L’Upcycling et le mouvement hybride de la mode

L’Upcycling et le mouvement hybride de mode hybride

1.1.2. L’Upcycling

D’après le dernier rapport de la fondation Ellen MacArthur, A New Textiles Economy : Redesigning Fashion’s Future, « En 15 ans, la production mondiale de vêtements a doublé.

Aujourd’hui et à l’échelle mondiale, moins de 1% de ces vêtements est recyclé et 73% des vêtements fabriqués finissent leur vie en décomposition dans une décharge où ils libèrent du dioxyde de carbone, un gaz à effet de serre majeur, ou incinérés dans un contexte où plus de la moitié des vêtements issus de la fast fashion seront jetés moins d’un an après leur acquisition ! » 6, résume Marguerite Durant, rédactrice pour le magazine Marie Claire.

Tout ce gaspillage et ce mode de consommation que produit majoritairement la fast fashion, extorquent de façon dramatique les ressources de la planète.

6. DURANT, M., L’upcycling, plus qu’une tendance : l’avenir de la mode ! sur Marie Claire, https://marieclaire.be/fr/upcycling-avenir-de-la-mode/#slider-43857_2-30

À l’ère où l’industrie de la mode est la deuxième industrie la plus polluante du monde, certains stylistes déploient de nouveaux moyens ayant un impact positif sur l’environnement pour la création de leur collection de vêtements.

Nous allons nous intéresser à l’un d’entres eux, l’upcycling, qui est en opposition à la fast fashion.

1.1.2.1 Définition

Selon la définition du emarketing, « l’upcycling consiste à utiliser des objets et des matériaux destinés à être jetés pour les réintroduire dans la chaîne de consommation, après leur avoir redonné une valeur, une utilisation différente, une destination originale par rapport à celle qui était originellement la leur.

Cette action de recyclage s’insère dans une volonté plus large de développement durable. »7

7 EMARKETING, Upcycling sur www.emarketing.fr, https://www.e-marketing.fr/Definitions-Glossaire/Upcycling-243427.htm

L’upcycling dans la mode est donc le fait de récupérer un vêtement, des tissus, des accessoires, … afin de les transformer pour en créer de nouveaux et ainsi leur donner une nouvelle vie en leur épargnant la case poubelle.

La récupération des textiles peut se faire entre autre par le don, ce qui permet un transfert des ressources.

Grâce au principe de l’upcycling, les vêtements, les tissus laissés à l’abandon sont réintroduits dans le circuit de consommation. De plus, ce principe, où nous déstructurons, transformons, assemblons, … des tissus, des vêtements, pousse à la créativité.

Un des avantages de l’upcycling est de pouvoir récupérer des pièces faites de tissus plus luxueux, comme par exemple de la soie, à moindre coût.

Par ce moyen, nous évitons également de créer un nouveau produit incluant toutes les matières premières nécessaires à sa fabrication. Nous épargnons donc à notre planète l’aspect négatif de la création d’un vêtement puisque l’upcycling n’implique pas d’action chimique ni mécanique, on évite également le gaspillage.

La phrase célèbre d’Antoine Lavoisier prend tout son sens dans ce principe « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. »8

8 LAROUSSE, Antoine Laurent de Lavoisier sur www.larousse.fr, https://www.larousse.fr/encyclopedie/personnage/Antoine_Laurent_de_ Lavoisier/129098?fbclid=IwAR1X6B9vREcIvgIBiQSBZoIja0SkkqLiMCZArRRzQK5hUPCBwuQhDIGW45k

Nous recréons à partir de ce que l’on a déjà. Un avantage à l’upcycling qu’il ne faut pas négliger est le fait que cela permet de créer des pièces uniques.

Ce que l’upcycling possède de plus que le recyclage est la plus-value esthétique apportée au vêtement, tissu mais également le fait que l’upcycling ne nécessite aucune transformation chimique contrairement au recyclage.

L’Upcycling et le mouvement hybride de la mode hybride - Atelier d’upcycling pour fêter les 15 ans de la marque Andrea Crews

1.1.2.2 Historique

L’upcycling est un terme anglais mêlant les concepts de recyclage et d’amélioration.

Comme le raconte Annabelle Kiéma, rédactrice du média consoGlobe, « il est apparu dans le milieu des années 1990 grâce à Reiner Pilz et a ensuite été popularisé par William McDonoug et Michael Braunart dans leur ouvrage « Cradle to Cradle : Remaking the way we make things » paru en 2002. »9

9 KIÉMA, A., Upcycling, rien ne se perd, tout se transforme sur ConsoGlobe, https://www.consoglobe.com/upcycling-rien-ne-se-perd-tout-se-transforme-cg

Ces derniers ont été des pionniers dans ce domaine, recommandant vivement que nous devrions tous nous efforcer de prolonger la vie des produits.

Dans le domaine de la mode, nous pourrions en déduire que le créateur belge Martin Margiela a été quelque peu avant gardiste dans le domaine avec, par exemple, la création d’une veste en cuir à partir d’un canapé dans les années 90.

La mode évolue, entre autre, en fonction de son époque et récupère certains phénomènes d’autres domaines. C’est le cas pour l’upcycling, qui se démocratise d’ailleurs de plus en plus.

Même s’il s’est popularisé notamment grâce aux millennials, il existait déjà depuis un certain temps.

« Rappelez-vous de l’époque où Molly Ringwald dans « Rose Bonbon » avait customisé la robe années 50 à pois que son père lui a achetée pour en faire une robe pour le bal de promo.

Ou revenons encore plus loin lorsque Scarlett O’Hara a demandé à Mammy de démolir les rideaux et de lui confectionner une robe dans « Autant en emporte le vent ».

