Mélange de registre de langue: courant, familier et vulgaire registre

Mélange de registre de langue: courant, familier et vulgaire registre

3-3- Un mélange de registre de langue

Tout écrivain utilise une langue adaptée à la situation de communication, au milieu social qu’il dépeint. Il se détermine par rapport aux règles en usage à l’époque où il écrit.

C’est ainsi que se développe, à l’âge classique, l’idée d’un « bon langage » qui rejetterait aussi bien les excès des puristes que l’utilisation des patois et des régionalismes. Aujourd’hui, le choix entre plusieurs registres de langue permet des effets d’humour et d’ironie.

Il est l’occasion de créer un univers original, d’instaurer une relation de complicité avec le lecteur. Pour Joshua Fishman, un registre est une variété de langue choisie par le locuteur en fonction de la situation de communication.(Fishman, 1971)

Pour reconnaître les divers usages de la langue, on distingue cinq registres auxquels correspondent des traits linguistiques repérables qui vont varier selon les époques et les lieux.

Ainsi, dans notre corpus, nos auteurs mélangent plusieurs registres de langue qui expliquent de ce fait le caractère hétérogène de leurs œuvres.

3-3-1- le registre soutenu

Le registre soutenu est celui des situations exceptionnelles : grands discours, textes de haut niveau scientifique, philosophique ou religieux, certains textes littéraires. Les mots et expressions sont recherchés et mentionnés généralement comme tels au dictionnaire ; la syntaxe est recherchée.

Mon véhicule, mon compagnon de route, un préposé l’a conduit au cimetière en raison de l’irréparable outrage du temps. C’est aussi un registre qui repose sur l’usage de nombreuses figures de style dans un texte qui contribuent au rythme des phrases ou des strophes dans le cadre d’un poème.

Le langage dans Juste la fin du monde, s’appuie sur l’oralité de la pièce. Les répliques des personnages tentent le plus possible de se rapprocher du langage oral. Cette oralité se marque par un certain rythme, elle s’incarne aussi par la longueur des répliques et par la disposition des mots sur la page, qui forme une sorte de poème.

En analysant la disposition graphique, on peut se demander pourquoi l’auteur a voulu mettre en valeur telle phrase ou tel groupe de mots, et le plus souvent au sein de la réplique, l’idée principale que souhaite exprimer le personnage arrive au bout d’un certain temps de réflexion et de recherche des mots justes. C’est une écriture qui s’étend comme un fil et qui est sinueuse.

L’une des particularités du registre soutenu repose sur l’emploi du langage imagé. C’est ainsi que le corpus est inondé par des répétitions, des anaphores, des métaphores qui viennent donner une beauté au texte.

Lagarce dans Juste la fin du monde utilise l’épanorthose qui est une figure de pensée qui consiste à revenir sur ce que l’on vient de dire, soit pour nuancer le propos, soit au contraire pour le réexposer avec plus d’énergie et de précision.

L’étymologie du mot désigne la correction, il s’agit donc non pas de réitérer les mêmes propos, mais de les reprendre pour les retravailler.

L’épanorthose est un procédé stylistique récurrent mais dans le théâtre de Lagarce il s’agit d’une épanorthose avant tout déceptive.

Malgré une recherche frénétique de la vérité et du mot juste, les personnages sont toujours déçus par leur prise de parole et ils ne réussissent jamais à exprimer correctement le mouvement de leur pensée.

Les personnages cherchent en permanence à se corriger, à reprendre leurs propos pour ajouter une nuance ou une nouvelle information, qui ne changent que très peu l’idée précédente.

C’est comme s’ils rayaient tout ce qu’ils disaient, qu’ils se corrigeaient, mais s’ils laissaient apparaitre leurs natures, comme pour montrer le chemin effectué par leur pensée. Juste la fin du monde est une pièce qui met en scène le drame de la parole et du langage.

Les personnages perdent de l’énergie à chercher infiniment les mots justes, et à force de vouloir la perfection formelle, ils s’épuisent et entrent en tension avec l’autre.

Cette impossibilité à trouver les mots justes montre en réalité qu’il n’y a pas de coïncidence immédiate entre la pensée, les idées, et le langage utilisé.

La recherche des personnages est donc dès le début posée comme vaine et inutile. Derrière chaque réplique, il faut alors chercher les non-dits et les sous-entendus, dont l’écriture de Lagarce est remplie.

C’est une écriture de l’implicite, qui associe une sorte de secret au cœur même de l’écriture. Les personnages ne disent jamais ce qu’ils pensent véritablement, et le lecteur-spectateur se doit être attentif aux moindres détails.

