L’impact de la dette publique sur la croissance économique

Université Mohammed v

Université Mohammed V – Rabat

Faculté des sciences juriqiues, économiques et socilaes

Mémoire de fin d’étude
Pour l’obtention du Master spécialisé en Finances Publiques et Fiscalité

L'impact de la dette publique sur la croissance économique au Maroc
L’impact de la dette publique sur la croissance économique au Maroc

Réalisé par :
BOUKARTACHA Mazine
EL MEHDAOUI Abdelhaq

Encadré par :
Professeur : BADDI Hicham

Année universitaire :
2022-2023

 

Résumé

Cette étude a pour objet d’étudier l’impact de la dette publique sur la croissance économique au Maroc, en utilisant l’approche autorégressive distributed lag (ARDL) et des données annuelles couvrant la période 1990 à 2019. Pour ce faire, nous avons utilisé une méthodologie déductive.

Traitant d’abord, une revue de littérature à la fois théorique et empirique, puis une analyse des faits stylisés et enfin nous avons procédé à une étude empirique Les résultats montrent que la dette publique à un double impact sur la croissance économique, confirmant l’existence d’une relation non linéaire entre les deux variables.

A court terme, la dette publique impact positivement la croissance économique alors qu’elle impacte négativement la croissance économique à long terme.

Mots clés : dette publique, croissance économique, non linéaire, ARDL.

Abstract

The purpose of this study is to investigate the impact of public debt on economic growth in Morocco, using the autoregressive distributed lag (ARDL) approach and annual data covering the period 1990 to 2019.

To do so, we used a deductive methodology. Dealing first, with a review of both theoretical and empirical literature, then an analysis of stylized facts and finally we proceeded with an empirical study.

The results show that public debt has a double impact on economic growth in the long run, which confirms the existence of a non- linear relationship between the two variables. In the short run, public debt has a positive impact on economic growth, while in the long run it has a negative impact on economic growth.

Keywords: public debt, economic growth, non-linearity, ARDL

Sommaire

Chapitre1 : revue de la littérature
Section 1 : revue de la littérature théorique
Section 2 : revue de la littérature empirique
Chapitre 2 : dette publique et croissance économique : analyse des faits stylisés
Section 1 : évolution de la dette publique dans les pays développés et en développement
section 2 : évolution de la dette publique et de la croissance économique au Maroc
Chapitre 3 : étude économétrique
Conclusion générale

Introduction générale

La grande récession économique qui a suivi la crise financière internationale de 2008, a eu un impact négatif considérable sur les finances publiques des économies avancées, entrainant une détérioration des situations budgétaires. Les déficits publics sont fortement augmentés

dans la plupart des pays, ce qui a conduit les pays confrontés à des problèmes de déficit budgétaire de recourir à l’endettement afin de relancer l’activité économique. En outre, plusieurs pays sont endettés très lourdement, faisant de la dette publique un problème majeur

notamment dans la zone euro. En raison du mauvais investissement des flux provenant de la dette, ils se sont endettés davantage, ce qui a conduit à l’émergence de la crise de la dette souveraine dans la zone euro. Le problème de l’augmentation de la dette publique n’est pas

nouveau pour les pays développés et suscite également un intérêt croissant pour les pays en développement, car au cours des dernières décennies, leur dette publique a atteint des niveaux considérables en raison des mauvaises performances économiques et du ralentissement de la croissance.

A partir de cela, la relation entre la dette publique et la croissance économique suscite un intérêt croissant chez les chercheurs et les décideurs politiques. Passant d’une simple recherche des effets causaux entre la dette et la croissance à une recherche plus approfondie des effets non linéaires de la dette sur la croissance.

En effet, en période de crise économique et sanitaire, le lien entre dette publique et croissance économique continue d’alimenter le débat sur l’efficacité, les modalités et les conditions de la dette. Au Maroc et comme nombreux pays en développement, la dette publique continue d’augmenter. Certes, la dette publique marocaine a enregistré une hausse en 2019 il était de 80,4% et elle a passé à 92% du PIB en 2020.

Cette tendance haussière de l’endettement sera entretenue par la persistance du niveau élevé du déficit budgétaire (7,6% en 2020 contre 3,6% en 2019) ce qui devrait entrainer une nouvelle augmentation de la dette publique. Une telle situation semble aggravante et risque de mettre le pays en situation d’insolvabilité.

Ainsi, l’économie marocaine se caractérise par un taux de croissance économique volatil, fortement corrélé aux aléas climatiques. De ce fait, la reprise économique est souvent associée à la taille de la dette et à ses canaux de transmission.

