Poids de la dette extérieure sur la croissance économique

Poids de la dette extérieure sur la croissance économique
Faculté des sciences humaines et sociales
Département des sciences économiques

Thème : Dette publique et croissance économique

Mémoire préparé en vue de l’obtention du diplôme de licence en sciences économiques
Sujet :
Le poids de la dette extérieure sur la croissance économique : Le cas d’Haïti (2000-2015)
Le poids de la dette extérieure sur la croissance économique : Le cas d’Haïti (2000-2015)

 préparé et présenté par
Willominique LOUIS CHARLES

Sous la direction du professeur
Gustalain ACEUS

Septembre 2017
Promotion 2011-2015

Remerciements

Résumé

Face à un environnement macroéconomique peu favorable (déficit budgétaire, taux de croissance faible, détérioration des termes de l’échange, balance commerciale déficitaire etc.) et un besoin en infrastructure de base énorme, les pays en voie de développement, ont adopté l’endettement extérieur comme tremplin.
Au cours des 30 dernières années, Haïti a connu de profondes mutations affectant tous les secteurs de la vie nationale, plus particulièrement le politique et l’économique.
Cette longue crise multidimensionnelle a vu Haïti se faire dépasser rapidement et largement par la plupart des petites économies de l’Amérique latine et de la Caraïbe si bien qu’elle est aujourd’hui, la seule de l’hémisphère occidental à faire partie du groupe des PMA.
Compte tenu de la difficulté de dégager des ressources importantes pouvant promouvoir son développement, Haïti opta pour l’engrenage de la dette. Mais les ressources provenant des emprunts doivent servir à financer des investissements efficients, capables de faire rembourser la dette et son service.
Cependant, dans le cas d’Haïti et de plusieurs autres pays en voie de développement, le remboursement de la dette extérieure constitue un sérieux problème et les arriérés de paiement s’accumulent, car elle n’a pas été utilisée à des fins efficientes.
Ce travail de recherche se propose d’étudier la relation qui existe entre la dette extérieure et la croissance économique en Haïti durant la période allant de 2000 à 2015. L’hypothèse conductrice est que la dette extérieure produit un impact négatif sur la croissance du produit intérieur brut.
Pour valider cette hypothèse énumérée dans l’introduction du document, nous avons procédé à une analyse économétrique d’un modèle reflétant la réalité de l’économie haïtienne. Les résultats dévoilent que la dette extérieure d’Haïti agit négativement sur la croissance du PIB pour la période sous étude.
Mots clés : Haïti, dette publique, croissance économique, modèle économétrique

