Problèmes de traduction bibiliques liés aux pronoms et adjectifs

Problèmes de traduction bibiliques liés aux pronoms et adjectifs

4.2.2.Problèmes de traduction liés aux pronoms

On retrouve les problèmes de traduction liés aux pronoms à trois niveaux : au niveau des pronoms personnels, au niveau des pronoms possessifs et au niveau des pronoms démonstratifs.

4.2.2.1. Pronoms personnels

Les pronoms personnels désignent les trois types de personnes grammaticales (premier, deuxième et troisième personnes singulier ou pluriel).

Ils permettent de désigner des personnes (y compris soi-même) sans les appeler par leur nom ou de remplacer un nom ou un groupe nominal déjà mentionné auparavant. Ils s’accordent en genre et en nombre. Les règles grammaticales relatives à leur utilisation diffèrent d’une langue à une autre.

Par conséquent traduire les pronoms personnels semble être un défi majeur pour tout traducteur, à plus forte raison, quand on doit le faire dans des langues ayant un système linguistique différent comme le français et le lamé.

Dans la grammaire lamée, ce sont les pronoms personnels de la 2e et 3e personnes du singulier qui portent la marque du genre.

Ainsi, qu’il soit un pronom personnel sujet, un pronom personnel complément ou un pronom personnel tonique, la traduction du pronom personnel lorsqu’ils désignent Ifray (Dieu) a été un véritable casse-tête pour les traducteurs du NTP en lamé comme nous allons illustrer dans les passages qui suivent.

4.2.2.1.1. Pronoms personnels sujets

Le pronom personnel sujet est un mot qui remplace un sujet. Il permet d’éviter les répétitions dans un texte. En lamé, le genre est exprimé à la deuxième personne du singulier ha/tu (masculin) et hǝŋ/tu (féminin) et à la troisième personne du singulier mum/il et ta/elle.

Dans les exemples ci-après, nous allons présenter et analyser les problèmes liés à leur traduction.

Exemple 7 :

TSCar l’Éternel, le Très-Haut, est redoutable, il est un grand roi sur toute la terre. (Psaumes 47:3)
TCZǝ Bârî mǝ wafray nǝ swǝ mǝ kǝcik, mum nǝ jwǝ mǝ toŋ wa nya. (Nyeme 47:3)

Dans cet extrait, le pronom personnel sujet de la troisième personne masculin singulier « il » remplace le mot « Éternel » désignant Dieu. Il a été littéralement rendu en « mum » pronom personnel masculin de la troisième personne singulier en lieu et place de « ta », pronom personnel féminin de la troisième personne singulier.

Ce qui n’est pas conforme à la grammaire lamé. Ainsi, nous proposons ci-après une traduction plus intelligible et compréhensible par la communauté Lamé.

Proposition de traduction :Ifray nǝ swǝ mǝ kǝcik, ta nǝ jwǝ mǝ toŋ wa nya. (Nyeme 47 :3)

Glose de la traduction : Car Celle qui est aux cieux est redoutable, elle est la grande reine sur la terre.

Exemple 8 :

TSTu es mon asile et mon bouclier ; J’espère en ta promesse. (Psaumes 119:114)
TCRi pe tu rin kǝ ber man nǝ ha! Na wǝ cin vunduk rin wa dan vun ru. (Nyeme 119 :114)

La langue lamé a la particularité de distinguer le « tu » masculin (ha) du « tu » féminin (hǝŋ). Ce qui n’est pas le cas en français. Ainsi, dans l’exemple ci-dessus le pronom personnel sujet de la deuxième personne masculin singulier « tu » (ha) remplace Dieu, considéré comme l’asile et le bouclier de chrétien.

À cet effet, le rendu approprié en lamé serait « hǝŋ », pronom personnel sujet de la deuxième personne féminin singulier.

Proposition de traduction : Ri pe tu rin kǝ ber man nǝ hǝŋ ! Na wǝ cin vunduk rin wa dan vun mǝŋ. (Nyeme 119 :114)

Glose de la traduction : Mon refuge et mon bouclier c’est toi ; J’ai mis sur cœur en ta parole.

