Les réformes envisageables de la diplomatie digitale togolaise

CHAPITRE DEUXIEME : L’INTERÊT D’ UNE DIPLOMATIE DIGITALE OU NUMERIQUE PLUS EFFECTIVE

L’effectivité de la diplomatie numérique reste relative. Cette relativité est justifiée par plusieurs raisons. Aujourd’hui, l’Etat togolais s’est engagé résolument sur la voie d’une bonne normalisation de cette diplomatie numérique appelée aussi digitale. Pour que tout cela marche comme le souhaite l’exécutif togolais, il faudrait a priori envisager les reformes de la diplomatie numérique dans le cadre togolais (Section 1) et a fortiori, envisager la nécessité d’une mutation de la diplomatie digitale ou numérique au Togo163 (Section 2)

Section 1 : Les réformes envisageables de la diplomatie digitale togolaise

Les reformes de la diplomatie numérique peuvent donc passer par une formation spécialisée des diplomates sur les implications du numérique dans la géopolitique togolaise (Paragraphe 1) et par une coopération internationale renforcée dans le domaine du numérique164 (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : La nécessité d’une formation spécialisée des diplomates dans le domaine numérique

Aujourd’hui, il est bien clair que le numérique accélère la diffusion de la puissance, longtemps aux mains des seuls États, à l’ensemble des acteurs sociaux c’est à dire étatiques165 et non étatiques166. La révolution de l’information s’explique notamment par la spectaculaire diminution des coûts de transmission des données et la possibilité offerte à chacun, dans un cadre individuel ou collectif, de publier son propre contenu en temps réel. Cette diffusion de la

163 Chapitre 5. De la communication à la diplomatie publique et digitale, Dans A- La multiplication des acteurs du numérique

Le numérique est devenu au Togo comme dans beaucoup des pays à travers le monde, un enjeu de civilisation et d’ouverture sur le monde. La diplomatie numérique se pense aujourd’hui en fonction de territoires délimités par des acteurs étatiques et labourés par des acteurs non étatiques. Jaloux de leur indépendance, les États s’efforcent, non sans mal, de rester maîtres de leurs propres systèmes nerveux pour conserver leur autonomie de décision en dépit de l’accroissement exponentiel des flux infra et supra étatiques. La pratique diplomatique reflète quant à elle de rapides transformations des appareils, contraints de s’ouvrir aux influences des sociétés civiles. Reste, pour finir, la délicate question de la gouvernance privilégiée par les États entre eux, mais aussi avec les autres parties prenantes168.

167 NICOLAS OCHOA, « Le principe de libre-circulation de l’information – Recherche sur les fondements juridiques d’Internet », HALSHS, 2016. Voir également B- L’organisation des assises nationales sur le numérique

Au Togo, il est aujourd’hui primordial d’organiser des assises nationales numériques pour définir une feuille de route concernant le développement de ce secteur dans l’objectif de promouvoir l’économie numérique nationale172.

Les réformes envisageables de la diplomatie digitale togolaise

D’une part, pour El-MOUDJAHID sur les start-up et les défis de la numérisation, il faut dans le contexte africain, avoir une réelle vision stratégique du numérique pour nos pays à court, moyen et long terme. Pour ce faire, le même responsable a préconisé l’organisation d’assises nationales afin de bâtir un véritable écosystème numérique dans le but de donner l’élan nécessaire aux acteurs locaux du numérique173. De plus, M. ALLAL a souligné l’intérêt de mettre en place un statut particulier pour les entreprises du numérique, notamment au niveau du registre de commerce et de la nomenclature des métiers. Ajouter à cela, il a estimé nécessaire d’aider les entreprises africaines du numérique à trouver des fonds d’amorçage qui puissent

170 Se reporter à JEAN-YVES HAINE (sous la dir.), « Rationalités et relations internationales. 1 », Cultures & Conflits, no 36, hiver 1999, et JEAN-YVES HAINE (sous la dir.), « Rationalités et relations internationales. 2 », Cultures & Conflits, no 37, printemps 2000. A contrario, il faut noter le succès – relatif – du numéro consacré par La revue internationale et stratégique à la politique étrangère de la France, commandé à plusieurs centaines d’exemplaires par le ministère des Affaires étrangères; PASCAL BONIFACE (sous la dir.), « Numéro spécial : La politique étrangère de la France après 2002 », La revue internationale et stratégique, no 45, printemps 2002 171 Voir FREDERIC CHARILLON, « La politique étrangère de la France. Acteurs et processus », Cultures & Conflits, no 37, printemps 2000, et Marie-Christine Kessler, La politique étrangère de la France. Acteurs et processus, Paris, Presses de Sciences Po, 1999. On doit à Frédéric Charillon une des premières tentatives d’exposition et de synthèse, en langue française, des paradigmes d’analyse de la politique étrangère. Se reporter à Frédéric Charillon (sous la dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards, Paris, Presses de Sciences Po, 2002, et la lecture critique consacrée à l’ouvrage par A. John R. Groom, « Vers un renouveau de l’étude de la politique étrangère ? », La revue internationale et stratégique, no 49, printemps 2003, p. 198-201.