Table des matières

Introduction1
Présentation du sujet3
Justification du choix du sujet3
Raison d’ordre personnel3
Raison d’ordre académique.4
Raison d’ordre scientifique.4
Délimitation du sujet4
Problématique5
Question de recherche.6
Hypothèse de départ.6
Opérationnalisation du système d’hypothèse7
Objectifs de la recherche7
Objectif général7
Objectifs spécifiques.7
A. PREMIERE PARTIE
Chapitre I : Dette publique et croissance économique ; une approche théorique et conceptuelle.8
1.1. Cadre conceptuel8
1.1.1. Croissance et développement économique8
1.1.2. Les déterminants de la croissance économique.8
1.1.3. La dette publique.10
1.1.3.1. Quelques concepts imprégnés à la dette extérieure.11
1.1.4. Solvabilité et soutenabilité12
1.2. Antécédents théorique et approche empirique12
1.2.1. Antécédents théorique.12
1.2.1.1. La théorie des stades de la balance des paiements13
1.2.1.2. Point de vue des classiques.14
1.2.1.3. Point de vue des keynésiens.15
1.2.1.4. La dette et la courbe de Laffer .15
1.2.2. Approche empirique17
Chapitre II: Cadre méthodologique de la recherche19
2.1. Méthodologie et techniques.19
2.1.1. Méthodologie de collecte des données19
2.1.2. Méthodologie d’analyse et d’interprétation des données collectées19
B. DEUXIEME PARTIE
Chapitre III : Environnement socio-économique et international d’Haïti.20
3.1. La situation socio-économique haïtienne.20
3.1.1. Profil général du pays20
3.1.2. Contexte démographique21
3.1.3. Marché du travail22
3.1.4. Exclusion financière23
3.1.5. Indicateurs socio-économiques23
3.2. Le financement extérieur, les politiques d’ajustement et l’Accord Petrocaribe.26
3.2.1. Le financement extérieur et les principaux créditeurs.26
3.2.2. Le Traitement de l’endettement par les créanciers.28
3.2.3. Origine de l’endettement des pays en voie de développement (PED).29
3.2.4. La mise en œuvre des programmes d’ajustement Structurel en Haïti30
3.2.4.1. Le premier Plan d’Ajustement Structurel .30
3.2.4.2. Le deuxième Plan d’Ajustement Structurel (PAS)31 3.2.4.2.1. La rationalisation de la fonction publique32
3.2.4.2.2. La privatisation des entreprises publiques32
3.2.4.2.3. L’élimination des droits d’importation et des quotas32
3.2.4.2.4. Lois HOPE.33
3.2.5. L’initiative des pays pauvres très endettés (PPTE)34
3.2.5.1. Haïti et le processus PPTE36
3.3. Accords Petrocaribe37
3.3.1. Avantages et inconvénients de l’accord.38
3.3.2. Evolution de la dette Petrocaribe39
Chapitre IV : Croissance économique et dette extérieure en Haïti.40
4.1. La croissance et les secteurs de l’économie haïtienne40
4.1.1. Evolution de la croissance du PIB40
4.1.2. Analyse des secteurs de l’économie42
4.1.2.1. Le secteur primaire.42
4.1.2.2. Le secteur secondaire.43
4.1.2.3. Le secteur tertiaire43
4.2. Evolution de la dette de 2000 à 2014.45
4.2.1. Volume des emprunts bilatéraux et multilatéraux46
4.2.2. Répartition de la dette par secteur économique49
4.2.3. Le service de la dette en Haïti.51
Chapitre V : Analyse empirique dette et croissance économique54
5.1. Nuage de points de chaque variable exogène avec la variable endogène54
5.2. Spécification du modèle économétrique56
5.2.1. Ordre d’intégration de chaque variable du modèle56
5.3. Estimation économétrique du modèle59
5.4. Test de stationnarité des résidus modèle de régression.60
5.5. Tests sur les hypothèses des moindres carrés ordinaires62
5.5.1. Test de l’hypothèse d’absence de multi colinéarité des variables exogènes de Farrar-Glauber.62
5.5.2.Test de l’hypothèse de normalité des résidus de Bera-Jarque64
5.5.3.Test de l’hypothèse d’absence d’autocorrélation des résidus de Breush-Godfrey.65
5.5.4. Test de l’hypothèse d’homocédasticité des résidus de White67
5.6. Test de significativité individuelle des paramètres de pente du modèle économétrique68
5.6.1. Test de significativité du paramètre dette externe du secteur publique68
5.6.2. Test de significativité du paramètre de la variable PIB par habitant69
5.6.3. Test de significativité du paramètre de la variable consommation.70
5.7. Test de significativité de l’ensemble du modèle économétrique70
5.8. Analyse et interprétation des résultats71
5.9. Conclusion et perspectives.73

Liste des tableaux

Tableau 1 : Opérationnalisation des hypothèses.7
Tableau 2 :Les quatre stades de la balance des paiements.16
Tableau 3 : Population totale par sexe et population de 18 ans et plus en 2015.21
Tableau 4 : Indice de perception de la corruption en Haïti (2000-2015)24
Tableau 5 : IDH et quelques indicateurs socio-économiques en 201326
Tableau 6 : Résumé de l’ordre d’intégration de toutes les variables.57
Tableau 7 : Résultats de l’estimation du modèle économétrique.60
Tableau 8 : Résultats du test de stationnarité de la variable résidu en niveau61
Tableau 9 : Résultats du test de normalité de Jarque et Berra64
Tableau 10 :Résultats du test d’absence d’autocorrélation des résidus à l’ordre 165
Tableau 11 : Résultats du test d’homocédasticite de white non croisé.67

