Le styliste Marine Serre: historique et analyse de créations

MARINE SERRE

2.1.1.3.1 Historique

Marine Serre, jeune styliste française âgée de 28 ans, est née en 1991 à Brive-la-Gaillarde, un petit village de Corrèze.

Au départ, elle n’était pas destinée à tomber dans le monde de la mode puisque Marine s’est découverte, dès son plus jeune âge, une passion pour le tennis.

Elle renoncera finalement à sa carrière à l’âge de 16 ans après son échec aux présélections de Roland- Garros. Elle va alors commencer à porter un grand intérêt pour l’art et ensuite pour la mode.

À 18 ans, Marine Serre intègre une école à Marseille en BTS mode et environnement pour ensuite arriver à Bruxelles afin d’entamer des études de stylisme à la Cambre.

C’est à partir de ce moment-là que de belles opportunités s’enchaînèrent. En commençant par un stage chez Alexander McQueen (peu après le décès du grand designer anglais), passant ensuite par un stage à la Maison Martin Margiela, ainsi que chez Dior, pour finir chez Balenciaga.

En 2016, elle présenta son défilé de fin d’études avec sa collection intitulée « Radical Call For Love » qui lui valu d’être recrutée par Demna Gvasalia lui proposant un premier CDD en tant que styliste chez Balenciaga.

Avec cette même collection, elle fut finaliste du festival de Hyères et remporta, en juin 2017, le prestigieux prix LVMH (Moët Hennessy Louis Vuitton), prix pour les jeunes créateurs, qui chamboula toute sa carrière.

Aussitôt gagné, elle mit fin en août à son contrat chez Balenciaga pour voler de ses propres ailes et créer à son tour sa propre boîte, sa marque.

Rapidement après avoir remporté le prix LVMH, un grand nombre d’acheteurs se sont empressés pour se procurer les pièces de sa collection.

Le mardi 27 février 2018, Marine Serre réalisa son premier défilé de sa collection « Manic Soul Machine » pour la Fashion Week à Paris. À la suite de ce dernier, un élan d’acclamations et d’éloges lui ont été attribuées.

« Le nouvel élan de la mode » disait le magazine Elle, « L’étoffe d’une grande » soutenait le magazine Madame Le Figaro, « Une fantastique collection » déclarait Vogue, « La nouvelle chérie de Paris » s’exclamait le New York Times et bien d’autres encore50. Marine Serre était la nouvelle révélation de la mode.

50 CHAMPENOIS, S., Marine Serre, moteur hybride sur Libération, https://next.liberation.fr/mode/2018/09/24/marine-serre-moteur-hybride_1680927

2.1.1.3.2 Analyse de créations

Marine Serre a une vision prononcée sur la réalité et le futur qu’on peut ressentir dans ses collections, parfois présentant un air post-apocalyptique. D’ailleurs, on peut retrouver sur plusieurs de ses pièces le terme « Futurewear ».

Elle joue beaucoup avec les volumes et la technique, elle dit elle- même qu’elle en est obsédée. Dans ses créations, le sportswear est bien présent.

C’est notamment ses années de tennis qui lui ont laissé un goût marqué pour cette allure sportive dans ses silhouettes. La praticité d’un vêtement tient également une place importante dans ses créations.

Elle est très soucieuse à la manière dont le vêtement marie au mieux le corps pour que la personne qui le porte se sente le plus à l’aise.

Elle a, par exemple, créé des vestes avec un mousse dans le dos qui aide à soutenir la colonne vertébrale quand on s’assoit notamment dans le métro.

Marine Serre a une mode hybride qui s’identifie dans l’hybridation de différentes matières mais également de différents univers distincts.

Elle n’hésite pas à fusionner des pièces sportives, à d’autres plus bohèmes ou plus girly ainsi que d’autres pièces vintage, ou encore plus classique comme des éléments hérités du vêtement de travail.

Elle reprend des éléments du vêtement de travail comme notamment les multiples poches.

Elle a créé à partir de cela, une veste chargée de poches pour pouvoir y mettre toutes les petites choses que l’on met dans nos sacs afin de ne plus devoir nécessairement en porter.

Un autre élément est fondamental pour Marine Serre, encore plus face à l’époque dans laquelle on vit, est de pratiquer au mieux l’upcycling dans ses collections.

Elle va se servir des vêtements/ tissus issus de seconde main ou ceux prêt à être jetés en leur donnant une nouvelle vie.

Ce n’est pas que dans les tissus que Marine Serre va se servir mais aussi dans des objets afin de leur donner une nouvelle fonction en tant qu’accessoire. Comme notamment les ballons de gymnastique qu’elle a détourné en sacs à main.

Défilé de la collection Automne/Hiver 2018 de Marine Serre, © Luca Tombolini, 2018

Figure 17. Défilé de la collection Automne/Hiver 2018 de Marine Serre, © Luca Tombolini, 2018

Sac ballon de Marine Serre

Figure 18. Sac ballon de Marine Serre

Elle crée ainsi des pièces presque uniques grâce à l’upcycling mais elle tient surtout à préciser : « On n’est pas dans le bio ou le Greenwashing, on est cohérents, tout est fait à Paris, nous, on ne fait pas fabriquer au Bangladesh par des ouvriers payés une misère. Il faut être à 100 % radical »51.

