Cadre méthodologique, problèmes de traduction du genre de Dieu

Cadre méthodologique, problèmes de traduction du genre de Dieu

3.2. Cadre méthodologique

Le cadre méthodologique comprend les modèles d’analyse, les méthodes de collecte des données et la méthode d’analyse des données.

3.2.1. Modèles d’analyse d’un texte et sa traduction

Ce travail s’inspire des modèles d’analyse de Berman sur la critique des traductions et de Kruger et Wallmach sur la méthodologie de la description d’un texte source et de sa traduction.

3.2.1.1. Modèle de Berman (1995)

Antoine Berman (1995) présente son modèle d’analyse de traduction dans son livre Pour une critique des traductions : John Donne, paru quatre ans après sa mort.

Il définit la critique de traduction comme une « analyse rigoureuse d’une traduction, de ses traits fondamentaux, du projet qui lui a donné naissance, de l’horizon dans lequel elle a surgi, de la position du traducteur » (1995 : 13-14).

Ainsi, sa méthode de critique de traduction se décline quatre étapes :

  • La première étape consiste en la lecture de la traduction : cette première lecture permet au chercheur d’avoir des impressions de lectures qui ne sont influencées de quelque manière que ce soit par le texte source.
  • La deuxième étape est une analyse pré-textuelle axée sur le repérage de certaines zones problématiques. C’est au cours de cette étape que le traducteur effectue des lectures collatérales qui pourront lui permettre de mieux cerner l’œuvre et prendre également connaissance de l’étayage de la traduction afin de préparer la comparaison de l’œuvre et sa traduction.
  • La troisième étape est la recherche sur l’identité et la position traductive du traducteur. Le critique doit s’informer des écrits du traducteur sur la traduction, et son projet de traduction doit être analyser avec soin.
  • La dernière étape est l’analyse de la traduction afin de retracer l’horizon de traduction. Elle s’établit sur la base d’une confrontation entre les éléments précis des deux textes d’une part et d’autre part, entre le projet de traduction et la façon dont il a été réalisé.

3.2.1.2. Modèle de Kruger et Wallmach (1997)

Dans leur article Research methodology for the description of a source text and its translation(s) – a South African perspective, Alet Kruger et Kim Wallmach (1997), élaborent un modèle d’analyse du texte source et sa traduction.

Selon ces auteurs, lors de l’analyse comparative d’un texte et sa traduction, le chercheur doit prendre en compte les relations qui existent d’une part entre le texte source et les normes et conventions politiques, sociales, culturelles, littéraires et textuelles du polysystème source et d’autre part le texte cible et les normes et conventions politiques, sociales, culturelles, littéraires et textuelles du polysytème cible. Car il est plus préférable d’analyser en premier lieu le texte cible.

Ensuite le chercheur doit déterminer le tertium comparationis qui est un ensemble de dimension invariables et indépendantes qui permettent de comparer les segments du texte cible et du texte source.

Le chercheur doit s’assurer que bien qu’étant différents les uns des autres, les éléments qu’il compare doivent avoir en commun certains attributs. Dès lors, il peut procéder à l’analyse aux niveaux textuels. Il s’agit de la phase descriptive de la recherche.

Après cette phase, le chercheur entame la partie explicative de la recherche, qui revient à contextualiser le texte en tenant compte des normes et conventions politiques, culturelles, littéraires et sociales du polysystème source et cible.

Ce n’est qu’après avoir achevé la comparaison à ce niveau que la norme initiale du traducteur sera clairement définie.

En somme, Kruger et Wallmach (1997) pense que l’analyse du corpus doit être fait à deux niveaux : au niveau macrotextuel et au niveau microtextuel.

  • Analyse macrotextuelle

Selon Lambert et Van Gorp (1985) cité par Kruger et Wallmach, l’analyse macro textuelle prend en compte les éléments suivants : le style de l’œuvre, son genre, le titre, la structure narrative et discursive du texte, les préfaces, les dédicaces, la note de l’auteur, la note des traducteurs, les maisons d’édition, bref l’aspect général du texte etc.

Toutefois, certaines catégories suscitées peuvent ne pas s’appliquer à tous les recherches. Il revient au chercheur de déterminer celles qui sont plus adaptées à ses recherches.

  • Analyse microtextuelle

L’analyse micotextuelle prend en compte les aspects tels que: la sélection de mots (champs lexicaux, champs sémantiques, terminologie, etc.), structures littéraires formelles (mètre, rime, etc.),

Les formes de représentation de la parole ( discours directe, indirecte), les métaphores, les Variétés linguistiques (sociolecte, archaïque / populaire, informelle / formelle registre, jargon etc.), la cohésion, la cohérence, la structure du texte, les aspects de la culture, les procédures ou techniques de traduction…

3.2.2. Méthode de collecte des données

Pour la réalisation de ce travail de recherche, plusieurs méthodes de collecte des données sont utilisées notamment, le questionnaire, l’entretien, la recherche documentaire et le corpus.