4.2.2.1.2.Pronoms personnels compléments

Le pronom personnel complément a la fonction de complément d’objet direct (COD) ou de complément d’objet indirect (COI). Le pronom COD remplace le nom qui a fonction du COD. Le pronom COI remplace le nom qui a fonction du COI.

Exemple 10 :

TSLouez-le, vous tous ses anges ! Louez-le, vous toutes ses armées ! (Psaumes 148:2)
TCI bur num, hi sum sin um kuni, i bur num, hi soje um (Nyeme 148:2)

Dans ce verset biblique, le pronom personnel COD de la 3e personne masculin « le » remplace le vocable « Dieu », qui est objet de louange et d’adoration des anges du ciel. Son rendu « num » en lamé n’est pas naturel et est contraire à la grammaire lamé.

Par conséquent, le mot qui sied le mieux en lamé est « sǝ », pronom personnel complément de la 3e personne du féminin singulier.

Proposition de traduction : I bur sǝ, hi sum sin sǝ kuni, i bur sǝ, hi soje sǝ (Nyeme 148 :2)

Glose de la traduction : Louez-la, vous tous ses anges ! Louez-la, vous ses armées !

4.2.2.1.3. Pronoms personnels toniques

Les pronoms personnels toniques permettent de mettre un accent sur un nom ou un autre pronom. On dit souvent qu’ils renforcent le nom ou le pronom. Il est souvent utilisé dans les cas suivants : pour insister sur l’identité, pour comparer, pour donner une réponse courte. Il remplace un pronom sujet.

Exemple 11 :

TSQuelle que soit leur force, c’est en toi que j’espère, Car Dieu est ma haute retraite. (Psaumes 59:10)
TCNa wǝ kar ri dǝ hay’ ru, gbǝgboŋ mana. Ri pe’ tu rin nǝ Ifraya. (Nyeme 59 :10)

Comme dans les exemples précédents, le pronom personnel tonique de la 2e personne du singulier « toi » a été littéralement traduit en « ru ». Ce pronom met un accent particulier sur l’identité de celui en qui espère la communauté chrétienne.

Ainsi, pour cette communauté, Dieu est son protecteur. À cet effet « mǝŋ », pronom personnel tonique de la 2e personne féminin singulier en lamé est le mot qui sied le mieux pour rendre le pronom tonique « toi ».

Proposition de traduction : Na wǝ kar ri dǝ hay’ mǝŋ, gbǝgboŋ mana. Ri pe’ tu rin nǝ Ifraya. (Nyeme 59 :10)

Glose de la traduction : J’ai fixé mon regard vers toi, ma force. Mon refuge, c’est celle qui est aux cieux.

4.2.2.2. Pronoms possessifs

Le pronom possessif remplace un nom tout en précisant à qui appartiennent les personnes, les animaux ou les choses dont on parle.

Il s’accorde en genre (masculin/féminin) et en nombre (singulier/pluriel) avec le nom qu’il représente. Notre corpus évoque quelques cas de pronom possessif dont la traduction vers le lamé est problématique bien qu’ils soient moins utilisés.

Exemple 12 :

TSJe dirai tes œuvres puissantes, Seigneur Éternel ! Je rappellerai ta justice, la tienne seule (Psaumes 71 :16)
TCNa dǝ ta ham ham, Bârî Ifray, na dǝ dla’ wa njeŋ dan wû ɗaw sara. (Nyeme 71 :16)

Dans cet exemple, le pronom possessif « la tienne » remplace l’expression « Seigneur Éternel » qui indique clairement que cette justice dont il est question dans ce passage, vient de lui seule.

Les traducteurs lamé ont bien fait d’utiliser la transposition pour rendre le pronom possessif «la tienne » en « wû », adjectif possessif de la 3e personne masculin singulier. La transposition du pronom possessif en adjectif possessif en lamé est une très bonne solution pour éviter la répétition qui n’est pas nécessaire dans ce contexte.