Lagarce emploie aussi, sous la forme d’un poème, l’anaphore qui consiste à répéter un même segment ou un même mot, en tête de vers, ou en tête de phrase.

Ce prologue sous forme de verset dans Juste la fin du monde, est l’expression de l’état d’âme du personnage principal Louis, celle d’une attente qui semble sans fin. C’est pourquoi il aligne les anaphores qui suivent la cadence :

  • De nombreux mois déjà que j’attendais à ne rien faire, à tricher, à ne plus savoir,
  • De nombreux mois que j’attendais d’en avoir fini
  • Me donner et donner aux autres, et à eux, tout précisément, toi, vous, elle, ceux-là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis),
  • Me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être, jusqu’à cette extrémité, mon propre maître (Lagarce, 1990 : 5)

Nous remarquons que ces vers qui se suivent, commencent tous de la même manière et traduisent l’état de trouble ou d’embarras dans lequel est plongé le personnage. Tout ceci traduit la difficulté qu’a le personnage Antoine à annoncer sa mort prochaine à sa famille.

Dans Le paquet, L’anaphore intervient aussi au niveau des extraits poétisés. D’une manière ou d’une autre, contribue à justifier l’impuissance de l’homme face à certains faits de la vie. Cet exemple qui suit en est une illustration.

  • Nous ne sommes rien.
  • Nous ne sommes que des égarés. -Des suppliants.
  • Nous bougeons les bras, nous regardons le ciel. -Nous balbutions.
  • Nous implorons, mais en vain. (Claudel, 2010:27)

Dans cette suite d’anaphores, la même idée revient aussi comme une anaphore, celle de la déchéance de l’homme. Après des moments de gloire, arrivent des moments de gloire. On n’y peut rien, mais on peut tout de même s’en plaindre.

  • Nous sommes la nuit.
  • Nous sommes l’épais manteau de noir tout agité de secousses.
  • Nous sommes des rois tombés
  • Nous survivons dans les débris de nos empires.
  • Le saccage est notre nature ». (2010:56)

L’anaphore est marquée sur le pronom personnel « Nous » apparaît comme une volonté pour le personnage de parler d’une cause commune. Il interpelle ainsi le lecteur/spectateur sur le sort de l’homme dans la société.

En plus de l’anaphore, nous avons les répétitions qui affluent au sein du corpus. C’est une figure de rhétorique qui consiste à répéter plusieurs fois soit les mêmes mots, soit les mêmes tournures.

Dans Le paquet, le verbe « valider » employé dans le vers « Validez madame, validez je vous prie » est répété deux fois. De même, tout le vers entier « Validez madame, validez je vous prie » est répété trois fois dans le texte à la même page en question.

Ce double emploi du verbe « valider », ajouté à la triple reprise du vers tout entier par le personnage, témoignerait du trouble affectif né en lui dès son premier contact avec cette femme qu’il a rencontrée chez Jeannot, l’employer du loto en charge de la validation des tickets.

Dans L’Eden Cinéma, nous avons les répétitions très fréquentes, qui contribuent à créer un effet répétitif de l’ouvrage, qui est sa caractéristique fondamentale. Ce qui est significatif c’est la répétition des mots et des phrases comme en témoignent l’exemple suivant « la marée de Juillet monta à l’assaut de la plaine et noya la récolte. ».

(Duras, 1977:20-27) La répétition a d’ailleurs maintes fonction à remplir « la redite mécanique de la phrase souligne l’ampleur du drame, sa régularité et révèle le caractère obsessionnel de cet épisode familial.

Le refrain induit ainsi le reflet de la temporalité tragique de l’histoire des barrages comme de la structure névrotique de la mère. » (Cousseau, 1999:353).

Dans L’Eden Cinéma, certaines répétitions sont lexicales : SUZANNE à la saison sèche des travaux commencèrent. Trois mois. La mer descendait avec les paysans, à l’aube, et revenait avec la nuit. Trois mois. (Duras, 1977:26-27) ou syntaxique : « elle en était sûre.

Elle n’avait jamais consulté aucun technicien. Elle n’avait lu aucun livre : elle en était sûre. Sa méthode était la meilleure. La seule. » (Duras, 1977:24). On note aussi les rimes qui soulignent la musicalité de la réplique:

« La mère a dû se rendre à l’évidence parce que régulièrement envahie par les marrées de Juillet, sa concession était incultivable. Elle avait acheté deux cent hectares de marécages salés. Elle avait jeté ses économies dans les marées du pacifique. (Duras, 1977:20).