172 JEREMY RIFKIN, The Third Industrial Revolution: How Lateral Power Is Transforming Energy, The Economy, and The World

173 Il y a 10 ans, Steve Jobs a révolutionné la façon dont nous communiquons entre nous avec le lancement de l’iPhone. De même, il est à l’origine d’une toute nouvelle industrie : les applications. Nous ne pouvons pas imaginer notre vie aujourd’hui sans ces applications qu’il s’agisse de localiser un chauffeur Uber, faire un achat sur Amazon, ou simplement vérifier la météo notre quotidien est devenu plus facile grâce à ces applications. Accenture, entreprise internationale de conseil, définit le mot écosystème comme “le réseau de compétitivité d’une entreprise : de plus en plus global, composé d’une multitude de partenaires (fournisseurs, institutions, clients) et d’acteurs qui apportent des solutions aux difficultés rencontrées par l’entreprise.” Par exemple, lorsque la société de commerce électronique Alibaba Group entre en bourse en 2014 la plus grande introduction jamais réalisée, le mot “écosystème” apparaissait à 160 reprises dans son prospectus d’introduction.

prendre en charge le risque financier auquel font face ses entreprises activant dans ce domaine, les start-up en particulier. Il faut des organismes financiers qui intègrent le risque de perte et un statut particulier permettant une exonération fiscale, a-t-il noté, se félicitant de l’ambition des présidents africains de créer une banque dédiée au financement des start-up.

D’autre part, le Togo doit être en faveur d’une révision du système de régulation du secteur de numérique afin de permettre son émergence. Car cela a été souvent un facteur de blocage du numérique par incompréhension jusqu’à présent. Nous devons aussi remettre en question la mise en place de taxes sur les équipements numériques, source de valeur ajoutée et de compétitivité pour les entreprises nationales. On n’arrive pas à comprendre pourquoi il y a de taxes sur les outils informatiques174. Il faut aussi noter que ces équipements s’avèrent ainsi onéreux au Togo et donc inaccessible pour nombre des entreprises togolaises175. Il y a un vrai manque à gagner car ces équipements augmentent la productivité du pays176. On doit aussi ouvrir l’investissement au privé pour assurer une meilleure qualité de service aux citoyens et aux entreprises. Par ailleurs, la valeur ajoutée qu’apporte le numérique à l’économie nationale. C’est un grand relais de croissance au niveau de l’économie mondiale. Le classement des plus grandes fortunes du monde comporte les grosses sociétés du secteur numérique177.

Autre élément permettant le développement du numérique dans le pays, le débit internet. Sur cet aspect, M. Allal a plaidé en faveur de la création d’une concurrence dans la fourniture internet comme ce fut le cas dans le début des années 2000178. Tous ces efforts en voie d’être consentis par le Togo seraient insuffisants, il faudrait aussi une certaine coopération renforcée dans le domaine du numérique.

174 FORAY 1990] D. Foray, « Exploitation des externalités de réseau versus évolution des normes : les formes d’organisation face au dilemme de l’efficacité, dans le domaine des technologies de réseau », Revue d’économie Industrielle, vol. 51, no 1, 1990, p. 113-140

175 Il existe au Togo plusieurs sortes de sociétés. Il y a les entreprises de type établissement, société à responsabilité limitéé (SARL), Société Anonyme (SA), Groupement d’Intérêt Economique (GIE). Centre de Formalités des Entreprises (CFE) est l’organe que le gouvernement togolais a mis en place pour aider les entrepreneurs dans leur processus de création des entreprises

176 L’Avenir de la productivité: des choix clairs pour un Canada concurrentiel, par BILL CURRIE, LAWRENCE W. SCOTT [et] Andrew W. Dunn, coll. L’Avenir du Canada, [Montréal]: Samson Bélair/Deloitte & Touche, [2012?]. Voir aussi le texte en ligne à:

177 ANNE SCOTTE, Bienvenue dans un monde d’esclaves. La face cachée des Entreprises de Services du Numérique, Éditions du Sextant, 2014

178 GLENN WARNOCK, Mira Ghafary, Ghassan Shaheen, Alcatel–Lucent Service Routing Architect (SRA) Self– Study Guide: Preparing for the BGP, VPRN and Multicast Exams, John Wiley & Sons, 2015 (ISBN (https://fr.wikipedia.org/wiki/International_Standard_Book_Number)111887515X),

p. Chapitre 2.1.

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La diplomatie togolaise a l’ère du numérique : enjeux et défis
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SANBENA Kanikatoma D.

SANBENA Kanikatoma D.
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