Liste des graphes

Graphe 1 : Courbe de Laffer de la dette extérieure14
Graphe 2 :Evolution du PIB réel (MG) et son taux de croissance en %.41
Graphe 3 : Evolution des secteurs économiques en % du PIB (2000-2013)44
Graphe 4 : Dette externe totale du secteur public (en millions de dollars EU).46
Graphe 5 : Part relative de la dette des principaux créanciers (en millions de dollars EU).47
Graphe 6 :Annulation de la dette externe d’Haïti par créanciers et par programme49
Graphe 7 : Paiement du service de la dette 2001-2014 (en millions de dollars EU).52
Graphe 8 : Evolution de la dette externe et la croissance économique.54
Graphe 9 : Evolution du PIB/habitant et la croissance économique.55
Graphe 10 : Evolution de la consommation et la croissance économique55

Liste des sigles et acronymes

AID : Association International de Développement
APD : Aide Publique au Développement
BID : Banque Interaméricaine de Développement
BIRD : Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement
BM : Banque mondiale
BRH : Banque de la République d’Haïti
CADTM : Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde
CMEP : Conseil de Modernisation des Entreprises Publiques
DGTCP : Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique
DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
DSRP-I : Document de Stratégie Intérimaire de Réduction de la Pauvreté
DSNCRP : Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et pour la Réduction de la ..Pauvreté
ECVH : Enquête sur les Conditions de Vie en Haïti
ECVMAS : Enquête sur les Conditions de vie des Ménages Après le Séisme
FASR : Facilité d’Ajustement Structurel Renforcé
FIDA : Fonds International pour le Développement Agricole
FMI : Fonds Monétaire International
IDH : Indice de Développement Humain
IDE : Investissements Directs Étrangers
IFI : Institutions Financières
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique
MCO : Moindres Carrés Ordinaires
MEF : Ministère de l’économie et des finances
MPCE : Ministère de la Planification et de la Coopération Externe
OCDE : Organisation de Coopération et de Développement Économique
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole
PAPDA : Plateforme haïtienne de Plaidoyer pour un Développement Alternatif
PPTE : Pays Pauvres Très Endettés
PED/PVD : Pays en Voie de Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
PMA : Pays Moins Avancés
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
USAID : Agence des États-Unis pour le développement international