A la lumière de ce qui précède, et compte tenu de l’importance de la dette comme instrument de politique budgétaire, le présent travail vient pour répondre à la question suivante :

– Est-ce que la dette publique à un impact positif au négatif sur la croissance économique ? et qu’en est-il du cas du Maroc ?

Afin de répondre à cette problématique, le présent travail sera réparti en trois principaux chapitres :

Le premier chapitre présentera la revue de la littérature théorique et empirique qui a traité́ la relation entre ces deux composantes, le deuxième chapitre sera réservé à la présentation de la dette publique et la croissance économique au Maroc sous forme des faits stylisés et enfin le troisième chapitre dédié à la vérification empirique de l’impact de la dette publique sur la croissance économique au Maroc sur le court et long terme.

Chapitre 1 : Revue de littérature

Introduction du chapitre :

La question de la dette publique est au cœur des préoccupations des États. Afin de couvrir les déficits publics, l’ensemble des pays développés et en développement font recours à l’endettement public. Le recours à l’endettement pourrait avoir des effets positifs ou négatifs sur la croissance économique.

Dans ce sens, plusieurs travaux s’intéressaient à étudier la relation entre la dette publique et la croissance économique. L’objet de ce chapitre est de passer en revue de la littérature à la fois théorique et empirique qui s’est développée autour de cette question.

Section 1 :

Revue de la littérature théorique

Les études théoriques portant sur l’impact de l’endettement public sur la croissance économique ne font pas l’unanimité chez les économistes. Certains économistes ne croient pas aux bienfaits de l’emprunt public sur la croissance économique et défendent l’idée que la dette publique n’aura aucun effet stimulant l’activité économique.

Alors que d’autres, jugent que la dette impact positivement la croissance économique et voient dans l’endettement public une solution pour la reprise de l’économie.

L’objectif de cette section est de présenter les principales réflexions théoriques traitant la question de l’impact de la dette publique sur la croissance économique.

Les partisans de l’école classique ne croient pas aux bienfaits de l’emprunt sur l’activité économique. Considéraient que la dette est pernicieuse et ne doit pas être encouragée. Elle incite le souverain à faire des dépenses inutiles et favorise l’irresponsabilité A.Smith (1959),et dénonçaient l’emprunt public du fait qu’il entraine une consommation improductive et une destruction des capitaux dont les intérêts sont payés par la nation J.B.Say (1799).

En se basant sur des nouveaux concepts, les anticipations rationnelles et l’effet d’éviction, Barro (1974) développe une argumentation théorique défendant l’effet neutre de l’emprunt sur l’activité économique1.

Pour Barro (1974) les agents économiques anticipent une future hausse d’impôt qu’implique l’émission d’une dette et la diminution de l’épargne publique est exactement compensée par l’épargne privée en y résultant qu’une politique d’endettement n’aura aucun effet stimulant sur l’économie.

1 Equivalence Barro-ricardienne : stipule que le comportement des agents économiques est guidé par une anticipation à la hausse des impôts induira a augmenté leur épargne au détriment de la consommation pour se préparer à la charge fiscale future et il en résulte que cette politique d’endettement n’aura aucun effet stimulant sur l’économie

S’inscrivant dans un autre courant, le Keynésianisme est pour l’endettement public et considère qu’une politique d’endettement aura un effet positif sur l’activité économique. Cette logique tire ses fondements de la théorie de la demande globale et du multiplicateur keynésien.

Contrairement à la logique néoclassique, un endettement favorisant la croissance économique génère par l’effet accélérateur une augmentation plus proportionnelle de l’investissement provoquant une augmentation de la production par la suite une augmentation des revenus et le surplus du revenu est destiné à la consommation et par conséquent un renchérissement de l’économie.

L’impact positif de la dette publique sur la croissance économique et également soutenu dans la littérature par Delong et Summers (2012), qui ont fait valoir que dans une économie ou la production est inférieure au plein potentiel, le chômage est élevé, une dette publique étrangère élevée aura un effet multiplicateur budgétaire positif sur l’économie.2

Il existe également un point de vue théorique qui prétend que l’impact de la dette publique sur la croissance économique est négatif. Toutefois, l’accumulation de lourde dette ralentit les investissements. Krugman (1988) analyse les implications de surendettement, lorsque la dette extérieure excède les ressources internes d’un pays, ce pays risque de ne plus être capable de rembourser les emprunts passés (situation de surendettement) ceci aura un effet dissuasif sur les créanciers et les investisseurs ce qui pénalisera par la suite la croissance, c’est la théorie du fardeau virtuel de la dette (debt overhang).

