5 étapes pour transformer la diplomatie numérique togolaise

Section 2 : La nécessité d’une mutation de la diplomatie numérique

Aujourd’hui, il est crucial de penser à une transformation de la politique digitale togolaise. Pour que le numérique puisse s’encrer dans la culture diplomatique, il faudrait réduire les restrictions des réseaux sociaux (Paragraphe 1) et envisager une revalorisation de la technologie numérique togolaise (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : L’assouplissement des restrictions des réseaux sociaux

Au Togo comme dans des nombreux Etats africains, les réseaux sociaux sont très souvent limités. Cette limitation est justifiée par des raisons purement politiques. Les cas les plus emblématiques de ses restrictions c’est notamment la coupure d’internet (A) la censure des réseaux sociaux (B).

196 Thomas GOMART, « Écrire l’histoire des relations internationales aprèsWikiLeaks », Revue des Deux Mondes, mai 2011, p. 88-89.

A- Le cas de coupure d’internet

Pour arriver à une bonne diplomatie numérique réussie, le gouvernement togolais doit résoudre définitivement la question de coupure de l’internet. Aujourd’hui; il est difficile pour un pays de se passer des outils technologiques et de l’information. Cruciaux pour la survie des démocraties étatiques.

Malgré les difficultés propres à l’utilisation de l’internet, il est clair qu’il s’agit d’un outil dont on peut de moins en moins se passer. Ces dernières années, internet est devenu un espace d’expression et d’échanges et de communication diplomatique. Depuis peu, et encore plus avec les mesures de télétravail dues à la crise du coronavirus (https://foumi.mondoblog.org/les-scientifiques-africains-bons-derniers-de-la-course-aux-vaccins/), internet est également un outil de travail. La grande connectivité des jeunes sur le continent ne cessant de s’accroître, internet a pris une grande place dans la communication et surtout dans la politique diplomatique togolaise. Il est donc de plus en plus utilisé à des fins politiques. L’Internet est de plus en plus coupé pour des raisons clairement politiques. Cette tendance est devenue un effet de mode, surtout en Afrique et en particulier au Togo. Si l’Afrique est souvent citée comme le berceau de l’humanité197, elle n’est pas le berceau d’Internet. La connexion internet est l’une des moins bonnes au monde, avec des installations qui ne répondent pas aux besoins des internautes. Pourtant, les maigres efforts qui sont faits dans ce domaine accompagnent les différents utilisateurs d’internet. Preuve en est de la forte connectivité sur le continent africain. Cette forte connectivité est très appréciée par les politiciens pour faire passer leurs messages et se faire élire. Mais, ils se rendent parfois compte qu’internet peut aussi les déchoir assez vite de leur pouvoir ou du moins freiner certains de leurs élans. A ce moment où la panique gagne les gouvernants face à la réactivité et la force des réseaux sociaux, le seul recours pour eux est de couper internet.

Loin d’être liées aux pannes des installations techniques, les coupures d’internet sont volontaires, suscitées et même programmées par plusieurs Etats africains. Elles se multiplient à l’approche des élections ou durant les périodes « sensibles ». Elles sont même rentrées dans la coutume de bon nombre de pays africains. Derniers exemples en date, le Niger et le Sénégal. Au Niger, (https://information.tv5monde.com/afrique/niger-internet-retabli-apres-dix-jours-de-coupure-399264%24)dans l’attente des résultats définitifs des élections présidentielles, internet a été coupé pendant dix jours. Quant au Sénégal, internet est coupé suite aux soulèvements qui découlent

197 Louis-René NOUGIER. Réflexions sur le berceau de l’humanité. In: Pallas, 3/1955. pp. 117-128

de l’arrestation de l’opposant politique Ousmane Sonko 198. Bien que les crises politiques, débouchant sur des instabilités soient les principales causes de ces interruptions de la couverture du réseau internet, les gouvernants semblent vouloir retenir ceci comme un secret. Plusieurs fausses bonnes raisons sont régulièrement évoquées pour justifier ces attentats à internet. Le combat démocratique que mènent les Etats africains depuis plusieurs décennies est émaillé d’embuches. Les coupures du réseau internet sont clairement des freins à l’ancrage de la démocratie dans nos Etats. De plus en plus de personnes ont accès à internet. C’est parfois le seul moyen pour elles de s’exprimer sur la gestion des affaires collectives. La privation d’internet, ne serait-ce que pour quelques heures est un frein à ces libertés sus-évoquées et une remise en cause des principes démocratiques auxquels les Etats africains essaient de se conformer. Les raisons qui justifient ces coupures en Afrique étant très politiques, leur impact sur la démocratie n’est clairement pas négligeable.

