La planification du tourisme durable

Troisième partie : Adoption de la politique de tourisme durable et développement de l’écotourisme au Cameroun

I- Adoption du tourisme durable.

Le tourisme est influencé par diverses tendances dont les autorités locales doivent avoir conscience lorsqu’elles en viennent à la planification du tourisme durable 43.

L’une de ces tendances élémentaires est aujourd’hui le touriste plus enclin qu’autrefois à prendre part à des activités créatives, à pratiquer des sports et à rechercher l’aventure, à découvrir l’histoire, la culture et le cadre naturel des régions qu’il visite.

Le tourisme fondé sur de intérêts particuliers ou sur l’aventure enregistre une forte progression, tout comme le tourisme à but culturel, l’écotourisme, le tourisme d’appartenance, les programmes de remise en forme ou les voyages à but religieux.

L’écotourisme, par exemple est aujourd’hui très prisé. D’autre part, maints touristes aspirent à des destinations nouvelles et à des produits touristiques inédits.

En nombre croissant, ils se soucient de l’environnement et préfèrent se rendre à des lieux où grâce à une planification appropriée, leur présence n’entrainera pas l’apparition de problèmes écologiques ou sociaux.

Quant aux voyages d’affaire ou aux déplacements imposés par la participation à des conférences ou des réunions, le mouvement d’expansion se poursuivra.

Les nations unies, l’OMT, et de nombreux gouvernements nationaux, régionaux ou locaux ont fait leur la notion de développement durable, y compris pour le tourisme.

A- Planification.

La planification du tourisme vise à faire profiter la société de divers avantages socioéconomiques tout en assurant la durabilité du secteur touristique par la protection de l’environnement et de la culture locale.

Elle suit un calendrier généralement établit à long terme (sur 5, 10 ou 15 ans) de manière à réaliser les objectifs intermédiaires et à surveiller la progression évolutive du tourisme, doit être souple, étendue, intégrée, respectueuse de l’environnement, durable et réaliste, et s’appuyer sur la communauté.

La planification stratégique n’est pas toujours opérationnelle.

Lors de la planification, il ne faut perdre de vue aucune composante du tourisme : attractions et activités touristiques, hébergement, installations et services touristiques variées, moyens de transport, infrastructures, institutions.

Dans cette optique la planification du tourisme durable pour le Cameroun, passe par :

  • Une définition et adoption du tourisme durable comme politique touristique qui régit l’activité touristique sur l’ensemble du territoire, par rapport aux objectifs que le pays souhaite atteindre à savoir : attirer et dépasser les 500000 touristes requis par l’OMT pour être classer parmi les destinations touristiques mondiales, valoriser son patrimoine et exploiter le tourisme comme source d’investissements et de revenus.
  • Le recensement des attractions, sites et activités touristiques de tout le pays, et dans leur état réels, afin de les classer et d’améliorer ou réorganiser ceux qui sont défaillants.

Supplanté par une large orientation vers les attractions naturelles (parcs, réserves, lacs, montagnes, forêts…) et culturelles, dont la conservation s’avère moins couteuse et bénéfique à long terme.

  • Le recensement des infrastructures d’hébergement et de restauration du pays, surtout des grandes zones d’attractions touristiques, pour un reclassement selon les normes internationales et une amélioration de leur état et services.

La stratégie la plus bénéfique pour le Cameroun comme pour la majeure partie des pays du tiers monde reste à ce niveau, une stratégie dite de « récupération ou de recyclage ».

En effet, les gouvernements, s’attèlent très souvent dans le cadre du développement touristique de leurs pays à construire de grands hôtels luxueux, très couteux et pas très rentables pour les populations généralement pauvres, alors que qu’une rénovation et une mise à niveau des infrastructures déjà présentes et souvent mal entretenues et gérées, leur reviendrait moins.

  • Une collaboration et des accords entre les ministères et les divers organismes qui régissent l’activité touristique: le ministère du tourisme et celui de l’urbanisme et de l’habitat, pour une meilleure organisation des zones de circulation, des aires de repos, de stationnement et de visites, une meilleure définition et assainissement des rues et avenues pour le plaisir des usagers et des touristes ; entre le ministère du tourisme et le ministère des transports pour une réorganisation des moyens de transports urbains, ruraux et à des destinations des autres villes, une création ou réorganisation et harmonisation des activités et services des agences de voyages pour une meilleure satisfaction des touristes et voyageurs locaux.

Quant au ministère de la culture, sa collaboration avec le ministère du tourisme et les agences de voyages ne pourrait que contribuer à une rénovation et mise en valeur du patrimoine national (monuments, musées…) une meilleure organisation de manifestations culturelles qui pourraient être inscrites dans les circuits touristiques proposés par les agences de voyages compétentes.

– La création d’offices de tourisme ou la réorganisation des services des délégations touristiques dans les 10 provinces du Cameroun pour une meilleure gestion et canalisation de l’activité touristique sur le territoire.