De même, Sachs (1989), et Cohen (1992), indiquent que la théorie de surendettement admette qu’à partir d’un certain seuil l’endettement extérieure décourage l’investissement et la consommation ce qui entraine un ralentissement de la croissance économique. Agénor & Peter (1996), montrent que le surendettement accroit l’incertitude et réduit le capital physique et par conséquence réduit la croissance économique.

Un ensemble des études empiriques ont été développés afin d’examiner la relation entre la dette publique et la croissance économique. Dans ce cadre, nous présenterons certains travaux en la matière.

2 Fiscal Policy in a Depressed Economy J. Bradford Delong, Lawrence H. Summers, Brookings Papers on Economic Activity, Spring 2012, pp. 233-297

Section 2 :

Revue de la littérature empirique

Les problèmes liés à la dette ne sont pas nouveaux ni pour les pays développés ou en développement. En effet, plusieurs approches empiriques ont été utilisées pour examiner le lien entre la dette publique et la croissance économique.

Commençant tout d’abord par les études qui traitent la relation d’une manière générale entre la dette publique et la croissance. Par exemple, Aminu Umaru, Ahmadou Aminou Ahmadou et Salihou Moussa (2013) évaluent l’impact de la dette extérieure et intérieure sur la croissance économique au Nigéria pour la période allant du 1970-20103. Les résultats de leur étude montrent que la dette extérieure impacte négativement la croissance économique en réduisant le stock de devise.

Tandis que la dette intérieure a un impact positif sur la croissance économique en encourageant le niveau de production et la productivité totale des facteurs. Suna Korkmaz, (2015) a étudié l’impact ou la relation entre la dette extérieure et la croissance économique en Turquie en utilisant des données trimestrielles couvrant la période allant de 2003 à 20144.

Les résultats de son étude montrent que la dette extérieure impacte positivement la croissance économique, expliqué par l’accroissement des investissements. Pour leur part, Thobeka Ncanywa & Marius Mamokgaetji Masoga (2018), dans leur étude ont cherché de savoir s’il existe un impact de la dette publique sur les investissements et la croissance économique en Afrique du sud.

Ils ont utilisé des données trimestrielles allant de 1995 à 2016. Les résultats de leur étude révèlent, qu’il existe une relation négative entre la dette publique et la croissance économique, expliquée par le fait que la dette publique entraine une diminution des fonds pour l’investissement privé.

De même, Oumansour nour-eddine, Chkiriba Driss (2019), ont étudié l’impact de la dette extérieure publique sur la croissance économique au Maroc pour la période allant de 1988 – 2016. Les résultats de leur étude confirment que la dette externe à un effet négatif sur la croissance économique à court et à long terme, expliqué par l’ouverture commerciale et la corruption.

Mstafa Zouheir et Essaid Meskini (2021) examinent la relation entre la dette externe et la croissance économique au Maroc, pour la période 1980-2019. Ils montrent que la relation entre la dette extérieure et la croissance économique est négative sur le court et le long terme.

Un excès de la dette externe mènera à un détournement de fonds vers la dette au détriment des investissements et la consommation pénalisant la croissance.

D’autres études, Sara El aboudi et Imad Khanchawi (2021) évaluent les effets de la dette extérieure sur la croissance économique au Maroc pour la période allant de 1985 – 2019. Les résultats de leur étude montrent que la dette extérieure impacte négativement la croissance économique, ceci s’explique par la destination improductive de la dette.

3 Aminu, Umaru and Ahmad Aminu, Hamidu and Salihu, Musa. 2013, « External Debt and Domestic Debt Impact on the growth of the Nigerian Economy », MPRA Paper No. 75122

4 Suna Korkmaz. (2015), « The Relationship Between External Debt and Economic Growth in Turkey », Proceedings of the Second European Academic Research Conference on Global Business, Economics, Finance and Banking (EAR15Swiss Conference) ISBN: 978-1-63415-477-

La littérature empirique sur la relation entre la dette publique et la croissance économique a connu une nouvelle tendance, principalement concentrée sur la relation non linéaire entre la dette et la croissance. Parmi les études pionnières en la matière, celle de Reinhart et Rogoff (2010)5.

Ils analysent la relation entre la croissance économique et la dette publique, travaillant sur un ensemble de données historiques relatives à 44pays pour la période allant du 1946 à 2009. Les résultats de leur étude concluent qu’une dette supérieure à 90 % est généralement associée à une croissance moyenne de 1,7 % contre 3,7 % lorsque la dette est inférieure à 30 % du PIB.