3.2.2.1. Questionnaire

Le questionnaire est défini par le dictionnaire Larousse en ligne comme « une série des questions auxquelles on doit répondre ». En d’autres termes, c’est une série de questions à soumettre à des individus afin de recueillir leurs points de vue par rapport à une situation donnée.

Son administration fait appel aux éléments ci-après : la population de recherche, l’échantillon, les instruments de collectes des données, l’administration des données et le dépouillement et interprétation des résultats.

3.2.2.1.1. Population de recherche

La population est définie par le dictionnaire Reverso en ligne comme un « ensemble des habitants d’un espace géographique déterminé ».

Dans le cadre de la présente étude, une population de recherche est l’ensemble des personnes qui seront soumises à notre étude statistique. À cet effet, notre population de recherche sera constituée essentiellement que des locuteurs de la langue lamé.

3.2.2.1.2. Échantillon

Selon le dictionnaire électronique Antidote 9 (2016), un échantillon désigne la portion représentative d’un ensemble statistique d’une population.

Dans le cadre de cette étude, nous avons constitué un échantillon d’une population de tout sexe confondu (femme et homme) dont la tranche d’âge varie de 10 à 60 ans. Ainsi, nous avons fixé le cap sur un échantillon de 100 personnes.

3.2.2.1.3. Instruments de collecte des données

Le questionnaire se présente sous la forme d’une série de questions de deux types : fermées et ouvertes. Alors que les questions fermées imposent un choix au répondant parmi des réponses proposées, les questions ouvertes, quant à elles laissent libre cours au répondant de rédiger des courtes réponses en ses propres termes.

Sur la base des instructions claires et concises, ces formulaires destinés à une vaste population sont rendus faciles à remplir.

3.2.2.1.4. Administration de l’instrument

Notre questionnaire a été essentiellement administré par voie électronique. Nous avons élaboré à travers le formulaire Google Forms, un questionnaire de vingt (20) questions, subdivisées en quatre grandes parties à savoir : Identification, Compétences linguistiques en lamé, Genre de Dieu en lamé et Réception de la traduction du genre de Dieu en lamé.

À cet effet, nous avons d’une part, contacté directement nos répondants à travers les réseaux sociaux (forum WhatsApp, Facebook et courriel) et d’autre part, toujours à travers les réseaux sociaux, fait remplir le formulaire par les contacts de nos contacts.

Il s’agit en fait d’un effet boule de neige qui soutient l’assertion selon laquelle cet instrument est destiné à un vaste public.

3.2.2.1.5. Dépouillement et interprétations des résultats

Après réception des instruments de collecte des données dûment remplis par nos répondants, le dépouillement qui consiste à classer les questions en fonction des centres d’intérêt a été automatique car avec Google Forms, l’outil bureautique de Google, pour chaque questionnaire, le résumé des réponses vous êtes automatiquement présentés.

De même qu’un tableau Sheet (équivalent à Excel) est également créé et vous permettent de visualiser rapidement les réponses des répondants. Il s’enregistre automatiquement dans le même dossier Drive que le formulaire.

Cependant, les données de l’analyse documentaire seront conjointement prises en compte dans ce contexte, par le biais du principe de la triangulation, en vue de réduire au maximum l’écart de subjectivité lié aux questionnaires.

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3.2.2.2. Entretien

Le dictionnaire Larousse en ligne, définit l’entretien comme « une conversation suivie avec une personne ou plusieurs personnes ».

Au sens scientifique, l’entretien est une méthode de recherche et d’investigation à travers laquelle l’enquêteur cherche à obtenir des informations sur les attitudes, les comportements, les représentations d’un ou de plusieurs individus dans la société. Il existe trois types d’entretien : l’entretien directif, non directif et semi-directif.

Dans l’entretien directif, avant d’aller sur le terrain, le chercheur établit une série des questions précises qu’il va poser aux interviewés. Dans l’entretien non directif, l’enquêteur annonce le thème de l’entretien sans poser des questions directes.

L’entretien semi-directif enfin est à cheval entre l’entretien directif et l’entretien non directif. Il se caractérise par le fait qu’il laisse à l’intervieweur un espace assez large pour donner son point de vue.

Afin de mener à bien cette étude, nous avons mené un entretien semi-directif. Par conséquent, nous nous sommes entretenus avec des personnes ressources qui nous ont fourni d’amples informations sur la langue et culture lamé, sur le genre en lamé ainsi que sur le NTP en lamé.

Ces détenteurs de savoir étaient principalement des religieux, des traducteurs en lamé, des gardiens de la tradition, des chercheurs, des écrivains, des enseignants, des étudiants et des leaders d’association lors de nos différentes descentes à Garoua, Ngaoundéré, Bibémi, Mayo-lopé et Kapanay.

Nous avons également contacté d’autres informateurs par voie téléphonique et à travers les réseaux sociaux (Whatsapp, Facebook, courriel…). Lors des entretiens, nous avons également utilisé l’enregistreur vocal pour sauvegarder les informations recueillies.