51 CHAMPENOIS, S., loc. cit.

Collection Radical Call for Love de Marine Serre, © Tanguy Poujol, 2017

Figure 19. Collection Radical Call for Love de Marine Serre, © Tanguy Poujol, 2017

Collection Radical Call for Love de Marine Serre, © Tanguy Poujol, 2017

Figure 20. Collection Radical Call for Love de Marine Serre, © Tanguy Poujol, 2017

Lors de sa collection de fin d’études « Radical Call for Love », Marine Serre avait déjà utilisé l’upcycling en réalisant des robes à partir de tapis persans d’Ispahan.

Figure 21. Défilé de la collection Printemps/été 2019 de Marine Serre, © Etienne Tordoir, 2018
Figure 21. Défilé de la collection Printemps/été 2019 de Marine Serre, © Etienne Tordoir, 2018

La collection Printemps/été 2019 intitulée « Hardcore Couture », présentée lors de son deuxième défilé, était composée de pièces dont le tiers de celles-ci a été fait de matériaux recyclés.

Il s’est déroulé en plein air sur un pont passant au dessus d’une ligne de métro à Paris près d’où elle habite, lieu authentique faisant partie du quotidien de certaines personnes.

Son inspiration provient de la vie urbaine, de notre époque et de la vitesse caractérisée par les pilotes de Formule 1, représentée d’ailleurs dans des combinaisons et des robes. Celles-ci sont ornées d’inscriptions telles que « Futurewear », « Hardcore Couture », « Marine Serre » et d’autres logos divers et variés.

La notion « Futurewear » se retrouve dans plusieurs de ces collections et évoque, outre le futur, son engagement en termes de durabilité. La diversité de cette collection se marque d’une part par les mannequins choisis de tout âge, de tout sexe et de l’autre par l’hybridité des vêtements, des matières.

« Tout en gardant sa lune emblématique et ses sacs sphériques, elle a présenté de nouveaux imprimés et silhouettes, montrant la gamme de ses capacités de conception »52, complète Madeleine Zhou, rédactrice de mode pour le blog Moda.

Défilé de la collection Printemps/Été 2019 de Marine Serre, © Etienne Tordoir, 2018

Figure 22. Défilé de la collection Printemps/Été 2019 de Marine Serre, © Etienne Tordoir, 2018

Défilé de la collection Printemps/Été 2019 de Marine Serre, © Etienne Tordoir, 2018

Figure 23. Défilé de la collection Printemps/Été 2019 de Marine Serre, © Etienne Tordoir, 2018

Défilé de la collection Printemps/Été 2019 de Marine Serre, © Etienne Tordoir, 2018

Figure 24. Défilé de la collection Printemps/Été 2019 de Marine Serre, © Etienne Tordoir, 2018

Collection Printemps/Été 2018 de Marine Serre, © Tanguy Poujol, 2018
Collection Printemps/Été 2018 de Marine Serre, © Tanguy Poujol, 2018

En 2018, la styliste conçoit sa maison en quatre lignes distinctes de par leur couleur. La « Borderline » est pour tout ce qui est de l’ordre de l’underwear. La « White line » est la ligne présentant les pièces plus classiques, le prêt-à-porter.

La « Gold line » représente les collections les plus expérimentales. Et pour terminer, il y a la « Red line » qui, elle, propose de la haute couture créée sur mesure par la stylistes elle-même où l’upcycling est d’ailleurs très présent.

L’imprimé dont tout le monde faire référence quand on parle de Marine Serre est bien son logo en forme de croissant de lune. On le retrouve incrusté sur beaucoup de ses pièces, c’est vraiment sa marque de fabrique.

Ce logo, elle l’a choisi à la suite des attentats de Paris et de Bruxelles, villes où elle se trouvait, dans les deux cas, au moment des faits. C’était comme pour dire « n’ayons pas peur »53.

52 ZHOU, M., Make Way for Marine Serre sur Fashion Network sur Moda, http://www.modachicago.org/blog/2018/11/3/the-best-shopping-apps-to-help-you-save-big?rq=serre

53 CHAMPENOIS, S., loc. cit.

Pour la styliste, la lune symbolise plusieurs choses et n’a pas nécessairement une connotation religieuse. Elle l’explique dans une interview :

« C’était quelque part un hommage à la culture arabe et à tout ce qu’on avait envie de dire alors sans oser le prononcer, un témoignage de ce multiculturalisme de Paris, Bruxelles et Marseille, ces villes où j’avais vécu. »54

54 DUPUIS, M., Marine Serre : « Pourquoi aller acheter du tissu en Chine alors qu’il en existe tant à réutiliser ? » sur Madame Figaro, https://madame.lefigaro.fr/ style/mode-20-ans-pour-changer-le-monde-marine-serre-upcycling-recyclage- defile-310718-149966

« NOUS SOMMES BEAUCOUP PLUS UNIS ET AVONS BEAUCOUP PLUS EN COMMUN LES UNS AVEC LES AUTRES QUE LES CHOSES QUI NOUS DIVISENT. »

Campagne Automne/Hiver 2018 de Marine Serre, © Tanguy Poujol, 2018

Figure 26. Campagne Automne/Hiver 2018 de Marine Serre, © Tanguy Poujol, 2018

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: L'École Supérieure des Arts Saint-Luc de Liège
Auteur·trice·s 🎓:
Lola Nederlants

Lola Nederlants
Année de soutenance 📅: 2019 – 2020 Mémoire de 2e master en Communication Visuelle et Graphique
Graphiste designer . Saint-Luc Liège - École supérieure des arts
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