Le même exercice est fait sur 24 économies émergentes pour la même période en utilisant des données sur la dette publique comparables à celles des données utilisées pour les économies avancées.

Les résultats illustrés pour les économies avancées sont les mêmes pour les économies émergentes.

En outre, d’autres études ont montré que le seuil optimal de la dette publique, estimé à environ 90 % du PIB par Reinhart et Rogoff (2010), ne doit pas être considéré comme un seuil fixe reflétant la réalité de tous les pays. Par exemple Alexandru Minea et Antoine Parent (2011), explorent le seuil de 90% du ratio dette/PIB fixé par Reinhart et Rogoff sur lequel la dette commence à impacter négativement la croissance économique6.

Les résultats de leur étude soulignent la présence de non linéarité dans l’effet de la dette sur la croissance économique pour les ratios d’endettement supérieur à 90%. La croissance se réduit lorsque le taux d’endettement est supérieur à 90%, et augmente lorsque les taux d’endettement sont supérieurs à 115% du PIB.

De même, Catherine Patillo, Luca Antonio Ricci et Hélène Poison (2011) examinent l’impact de la dette extérieure sur la croissance économique et l’impact différentiel de dette en dessous et au-dessus d’un seuil en utilisant des données de panel de 93 pays en développement sur la période allant du 1969 à 1998.

Les résultats de leur étude soulignent que la relation entre la dette publique et la croissance économique est concave.

L’impact de la dette sur la croissance par habitant est négatif pour des niveaux d’endettement supérieurs à 35-40% du PIB et l’effet de la dette sur la croissance est positif à des niveaux d’endettement plus bas, inférieurs à 35-40%PIB.

Dans une autre étude, Tarek Benali et Ahmed Zidi (2013) ont étudié l’impact de la dette extérieure sur la croissance économique des pays appartenant à la région MENA de la période allant du 1990 à 2010.

Les résultats de leur étude montrent que la relation entre la dette et la croissance prend forme de U inversée, expliquée principalement par la qualité et l’efficacité de l’investissement, en précisant un seuil de 59.14%.

5 Carmen M. Reinhart and Kenneth S. Rogoff. (2010). « Growth in a Time of Debt », American Economic Review: Papers and Proceedings 100 pp: 573-578.

6 Alexandru Minea, Antoine Parent. (2012), « Is High Public Debt Always Harmful to Economic Growth? Reinhart and Rogoff and some complex nonlinearities », halshs-00700471

En ce qui concerne le cas du Maroc, Mandri Badr (2015) évalue la non linéarité entre le taux d’endettement et le taux de croissance pour le cas du Maroc durant les périodes avant- pendant-post PAS. Le seuil optimal d’endettement au Maroc est aux alentours de 70% du PIB.

Parmi les études les plus récentes dans ce sujet, nous trouvons celle de Sanusi, K.A, Hassan, A.S et Meyer, D.F (2019) qui s’intéressent à étudier l’impact de la dette publique sur la croissance économique pour échantillon de 19 pays de la communauté de l’Afrique australe pour la période allant de 1998 à 20167. Leurs résultats révèlent qu’il existe une relation non linéaire entre la dette publique et la croissance économique à long terme.

A court terme la dette publique impacte positivement la croissance économique via les investissements et l’ouverture commercial, puis elle impacte négativement la croissance économique lorsqu’elle dépasse le seuil de 57% à long terme en raison de l’inflation.

De même, Kossi M. Agbékponou et Leleng Kebalo (2019) analysent les effets non linéaires de la dette du gouvernement central sur la croissance économique de 15 pays de la CEDEAO, pour la période allant du 2007 à 2016.

Les résultats de leur étude montrent que l’impact de la dette du gouvernement central est positif sur la croissance économique jusqu’à un certain seuil 30.71% du PIB, au-delà duquel toute unité additionnelle d’endettement aura un effet négatif sur la croissance, expliqué par un problème de rentabilité de l’investissement des fonds d’endettement au sein de l’économie.

Autre étude d’Ahmed Maaroufi et Ghazi Boulila (2021) examinent les effets de la dette publique sur la croissance économique pour le cas de la Tunisie en utilisant des données couvrant la période allant de 1986 à 2019.

Les résultats de leur étude montrent l’existence d’une relation non linéaire entre la dette publique et la croissance économique à long terme, en fixant un seuil de 64.4%. L’orientation des fonds de dette vers les investissements productifs, explique l’impact positif de la dette publique sur la croissance économique à court terme.