Couper internet en Afrique est devenu une technique courante. Les gouvernants n’hésitent pas à l’employer pour satisfaire des objectifs politiques. Ces objectifs politiques sont bien évidemment voilés par de fausses bonnes raisons. Pourtant, ces privations d’internet entraînent des conséquences graves. Ces conséquences sont perceptibles sur l’économie, sur la situation des libertés, des droits de l’homme199 et de la démocratie200. Il est donc impératif qu’internet soit non pas coupé, mais plutôt utilisé par les dirigeants africains pour résoudre les crises auxquels nos Etats font face. Il faut aussi que le Togo sensibilise sur l’impact positif de l’internet sur le territoire national.

B- La sensibilisation sur l’impact positif de l’internet dans le contexte diplomatie

togolais

Internet et plus généralement toute forme d’utilisation des réseaux électroniques «ouverts» ont et auront un impact déterminant sur la société et son devenir. L’échange ouvert de données numérisées par le biais des messageries électroniques, des procédures de transfert de fichiers

198 On se rend compte que dans la plupart des pays d’Afrique où internet est coupé, il n’y a que des raisons ou des situations politiques en filigrane. Pourtant, c’est sans aucun scrupule que des fausses bonnes raisons de couper internet sont évoquées.

199 Jean DUFFAR et Henri OBERDORFF, Droits de l’homme et libertés fondamentales, Paris, Montchrestien, (https://fr.wikipedia.org/wiki/Lextenso_%C3%A9ditions) coll. « Domat », 2009, 8e éd., 908 p. Voir aussi Valentine Zuber, (https://fr.wikipedia.org/wiki/Valentine_Zuber)Le Culte des droits de l’homme, Paris, Gallimard, (https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89ditions_Gallimard) coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 2014, 405 p.

200 Elisabeth WEISSMAN, La désobéissance éthique enquête sur la résistance dans les services publics, Paris, Stock, coll. « Les documents », 2010, 355 p

informatisés et des sites Web constitue certainement le facteur clé de développement des sociétés modernes.

D’un côté, on peut tirer d’évidents avantages de l’usage des nouvelles technologies de l’information que personne ne peut contester : simplification des activités quotidiennes; réduction des coûts; accès à de vastes gisements d’information les plus diversifiés; élargissement des contacts au niveau mondial; travail de groupe en réseau et développement de la créativité. Tous ces aspects positifs de l’usage des NTI se feront sentir dans de nombreux domaines, de l’éducation à l’économie 201 , comme aussi pour la culture, la démocratie, le développement durable202, etc. Internet, c’est un ensemble de fonctionnalités particulièrement utiles comme l’échange ouvert de données numérisées par le biais des messageries électroniques, les possibilités de transfert de fichiers informatisés et la diffusion (et la recherche) d’information sur une toile mondiale de sites Web.

Ces fonctionnalités se développent dans un environnement nouveau qui se caractérise par les faits suivants : usage généralisé du micro-ordinateur (et pour demain, de l’ordinateur de réseau NC) permettant une grande personnalisation et une large individualisation de l’informatique; développement de réseaux de télécommunications de plus en plus puissants permettant des transferts lourds de données et une véritable massification de l’usage de la téléinformatique; capacités de stockage (mémoires d’ordinateur, supports électroniques) en croissance quasi exponentielle; généralisation de la numérisation des données, des textes, des

201 Dans le domaine éducatif, on peut et on doit attendre beaucoup d’une généralisation des usages d’Internet. C’est d’abord la possibilité de donner un accès plus large, plus universel aux sources de savoir. Les responsables américains en décidant d’équiper toutes les Ecoles en accès efficaces au réseau ont bien compris que cette façon d’agir au niveau de l’éducation, c’est donner un avantage certain à long terme à l’économie américaine. Outre de nouvelles possibilités d’accès à l’éducation et au savoir, Internet permet de repenser l’éducation, l’enseignement, la pédagogie : enseignement à distance, formation in situ (dans l’entreprise ou à domicile), formation tout au long de la vie, tutorat électronique, collectifs d’apprentissage, etc. C’est sur ce terrain qu’il faut s’attendre dans un proche avenir à des innovations majeures, remettant profondément en cause les dispositifs d’éducation et d’enseignement hérités d’un XIXème siècle positiviste et productiviste. Encore faut-il que les milieux enseignants se mettent réellement à utiliser Internet et à en tirer des conséquences dans leur façon de faire : de nombreux rapports, notamment européens, soulignent le caractère fortement conservateur de ces milieux enseignants.