Les entretiens recueillis ont respectivement servi pour la présentation de la langue lamé, la présentation du genre grammatical en lamé, pour l’interprétation des résultats, à conclure et à faire des recommandations.

3.2.2.3. Recherche documentaire

La recherche documentaire est une méthode de collecte d’informations et de données fiables et utiles à partir des ouvrages principalement dans la bibliothèque et sur Internet dans le cadre d’une recherche scientifique.

Les données recueillies peuvent être qualitatives ou quantitatives. Nous avons ainsi pu rassembler un large éventail de textes (ouvrages, dictionnaires, articles, mémoires, etc.) relatif à la traduction du genre, à la traduction en général, à la langue, à l’histoire et à la culture lamé.

3.2.2.4. Corpus

Le dictionnaire français Larousse définit le corpus comme un « ensemble fini d’énoncé écrits ou enregistrés, constitué en vue de leur analyse linguistique ». Il existe deux types de corpus : le corpus comparable et le corpus parallèle.

Le corpus que nous analysons est un corpus parallèle avec comme texte source (Français) le Nouveau Testament et Psaumes version Louis Segond 1910 et comme texte cible sa traduction lamé Kawvun mǝ mbrew kǝ Nyeme édition révisée 2017, réalisée par l’Alliance biblique du Tchad.

Dans le cadre de cette étude, pour repérer les unités d’analyse, nous avons appliqué la méthode de préparation à la critique des traductions énoncée par Berman (1995), notamment les deux premières phases de sa démarche telles que nous avons évoqué plus haut (3.3.1.1).

Ainsi, nous avons procédé à plusieurs lectures minutieuses du texte source et du texte cible. Après cette étape, nous avons relevé les segments dans lesquels les traductions problématiques se rapportant à la traduction du genre de Dieu apparaissent le plus souvent.

Ces éléments sont relevés et classés par catégorie dans des tableaux adjoints en annexes. Les éléments que nous étudions sont présentés en caractère gras pour les mettre en exergue.

Nous analysons un corpus parallèle constitué de 57 unités de traduction, contenant 19 couples d’extraits de substantifs, 15 couples d’extraits de pronoms personnels, 1 couples d’extraits de pronoms possessifs, 7 couples d’extraits de pronoms démonstratifs, 14 couples d’extraits d’adjectifs possessifs, 1 couples d’extraits d’adjectifs démonstratifs.

3.2.3. Méthode d’analyse

L’analyse se fera à deux niveaux : au niveau macrotextuel et au niveau macrotextuel.

3.2.3.1. Analyse macrotextuelle

L’analyse macro textuelle de notre corpus va prendre en compte les éléments extratextuels à savoir l’auteur du texte source Louis Segond et sa traduction, l’auteur du texte cible et sa traduction Kawvun mǝ Mbrew kǝ Nyeme, leur vision, leur mission et leurs activités.

3.2.3.2. Analyse microtextuelle

L’analyse microtextuelle, c’est l’analyse proprement dite du corpus. Sur la base des théories de traduction du genre, de la théorie féministe de traduction et de la théorie sociolinguistique et du modèle d’analyse de Kruger et Wallmach, nous avons retenu trois (03) catégories d’analyse : les problèmes de traduction du genre liés au nom et attributs de Dieu, les problèmes de traduction du genre liés aux pronoms et les problèmes de traduction du genre liés aux adjectifs.

Ainsi, l’analyse se fera en cinq (05) étapes principales. Nous allons dans un premier temps, commencer à chaque fois par une présentation de l’élément à analyser et de sa traduction.

Nous aurons donc en début d’analyse un extrait du texte source et un extrait du texte cible. Ensuite, nous y relèverons la difficulté sous-jacente à la traduction de cet élément et nous expliquerons le risque encouru.

Après s’en suivra l’explication de la démarche du traducteur. Viendra ensuite l’évaluation de la stratégie adoptée par le traducteur. Enfin, nous ferons des propositions dans le sens de l’amélioration de la qualité de la traduction.

3.3. Conclusion

Il était question dans ce chapitre de présenter d’une part le cadre théorique à la lumière duquel nous analysons ce travail. Nous avons présenté la théorie de traduction du genre de Nissen, la théorie féministe de traduction de Flotow et la théorie sociolinguistique.

D’autre part, nous avons présenté le cadre méthodologique c’est-à-dire la méthode de collecte des données, les modèles d’analyse notamment ceux de Bermann et de Kruger et Wallmach sur lesquelles cette étude sera basée et la méthodologie à suivre lors de l’analyse micro et macrotextuelles.

Il est désormais opportun de passer au prochain chapitre de notre étude qui consistera en l’analyse et l’interprétation des résultats du corpus.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Genre et concept de dieu dans la traduction du nouveau testament et des psaumes en lamé
Université 🏫: University of BUEA - Advanced school of division I
Auteur·trice·s 🎓:
Mountchi Gilbert

Mountchi Gilbert
Année de soutenance 📅: A Thesis Submitted to Division I of the Advanced School of Translators and Interpreters (ASTI) - October 2020
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