Nos grands-parents et nos parents l’ont aussi fait pour joindre les deux bouts, ignorant que c’était à la mode ou digne de l’être »10, raconte Jackie Mallon, rédactrice pour la plateforme de mode Fashion United.

10 MALLON, J., L’Upcycling s’impose comme un élément clé de l’évolution de la mode sur Fashion United, https://fashionunited.fr/actualite/mode/l-upcycling-s- impose-comme-un-element-cle-de-l-evolution-de-la-mode/2018110719122

Au final, la démarche de l’upcycling est née naturellement dans les pays plus précaires même si ce n’est pas nécessairement au niveau des vêtements.

1.1.2.3 Mode éthique et mode durable

Certains consommateurs, devenus de plus en plus soucieux de l’environnement, commencent à privilégier les marques de vêtements dont leur mode de production est plus respectueuse de l’environnement.

Ces dernières le constatent et adoptent au mieux une mode plus éthique, responsable et durable. «

L’industrie de la mode doit montrer l’exemple, cela permettra d’éduquer le consommateur à repenser son acte et son pouvoir d’achat »11, explique Stéphanie Calvino, fondatrice des Rencontres Anti Fashion.

11 LETENEUR, M., L’upcycling va-t-il sauver la mode ? sur Magazine Antidote, https://magazineantidote.com/mode/lupcycling-va-til-sauver-la-mode/

Le lien avec la démarche de l’upcycling est tout simplement que celle-ci s’inscrit dans une mode durable puisqu’elle n’implique pas d’action chimique ni mécanique.

Cette démarche fait également partie de la mode éthique, puisqu’elle va à l’encontre de la fast fashion et l’un de ses buts étant de limiter la production de déchets.

Déchets ménagers: définition, production et composition

La mode durable et la mode éthique sont des sections de l’économie circulaire du secteur de la mode.

Cette dernière est définie par Elora Majean, rédactrice pour le site Eclosio, « L’économie circulaire provient de plusieurs courants de pensée qui ont pour principe de prendre la nature comme exemple.

Il s’agit donc de reproduire son fonctionnement cyclique pour éliminer toute notion de « déchet », et ne créer que de la matière secondaire, comme la feuille morte qui devient fertilisant en se décomposant.

Vous l’aurez compris, la matière secondaire est ainsi le résultat de la matière première, récupérée et retravaillée pour servir à nouveau »12.

12 MAJEAN, E., L’économie circulaire et l’industrie de la mode sur Eclosio, https://www.eclosio.ong/publication/leconomie-circulaire-et-lindustrie-de-la-mode/#

Définitions des termes :

La mode éthique n’est autre que l’opposé de ce que nous propose la fast fashion qui est basée, comme son nom l’indique, sur la fabrication de vêtements à la chaîne à vitesse grand V et sans trop prêter attention aux conditions de travail des employés.

La mode éthique repose sur le choix de matières qualitatives, naturelles qui seront automatiquement plus durables et se veut respectueuse de l’environnement et du droit des travailleurs dans sa globalité.

La mode durable, étroitement liée à la mode éthique, fait référence à l’impact de la production de vêtements sur l’environnement.

Sa mission est d’authentifier que les vêtements sont fabriqués de façon à ce que le cycle de vie du produit réduit tout effet néfaste sur l’environnement.

1.1.3 Le mouvement hybride

1.1.3.1 Définition

Comme le définit brièvement L’Internaute, l’adjectif hybride signifie « composé d’éléments de différentes natures »13.

13 L’INTERNAUTE, Hybride sur www.linternaute.com, https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/hybride-1/

La mode hybride est donc le mélange de différentes matières, coupes, styles et époques. Il n’y a pas de règles à suivre. L’hybridation amène un large panel de nouvelles possibilités créatives.

On ne peut parler de la mode d’aujourd’hui sans penser à la notion d’hybridation des genres dans celle-ci qui fait évidemment référence à la création de vêtements unisexes, mixtes mais aussi à la liberté de porter ce que l’on désire quel que soit notre genre.

1.1.3.2 Historique

Il n’y a pas de date précise sur l’apparition de la mode hybride mais comme plusieurs stylistes le diraient, cette notion est apparue dans la mode selon son évolution et en réponse à la demande des consommateurs.

Selon Olivier Chatenet, « L’hybridation est la conséquence de la façon dont la mode a évolué : plus personne ne dessine, ne construit une collection.

On fait du puzzle, un assemblage, une agrégation : c’est la façon dont les stylistes travaillent. »14

14 SCHILLING, A., Mode hybride, la grande (re)création sur Slate, http://www.slate.fr/story/176088/mode-hybridation-creation-recyclage-melange-genres

Comme l’a confié Lutz Huelle, designer et ancien assistant de Martin Margiela, « Je n’ai jamais vraiment eu l’idée de faire des vêtements hybrides. Je me suis toujours demandé comment on allait vivre demain.

Je me suis dit que nos vies allaient être beaucoup plus rapides, et que tout se mélangerait par nécessité : jour/nuit, loisirs/travail, masculin/féminin, habillé/décontracté.

J’ai commencé à mélanger les genres en supprimant les règles. Aujourd’hui, mélanger les choses est devenu logique et naturel. On n’a plus le temps de se changer quatre fois par jour. »15

15 SCHILLING, A., loc. cit.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: L'École Supérieure des Arts Saint-Luc de Liège
Auteur·trice·s 🎓:
Lola Nederlants

Lola Nederlants
Année de soutenance 📅: 2019 – 2020 Mémoire de 2e master en Communication Visuelle et Graphique
Graphiste designer . Saint-Luc Liège - École supérieure des arts
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