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Résilience des personnes déplacées internes à Goma

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📅 Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme de Master - 2024
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La résilience des déplacés internes est analysée dans le contexte du camp de Mugunga Lushagala à Goma, RDC, mettant en lumière les mécanismes de survie et l’assistance des ONG et du gouvernement. Cette étude offre une perspective essentielle sur les défis rencontrés par ces populations vulnérables.


Kalu Institute – Humanitarian Aid Studies Centre

Master en coopération internationale et aide humanitaire

Mémoire

Résilience des déplacés internes à Goma - RDC

Résilience des personnes déplacées internes
(Camp de Mugunga Lushagala / Goma – RD Congo)

Image 1

Patrick Tchomba

Dirigé par: Karin Michotte

30 mars 2024

« N’aie pas peur, car je suis avec toi. Ne t’inquiète pas, car je suis ton Dieu. Je te rendrai fort. Oui, je t’aiderai ; vraiment, je te soutiendrai avec ma main droite, main qui fais justice »

Isaie 41 :10.

Résumé

Problématique

Les conflits armés opposant le M23 et les FARDC à l’Est de la RDC dans la Province du Nord-kivu particulièrement aux environs de la ville de Goma depuis le début de l’année 2022 ont entrainé des souffrances, laissé des orphelins, des veuves et veufs, séparant les familles mais surtout entrainant des déplacements massifs et permanents d’environ un million de personnes vers la ville de Goma avec jusqu’à présent dix camps de déplacés internes, dont l’un est dénommé camp de Mugunga Lushagala égorgeant en début Février

2024 un total de 239 blocs avec 11242 abris soit un total de 58 458 personnes estimées. Notre visite dans ce camp a profondément touché notre sens de l’humanisme en voyant la souffrance et une vie inhumaine que font face ces déplacés, ce qui nous motivera à focaliser notre recherche sur ces derniers.

Objectifs

Découvrir les types de mécanismes de résilience pour alléger tant soit peu leur souffrance et de nous imprégner concrètement de l’assistance que le gouvernement congolais et celle des organisations non gouvernementales apportent à cette population, et d’évaluer l’impact à long terme de la résilience sur l’autonomisation de ces déplacés internes.

Cadre conceptuel

Le cadre conceptuel est basé sur les personnes déplacées internes, l’assistance gouvernementale ainsi que celles des organisations non gouvernementales.

Méthode et approche

Une étude descriptive quantitative et qualitative a été menée dans le camp de Mugunga Lushagala à moins de dix kilomètres à l’Ouest de la ville de Goma à l’Est de la RDC ; la collecte de données quantitative c’est-à-dire chiffrées a été faite moyennant un questionnaire d’enquête adressé à 371 chefs d’abris portant surtout sur l’assistance reçue (gouvernementale et humanitaire), l’appréciation des conditions de vie au sein du camp et les types de mécanismes de résilience utilisés.

La collecte de données qualitative c’est-à- dire non chiffrées a été réalisée moyennant l’observation, par les informateurs ciblés (cinq agents humanitaires, vingt chefs de blocs et quatre agents de la communauté travaillant dans le bureau au site du camp) et d’un entretien de focus groupe basés sur un guide d’interview.

Résultats

Le gouvernement congolais n’a presqu’assisté en rien cette population déplacée jusqu’à ce jour mais l’assistance venues des organisations non gouvernementales est efficace bien qu’insuffisance ; la vente des dons perçus, les travaux journaliers, de petits commerces ainsi que la recherche des bois à vendre ont été les types de mécanismes de résilience les plus utilisés. Et la résilience a eu un impact sur l’autonomisation de la majorité des personnes déplacées internes.

Conclusion

Les résultats font ressortir que le gouvernement congolais n’a apporté jusqu’à ce jour presqu’aucune assistance à cette population comme d’ailleurs dans la majorité des gouvernements, compte tenu de ma mauvaise gouvernance des dirigeants ;

et que l’assistance humanitaire apportée est efficace mais insuffisante compte tenu de l’afflux persistant des déplacés internes consécutif à la permanence des affrontements de M23 et FARDC ; la vente de dons perçus, les travaux journaliers, de petits commerces ainsi que la recherche des bois à vendre font les types de mécanismes de résilience les plus utilisés rendant ainsi une autonomisation à long terme pour cette population.

Mots clés: Personnes déplacées internes, Résilience, Impact à long terme, Assistance ou réponse, Abris, M23 Camp de Mugunga Lushagala à Goma, en RDC.