  • – Le renforcement de la formation en tourisme, à travers la consolidation des programmes de formation au sein des filières qui ont été ouvertes à l’université et la restructuration de la seule école hôtelière du pays à Ngaoundéré, dont le rayonnement et la bonne gestion ne pourrait que contribuer à l’essor du tourisme camerounais, par la création d’emplois et la mise sur le marché du travail national et même international d’une main d’œuvre qualifiée.

La collaboration avec des experts instituts de recherches ou d’universités de pays ayant une large expérience en matière de tourisme et disposant de plusieurs écoles hôtelières et touristiques, est un axe à exploiter pour les autorités locales, afin de bénéficier de leur expérience et de mieux orienter les plans de formation.

  • La restructuration des emplois liés et crées par le tourisme (qu’il convient d’abord de dénombrer) passe des formations pour le personnel opérant déjà sur place et qui manque de compétences, afin d’éviter des licenciements et de combler le manque de personnel formé dans le secteur touristique ; et le recrutement de cadres ayant les compétences recherchées et une formation en tourisme adaptée ou répondant au besoin du territoire, généralement formés à l’extérieur.

A cet effet, une collaboration entre le ministère du tourisme et celui de l’enseignement supérieur du Cameroun est intéressante dans la mesure où, elle permettrait de recenser les cadres camerounais formés en tourisme et hôtellerie à l’extérieur et de les récupérer pour une adéquation des connaissances et la réalisation d’un travail de bonne qualité.

La planification du tourisme durable

  • Partant de l’idée que les déplacements touristiques de par le monde sont généralement mus par la particularité et l’exotisme des lieux visités, et que le Cameroun est riche d’un potentiel touristique très diversifié, les autorités locales responsables du tourisme doivent se baser sur l’originalité de l’offre touristique camerounaise, monter des projets et créer des produits innovateurs pour attirer une clientèle plus large tels que :
  • Des circuits touristiques à thèmes : gastronomie, culture (festivals, cérémonies traditionnelles, artisanat), histoire du pays, aventures (randonnées, escalades, alpinisme, safaris), tourisme d’affaires ; pour permettre aux touristes de découvrir le pays sous ses multiples aspects en fonction de leurs loisirs ou besoins.

Au cours de ces circuits des ateliers pourraient être réalisés pour une implication des touristes aux activités et une certaine familiarisation avec les réalités locales (participation à la préparation de mets locaux, réalisation de poteries, implication aux cérémonies traditionnelles…)

  • Des villages touristiques construits selon les styles architecturaux locaux, en guise d’unités d’hébergements, qui pourraient être d’une grande attractivité.Méthodique la planification du du tourisme durable se fait en plusieurs étapes :
  • Une étude préparatoire explicitant l’objet de la planification
  • Une assignation des objectifs en rapport avec la mise en valeur du tourisme
  • L’inventaire et évaluation de tous les éléments pertinents
  • L’analyse et la synthèse des renseignements obtenus dans le cadre dudit inventaire
  • La formulation des plans et politiques touristiques
  • La formulation de recommandations touristiques
  • La formulation de recommandations diverses
  • L’exécution et la gestion.

Pour ce qui est des projets particuliers de mise en valeur du tourisme, la planification du tourisme durable doit également être menée systématiquement en sept phases : définition (plans et programmes généraux de développement), sélection (étude conceptuelle et étude de faisabilité), planification et faisabilité (planification, conception détaillée, étude de marché, faisabilité économique et financière, étude de l’impact sur l’environnement et la société), organisation du développement (méthode d’organisation à choisir), financement (investissement, sources de fonds), réalisation (exécution concrète, recrutement, formation du personnel), gestion (processus de promotion sur les marchés et maintenance).

Pour être certain que les projets seront bénéfiques pour la région et n’entraineront pas de graves difficultés écologiques ou socioéconomiques, il faut les soumettre à une évaluation d’impact sur l’environnement.

Les autorités locales et compétentes doivent arrêter et adopter des principes pour la planification des sites, et des normes directives de conception et d’aménagement pour les installations touristiques, pour que celles-ci s’intègrent au milieu et n’occasionnent aucun problème écologique notamment les problèmes de pollution.

Pour le Cameroun il est nécessaire de recourir, à la planification stratégique par une approche en fonction de l’environnement et de la durabilité, en gardant en vue l’environnement, afin de préserver les ressources naturelles et culturelles principale richesse du pays, d’éviter que la mise en valeur du tourisme ait de graves conséquences écologiques ou socioculturelles, de préserver ou d’améliorer la qualité générale de l’environnement, de faire en sorte que tous les groupes sociaux bénéficient du tourisme et que les touristes soient toujours satisfaits.

Le secteur touristique est constitué de plusieurs composantes dont on doit bien comprendre la nature, pour que le lancement du tourisme par la communauté soit fructueux, il faut planifier et développer ces composantes de manière intégrée.

Ces composantes sont :

  • Les marchés touristiques :

Constitués de touristes réels et potentiels qui pourraient ou qui visitent la région, ils peuvent être internationaux, nationaux ou intra-régionaux.

Les marchés touristiques se composent également de personnes en déplacement professionnel, la mise en valeur doit donc tenir compte de l’usage que les habitants feront des attractions, installations et infrastructures touristiques.

