Les généralités de l’étude – Chapitre premier:

Dans ce chapitre, nous construisons le cadre théorique, puis nous esquissons l’évolution du renouvellement de la classe gouvernante de la RDC, particulièrement la présidence, de 1960 à 2011

1.1. Construction du cadre théorique de l’étude

Dans cette section, à la lumière des définitions fournies par certains auteurs qui se sont illustrés à nos yeux par la pertinence de leurs réflexions nourries, nous présenterons différentes définitions et quelques détails se rapportant à ces concepts : Partis politiques, Alternance politique, la conquête et la conservation du pouvoir et enfin les élections.

1.1.1. Concept de parti politique

En 1950, aucun pays du monde (sauf les Etats-Unis) ne connaissait des partis au sens moderne du mot : on y trouvait des tendances d’opinions, des clubs populaires, des associations de pensées, des groupes parlementaires, mais point des partis à proprement parlé. Pour Philippe BRAUD les partis politiques sont des organisations, relativement stables, qui mobilisent les soutiens en vue de participer directement à l’exercice du pouvoir politique au niveau central et/ou local.

En RDC, un parti politique désigne « une association des personnes physiques de nationalité congolaise qui partagent la même idéologie et le même projet de société en vue de conquérir et d’exercer démocratiquement et pacifiquement le pouvoir d’Etat. Ils concourent à l’expression du suffrage, à la formation de la conscience nationale et à l’éducation civique »

Les partis sont des lieux de représentation politique, de production idéologique, de mobilisation des soutiens et de sélection du personnel politique. C’est en 1966 que ces deux politologues nord-américains, Joseph LAPALOMBARA et Myron WEINER tentent d’organiser la définition du parti politique autour de quatre critères que voici :

1) Une organisation durable : c’est-à-dire une organisation dont l’espérance de vie politique soit supérieure à celle de ses dirigeants en place, ses fondateurs;

2) Une organisation locale bien établie et apparemment durable, entretenant des rapports réguliers et variés avec l’échelon nationale;

3) La volonté délibérée des dirigeants nationaux et locaux de l’organisation de prendre et d’exercer le pouvoir et non pas simplement l’influencer;

4) Le souci enfin de rechercher un soutien populaire à travers les élections ou toute autre manière.

Le développement des partis parait lié à celui de la démocratie, c’est-à-dire à l’extension du suffrage populaire et des prérogatives parlementaires.

Plus les assemblées politiques voient grandir leurs fonctions et leur indépendance, plus leurs membres ressentent le besoin de se grouper par affinité, afin d’agir de concert, plus le droit de vote s’étend et se multiplie, plus il devient nécessaire d’encadrer les électeurs par les comités capables de faire connaitre les candidats et d’analyser les suffrages dans leur direction.

1.1.1.1. Systèmes de partis

Le nombre des partis, leurs dimensions respectives, leurs alliances et leurs stratégies forment un ensemble de rapports relativement établis.

Cette structure, cet assemblage de rapports s’appelle « système de partis », un ensemble qui ne se confond point avec le régime constitutionnel et politique, pas plus qu’avec la société dans laquelle il agit; « il est légitime de parler de système de partis lorsque les éléments constituant (les partis politiques ou les coalitions qu’ils forment) sont durables et ont entre eux des relations d’interdépendance fonctionnelle.

Ce système assure la meilleure représentation dans sa diversité. Il faudra prendre en compte, de façon fine, la totalité des dispositions contenues dans la loi électorale, et en premier lieu, le seuil de représentation.

Ce seuil assure la surreprésentation des partis dominants et limite la fragmentation de la représentation parlementaire tout en évitant le bipartisme.

Dans le système de partis on prend en compte : le nombre des partis en compétition pour le pouvoir, la nature de leur relation réciproque, les caractéristiques institutionnelles des régimes politiques et enfin le mode de scrutin.

Parlant du lien entre les modes de scrutin et le système partisan dans un pays, Duverger a avancé trois hypothèses qui sont, depuis, baptisées comme les « lois de Duverger ».