Mélange de registre de langue courant, familier et vulgaire registre

L’ellipse est aussi présente au sein de notre corpus. C’est une figure de construction qui consiste à omettre volontairement un ou plusieurs mots dans une phrase, afin d’abréger et de simplifier le raisonnement sans nuire à la clarté. De là, la compréhension doit être capable de suppléer à cette omission voulue et cohérente.

Du point de vue grammatical, le retranchement est, normalement, autorisé par l’usage. Il existe deux sortes d’ellipse. Les unes qui consistent à ne pas répéter un ou plusieurs mots déjà exprimés, les autres ou les mots sous-entendus ne sont pas exactement les mêmes que ceux qui sont supprimés

Dans Juste la fin du monde de nombreuses ellipses sont employées au point où les phrases sont parfois hachées.

Le titre ressemble à l’expression « Ce n’est pas la fin du monde » pour dire « Ce n’est pas grave ». Ce titre est à double sens.

L’adverbe « juste » et l’ellipse atténuent de façon ironique la brutalité de l’action qu’introduit le titre. Il annonce que ce n’est rien de grave, c’est juste la fin du monde. Mais ce monde se réduit à celui de Louis, à sa vie menacée, et non à celui de l’humanité.

C’est aussi le cas du premier verset du prologue « Plus tard, l’année d’après » qui témoigne de ce manque de concision ou d’inspiration chez Antoine qui semble confus d’entrée de jeu.

3-3-2- Le registre courant

*Le registre courant ou standard est celui de la communication entre des personnes qui n’ont pas de liens de familiarité (la correspondance dans la vie professionnelle ou sociale, l’enseignement, le journalisme) ; son vocabulaire est celui des dictionnaires usuels, la syntaxe est correcte. Ma voiture est une perte totale ; je l’ai vendue pour les pièces.

Dans L’Eden Cinéma, ce registre est beaucoup plus utilisé par Mr JO « c’est terrible… je ne peux pas, Suzanne, je ne peux pas renoncer à vous…c’est plus fort que moi » (Duras, 1977 :93). Mr JO est un homme riche qui vient de la ville. A travers l’usage d’un style simple et courant, il dévoile son niveau d’étude, certainement supérieur à ceux de Joseph et Suzanne.

Ce registre est aussi récurrent dans Le paquet qu’on peut présenter comme une pièce où le personnage mêle à volonté plusieurs registres.

Dans cet extrait qui suit « Dans la cour de l’école, lorsque j’étais enfant, vous allez penser que j’exagère, mais tout le monde venait vers moi. » (Claudel, 2010:11).

Le registre courant permet au personnage de s’exprimer avec aisance sur scène et facilite de ce fait, la transmission du message même s’il renferme un peu d’humour : « Jamais n’ai eu à le dire.

Jamais puni. Même par l’adjudant Brouchiette qui était pourtant une vraie peau de vache. » (Claudel, 2010 :18).

3-3-3- Le registre familier et vulgaire

*Le registre familier est celui de la vie quotidienne (parents, amis, collègues de travail) ; il comprend beaucoup de mots ou expressions employés oralement que l’on n’utilisera pas dans un texte écrit standard.

Quand il est inscrit au dictionnaire usuel, ce vocabulaire est accompagné de la mention « fam. », mais il peut aussi être consigné dans un dictionnaire spécialisé.

Font partie de cette catégorie des expressions imagées (ex. : le mot joual employé pour désigner une façon de parler), le tutoiement, des répétitions, des mots passe-partout, des enchaînements implicites. Mon auto est finie, j’l’envoie à la casse.

Les personnages dans Juste la fin du monde « parlent d’une manière particulière qui est toujours la même, d’où l’impression, d’une pièce à l’autre, d’une parole à laquelle s’identifient les personnages » (Pavis, 2020 :75).

« La Mère : – ne me dis pas ça, ce que je viens d’entendre, c’est vrai, j’oubliais, ne me dites pas ça, ils ne se connaissent pas. / Louis, tu ne connais pas Catherine ? Tu ne dis pas ça, vous ne vous connaissez pas, jamais rencontrés, jamais ? ».

Ce discours de la Mère, dans un style familier, est marqué par des répétitions, des paraphrases, des traits d’union et les interrogations. Pourtant, la même poétique quant à son contenu et son style, semble parcourir les discours des autres personnages, tels Suzanne. « Suzanne : – Tu lui serres la main, il lui serre la main.

