ressources des villageois, leurs mentalités et même leurs totems. C’est ce qui faisait que les demandes du commandant se faisaient en connaissance de cause et l’interprète savait les mots qu’il faut dire pour faire agir les habitants de la ville :

La loi de l’hospitalité exigeait des habitants qu’ils fournissent assez de grains, de légumes, de condiments, de volailles, de moutons et de bœufs. […]. Pour bâtir les résidences des Blancs et le camp, seraient réquisitionnés les meilleurs maçons, forgerons, sculpteurs, couvreurs du pays. […].

L’interprète félicita le roi et les notables et en profita pour nous apprendre le nom de l’opération : Les prestations. Les bêtes, les choses et les vivres fournis

Constituaient des prestations. Les hommes, les garçons et les jeunes filles réquisitionnés étaient des prestataires. 20

Dans cette opération de prestation, les plus solides étaient désignés pour travailler dans les chantiers de construction des bâtiments pour blancs. Certains furent incorporés dans l’armée comme tirailleurs pour renforcer le rang des soldats de la colonie à imposer leur domination sur leurs frères noirs. Il y’avait l’impôt de capitation (prix de l’âme), tous les chefs de clan étaient mandatés de faire en sorte que tout individu inspirant de l’air dans sa zone paie ce prix. Il faut noter que le griot du souverain était déjà flatté par les propositions du

19Siège de l’administration coloniale.

Blanc, il jubilait et coupait la parole à l’interprète et annoncer les manières irrésistibles qui seront utilisées pour faire soumettre les villageois :

Avec le piment et le feu, ils vendront leur or, (…), s’ils n’ont pas d’or, ils se sépareront de leur bétail ; s’ils n’ont pas d’animaux, ils vendront leurs filles, leurs femmes, leurs cache-sexe. Tout le monde doit savoir qu’il est préférable de consommer de son totem plutôt que de refuser de payer l’impôt de capitation 21 .

Sous le coup de la manipulation, Fama lui-même obligera ses sujets à donner leurs biens matériels pour financer les projets du colonisateur. Il mobilisa ses sbires pour perquisitionner tous les domiciles des villageois et de les arracher leurs fortunes. Il ira jusqu’à déployer la méthode la plus forte, la flagellation des insoumis et des moins coopérants. Tout le monde devait contribuer, à défaut d’avoir de l’or ou du diamant à offrir ; tes filles et femmes ou encore tes bétails te seront confisqués.

Mais cet usage de force que le roi a fait montre à ses subordonnés a été le véritable plongeoir du pouvoir de Djigui. Les habitants ont mal vécu l’acte et en ont toujours voulu à leur chef pourtant téléguidé par le commandant. Le colonisateur sévissait tout en restant dans l’ombre et jetait en pâture le monarque à leurs victimes ; ce dernier n’est autre personne que celui qui était censé les protéger contre les envahisseurs, le vénérable Djigui.

Dès lors les habitants commencèrent à désavouer le roi et contester ses décisions parce que selon eux le centenaire à rallier l’ennemi contre son royaume. Le souverain ne se rendait toujours pas compte que l’on se servait de lui. Même le fait que les conséquences nuisibles des opérations de prestation étaient palpables, il ne daigne pas de revoir sa position.

Malgré tout cela, le vieillard continua à veiller à l’exécution des ordres du blanc parce qu’on lui avait promis gloire et grandeur à l’issue des prestations.

Pour faciliter la communication avec les indigènes, les colonisateurs avaient dans son rang un nègre instruit qui servait d’interprète pour une compréhension mutuelle. Ce dernier était un fin connaisseur des nègres, c’est pourquoi le Blanc tenait beaucoup à lui pour la bonne conduite de sa mission. Lorsque l’interprète finit de dicter ces lois au roi Djigui, il ajouta :

« Quand Soba appliquera les lois du Blanc et les besognes du Nègre et toutes leurs implications, vous deviendrez un grand chef ; les griots chanteront pour l’éternité le panégyrique des Keita. » 22

21Ibid., p :59.