Introduction

Introduction

Dans le Monde, plus de 7,1 millions de personnes déplacées internes ont été enregistrées en 2022, un bond de 20% par rapport à l’année précédente provoqué par des exodes après l’invasion de l’Ukraine par la Russie; selon un rapport conjoint de l’Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC) et du Norvergian Refugee Council (NCR).

Le nombre de nouveaux déplacés a bondi à presque 61 millions de personnes, certaines ayant été obligés de fuir à plusieurs reprises. C’est 60% de plus qu’en 2021, un nombre extrêmement élevé selon la déclaration de l’IDMC, Alexandra Bilak.

Et l’Afrique subsaharienne a enregistré plus de huit millions de personnes déplacées en raison de conflits, en particulier en RD Congo et en Ethiopie ¹

En Israêl, près d’un demi-million de personnes se sont déplacées à l’intérieur de leur pays depuis les ataques meurtrières de Hamas le 07 Octobre 2023, a indiqué un porte-parole de l’armée israêllienne lors d’un point de presse. et selon l’ONU, un million de personnes ont fui en une semaine le Nord de la bande de Gaza pour se déplacer vers le Sud du territoire².

Au Soudan, selon l’OIM environ neuf million de déplacés à l’intérieur de leur pays ont été enregistrés en Janvier 2024 post conflits armés³.

Au Burkinafaso, à la fin de 2023 plus de deux millions de déplacés internes ont été récensés par le CONASUR (Conseil National de Secours d’Urgence et de Réhabilitation) dont la moitié étaient des enfants⁴.

Au Caméroun, depuis la fin de 2016 les populations des régions du Nord-Ouest et du Sud- Ouest ont été victimes des affrontements armés, et beaucoup d’entre elles ont dû se déplacer du fait de la violence et de l’insécurité; de centaines de milliers de personnes se sont alors déplacées, et parmis elles SERAPHINE, VICTORINE ET DAYAN ayant tout perdu et forcées de fuir, elles se sont battues pour réconstruire leur vie et prendre soins de leurs proches⁵.

En RD Congo, selon un rapport publié par l’ONU le 30 octobre 2023, environ 6,9 millions de déplacés internes suite aux affrontements entre la rebellion du M23 et des groupes armés dits « patriotes » associés au FARDC;

la réapparution fin 2021, du M23, rébellion soutenue par le Rwanda pays voisin selon de nombreuses sources, a provoqué dans le Nord-kivu le déplacement de centaines de milliers de personnes et aggravé une crise quasi permanente dans l’est de la RD Congo dépuis près de 30 ans.

À la fin d’octobre 2023, environ 5,6 millions de déplacés de la RD Congo étaient établis dans les provinces orientales du Nord-kivu, du Sud-kivu, d’Ituri et du Tanganyika, selon l’OIM qui précise que les violences constitient la principale raison de ces déplacements. Pour le seul Nord-kivu, près d’un million d’habitants ont fui leur foyer en raison des combats impliquant le M23;

Et selon l’ONU OCHA, près de 200.000 personnes ont aussi fui leur domicile en raison des combats qui ont repris depuis le 1er octobre 2023 dans les régions de Rutshuru et Masisi au Nord de Goma⁶.

Selon le cluster Protection de la province du Nord-kivu, une structure qui regroupe différents acteurs humanitaires opérant dans cette protection de la population civile, environ 1000 familles se sont déplacées à l’intérieur du pays vers Kabindi, Rugabo et Rutshuru centre⁷.

Malheureusement ces affrontements se poursuivent jusqu’à la rédaction de cette étude ; des mois suivants, les affrontements ont évolué à d’autres villages entrainant alors un afflux considérable des déplacés vers la ville province de Goma formant ainsi environ dix camps de déplacés internes ont été formés dans les environs de la ville de Goma ; Imaginez quelle serait la vie dans ces camps !

Signalons que la province du Nord-Kivu est la plus touchée par des conflits armés dans le pays, et cela malgré l’installation d’un état de siège, laissant de milliers d’orphelins et entrainant des milliers de mort, sans parler de souffrances que traversent les victimes.

Ainsi est non respecté le droit international des droits humains pour les personnes déplacées à l’intérieur de leur propre pays, en bref leur droit à une vie digne ⁸ ¹⁵.