Tu ne vas tout de même pas lui serrer la main ? Ils ne vont pas se serrer la main, on dirait des étrangers, / tu ne changes pas, il ne change pas, comme ça que je l’imagine, il ne change pas, Louis »: de ce fait Julie Sermon souligne dans son article L’entre deux lagarcien : le personnage en état d’incertitude, que cette uniformité monotone présente « une communauté linguistique autonome, d’une langue étrange dont les personnages sont autant d’occurrences, qu’on devient familier ».

De là, ce n’est pas le langage qui sert aux personnages, par contre, ce sont les personnages qui servent le langage dans l’univers théâtral de Lagarce.

Cette unité linguistique rappelle à ce titre la distinction du « personnage » et de « figure » faite de la part de Roland Barthes dans son essai sur Racine selon Julie Sermon qui indique que « Roland Barthes parlait déjà de « figures » et non des « personnages »à propos des protagonistes raciniens, pour les mêmes raisons : il s’agit de créatures de langue, qui s’appréhendent, moins à titre d’individus que comme « fonctions » dramatiques différentielles, porteuses d’une même matière obsessionnelle et d’une même rythmique que d’énonciation ».

Le registre vulgaire utilise des termes qui choquent : jurons, sacres, expressions scatologiques ou sexuelles, et privilégie les interjections en guise de structure de phrases. Ainsi, une expression vulgaire est un langage sans délicatesse, sans éducation, grossier.

Dans Le paquet, on est en face d’un personnage qui parle de ses fantasmes, mélange envie et désirs, passions et amours, sottises et blagues pour faire un « tout ».

C’est un homme vulgaire ou qui en a l’air. Il ne cesse d’ailleurs à tirer à brûle pourpoint sur la gente féminine qu’il considère comme des objets de plaisirs sexuels.

« Judith bardeau est une salope, je suis trop con pour la baiser. ». La récurrence de ces expressions est typique du jargon des gars et gamins des quartiers pauvres.

3-4- un mélange de registre dramatique

Le registre dramatique vise à créer une tension et un sentiment d’attente. L’auteur envoie une succession de péripéties et de rebondissements. L’enchaînement rapide des actions maintient le suspense et provoque la surprise chez le lecteur.

Il donne aussi une certaine tonalité au texte, cherchant à susciter des sentiments variés chez le lecteur. Les principaux registres sont : le comique, le tragique, le lyrique, le satirique, l’épique et le fantastique.

Pour mieux les analyser, on fera appel à la théorie proposée par Schaeffer à savoir : la « relation de modulation par application » des règles, à laquelle correspondent des définitions « prescriptives » et des descriptions « énumératives ».

Le registre satirique consiste à critiquer une idée, une personne ou une société précise avec railleries. On retrouve le plus souvent dans un texte satirique les procédés de l’ironie et le grossissement des traits.

Dans Le paquet, l’unique personnage sur scène est doté d’un esprit satirique, avec sa verve, il tire sur tout ce qui bouge. Les hommes, l’Etat, rien n’en est épargné : « Nous sommes vraiment un très petit pays, dirigé par un très petit homme.

Nous méritons d’être ce que nous sommes devenus. C’est-à-dire rien. Rien du tout. » (Claudel, 2010 :43). Ici, le personnage tourne en dérision les actions du gouvernant ou encore du chef de l’Etat qui se présente comme le prince qui dirige la cité.

On peut ainsi imaginer que le pays auquel appartient notre personnage dramatique est victime d’une décadence économique ou politique. Cette satire se répète tout au long du texte par d’autres événements qui ont marqué notre personnage.

Le registre comique provoque le rire et l’amusement du lecteur ou du spectateur. En plus de sa fonction liée au divertissement, ce registre peut aussi dénoncer les défauts d’une personne, d’une situation ou de la société.

Le comique aussi est présent chez notre héros dans Le paquet, qui se rappelle des moments passés au service militaire avec des expressions qui animaient la galerie : « Brigitte Bardot est une salope et j’suis trop con pour la baiser ! ».

Ce petit énoncé est une phrase récurrente dans le discours d’un des encadreurs du personnage quand il était de passage au service militaire.

Mais seulement, ce qui renforce le caractère comique de ce passage, c’est le mot « con ». Cela sous-entend que pour ne pas être traité de « con », il faut éviter de coucher avec « Brigitte Bardot ».

Le comique est aussi au rendez- vous dans L’Eden Cinéma lorsque Joseph et Suzanne compare la vieille voiture de leur mère à celle de Mr JO…

La particularité du registre lyrique est d’émouvoir le spectateur en exprimant les sentiments personnels. Ici, il s’agit de l’expression des états d’âme et des émotions : les regrets, les plaintes, la joie ou encore la nostalgie.