Introduction

La plupart des théories économiques du développement affirment le rôle primordial du capital dans le processus du développement. Or, Haïti étant un pays sous-développé, le capital est un facteur de production en manque de disponibilité.
D’où le recours quasi constant du gouvernement au financement soit interne ou externe dont l’assistance constitue une modalité en vue de pallier cette carence. Ce financement peut être réalisé par des dons ou par des prêts, mais quelle que soit la forme adoptée le sort qui enclave son développement reste le même.
Du premier point de vue, selon Hermann Cebert, Haïti est enchaîné et paralysé par l’aide internationale qui lui empoisonne son développement compte tenu que la quasi-totalité de l’aide qu’elle reçoit est liée de près ou de loin a des contreparties qui lui sont néfastes et dévastatrices. Les sommes reçues en aide multilatérale ou bilatérale profitent généralement à leurs donateurs que le bénéficiaire.
De façon plus précise, lorsqu’un pays dit donateur décide d’accorder une aide à Haïti, ce pays sera doublement récompensé dans sa transaction de donation comme par exemple créer à l’étranger des emplois internationaux pour ses propres citoyens, vendre les produits et les fournitures intégrés à l’intérieur du don, profiter d’un marché, d’une mine, d’un secteur d’activité etc.
Il ne faut pas pour autant fermer la porte à la coopération internationale, toutefois, chaque pays doit se doter de politique de coopération efficace avec des besoins précis et des conditions définies afin de bien canaliser cette aide qu’il veut recevoir, de plus, son encadrement doit permettre le partage de compétence et d’expérience entre les coopérants et experts internationaux et les experts nationaux et locaux.
Du deuxième point de vue, la dette de 1825 a contraint Haïti à mettre le doigt dans l’engrenage de l’endettement international. En 1804, lorsque Haïti devient indépendant, personne ne reconnaît cette indépendance.
De ce fait, en 1818, le président haïtien Alexandre Pétion propose lui-même d’indemniser les colons en échange de la renonciation définitive à l’île par la France. En avril 1825, le roi de France, Charles X, décide de signer une charte de reconnaissance de l’indépendance d’Haïti.
Enfin, plus exactement de la partie française de Saint-Domingue car le mot Haïti n’est pas écrit ; et en contrepartie, il exige le paiement d’une indemnité de 150 millions de francs or, une somme colossale. Craignant un débarquement militaire, le nouveau président d’Haïti, Jean-Pierre Boyer accepte. Ainsi, Haïti signe la charte de Charles X.
C’était une somme démesurée que le pays devait payer en cinq ans, soit 30 millions par an. La première annuité a été payée dans les temps grâce à un emprunt international, mais ensuite Haïti n’a plus pu s’acquitter de sa dette. En 1838, le gouvernement de Louis-Philippe a négocié avec Haïti deux traités séparés.
Le premier reconnaissait l’indépendance d’Haïti, sans aucune condition ; le second était financier, et ramenait la dette à 90 millions de francs or payables sur trente ans. Donc tout aurait dû être réglé en 1868, mais, en fait, Haïti ne pouvait pas débourser une telle somme sur cette durée. Le pays a continué de payer la France en étant obligé d’emprunter, avec des intérêts, bien sûr, aux banques, dont la majorité étaient françaises.
C’est le serpent qui se mord la queue. Donc, la dette a perduré jusqu’en 1883, mais restait alors à régler les emprunts souscrits auprès des banques pour payer la France ; en 1915, quand les Américains ont débarqué à Haïti, le pays payait encore et toujours une dette extérieure. A la chute de J-C Duvalier en 1986, la dette externe du pays était évaluée à 800 millions de dollars.
Les mesures d’austérité en matière de politique budgétaire, de stabilisation et de réformes structurelles mises en œuvre par le biais des programmes d’ajustement structurel et les restructurations de la dette bilatérale, à partir de la décennie 1980, n’ont pas permis de contenir l’expansion de la dette extérieure.
Renforcée à Cologne en 1999 après avoir été lancée en 1996 au sommet du G7 à Lyon, sous l’égide de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire International, l’initiative PPTE vise à ramener la dette extérieure des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE) dont Haïti fait partie à un niveau dit soutenable. Après une vaste campagne d’annulation et d’allègement de dette en 2009 et 2010 la dette d’Haïti fut réduite à un niveau considérable.
Mais avec l’accord Petrocaribe la dette du pays est évaluée à 1.8 milliards de dollars EU en 2014 dont le principal créancier reste le Venezuela. Depuis son indépendance théorique en 1804, les occupations, les dictatures et les crises politiques se sont succédées à tel point qu’Haïti est aujourd’hui le pays le plus pauvre de la région. De nombreux facteurs ont contribué à perpétuer le marasme économique dans lequel le pays est plongé.
Les puissances dominantes, les institutions financières internationales (IFI) et l’élite locale ont une part de responsabilité écrasante dans la paupérisation de la population haïtienne. Le fait qu’Haïti soit si vulnérable aux chocs extérieurs n’est pas sans relation avec les siècles d’exploitation puis les décennies d’application de politiques néolibérales.
L’objectif de ce mémoire est de démontrer les effets de la dette extérieure sur la croissance économique haïtienne pour la période de 2000 à 2015. Ce document est divisé en deux parties, réparties en cinq chapitres en plus de la partie introductive relative au contexte, à la problématique et aux hypothèses de l’étude.
Le premier chapitre traite des termes et concepts intrinsèquement liées à l’étude, fait la revue de la littérature à la fois théorique et empirique du thème étudié. Le chapitre second présente la méthodologie utilisée pour la rédaction de ce travail et celle utilisée pour tester les hypothèses. Le troisième chapitre traite de la situation socio-économique haïtienne tout en essayant de situer Haïti au regard de l’international pour une meilleure compréhension du chapitre succédant.
L’évolution et l’analyse de la dette extérieure et la croissance économique est présentée pour la période sous étude au quatrième chapitre. Le dernier chapitre est réservé à l’analyse empirique, et l’interprétation des résultats est effectuée à travers des tests économétriques en vue de la validation du modèle.