Ces lois sont les suivantes :

  • – le scrutin majoritaire à un tour tend à aboutir au « bipartisme », avec alternance de grands partis indépendants;
  • – le scrutin majoritaire à deux tours tend à produire un système de partis multiples, souples, dépendants les uns des autres et relativement stables;
  • – le mode de représentation proportionnelle tend à produire un système de partis multiples, rigides, indépendants les uns des autres et stables.

1.1.1.2. Types des partis

Il existe plusieurs types de partis qu’on peut regrouper en deux classes principales :

La première classe est celle des partis politiques idéologiques (de gauche, de droite, du centre, des conservateurs, des libéraux, des socio-démocrates, des progressistes etc) selon leurs doctrines respectives.

La seconde classe est celle que Phambu Ngoma qualifie de catégorielle, elle désigne les partis qui se caractérisent par les catégories des membres qui les composent. Il y a dans ce sens trois principaux types de partis. Il s’agit tout d’abord, des partis des cadres, lesquels sont généralement formés des notables et des riches.

Les membres de tels partis comptent moins sur le nombre d’adhérents et sur l’activité politique à réaliser que sur les moyens financiers qu’ils possèdent pour pouvoir mettre en action lors de la campagne électorale. Il s’agit en deuxième lieu, des partis de masses, lesquels cherchent à recruter les plus grands nombres possibles des membres, principalement au sein du peuple.

Plus grand est le nombre d’adhérents, plus grand sont les chances du parti d’être un grand parti et donc de remporter de nombreux sièges au parlement et dans les institutions étatiques.

Il y a enfin, les partis populaires, qui visent selon Joseph Thesing à représenter un large spectre d’intérêts, de besoins et de revendications de la société en plus du plus grand nombre d’adhérents. Ils tissent large auprès de toutes les couches sociales, dans la diversité de leurs intérêts.

1.1.1.3. Le pluralisme discipliné, outil efficace de stabilité

L’idéologie libérale prend le pluralisme politique c’est-à-dire essentiellement le fait de laisser œuvrer plusieurs partis politiques, comme signe d’attestation majeur d’une société démocratique. Il doit exister au moins deux partis politiques qui exercent librement leurs activités pour qu’on puisse parler d’une démocratie.

Néanmoins, le « pluralisme discipliné », judicieusement limité à un nombre raisonnable de partis peut constituer un outil efficace de stabilité et de réduction des désordres dans la cité. Pour cela, des moyens démocratiques rigoureux peuvent être inventés sans léser les droits des personnes et des associations.

On notera que le nombre de partis varie d’un pays à un autre.

Aux Etats-Unis d’Amérique, il y a deux grands partis dominants (le parti des démocrates et le parti des Républicains) à coté de quelques partis mineurs habituellement appelés les « tiers partis » (les populistes, les progressistes, les partis des verts, la réforme, le parti libertarien, les contribuables américains, le droit naturel, le monde des travailleurs, paix et libertés, travailleurs socialistes, les socialistes, l’égalité socialiste ).

L’Allemagne compte quatre grands partis : l’Union Chrétienne Démocrate (CDU), le Parti Social-Démocrate (SPD), le Parti Libéral Démocrate (LPD), l’Union Chrétienne Sociale (CSU).

Ce nombre réduit des partis dans les pays occidentaux fait voir que malgré le principe du pluralisme intégral, le fonctionnement harmonieux de la démocratie impose comme naturellement un total de trois partis politiques. La République Démocratique du Congo dont la démocratie est encore à sa phase embryonnaire devra avancer vers le pluralisme intégral discipliné et raisonnable, et donc nécessairement limité.

1.1.1.4. Fonctions des Partis politiques

Les fonctions à remplir par les partis politiques dépendent en réalité des contextes politiques, économiques et socio-culturels dans lesquels ils opèrent. Mais la doctrine reconnait au moins trois types de fonctions à tout parti placé dans un régime représentatif : formation de l’opinion, la sélection des candidats, et encadrement des élus.