Par contre, en méconnaissance du genre du possesseur en lamé qui est féminin, ils ont commis une faute grave. L’idéale serait de mettre à la place de « wû », l’adjectif possessif de la 3e personne féminin « mǝŋ ».

Proposition de traduction : Na dǝ ta ham ham, Bârî Ifray, na dǝ dla’ wa njeŋ dan mǝŋ ɗaw sara. (Nyeme 71 :16)

Glose de la traduction : Je marcherai tête haute Éternelle qui est aux cieux, Je rappellerai de ta parole, la tienne seule.

Problèmes de traduction bibiliques liés aux pronoms et adjectifs

4.2.2.3. Pronoms démonstratifs

Le pronom démonstratif désigne la personne, l’animal ou la chose dont on parle. Il montre ou présente des éléments qui vont ainsi pouvoir être mis en relief, parfois à l’aide d’un geste. À quelques exceptions près, il varie en genre (masculin/féminin) et en nombre (singulier/pluriel).

Dans l’exemple ci-dessous, la traduction du genre du pronom démonstratif pose un problème comme nous allons le démontrer.

Exemple 13 :

TSQu’Israël se réjouisse en celui qui l’a créé ! Que le fils de Sion soit dans l’allégresse à cause de leur roi ! (Psaumes 149 :2)
TCIsrayel rǝ tuk kǝɗam kǝ swǝ mǝni gi sǝ, sôwâ Siyon kuni tuk kǝɗam zǝ jwǝ ndaya. (Nyeme 149 :2)

Le pronom démonstratif « celui » désigne le créateur du peuple d’Israël, qui n’est rien d’autre que Dieu le créateur du ciel et de la terre. En lamé, il est un personnage féminin, c’est une créatrice comme nous avons dit ci-haut.

Par conséquent, cette traduction trahit le génie de la langue lamé. Ce qui rend cette traduction inappropriée et inexacte. Dans ce contexte, « Swǝ mǝti » serait l’expression idéale.

Proposition de traduction : Israyel rǝ tuk kǝɗam kǝ swǝ mǝti gi sǝ, sôwâ Siyon kuni tuk kǝɗam zǝ jwǝ ndaya. (Nyeme 149 :2)

Glose de la traduction : Qu’Israël se réjouisse en celle qui l’a créé, que le peuple de Sion se réjouisse à cause de leur reine !

4.2.3. Problèmes de traduction liés aux adjectifs

Les problèmes de traduction liés aux adjectifs englobent les adjectifs possessifs et les adjectifs démonstratifs.

4.2.3.1. Adjectifs possessifs

Les adjectifs possessifs sont des mots qui modifient un nom et qui expriment l’appartenance à une personne ou à un groupe. Il s’accorde avec le nom (masculin/féminin, singulier/pluriel).

Contrairement à la langue française, il se place toujours après le nom en lamé et s’accorde avec le possesseur et non avec le nom comme c’est le cas en français. Dans les trois exemples suivants, nous allons analyser les problèmes liés à leur emploi.

Exemple 14 :

TSGrâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable ! (2 Corinthiens 9:15)
TCMǝ gi soko ne kǝ Ifray kwane um mǝni swǝ cu gak kǝŋji mi! (2 Koriŋtǝ 9:15)

Dans ce passage, l’adjectif possessif de la troisième personne du masculin singulier « son », s’accorde avec le nom qu’il qualifie, c’est-à-dire « don ». Ce qui n’est pas le cas en lamé. Son rendu littéral « um » s’accorde plutôt avec le possesseur.

Ainsi, le pronom possessif à employer pour le possesseur « Ifray » est « sǝ », adjectif possessif de la troisième personne féminin singulier. C’est dire que l’adjectif possessif « um » est incorrect dans ce contexte.

Proposition de traduction : Mǝ gi soko ne kǝ Ifray kwane sǝ mǝni swǝ cu gak kǝŋji mi ! (2 Koriŋtǝ 9 :15)

Glose de la traduction : Rendons grâce à celle qui est aux cieux pour son don qui ne fini jamais !