Le champ lexical, principalement celui des émotions et des sentiments y est fréquent.

Dans Le paquet, le personnage nous fait part de certains moments clés de sa vie. C’est une vie riche en temps forts et parsemée de beaucoup de réussite et d’échec, mais aussi de souvenirs indélébiles, comme c’est le cas dans ces champs lexicaux de la beauté où le personnage décrit la beauté de sa femme : « elle était belle ma femme, je vous assure. Très belle.

Grande, brune, une allure d’actrice de cinéma, de chanteuse lyrique ou encore de technicienne de surface, il y en a de sublimes ! Une classe naturelle ! » (Claudel, 1977 :22). Ce sentiment qui anime le personnage ne s’arrête pas là.

Plus loin, il se rappelle des séances de psychanalyse avec Roger Freud : « Nous passons des heures délicieuses avec Roger Freud. Notre effort est intense. Lui se concentre sur son silence, et moi sur mes mots. Je lui dis tout.

Lui et moi, nous ne reculons devant rien. Nous sommes des aventuriers de l’âme, des baroudeurs de la psyché…je sors de son stade neuf comme une pièce de cinquante centimes d’euro… » (Claudel, 1977 :60-61).

De même, dans L’Eden Cinéma, le récit que font Joseph et Suzanne, est L’expression de leurs émotions personnelles.

Il s’agit non seulement de la description de la vie de La mère, mais aussi de son caractère : « SUZANNE – Pleine d’amour. Mère de tous. Mère de tout. Criante. Hurlante. Dure. Terrible. Invivable. JOSEPH – Pleurant sur le monde entier. Sur les enfants morts de la plaine. Sur les bagnards de la piste. Sur ce cheval mort ce soir-là. » (Duras, 1977 :17)

Dans Juste la fin du monde, LA MERE s’adresse à Catherine, en présence d’Antoine, ses sentiments sur le passé qui a régné au sein de la famille.

Surtout celui du dimanche qui reste indélébile pour elle : « Le dimanche…on travaillait, leur père travaillait, je travaillais et le dimanche – je raconte, n’écoute pas – le dimanche, parce que, en semaine, les soirs sont courts, on devait se lever le lendemain, les soirs de la semaine ce n’était pas la même chose, le dimanche, on allait se promener. Toujours et systématiquement. » (Lagarce, 1999 :34).

Le registre tragique quant à lui, met en scène des situations désespérées où, parfois, un personnage subit un sort, une fatalité et est voué à la mort. Il porte un lourd fardeau qui l’embarrasse et cela suscite la compassion du lecteur.

C’est le cas dans Le paquet où le héros traine une lourde charge durant toute la scène. Une charge dont il ne peut ou refuse de s’en débarrasser.

Dans Juste la fin du monde, Louis est accablé par sa mort prochaine qui le rend muet et incapable de faire l’aveu à sa famille.

De même, Dans L’Eden Cinéma, La mère semble subir le poids de la fatalité d’autant plus que malgré ses multiples tentatives à repousser les inondations à travers la construction des barrages, les marrées du mois d’août semblent impitoyables à son égard.

Elle s’endette et s’appauvrit de plus en plus au profit du cadastre. Cette situation qui perdure plonge La mère dans un cauchemar dont la seule échappatoire est la mort.

Ainsi, toutes les phrases qui font allusion à ces épisodes tragiques contribuent à l’émergence du registre tragique dans le corpus.

Ainsi, les personnages de notre corpus utilisent un langage diversifié au niveau du style. On assiste tantôt au langage poétique comme c’est le cas du héros dans Le Paquet, tantôt au langage courant ou familier et vulgaire, illustré par le dialogue haché entre Louis et ses frères, ou encore on peut se laisser bercer par la prose poétique de Joseph dans L’Eden Cinéma ou encore par le langage coléreux et insensé de La mère.

On dira que ces personnages qu’on vient de citer, se rapprochent beaucoup plus des personnages poétiques.

Et à cet égard, l’écart est constaté au niveau de la « relation de modulation par application » des règles » comme une « violation » dans la mesure où on s’attendrait beaucoup plus aux tonalités comique, tragique, satirique ou encore dramatique.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Le mélange des genres dans la dramaturgie française contemporaine à travers L'Éden Cinéma
Université 🏫: Université de Maroua
Auteur·trice·s 🎓:
Tchingdoube valentin

Tchingdoube valentin
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de master ès lettres
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