Les fascinants secrets de l’apiculture et l’Apis mellifera 

CHAPITRE II : L’APICULTURE

 

Présentation de l’Apis mellifera et classification

 

Origine de l’abeille

 

L’évolution des abeilles est liée à l’apparition et à l’évolution des plantes à fleurs (angiospermes) qui produisent du nectar et du pollen. En effet, les abeilles se nourrissant de pollen et de nectar, lors du butinage transfèrent du pollen des étamines vers le stigmate qui est une étape fondamentale de la reproduction des phanérogames.

Un morceau d’ambre trouvé aux Etats-Unis d’Amérique (New Jersey) daté entre 96 et 74 Ma contenait le plus ancien fossile d’une abeille aculéate mélipone, l’espèce Trigona prisca qui est une abeille sans dard des régions tropicales. Les mieux connues et les plus utilisées en apiculture sont : Apis mellifera comportant plusieurs races qui peuplent actuellement l’Europe, l’Afrique, l’Asie occidentale, l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Australie et la nouvelle Zélande (Schmidt, 2013 in Boucif, 2017).

Le plus ancien fossile connu présentant une abeille possédant un aiguillon a été découvert en mer Baltique dans un morceau d’ambre daté de 50 Ma. Les plus anciens ancêtres d’Apis mellifera doivent dater de l’Eocène inférieur, mais les premiers fossiles du genre Apis sont plus récents, datant d’il y a environ 40 Ma (Toullec, 2008).

Toullec (2008) donne la classification suivante dans laquelle on reconnaît quatre espèces au sein du genre Apis :

Apis florea : abeille naine, deux fois plus petite que l’abeille domestique, probablement espèce la plus proche des abeilles primitives portant un aiguillon ;

Apis dorsata : abeille géante ;

Apis cerana : abeille orientale ;

Apis mellifera : abeille occidentale.

Trente sous-espèces de A. mellifera ont été recensées sur la base de critères morphologiques, génétiques, écologiques et biologiques (Meixner et al., 2011 in Rasolofoarivao, 2014). Parmi ces trente sous-espèces, l’Afrique tropicale en compte neuf (Figure 3) dans lesquelles on retrouve Apis mellilfera adansonii (Latreille, 1804) qui est élevée au Burkina. Du point de vue morphologique, Apis mellifera adansonii est une petite abeille, de couleur jaune avec une trompe courte. Elle semble présenter des variations morphologiques, comportementales et

biologiques. Sur le plan biologique, elle présente un développement plus rapide que celui des races des pays tempérés.


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Figure 3: Répartition des sous-espèces d’abeilles en Afrique

Source : Fayet (2013) in Ruttner et Springer-Verlag (1988)

 

Les castes d’abeilles

 

L’abeille apis mellifera adansonii Latreille vit en société. Dans cette société il existe trois castes (photo 1) jouant chacun un rôle important pour le bon fonctionnement de la colonie. La morphologie de chacune de ces castes correspond à une adaptation particulière et la division du travail dépend de l’âge de l’insecte et de sa caste. Nous distinguons la reine, les ouvrières et les mâles encore appelés faux bourdons. Dans une colonie moyenne d’abeille, il y a une seule reine, 300 à 800 mâles ou faux bourdons, 20000 à 80000 ouvrières, 5000 œufs et 25000 à 30000

abeilles immatures se trouvant à différents stades de leur développement et constituent le couvain (Nombré, 2003).


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Photo 1: Les différentes castes d’abeilles

Source : Rasolofoarivao (2014).

 

La reine

Seule femelle sexuellement fertile de la ruche, la reine est morphologiquement plus volumineuse et son abdomen est plus allongé dépassant ses ailes. Son thorax est plus gros que celui de l’ouvrière. De face, sa tête est ronde. Elle ne peut pas récolter du nectar car elle a une langue courte qui ne le lui permet pas d’en faire usage pour récolter le nectar. Les ovaires volumineux que possède la reine ont chacun 150 à 180 ovarioles pouvant produire un million d’œufs.

La fécondation de la reine s’effectue au cours du vol nuptial qui a lieu ordinairement six à sept jours après sa naissance et par beau temps. En cas de mauvais temps (vent, pluie), ce vol ne peut plus avoir lieu après le 10e jour et la reine devient bourdonneuse. Le vol nuptial a lieu entre 14h et 16h et dure cinq à quinze minutes. Au cours de ce vol la reine est fécondée par plusieurs mâles (8 à 10) jusqu’à avoir sa spermathèque pleine de liquide séminale (Nombré, 2003). La reine stocke dans sa spermathèque les spermatozoïdes des mâles reproducteurs récoltés lors de l’accouplement. Nourrie et entretenue par les ouvrières, la reine assure la pérennité de la colonie à travers la ponte de 1500 à 2000 œufs par jour en fonction de l’âge, de la force de la colonie de l’espace disponible et des conditions extérieures et ceci pour une durée de deux à quatre ans.

Les ouvrières


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Une grande colonie peut comporter plus de 50 000 ouvrières. Notons que le rôle de l’ouvrière change en fonction de son âge (Figure 4). De face, la tête de l’ouvrière est triangulaire.

De plus petite taille que la reine, ses ailes en position de repos arrivent à l’extrémité de son abdomen. Elles possèdent une longue langue, adaptée à la récolte du nectar au fond des corolles des fleurs, des pattes antérieures avec un peigne destiné au nettoyage des antennes et des pattes postérieures épaisses, adaptées au transport du pollen. L’appareil venimeux est doté d’un aiguillon barbelé empêchant tout retrait après la piqûre, ce qui oblige l’abeille à arracher son appareil venimeux, ce qui lui est fatal. Les ovaires de l’ouvrière ne comportent que deux à douze ovarioles, tandis que la spermathèque n’est pas fonctionnelle et que les structures génitales permettant l’accouplement sont inexistantes (Rey, 2012).