Exemple 15 :

TSLes cieux racontent la gloire de Dieu, Et l’étendue manifeste l’œuvre de ses mains. (Psaumes 19:2)
TCWafray wǝ ta’ mbra’ Ifray, kwa mǝni wǝ ta’ mbra’ gi ɓa rumu. (Nyeme 19 :12)

Dans ce verset, l’adjectif possessif de la troisième personne du pluriel « ses » est utilisé pour exprimer l’appartenance des mains à Dieu. En français, l’adjectif possessif s’accorde avec le nom.

Ce qui n’est pas le cas en lamé comme l’avons nous dit, il s’accorde avec le possesseur. Ainsi, dans cet extrait « ses » ne saurait être rendu littéralement en « rum(u) », adjectif possessif de la troisième personne masculin.

Proposition de traduction : Wafray wǝ ta’ mbra’ Ifray, kwa mǝni wǝ ta’ mbra’ gi ɓa sǝ. (Nyeme 19 :12)

Glose de la traduction : Les cieux prouvent la grandeur de Celle qui est aux cieux, ce qui prouve l’étendue de l’œuvre de ses mains

Exemple 16 :

TSTes compassions sont grandes, ô Éternel ! Rends-moi la vie selon tes jugements ! (Psaumes 119:156)
TCBârî, we ca kuni wǝ kǝ ɓayrum, a gi nan ke kǝ i zǝ dan vun ru kuna. (Nyeme 119 :156)

Dans ce passage, l’adjectif possessif de la deuxième personne du pluriel « tes » est rendu par « wȗ », adjectif possessif masculin de la deuxième personne du singulier en lieu et place de « mǝŋ », adjectif possessif féminin correspondant au possesseur « Éternel ».

Proposion de traduction : Ifray, we ca mǝŋ kuni wǝ kǝ ɓayrum, ǝŋ gi nan ke kǝ i zǝ dan vun mǝŋ kuna. (Nyeme 119 :156)

Glose de la traduction : Celle qui est aux cieux, tes compassions sont grandes, donnes-moi la vie selon les paroles de ta bouche.

4.2.3.2. Adjectifs démonstratifs

L’adjectif démonstratif permet de montrer de façon précise la chose, la personne ou l’animal dont on parle ou dont on a parlé précédemment. Il varie avec le genre et le nombre du nom qu’il qualifie.

Comme mentionné dans la revue de la littérature, ces adjectifs constituent un autre type de problèmes de traduction du genre qu’à rencontrer les traducteurs de la version lamé du NTP.

Exemple 17 :

TSQui est ce roi de gloire ? -L’Éternel fort et puissant, L’Éternel puissant dans les combats. (Psaumes 24:8)
TCJwǝ kǝ mbra’ nǝ sa su ? Mum nǝ Bârî mǝ gbǝgboŋ, mum nǝ Bârî, swǝ mǝ hǝraŋ vun zi. (Nyeme 24 :8)

Dans cet exemple, l’adjectif démonstratif masculin « ce » montre avec précision le roi dont on parle. Ce roi c’est « l’Éternel fort et puissant », « l’Éternel puissant dans les combats », c’est Dieu.

En rendant littéralement ce pronom « mǝ », le traducteur est passé outre la grammaire lamé. Par conséquent « mǝti » (cette) est plus intelligible, correct et approprié en lamé.

Proposition de traduction : Jwǝ kǝ mbra’ nǝ sa su ? Ta nǝ Ifray mǝ gbǝgboŋ, ta nǝ Bârî, swǝ mǝti hǝraŋ vun zi. (Nyeme 24 :8)

Glose de la traduction : Qui est cette reine de gloire ? Elle est la Déesse Tout-puissante, elle est l’Eternelle puissante dans les combats.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Genre et concept de dieu dans la traduction du nouveau testament et des psaumes en lamé
Université 🏫: University of BUEA - Advanced school of division I
Auteur·trice·s 🎓:
Mountchi Gilbert

Mountchi Gilbert
Année de soutenance 📅: A Thesis Submitted to Division I of the Advanced School of Translators and Interpreters (ASTI) - October 2020
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