5 menaces majeures sur les abeilles: comprendre et agir

Facteurs de régression des populations abeilles

L’étude réalisée dans la province du Gourma nous a permis d’identifier cinq (05) facteurs qui sont à l’origine de la régression des populations d’abeilles (Figure 5). Il s’agit de la destruction de l’habitat naturel (33%), l’usage des produits chimiques dans l’agriculture (43%), des mauvaises pratiques apicoles (24%), le changement climatique se manifestant par la sècheresse entrainent la disparition de certaines espèces végétales que visitent les abeilles (19%) et les agents biologiques (14%).

Facteurs de régression des populations abeilles

Produits chimique4s3%

Destruction de l’habitat naturel

33%

Mauvaises pratiques apicoles

24%

Agents biologiques

Changements climatiques

14%

19%

Produits chimique4s3%

Destruction de l’habitat naturel

33%

Mauvaises pratiques apicoles

24%

Agents biologiques

Changements climatiques

14%

19%

Figure 10: Facteurs de régression des abeilles dans la province du Gourma

Les facteurs chimiques (Pesticides)

Selon les enquêtés, l’application des produits phytosanitaires sur les cultures dont les fleurs sont visitées par les abeilles exposent ces dernières à l’intoxication. Les eaux de ruissellement ainsi que l’air des alentours de ces champs traités sont contaminées et sont susceptibles d’être nocifs pour les abeilles. Les abeilles qui côtoient ce monde végétal aux proximités des champs, traité aux pesticides, subissent les effets de ces pesticides. Selon les interviewés, 89,58% de produits phytosanitaires utilisés dans l’agriculture tuent les abeilles (figure 5). Les pesticides sont évoqués par 43% des enquêtés comme source de régression des populations d’abeilles dans la

province du Gourma. Ainsi, les abeilles sont exposées aux insecticides, herbicides et fongicides. Dans l’ordre d’importance des effets chimiques qui causent la régression des abeilles parmi les différents types de pesticides, les insecticides (69%) ont été plus mentionnés suivis des herbicides (24%) et des fongicides (4%).

 

 

Degré d’effets chimiques sur les abeilles par

type de pesticides

4%

25%

Insecticides

Herbicides Fongicides

71%

Degré d’effets chimiques sur les abeilles par

type de pesticides

4%

25%

Insecticides

Herbicides Fongicides

71%

Degré d'effets chimiques sur les abeilles par type de pesticides

Figure 11: Degré d’effets chimiques sur les abeilles par type de pesticides

Facteurs biologiques (Prédateurs)

Les agents biologiques ont été signalés par 14% des enquêtés comme étant responsables de la mort des abeilles. Les prédateurs biologiques constitués par Agama agama(margouillat), Odontotermes spp (Termites)., Galeria mellonella (Papillon fausse teigne), et Vespula vulgaris (Guepe commune) ont été cités. Par ordre d’importance de dégâts causés aux populations d’abeilles, Odontotermes spp. (36,30%) a été l’espèce la plus évoquée suivi par Agama agama (margouillat) (27,40 %), Galeria mellonella (Papillon fausse teigne), (26,90%) et Vespula vulgaris (Guepe commune) (9,40%). En effet, selon les apiculteurs enquêtés Odontotermes spp. (Termites)., détruit plus facilement les ruches traditionnelles qui sont souvent en paille ou en tronc d’arbres excavés. Les ruches modernes ne sont pas aussi épargnées quand elles ne sont pas installées sur des supports adéquats. Agama agama (margouillat) s’attaque aux abeilles surtout quand les ruches sont mal installées sur les supports, elles offrent la possibilité à cette espèce de se poser à l’entrée de la ruche pour capturer les abeilles. Vespula vulgaris (Guepe commune) tue les abeilles en mangeant leurs intestins. Enfin, Galeria mellonella (Papillon

fausse teigne) quant à elle, dévore la cire, les réserves de nourriture, les stocks de pollen, sans épargner le couvain.

040%

035%

030%

025%

020%

015%

010%

005%

000%

Odontotermes spp.Agama agamaGaleria mellonellaVespula vulgaris

040%

035%

030%

025%

020%

015%

010%

005%

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Odontotermes spp.Agama agamaGaleria mellonellaVespula vulgaris

Figure 12: répartition des prédateurs d’abeille

Facteurs environnementaux (Habitat)

La destruction de l’habitat naturel des êtres vivants va de pair avec la fragmentation de leur biotope. Quarante-six pourcent (46%) des interviewés soutiennent que le manque d’habitat en est aussi un problème de diminution des populations d’abeilles car elles n’ont pas de lieux propices pour leur reproduction et développement. Aussi, 11% des répondants estiment que les feux de brousse occasionnent de grand dommage aux abeilles. Ces feux embrasent les brousses, parfois la forêt en saison sèche, période au cours de laquelle l’abeille a plus besoin des fleurs d’arbre et de l’eau pour assurer les besoins nutritionnels. Environ 19% des enquêtés lie la régression des populations d’abeilles à la croissance démographique. Vingt-quatre pourcent (24%) des apiculteurs pense que le manque d’eau dans les retenues d’eau en saison sèche est un facteur de régression des populations d’abeille. En effet, la création de nouvelles plantations ou de nouvelles exploitations agricoles poussent les populations à détruire certaines espèces végétales butinées par les abeilles.