A long terme, une accumulation incontrôlée du niveau de la dette publique absorbera les recettes d’exportations et les dépenses budgétaires d’investissement, explique l’impact négatif de la dette publique sur la croissance économique. De même, Khalid Achibane (2021) a étudié l’impact de la dette publique sur la croissance économique au Maroc pour la période allant du 1990 à 2019.

Les résultats de son étude confirment que la dette publique à un impact négatif à court et à long terme, expliqué principalement par le taux de couverture commercial. David Mensah Awadzie, David Kwashie Garr, Thomas Dodzi Tsoekeku (2022), travaillent sur la relation entre la dette publique et la croissance économique au Ghana pour la période allant de 1990-2020.

7 Sanusi, K.A, Hassan, A.S, Meyer, D.F (2019). « Non-linear Effects of Public Debt on Economic Growth in Southern Africa Development Community (SADC) Countries », Int. Journal of Economics and Management 13 (1): 193-202

Les résultats suggèrent que lorsque la dette publique est inférieure à 57,09% du PIB, elle peut encourager la croissance économique. En revanche, lorsque la dette publique dépasse le seuil de 57,09% du PIB, elle est nuisible à la croissance.

Dans ce cas, les dépenses publiques ont un effet négatif et significatif sur la croissance économique.

Malgré les critiques adressées à l’étude de Reinhart et Rogoff (2010), plusieurs études empiriques confirment leurs résultats, en mettant en évidence une relation non linéaire entre la dette publique et la croissance économique et un effet négatif lorsque le seuil d’endettement se situe autour de 90 % du PIB. Par exemple, Cristina Checherita et Philipp Rother (2010) s’intéressent à étudier la relation entre le ratio de dette publique et le taux de croissance par

habitant sur un échantillon de 12 pays de la zone Euro sur une période de quatre décennies (1970-2007)8. Leur étude souligne que le taux d’intérêt est le principal canal à côté des dépenses d’investissements et la productivité totale des facteurs expliquant l’impact négatif de dette sur la croissance.

Un endettement dépassant les 90-100% du PIB aurait un signe négatif sur la croissance.

Quant à Manmohan Kumar et Jaejoon Woo (2010), ont abordé la question de l’impact de la dette publique élevée sur la croissance économique sur la même période allant de 1970 à 2007 en examinant les différences entre les économies des marchés avancés et des marchés émergents. Leur étude montre qu’il existe une relation inverse entre la dette et la croissance.

Une augmentation de 10 points de pourcentage de dette sur PIB ralentit la croissance annuelle du PIB par habitant de 0.2 point de pourcentage par an lorsque le taux d’endettement dépasse le seuil de 90% du PIB.

Les taux d’intérêts et les investissements présentent les canaux par lesquels constatent que la dette publique impact le taux de croissance. D’autres études, De même, Arcade Ndoricimpa (2017), examine dans son étude les effets de seuil de la dette sur la croissance économique en Afrique, sur un échantillon de 38 pays pour la période 1980-2010.

Les résultats de cette étude indiquent que la dette publique à un effet positif sur la croissance économique lorsque le ratio dette/PIB ne dépasse pas l’intervalle 90% à 102%.

En effet, les résultats montrent que l’investissement, l’ouverture commerciale, les investissements directs étrangers, rentes des ressources naturelles favorisent la croissance économique. Cependant, les dépenses publiques ont un effet négatif sur la croissance économique.

8 Cristina Checherita et Philipp Rother. (2010), « The Impact Of High And Growing Government Debt On Economic Growth An Empirical Investigation For The Euro Area » , NO 1237

Conclusion du chapitre :

Les résultats des études traités dans le chapitre de la littérature théorique et empirique, jugent que la relation entre la dette publique et la croissance économique est linéaire, alors que d’autres défendent l’idée que la dette publique a un double impact sur la croissance économique ; en démontrant que la dette publique a un effet positif sur la croissance économique jusqu’à l’atteinte d’un certain seuil où elle deviendra négative.

La question du seuil ne fait pas l’unanimité chez les différents auteurs, en annonçant l’inexistence d’un seuil identique pour tous les pays.

Dans le prochain chapitre, il semble nécessaire de présenter les résultats sous forme de faits stylisés avant de procéder à une démonstration empirique de la relation supposée entre la dette publique et la croissance économique.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’impact de la dette publique sur la croissance économique au Maroc
Université 🏫: Université Mohammed V – Rabat - Faculté des sciences juriqiues, économiques et socilaes
Auteur·trice·s 🎓:
B. Mazine & M. Abdelhaq

B. Mazine & M. Abdelhaq
Année de soutenance 📅: Mémoire de fin d’étude Pour l’obtention du Master spécialisé en Finances Publiques et Fiscalité 2022-2023
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