La relation soignant/soigné, le patient face à la douleur

La relation soignantsoigné, le patient face à la douleur

6 La relation soignant/soigné

Soulager la douleur est essentiel mais pour que cela soit possible, elle doit être exprimée par le patient et entendue par le soignant.

Nombre de patients ne sont pas soulagés de leurs douleurs. Ce constat a été fait dans quatre études distinctes. Celle de Meaume et Al, datant de 2004 a révélé que 55% des patients n’avaient aucun antalgique malgré le caractère douloureux de leur ulcère.

Ce pourcentage est de 50% dans celle de Nemeth et Al, en 2003, 47% en 2004. Celle de Hoffman et Al en 1997 ne dénombre que 38% de patients non soulagés. cf. annexe 4.

Cela démontre bien le fait que nombre de patients souffrent sans accéder forcement à un traitement antalgique. Cette défaillance peut être liée à un défaut de communication soignant/soigné.

De la relation établie va dépendre la qualité de la prise en charge de la douleur. Or, cette relation unique est l’interaction de deux personnes singulières.

Chacune a son vécu, ses valeurs, ses craintes qui influencent et conditionnent la relation.

  • Le patient face à la douleur = l’accepter ou la combattre Le patient face au soignant = dire ou ne pas dire ?

« La douleur est intime, certes, mais elle est aussi imprégnée de social, de culturel, de relationnel, elle est le fruit d’une éducation » David Le Breton, Anthropologie de la douleur, p11.

  • La crainte des traitements, de la médicalisation

Certains patients peuvent préférer des traitements antalgiques de base et craindre des traitements plus efficaces mais occasionnant des effets secondaires. Cette peur de perdre une partie de sa vigilance, de son autonomie en prenant certains traitements tels que les morphiniques est présente chez des personnes âgées qui préfèrent alors souffrir mais rester à domicile.

Cela peut entraîner une faible expression de cette douleur.

La crainte de devoir subir des consultations ou des examens complémentaires est également une préoccupation qui pousse à taire sa douleur.

Les traitements morphiniques font peur et sont souvent assimilés à des maladies graves, à la fin de vie.

  • La crainte du soignant

Le patient peut craindre les réactions du soignant, selon la confiance qu’il lui accorde ou non. La peur d’être incompris est variable selon le type de relation établie avec le soignant.

  • Les croyances personnelles

Les idées reçues, les expressions populaires peuvent être inconsciemment encrées chez le sujet.

« La douleur fait partie de la guérison, elle est normale. Je ne suis pas douillet !..C’est un signe que les soins sont efficaces. Ce sont des douleurs liées à mon age, c’est normal. Je suis un homme, donc courageux, donc je supporte. »

Ces notions, plus ou moins présentes dans l’inconscient collectif peuvent nettement influencer l’expression de la douleur.

Selon le sens qu’il donne à la douleur, le patient peut l’accepter ou au contraire la combattre. Ce sens est quand à lui imprégné des valeurs culturelles et religieuses de l’individu.

  • La capacité à s’exprimer

Un patient ayant des troubles du langage, une altération des fonctions supérieures ne pourra verbaliser sa souffrance. Un patient déprimé pourra également taire sa douleur.

Le rôle du soignant est alors de déceler et permettre l’expression de cette douleur.

La relation soignantsoigné, le patient face à la douleur

  • Le soignant face à la douleur = Savoir ou ne pas savoir ?

    Le soignant face au patient = Entendre ou ne pas entendre ?

« Ce ne sont pas seulement les malades qui intègrent leur douleur dans leur vision du monde, mais également les médecins ou les infirmières qui projettent leurs valeurs et souvent leurs préjugés, sur ce que vivent les patients dont ils ont la charge. »

David Le Breton, anthropologie de la douleur, p136.

  • L’influence de la culture professionnelle

Une réticence envers l’utilisation des morphiniques :

Largement utilisée en milieu hospitalier lors de la réfection des pansements, par voie sous cutanée, la morphine est peu utilisée à domicile.

Elle reste le traitement privilégie des douleurs en fin de vie ou liées à une pathologie cancéreuse. Il existe une certaine réticence de la part du corps médical, surtout pour un usage au domicile.

« Pour beaucoup de gens, Morphine signifie maladie grave, fin de vie, dépendance et toxicomanie.

Tous ces préjuges ont considérablement retardé, en France, l’utilisation d’un antalgique dont l’efficacité n’est plus à démontrer. » P. Queneau et Gérard. Ostermann, soulager la douleur, p89.

Ostermann, soulager la douleur

Les défenses des soignants :

Les représentations professionnelles de chaque soignant sont différentes et influencent forcement les pratiques de chacun.

Nous pouvons discerner deux approches distinctes du patient douloureux :

Les soignants peuvent dans certains cas élaborer inconsciemment des mécanismes de défense visant à se protéger, à se prémunir de la souffrance de l’autre.

Des phénomènes de déni de cette douleur qui « dérange » peuvent être observés.

Cette dénégation, cette mise à distance du soignant reflète un réel malaise et une grande difficulté à prendre en charge la douleur.

L’autre approche consiste à l’inverse en une prise en charge technique et humaine de cette même douleur. Les soignants sont plus ou moins sensibilisés à ce problème.

La prise en charge est donc variable, selon le profil du soignant.

Le fait de comprendre et prendre en compte une plainte de douleur est parfois mal vu. « L’absence d’émotions vis-à-vis de la maladie, de la souffrance a longtemps été cultivée et valorisée, la sensiblerie n’était pas de mise ; la jeune infirmière qui ne supportait pas d’assister impuissante à la souffrance des patients se heurtait aux classiques réponses « c’est l’infirmière qui a besoin de calmants, il faut changer de métier » (17)

L’évolution des mentalités au sein même des professions médicales et paramédicales, à permis de passer au delà de ce genre de considération.

Cette évolution demeure très récente et doit perdurer car de nombreux préjugés persistent encore chez de nombreux soignants.

Peu de connaissances concernant la douleur lors des soins :

Il existe très peu d’études et d’articles qui traitent des douleurs induites par les soins. La littérature concernant la prise en charge des douleurs induites est très pauvre et ce sujet demeure peu exploité.

Des jugements basés sur des hypothèses cliniques :

Les soignants peuvent être tentés d’évaluer la douleur en fonction de la plaie :

« Il est fréquemment accepté, par exemple, que les ulcères artériels sont plus douloureux que les ulcères veineux et que les petits ulcères sont moins douloureux que les grands. Cependant, la relation qui existe entre l’intensité de la douleur ressentie par le patient et le genre et la taille de la lésion est très variable et n’est pas un indicateur précis de la douleur » .(18)

  • L’influence des croyances personnelles

Comme nous l’avons vu pour le patient, les influences culturelles et religieuses permettent de donner un sens à cette douleur. Or, le soignant est lui aussi imprégné de ces influences et celles-ci peuvent influer inconsciemment sur sa pratique.

(17) douleur provoquée ou douleur liée aux soins ? Dr Daniel Annequin. Responsable unité douleur hôpital Armand trousseau paris.
(18) la douleur au changement d’un pansement, document de référence EWMA M Briggs JE I Bou.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Douleur et pansement d’ulcère A domicile
Université 🏫: Université Joseph Fourier - Faculté de Médecine de Grenoble
Auteur·trice·s 🎓:
Isabelle Gaillard

Isabelle Gaillard
Année de soutenance 📅: Diplôme universitaire plaies et cicatrisation - Promotion 2006-2007
Infirmière libérale .
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