Il s’en est suivi un débordement de PDI avec création de plusieurs camps, dépassant ainsi de loin la bonne volonté des organisations locales et internationales de soulager la souffrance de ces derniers qui sont délaissées par leurs autorités politiques étant les répondant numéro un ; des conditions obligeant cette population à chercher des mécanismes pour essayer d’alléger tant soit peu leur souffrance.

Quelles autres attitudes auraient été bénéfiques à cette catégorie de population à par une résilience ? Voilà pourquoi notre sens humanitaire, en dépit d’impuissance face à ces difficultés, nous a motivé de prêter notre attention dans l’un de plus de dix camps actuels de PDI à Goma à l’Est de la RDC nommé « Camp de Mugunga LUSHAGALA » afin de donner une lumière réaliste des difficultés sur terrain ce qui pourra aider la communauté nationale qu’internationale à saisir la problématique et à chercher de

solutions durables à cette population et ainsi qu’en tirer des leçons dans des situations à venir.

Les raisons du choix du sujet

Étant originaire de la RD Congo et vivant actuellement dans la ville de Goma au Nord-kivu, nous sommes témoins des effets nefastes de la guerre qui sévit dans cette entité depuis des dizaines d’années, et témoins également des souffrances dans lesquelles la population concernée traverse sans compter les pertes en vie humaines et violences sexuelles et basées sur le genre laissées derrière cette guerre interminable ainsi que la séparation des familles, comme expliqué en ces termes par PAMELA ONGOMA responsable du programme de retablissement des

liens familiaux (RLF) de CICR en RD Congo : »Les combats ont suscité de vent de panique et les familles se sont dispersées alors qu’elles tentaient de fuir. La situation est particulièrement tragique pour les enfants, les personnes âgées, les personnes en situation d’handicaps et les malades ». Et compte tenu de la persistance de la situation d’insécurité dans les zones de Rutshuru, qui bloque les récherches et les réunifications familiales, PAMELA ONGOMA ajoute en estimant que le CICR pourra envoyer ses équipes dans ces zones où

les personnes recherchées pourraient se trouver lorsque la situation sécutitaire será garantie, ce qui est incertain en ce moment⁹.

Une visite sur terrain c’est-à-dire aux camps présents dans la ville de Goma a touché notre sens de l’humanisme en voyant les conditions deplorables, inhumaines dans lesquelles vivent les personnes déplacées, triste situation qui nous a poussé à chercher à savoir comment cette population déplacée s’est adaptée à cette nouvelle vie et chercher à savoir l’implication du gouvernement congolais et

celle des organisations internationales pour essayer d’alléger les souffrances de ces personnes ainsi que les mécanismes d’adaptation réalisés par cette catégorie de la population face à ce choc.

Problématique

Les conflits armés dans la province du Nord-Kivu ont longtemps et considérablement fait souffrir et perdre la vie de milliers de personnes depuis plus de décennie déjà ; mais cette guerre entre le M23 et les FARDC, a en son tour, depuis plus d’une année jusqu’à présent fait d’innombrable dégâts matériels et perte de vies humaines, fragilisant ainsi les droits humains fondamentaux, accentuant la pauvreté pour cette population déplacée.

Bien que la réponse humanitaire soit manifeste dans le camp, mais l’afflux incessant de déplacés parait compliquer toute intervention envisagée ;

L’aide gouvernementale insuffisante et irrégulière entraine à son tour des frustrations et le désespoir à cette population.

Face à une telle problématique, notre étude propose d’analyser 1) les mécanismes d’adaptation de ces déplacés pour alléger tant soit peu leurs souffrances ainsi que lee diagnostic de la capacité de cette résilience ; et 2) l’implication du gouvernement congolais et des humanitaires face à ces difficultés que rencontrent ces déplacés.

Objectifs de recherche et questions principales

Notre objectif principal pour cette étude est d’arriver à évaluer les différents mécanismes mis en place par ces déplacés pour se résilier, et l’objectif spécifique est d’évaluer l’aide gouvernementale apportée en durée et en qualité pour cette catégorie de la population ainsi que celle apportée par les organisations internationales.

Eu égard à ces objectifs, nous avons donc été menés, en vue de guider analyse, à poser cette question importante : 1) quels mécanismes ces déplacés ont fait pour alléger leurs souffrances ? Probablement à cette interrogation, une observation peut être faite sur l’aide qu’ils ont perçu ; d’autres questions subsidiaires seront de savoir : 2) dans quelle mesure la réponse gouvernementale et humanitaire a-t-elle été bénéfique à ces déplacés ? et 3) quelle capacité de la résilience cette population a-t-elle montré ? Cette recherche s’évertuera à trouver des réponses à ces questions.