Ainsi, le roi se laissa berner par cette proposition illusoire, il s’attendait à de grands privilèges à la fin de l’exécution de ces ordres formulés par ses nouveaux partenaires. Ces travaux forcés constituaient à construire beaucoup de routes sur lesquelles lui et les siens verront venir à Soba des instituteurs (pour apprendre l’éducation occidentale aux gens de Soba), des prêtres pour évangéliser (faire tourner la spiritualité des habitants de Soba vers Jésus Christ) et enfin un commandant civil qui décidera de la vie et de la mort des sujets de Djigui ; tout cela concourrait à faiblir le pouvoir du roi dans son royaume et sans qu’il ne le sache.

Malgré le fait qu’il déjoue le piège de la bouillie de résignation, son titre restait quand même honorifique puisque les blancs s’étaient déjà reparti tous les domaines d’exécution de pouvoir dans le royaume de Soba. Aucun sujet ne se trouvait sous l’autorité du vieillard, chacun avait un nouveau maitre à craindre et à vénérer tandis que le roi passait ses jours de

« monnè » à effectuer les éternels va-et-vient entre son domicile et le Kébi pour honorer le serment d’allégeance à la France. Comme promis, le vieillard faisait la routine tous les vendredis au Kébi pour rendre des comptes au capitaine blanc et recevoir de nouvelles instructions soit sur l’évolution des travaux de prestations ou sur l’état d’esprit de ses concitoyens.

Par ailleurs, Djigui devenait de plus en plus sceptique pour l’arrivée du train de la contrepartie. Il avait commencé à questionner ses partenaires sur la date de son arrivée à Soba afin qu’il prépare son accueil. Le Blanc, à travers l’interprète, profita de la naïveté et l’analphabétisme du roi de Soba pour surseoir au projet d’offre de train pour cause de l’occupation allemande de la Française. Il raconte lui-même son anecdote :

Avant que j’eusse demandé quand mon train arriverait, l’interprète d’emblée m’annonça que « les Allamas » avaient attaqué les Français. Les « Allamas » étaient comme les Français des Blancs, mais des Blancs plus grands et plus méchants. Ils se projetaient de se saisir toute la Négretie pour la seule méchanceté […], d’instituer des travaux forcés plus durs et meurtriers […] 23 .

Bien vrai que la France avait subi une agression allemande, mais cela valait-il l’arrêt du projet ? Si nous nous fions à nos instincts, nous pouvons insinuer que le Blanc a fait de cette guerre un alibi pour ne pas tenir leur promesse.

Donc, ils devaient donner une bonne raison au monarque afin de toujours garder sa confiance. Pour monter le roi contre les allemands afin qu’il accepte de contribuer en faveur de la France, ils lui font croire que les allemands étaient une race de méchants toubabs qui menaçaient d’envahir toute la négretie. Les allemands soumettraient les noirs aux traitements impitoyables et aux plus dures corvées contrairement à la France selon le commandant civil de Soba. Inquiet du sort des nègres et de la France amie, Djigui s’allie et prend la décision d’apporter son soutien indéfectible pour la reconquête du territoire français.

Par conséquent, il ne se préoccupa plus de la venue du train et convient d’arrêter les travaux au profit de la préparation de la guerre. Pour ce faire, il ordonna de mobiliser de jeunes garçons capables de se battre au front, de cueillir des ressources naturelles, des bijoux, or et diamant de son royaume ainsi que les produits de la première nécessité pour épauler la France. Tout cela montre que le centenaire était à la merci de ses nouveaux collaborateurs. Ils le faisaient faire tout ce qu’ils veulent sans lui laisser paraitre le moindre indice de la manipulation.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Chute et désillusion dans Les Soleils des Indépendances et Monnè, outrages et défis d’Ahmadou Kourouma
Université 🏫: Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako - Faculté des Lettres, des Langues et des Sciences du Langage FLSL
Auteur·trice·s 🎓:
Fousseyni Mallé

Fousseyni Mallé
Année de soutenance 📅: Mémoire de Master - Littératures et civilisations - Littérature africaine - 2021-2022
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