2.1. Présentation du sujet

A travers le thème choisi le sujet découlant se porte sur : Le poids de la dette extérieure sur la croissance économique : Le cas d’Haïti (2000-2015).

2.2. Justification du choix du sujet

Tout travail scientifique demande de produire une argumentation justifiant le choix du sujet retenu. On produira les éléments qui permettent de faire un tel choix sur le plan personnel, académique et scientifique.

2.2.1. Raison d’ordre personnel

La problématique de la dette est à l’ordre du jour à chaque rendez-vous économique international puisqu’il s’agit d’un élément central des enjeux économiques du monde actuel. Depuis plusieurs années, cette dernière fait l’objet d’un grand nombre de travaux et suscite diverses interprétations.
Haïti n’est pas épargné par rapport à cette préoccupation d’où l’intérêt qui nous pousse à aborder ce sujet pour satisfaire notre curiosité intellectuelle et de répondre aux exigences académiques faites pour l’obtention de la licence universitaire.

2.2.2. Raison d’ordre académique

Toute université a pour principale mission l’apprentissage et la recherche. Parmi les multiples maux qui rongent la société haïtienne, une étude de manière plus exhaustive s’impose sur le questionnement de la dette qui est un thème peu débattu dans les sujets d’actualités.
Dans cette étude on ne propose pas de résoudre le problème de la dette publique haïtienne mais plutôt d’identifier, d’interpréter et d’analyser certaines données fiables pour tenter de présenter le poids effectif de la dette extérieure sur la croissance économique haïtienne.

2.2.3. Raison d’ordre scientifique

Il est admis parmi les économistes que la croissance économique est l’objectif par lequel passe toute politique économique, puisque la mesure de la richesse d’une population en dépend. Dans la littérature, l’endettement est lié à un déséquilibre budgétaire. Ce travail sur la dette publique et la croissance économique présente double intérêt.
D’une part il est d’ordre théorique, dans le sens que c’est une contribution au débat sur les inconvénients et les avantages de recourir à la dette extérieure d’autre part d’ordre pratique car cette étude, propose d’identifier les obstacles à la croissance économique par la dette extérieure dans le contexte de la République haïtienne en vue d’orienter de décisions de pratique budgétaires.

2.3. Délimitation du sujet

Cette étude est limitée dans le temps et dans l’espace afin de lui rendre toute la pertinence scientifique et de respecter les règles de l’objectivité. Ce travail est circonscrit dans une période allant de 2000-2015, période qui nous semble d’actualité pour traiter de l’importance de la question de la dette haïtienne. On se focalisera sur le financement externe d’Haïti (la dette extérieure) pour tenter d’expliquer l’instabilité du taux de croissance.