Hypothèses

Dans notre étude, les hypothèes ci-dessous ont été émises :

  • La vente de dons perçus, les travaux journaliers, les travaux ménagers mensuels, de petits commerces à produits non perissables, la vente des unités (cartes de crédit) pour téléphones, et retour dans des zones dangereuses seraient de différents mécanismes utilisés pour alléger les souffrances de ces déplacés;
  • L’aide gouvernementale serait très inefficace et moins perçue vu la mauvaise gouvernance des dirigeant politiques du pays ainsi que le contexte electoral en fin décembre 2023 ; cependant la réponse ou l’assistance humanitaire serait efficace mais l’afflux massif et permanente des déplacés suite à la continuité des affrontements entre M23 et FARDC auraient pertubé toute planification avec comme conséquences nefastes la souffrances de déplacés internes;
  • La capacité de la résilience serait manifeste pour la majorité des personnes déplacées interne motivant à une autonomisation.

Pertinence de l’étude

La pertinence de cette étude repose d’abord sur le sujet lui-même qui est d’actualité ; elle trouve également sa pertinence dans les questions qu’elle soulève et les réponse qu’elle essaye d’apporter pour montrer au monde entier les réalités sur terrain des conséquences néfastes de conflits armés opposant le FARDC et le M23 portant aux personnes déplacées internes ; de personnes qui vivent dans des conditions qui violent les droits humains et les principes directeurs fixés par les Nations Unies pour les déplacés à l’intérieur de leurs propres pays. Et surtout cette recherche nous aidera à mieux cerner les types de mécanisme de résilience adoptés par ces personnes déplacées pour face à leurs difficultés.

Portée de l’étude / Valeur ajoutée

Notre étude vise à donner quelques renseignements réels sur terrain portant sur les mécanismes d’adaptation des déplacés internes face à de situations difficiles auxquelles elles sont confrontées, et particulièrement ceux du camp de Mugunga Lushagala dans la ville de Goma au Nord-kivu en RD Congo ; ces informations peuvent être exploitées par :

  • Différents gouvernements : de savoir répondre à leurs responsabilités vis-à-vis de sa population en difficulté ; et Aux ONG, qui pourront venir en aide à cette population.
  • La population déplacée suite aux conflits armés : pour savoir comment s’autonomiser au cas où cette situation la toucherait ;
  • Des bailleurs de fond des organisations locales ou internationales : pour s’assurer de l’aide utile à apporter à cette catégorie de la population ;

Notre étude aura donc le mérite de rendre pérenne les actions pleines de courage de population déplacée, du gouvernement et des ONG afin d’alléger les souffrances de cette dernière.

Limites de l’étude

Notre étude est focalisée dans le camp de Mugunga Lushagala se trouvant à de dizaine de kilomètres à l’Ouest de la ville de Goma vers la route numéro un allant à SAKE; ce camp a été créé en date du 29 Mars 2023, et est sous la coordination du HCR, sous l’administration de CNR avec comme gestionnaire AIDES .⃰

Au début, ce camps était fait de 235 blocs avec 10 509 abris (ou ménages) soit une moyenne de 45 à 50 abris par bloc ; mais la persistance des affrontements entre le M23 et les FARDC a entrainé à partir du Février 2024 un afflux de plus de 1000 ménages d’autres PDI a rejoint le camp, rendant davantage la vie difficile dans cette catégorie de la population ⃰ .⃰

Description du domaine d’étude

Ce Master proposé par l’Institut KALU nous a permis d’acquérir suffisamment de connaissances sur la coopération internationale et l’aide humanitaire, au cours duquel il nous a été montré les problèmes que traversent les personnes déplacées internes.

Cette étude va montrer les types de mécanismes de résilience face aux difficultés que rencontrent les PDI particulièrement celles du camp de Mugunga Lushagala ainsi que l’assistance apportée à ces derniers, par le gouvernement et les ONG.

Démarche méthodologique

Notre étude est descriptive avec une approche mixte c’est-à-dire quantitative et qualitative, une description prenant son point de départ à partir du fin Décembre 2023 et ciblant les personnes déplacées internes du camp de Mugunga Lushagala ;

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