Ces trois fonctions évoquées ci haut semblent limiter les fonctions jouées par le parti, raison pour laquelle nous proposons de donner les fonctions proposées par R. KING MERTON qui, selon lui, traditionnellement les partis jouent deux grandes fonctions à savoir : les fonctions manifestes et celles latentes.

Qu’en est-il alors de ces fonctions ?

1. Fonctions manifestes :

Ce sont des fonctions explicites et revendiquées comme telles par l’organisation. Il en existe trois :

– La fonction programmatique : ici les partis présentent des programmes concurrents et une offre idéologique, structurant le débat afin de permettre aux électeurs de se repérer dans l’espace politique.

Fonction de sélection : désignation de candidats aux élections, l’investiture ainsi que la responsabilité politique.

Fonction d’encadrement : les partis encadrent l’action des élus auxquels ils ont accordé leur investiture.

2. Fonctions latentes :

Ce sont de fonctions implicites et ne sont pas revendiquées par les organisations et les membres n’en sont même pas conscients.

Comme le montre Théodore LOWI, l’ensemble des partis politiques exercent une fonction latente de légitimation et de stabilisation du système politique.

Pendant cette période de transition (2017) et pas plus tard que cela une décade, à la suite d’une crise de légitimité qui naquit de la contestation des résultats des urnes à l’élection présidentielle de 2011, l’opposition politique congolaise a joué cette fonction latente de légitimation du régime de J. Kabila car ayant accepté d’évoluer au sein de ce régime.

C’est pourquoi certains partis de l’opposition se verront dotés des postes ministériels, tel fut le cas de l’ADR, l’opposition se réclamant républicaine et bien d’autres.

Certains partis peuvent exercer la fonction d’intégration sociale des individus en leur offrant un milieu de sociabilité, des valeurs, des services mais aussi des opportunités d’ascension sociale.

D’autres partis, comme les partis communistes, exercent une fonction tribunitienne qui renvoi aux trubins de la plèbe, qui à l’époque de l’antiquité romaine avaient pour fonction de porter la parole et le mécontentement du peuple.

1.1.1.5. Le rôle des partis dans le processus électoral

Le terme « processus électoral » désigne ordinairement l’ensemble des opérations nécessaire au bon déroulement des élections qu’il s’agisse de la confection des listes électorales, des différentes formalités préparatoires au scrutin, de la tenue des bureaux de vote, des procédés de votation, de modalités de centralisation et de décompte des résultats, de la formation des ‘’officiers électoraux’’, de l’encadrement des sondages d’opinions ou encore de l’éducation électorale et de l’observation des élections , etc.

Les partis politiques jouent un rôle capital dans le domaine électoral car ils proposent aux citoyens des idées (programmes politiques) et des candidats. Les partis servent d’un lien, d’intermédiaire entre le peuple et le pouvoir. Ils servent à intégrer les individus dans le processus électoral.

Selon Philippe BRAUD, les partis politiques sont à la fois de machines électorales, des arènes de débat et des agents de socialisation. Instrument de conquête du pouvoir incontournable dans la compétition politique moderne, les partis ont en premier lieu pour fonction de présélectionner le personnel dirigeant aux élections nationales et locales.

En deuxième lieu en tant qu’arène du débat, les partis politiques ont pour fonction de former les opinions politiques.

En troisième lieu, les partis politiques ont pour fonction de politiser les problèmes sociaux, de convertir les demandes sociales en programmes politiques et, partant, de traduire les problèmes sociaux, économiques ou culturels en problèmes politiques, notamment en les portant sur l’agenda politique. Voilà ce qui traduit le rôle si prégnant que joue la politique à travers les institutions surtout en matière de régulation des secteurs de la vie.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université de GOMA - Travail de fin de cycle - Diplôme de Graduat en Sciences Politiques et Administrative
Auteur·trice·s 🎓:
GAHAGAMO BAHATI GLOIRE

GAHAGAMO BAHATI GLOIRE
Année de soutenance 📅:
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