202 Il est intéressant de noter un effet incontestable d’Internet dans le domaine du développement durable (sustainable development). Du fait même de la structure en réseau de la «toile», du fait aussi de la facilité de communication par voie électronique, Internet est un vecteur privilégié de promotion de la notion de développement durable. De nombreux sites permettent de donner accès à de riches informations utiles en la matière

; des forums se multiplient qui aident à concrétiser les plans d’actions pour le développement durable. En d’autres termes, Internet apparaît clairement comme un moyen de promotion d’idées et de projets sur lesquels se dégagent aujourd’hui de larges consensus politiques mais qui ne trouvent pas toujours de concrétisations pratiques du fait des pesanteurs techniques, administratives ou purement humaines. On pourrait mentionner d’autres domaines encore qui seront touchés de façon évidente par la révolution Internet. C’est le cas notamment de la santé ou celui encore du tourisme. La culture enfin peut connaître de nouvelles formes d’expression grâce à la puissante de l’outil de communication électronique multimédia

images, des sons permettant des manipulations extrêmement simplifiées de tous ces documents de natures diverses; apparition (surtout au cours des dernières années) de nouveaux langages et de fabuleux outils logiciels d’ingénierie linguistique et documentaire : hypertexte, langage HTML, agents intelligents de recherche. Internet, avec ses fonctionnalités et dans ce nouvel environnement informatique, conduit à de réelles avancées dans un certain nombre de domaines et produit des effets appréciables, certains attendus d’autres totalement inespérés. Un premier effet important d’Internet, effet qui peut être considéré comme positif mais peut aussi avoir des conséquences graves, consiste en la simplification et l’allégement des activités quotidiennes relevant des processus administratifs. Les chaînes de travail sont raccourcies, les organisations complexes s’effondrent, des gains de temps sont mis en évidence. Ainsi, le cadre d’entreprise travaille désormais directement sur son ordinateur et transmet ses données et ses textes à ses collègues, à ses clients ou aux donneurs d’ordre; les documents sont aisément archivables, réutilisables à tout moment et par d’autres personnes. La messagerie électronique ouverte203 (c’est à dire sortant de l’entreprise) permet une communication et un travail d’une rare efficacité en raccourcissant considérablement les délais dus aux intermédiations inefficaces.

Autre effet étonnant, parfois spectaculaire, d’Internet : la réduction des coûts, notamment les coûts de communication et les coûts de manipulation des informations ou données. On sait aujourd’hui qu’on peut réduire de façon substantielle ses coûts de téléphone, de télécopie, de photocopie par un usage judicieux d’Internet. Liée aussi à la simplification des tâches et des organisations, cette réduction des coûts se fait sentir au niveau des frais généraux des entreprises. On ne peut pas passer sous silence l’effet anti-isolement que produit Internet. Brusquement, le cadre de la communication s’élargit, les frontières de l’entreprise, de la ville, de la région, de l’Etat n’ont plus de sens. On communique avec le monde entier, aussi simplement qu’avec son voisin de palier ou son collègue de bureau. On découvre de nouveaux horizons, de nouvelles visions de la société. On coopère avec de nouvelles équipes. On étend son action marketing à l’échelle de la planète. Bien sûr, on ne communique bien qu’avec ceux que l’on connaît bien. Mais Internet permet de renouveler de façon étonnante son propre vivier de contacts. Il engendre aussi son lot de désillusions204, dès lors que l’on n’est pas en mesure de

203 Alain d’Iribarne, Anne de Fenoyl, Emmanuelle Labeyrie. La messagerie électronique est-elle un outilde communication favorisant la coopération au sein des équipes projet?: Etude de la messagerieélectronique dans deux centres de recherche INRIA – CEREQ. [Rapport de recherche] Laboratoired’économie et sociologie du travail (LEST). 2000, pp.118. halshs-00087176

204 S’il est un domaine d’activité qui bénéficie tout particulièrement d’Internet, c’est bien celui de la recherche et du développement de la connaissance. mais cela n’a rien d’anormal et d’inattendu quand on sait qu’Internet est né dans les milieux scientifiques pour stimuler la coopération dans ce domaine. La recherche progresse en raison directe

bien cerner qui réellement est au bout de la ligne et ce que représente cet internaute. Alors même que ces nouvelles technologies (Internet, réseaux électroniques, multimédia) promettent beaucoup pour l’avenir, elles risquent aussi d’engendrer de nouveaux et graves problèmes dont on commence à percevoir l’importance. L’impact d’Internet sur la société sera également dépendant de la capacité de celle-ci à gérer au mieux la coexistence d’effets positifs et négatifs du nouvel outil. N’oublions pas aussi que nous devons vraiment revaloriser notre technologie pour une meilleure diplomatie numérique.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La diplomatie togolaise a l’ère du numérique : enjeux et défis
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Auteur·trice·s 🎓:
SANBENA Kanikatoma D.

SANBENA Kanikatoma D.
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