A ce niveau, la position du Cameroun comme l’un des piliers de l’Afrique centrale, lui ouvre des portes sur les marchés des pays de la sous-région avec le tourisme d’affaires.

Par ailleurs étant l’un des rares pays qui cumule une grande diversité de paysages en son sein, le pays jouit d’une grande attractivité pour les activités liées à l’écotourisme, en forte progression dans les tendances touristiques actuelles.

  • Attractions et activités touristiques :

Pour inciter les touristes à visiter la région, celle- ci doit proposer des attractions et des activités, en relation ou non à la nature : parcs et réserves naturelles, plages et domaine maritime, sites archéologiques et historiques, arts et loisirs, artisanat, architecture traditionnelle, activités économiques, cérémonies et coutumes, parcs à thèmes et maisons de jeu, foires, festivals, manifestations sportives.

Si elles ne sont pas encore développées il faut faire en sorte qu’elles présentent un intérêt touristique.

  • Hébergement :

Des hôtels ainsi que d’autres formules d’hébergement, doivent exister pour que les touristes puissent se loger. Cette notion implique l’existence de restaurants et d’autres types d’établissements touristiques.

Les formules d’hébergement inhabituelles (traditionnelles et locales) ou évocatrices du passé constituent en elles même des attractions.

L’hébergement chez les habitants dans certaines régions dépourvues d’infrastructures d’accueil pour, doit être pris en compte et ne peut que constituer une source de revenus exploitable pour les populations locales, tout en mettant en contribution la bonne volonté, l’hospitalité, la sécurité et la propreté de ces dernières.

  • Autres installations et services touristiques :

Les services de voyages d’excursions sont nécessaires pour organiser les déplacements des touristes et mettre à disposition des guides. Il est capital de d’assurer dans la région des services d’informations touristique.

Les restaurants, services postaux, établissements et services médicaux, les banques et bureaux de change, les commerces de détail, les magasins d’objets d’art et de souvenirs, les galeries, les salons de coiffures… servent également le tourisme.

Il faut garantir la sécurité publique, en empêchant que les touristes soient la cible d’actes délictueux ou terroristes. La santé publique est à prendre en compte pour éviter la propagation des maladies et garantir la santé des visiteurs.

  •  Moyens de transport :

Il doit impérativement exister des moyens de transport suffisants pour accéder à la région et au sein de celle-ci, pour desservir les lieux d’attraction et installations touristiques.

Les transports peuvent se faire par voie aérienne, terrestre ou maritime.

A ce sujet le Cameroun a de grands efforts a faire car le réseau des transports entier du pays est insuffisant et en très mauvais état, ce qui ne garantit pas des déplacements en bonne conditions pour les voyageurs, et l’accessibilité de toutes les zones, y compris celles à fort potentiel touristiques.

  • Autres éléments d’infrastructure :

Ce sont la distribution d’eau potable, la fourniture d’électricité en quantités suffisantes, la gestion efficace des résidus et des affluents, évacuation ou ramassage, traitement ou évacuation, et services de télécommunications sans restriction.

Bien qu’une politique de privatisation ait été amorcée au Cameroun pour la gestion et l’amélioration de ces divers services, des efforts sont encore à consentir pour satisfaire pleinement la population locale et les touristes.

A ce jour de nombreuses zones et quartiers demeurent dépourvus d’installations d’eau potable, d’électricité ou de lignes téléphoniques.

  • Composantes institutionnelles:

Plusieurs sont nécessaires à la mise en valeur et à la gestion du tourisme dont : l’éducation et la formation d’un personnel véritablement qualifié pour travailler dans le secteur ; la commercialisation et le promotion de la destination touristique ainsi que de ses attractions et installations, un organe de réglementation et de fixation des normes pour les services et installations touristiques, occupation des sols et protection de l’environnement ; des dispositifs financiers pour encourager les investissements dans le tourisme.

Essentielles, les structures organisationnelles concernant le tourisme comprennent à la fois les entités publiques chargées du tourisme et les associations d’entreprises touristiques du secteur privé.

  • Les ressources humaines :

Qui sont constituées par l’ensemble des personnes engagées et travaillant dans le secteur, il faut veiller à la satisfaction de toutes ces personnes car leur participation est un facteur capital pour l’essor de l’activité touristique.

Elles doivent être prise en compte et exploiter de manière raisonnable. Les populations locales doivent surtout bénéficier de manière directe (création d’emplois, activités sources de revenus) ou indirecte (aménagement des infrastructures et espaces publiques).

La planification touristique intégrée doit prendre en compte toutes ces composantes.

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43 Développement durable du tourisme : guide à l’intention des autorités locales, OMT, 2002.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Département Du Tourisme Institut - Supérieur International De Tourisme De Tanger
Auteur·trice·s 🎓:
MAA OMGBA Véronique

MAA OMGBA Véronique
Année de soutenance 📅: Administration et Gestion des Entreprises Touristiques et Hôtelières - Mémoire de fin d'études 2007-2014
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