120%

100%

80%

60%

40%

20%

0%

Manque d’habitatFeux de brousseCroissanceTarissement rapide

démographiquedes retenus d’eau

120%

100%

80%

60%

40%

20%

0%

Manque d’habitatFeux de brousseCroissanceTarissement rapide

démographiquedes retenus d’eau

Figure 13 : Destruction d’habitat naturel citée comme un facteur de régression d’abeilles

Pratiques apicoles

Les mauvaises pratiques apicoles ne sont pas sans effet sur la régression des populations d’abeilles. La majorité des enquêtés exercent leurs activités avec des ruches traditionnelles (73%), ensuite viennent ceux qui possèdent les deux types de ruches modernes et traditionnelles (22%) et ceux qui utilisent les ruches modernes (5%). Dans la plupart des villages où les ruches traditionnelles sont installées, la récolte du miel se fait avec des torches de paille enflammées qui tuent massivement les abeilles. Les apiculteurs qui ont eu à utiliser les cadres gaufrés sont de 2,7 %. Même s’il ressort que seulement 3% d’enquêtés mentionnent plutôt le manque de cadres amovibles dans les ruches traditionnelles qui permettrait à l’apiculteur de mesurer la quantité raisonnable de miel à laisser pour la survie des populations d’abeilles, les résultats de notre étude indiquent que 23% des personnes enquêtées reconnaissent que cette pratique est facteur de régression des abeilles.


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70,00%

60,00%

50,00%

40,00%

30,00%

20,00%

10,00%

0,00%

% cités

Ruches traditionnelles

Ruches modernes

33,70%

66,30%

70,00%

60,00%

50,00%

40,00%

30,00%

20,00%

10,00%

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% cités

Ruches traditionnelles

Ruches modernes

33,70%

66,30%

Figure 14: Proportion de type de ruche utilisées par les apiculteurs

Pour récolter le miel, les apiculteurs qui pour la plupart n’ont pas les outils modernes de l’apiculture utilisent les méthodes traditionnelles de récolte. Dans ces méthodes traditionnelles de récolte, ils utilisent le plus souvent des torches en paille. Selon notre enquête, 88,7% des interviewés affirment utiliser les torches en paille lors des récoltes contre 11,3% qui utilisent l’outil moderne à savoir l’enfumoir dans la récolte du miel.

Il est également ressorti dans nos entretiens avec les apiculteurs à 23,7 % que le mauvais emplacement de la ruche peut influencer sur la mort ou la désertion des abeilles des ruches. Si le rucher est placé dans un cadre où l’humidité est assez élevée ou que la température est trop élevée du fait de son exposition au soleil, les abeilles peuvent souffrir et abandonner les ruches. Ainsi, 11,4 % des interviewés pensent que l’exposition de la ruche au soleil demande plus de travail aux ouvrières qui sont chargées de réguler la température ambiante de la ruche. Si les ouvrières n’arrivent pas à réguler la température convenablement, la colonie se retrouve en difficulté et pourrait abandonner la ruche. Si l’emplacement expose le rucher à la force du vent,

5,8 % des interviewés estiment que cela peut constituer de véritables obstacles au développement d’une colonie et peut la pousser à la désertion.

Tableau 4 : Proportion des pratiques apicoles

PratiquesNombre% cité
Torche enflammée5588,7%
Enfumoir711,3%
Total62100,0%

Changement climatique

Les abeilles ne sont pas épargnées par les conséquences du changement climatique. En effet, nos résultats indiquent que la hausse de la température évoquée par (56%) des apiculteurs constitue l’une des principales causes de mortalité des abeilles alors que 64% des apiculteurs mentionnent la baisse de la pluviométrie qui entraine la mort naturelle des espèces végétales sources nourricières des abeilles comme facteur de régression d’abeilles. D’autre part, les apiculteurs estiment que les sécheresses affectent la production de la biomasse qui est fournisseur de la paille pour la confection des ruches traditionnelles.

120%

100%

80%

60%

40%

20%

0%

Hausse des températuresMortalité des espèces végétales

120%

100%

80%

60%

40%

20%

0%

Hausse des températuresMortalité des espèces végétales

Figure 15: Facteurs climatiques de régression des populations d’abeilles dans la province du Gourma

Solutions palliatives à la régression des populations d’abeille

 

Au cours de notre enquête, vingt-quatre pourcent (24%) des apiculteurs estiment qu’il faut protéger la forêt. Pour cela ils proposent de créer des structures associatives capables de sensibiliser les populations sur les méfaits de la coupe abusive du bois, les feux de brousse et encourager ces derniers à laisser le maximum de plantes mellifères dans leurs champs. Selon ces derniers, la formation des apiculteurs en association leur facilitera l’accès aux crédits et subventions en équipements modernes et des formations sur les nouvelles approches en apiculture moderne. Recommandation est faite aux agriculteurs à planter des espèces mellifères en compensation des arbres abattus au profit de l’agriculture. Pour permettre aux abeilles d’avoir de l’eau à proximité pour leurs besoins, 29,2% des apiculteurs interviewers suggèrent la construction de retenues d’eau dans les aires susceptibles d’abriter des ruchers. Les apiculteurs cautionnent à 31,8 % l’abandon de l’usage des pesticides dans l’agriculture. Quinze pourcent (15 %) des apiculteurs interviewés suggèrent de choisir un emplacement loin des champs et un espace moins humide mais avec de l’ombre pour installer les ruchers.

 

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Analyse des facteurs contribuant à la régression des abeilles dans la province du gourma
Université 🏫: Université Aube Nouvelle - Institut supérieur d’informatique et de gestion - Département : environnement
Auteur·trice·s 🎓:
OUALI Yamindié

OUALI Yamindié
Année de soutenance 📅: Mémoire en vue de l’obtention du master recherche - Management de l’environnement et développement durable - 2017-2018
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