Figure 4: Récapitulatif chronologique de l’activité des ouvrières

Source : Martin (2012)

 

Les mâles ou les faux bourdons

Les faux boudons sont un peu plus gros que les ouvrières mais plus courts que la reine. Ils ne peuvent pas récolter de la nourriture et sont de ce fait nourris par les ouvrières. Ils n’ont pas d’aiguillon.

Ils ont cependant des yeux composés plus grands et présentent un plus grand nombre de facettes que ceux des reines ou des ouvrières, ainsi que des antennes plus longues, leur permettant de mieux repérer les reines susceptibles d’être fécondées. Leur fonction première est de féconder la reine. Ils meurent aussitôt après, car leurs parties génitales se détachent lors de l’accouplement, ce qui déchire l’abdomen. Les faux boudons sont expulsés de la ruche par les ouvrières en quelque temps après au moment d’une période de disette.

Cycle de vie de l’abeille

 

L’abeille est un insecte holométabole raison pour laquelle elle subit une métamorphose complète durant son cycle de développement. L’ontogénèse est découpée en quatre stades de développement, intercalés par sept mues. Le stade de l’œuf dure trois jours chez les trois castes et le stade larvaire dure environ cinq jours. Durant les cinq jours, les nourrices donnent régulièrement de petites quantités de nourriture aux larves enroulées dans les cellules ouvertes. Ces cellules ouvertes seront ensuite fermées par de la cire poreuse, d’où le nom de couvain operculé. Les larves à l’intérieur de la cellule operculée filent un cocon, éliminent leurs excréments et se transforment en pré-nymphes et nymphes.

Le stade operculé du couvain d’ouvrières dure environ 12 jours, après quoi l’abeille issue de la nymphe ronge l’opercule de cire et apparaît sur le rayon. Les très jeunes abeilles se reconnaissent facilement parce qu’elles sont encore recouvertes de poils gris clair. Le développement des faux bourdons prend plus de temps. Pour ces derniers, le stade du couvain operculé dure environ 15 jours et le stade du couvain ouvert dure environ sept jours. Les jeunes reines cependant sont en mesure d’apparaître dans les sept jours suivant l’operculage de la cellule royale. Il faut noter que le cycle dure 21 jours chez l’ouvrière, 24 jours pour le faux- bourdon et 16 jours chez la reine.


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Figure 5 : Cycle évolutif des trois castes d’abeilles

Source : Naquet (2016) in Boucif (2017)

Anatomie de l’abeille

Le corps de l’abeille est divisé en plusieurs segments (Photo 2). On distingue facilement trois parties, caractéristiques de la classe des insectes, composant le corps de l’abeille : la tête, le thorax et l’abdomen.


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Photo 2: Schéma d’une ouvrière

Source : Claire Mackowiak (2009)

 

La tête

La tête de l’abeille apis mellifera renferme logiquement le cerveau, des glandes et porte les pièces buccales, les yeux (simples et à facettes), et les antennes. La langue, ou proboscis des abeilles ouvrières qui sont chargées de recueillir le nectar est plus longue que celles de la reine et des mâles qui vont être alimentés par les premières. Les yeux à facettes, chez le mâle sont nettement plus gros, permettant ainsi de faire facilement la reconnaissance de ces dernières.

Le thorax

Sur le thorax de l’abeille, nous pouvons observer trois paires de pattes et les deux paires d’ailes. Il faut noter que les ailes de la reine sont plus courtes que celles des ouvrières qui feront leur premier vol à trois semaines de leur naissance, afin de butiner le nectar des fleurs, de recueillir du pollen ou de la propolis. Chaque paire de pattes est spécialisée : l’antérieure est utilisée pour

nettoyer les antennes, la médiane et la postérieure sont adaptées chez l’ouvrière, à la récolte du pollen. La première paire permet de l’extraire grâce à des pointes, alors que la seconde sert à la fois à brosser celui piégé dans le duvet de la butineuse, à le compresser et à le stocker dans des corbeilles à pollen, constituées de longs poils qui vont contenir la charge (Mackowiak, 2009).

L’abdomen

Parmi les trois parties de l’abeille, l’abdomen est la partie la plus importante en volume. Elle comprend le jabot, les organes de digestion et le cœur. C’est à ce niveau que l’on retrouve également, chez les ouvrières, les huit glandes cirières et la glande de Nasonov, responsable de la sécrétion de phéromones.

Les femelles possèdent en outre un dard, permettant la modification de l’ovipositeur (organe qui permet de déposer les œufs) relié à une glande à venin. En cas de piqûre, la glande se contracte pour libérer son contenu. L’aiguillon de la reine est lisse et peut donc servir plusieurs fois. En revanche, lorsque l’ouvrière pique, son dard barbelé peut rester dans les tissus de la « victime » : en s’éloignant, elle abandonne son appareil vulnérant, ainsi que la glande à venin et une partie de ses entrailles qui y sont reliées et sans lesquelles elle est condamnée (Mackowiak, 2009).

 

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Analyse des facteurs contribuant à la régression des abeilles dans la province du gourma
Université 🏫: Université Aube Nouvelle - Institut supérieur d’informatique et de gestion - Département : environnement
Auteur·trice·s 🎓:
OUALI Yamindié

OUALI Yamindié
Année de soutenance 📅: Mémoire en vue de l’obtention du master recherche - Management de l’environnement et développement durable - 2017-2018
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