2.4. Problématique

La plupart des pays qui ont gravi les échelons du développement ont eu recours à diverses étapes de leur croissance, aux capitaux étrangers. Plusieurs raisons peuvent servir à justifier le recours par un pays aux emprunts extérieurs.
Le portefeuille de la dette publique est l’un des portefeuilles important d’un pays, il contient fréquemment des montages financiers complexes. Quand l’Etat est en situation de déficit budgétaire, il est contraint de s’endetter pour financer son développement, son déficit.
Ainsi, pour continuer à financer ses dépenses, il doit emprunter sur le marché financier en contrepartie du versement d’intérêt, dont les intérêts représentent le coût de la dette; plus le déficit budgétaire est important plus le niveau de la dette de L’Etat croit. Dès sa genèse, Haïti doit payer le prix fort en héritant de la dette française de l’indépendance correspondant à 150 millions de francs ce qui équivaut à environ 21 milliards de dollars d’aujourd’hui.
Proportionné avec plus de 76 % de sa population vivant avec moins de US$2 par jour (pauvreté) et 55 % avec moins de US$1 par jour (extrême pauvreté), Haïti est classé, par la Conférence des Nations Unies pour le commerce extérieur (CNUCED), comme le seul pays moins avancé (PMA) de la région des Caraïbes.
Depuis 1980, l’économie n’arrive pas à générer un taux de croissance moyen de 2% même quand on n’ignore pas le poids des troubles socio-politiques et des fureurs de la nature dans la morosité de la croissance haïtienne durant ces 30 dernières années.
La dette externe pourrait constituer une bouée de sauvetage pour Haïti qui a tant besoin d’infrastructures dans la santé, l’éducation, les travaux publics etc. Cependant, lorsque l’économie ne bouge pas, la croissance reste molle et la population augmente avec une dette relativement importante.
De 2000 à 2008 la dette extérieure est passée de 1.1 milliards à 1.8 milliards de dollars EU. Après l’annulation de la dette par nos principaux bailleurs, la dette a affiché un score de 657 millions de dollars en 2011, pourtant trois ans plus tard la dette est repartie à la hausse au point d’afficher environ 1,8 milliards de dollars EU dont 90 % envers le Venezuela.
On doit s’inquiéter pour les générations futures qui auront du mal à maintenir le service de la dette du pays. Parallèlement le taux moyen de croissance de 2000 à 2015 est de 1.1%.
Pendant que le décollage de l’économie haïtienne tarde à venir, les dépenses publiques post séisme affichent des fortes tendances surtout dans le domaine de l’infrastructure. Ces dépenses laissent aux yeux de certains spécialistes une analyse perplexe : certains vont dans ce sens qu’elles sont favorables à la croissance et d’autres dans le sens contraire parce que la croissance économique évolue de manière mitigée et la dette continue sa montée vertigineuse.

2.4.1. Question de recherche

Au regard de ce fort taux d’endettement d’Haïti et de ces moult louvoiement du taux de croissance, quel est l’impact de la dette extérieure sur la croissance économique pour la période sous étude?

2.5. Hypothèse de départ

L’hypothèse cherche à anticiper une proposition de réponse au questionnement du problème soulevé sans pour autant atténuer l’esprit de curiosité et de découverte. Cette étude se repose sur une hypothèse générale et secondaire qu’on aura à vérifier et valider à travers le modèle économétrique de façon à respecter la rigueur scientifique.
Hypothèse générale
La dette extérieure haïtienne a un impact négatif sur la croissance économique.
Hypothèse secondaire
La dette extérieure n’a pas une relation linéaire avec le taux de croissance.
De façon générale, cette hypothèse a parfois été démontrée avec des études économétriques sur des panels de pays, notamment en Afrique. Mais Haïti ne figure pas parmi ces panels de pays, d’où l’importance de cette étude qui nous permet de voir si les résultats obtenus par ces derniers sont aussi concluantes pour le cas d’Haïti.

2.5.1. Opérationnalisation du système d’hypothèse

L’opérationnalisation est un élément très important dans le domaine de la recherche, il consiste à déterminer les indicateurs ou instruments de mesure nécessaires à la traduction d’un concept afin de pouvoir le mesurer, le valider ou l’invalider.
Tableau 1 : Opérationnalisation des hypothèses

HypothèsesVariablesIndicateurs
H1- La dette extérieure à un impact négatif sur la croissance économiqueIndépendante : La dette extérieure
Dépendante : La croissance économique
-Déficit budgétaire
-Produit intérieur brut(PIB)
-Service de la dette
H2- La dette extérieure n’a pas une relation linéaire avec le taux de croissance.Indépendante : La dette extérieure
Dépendante : Le taux de croissance

2.6. Objectifs de la recherche

L’étude poursuit les objectifs suivants :

2.6.1. Objectif général

Évaluer le problème de la dette extérieure d’Haïti et ses incidences sur la croissance économique.

2.6.2. Objectifs spécifiques

– Vérifier et analyser l’existence de la relation entre la dette extérieure et la croissance économique – Plaidoyer pour une meilleure gestion du service de la dette haïtienne

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