Le rôle des médias dans la communication religieuse : perspectives mondiales

CONTEXTE DES ÉTUDES LIÉES À CE SUJET

Pour le développement de la recherche, il a été nécessaire de consulter des travaux antérieurs afin de voir comment l’Église chrétienne du monde entier renforce la communication de son institution, tenant compte de son efficacité lorsqu’elle est mise en œuvre correctement.

Contexte de l’étude du phénomène religieux dans le monde

En Afrique Subsaharienne, partant de la question « Comment les institutions religieuses utilisent les médias ? », Étienne Damome, professeur en Sciences de l’Information- Communication, dans son ouvrage « Radios et Religions en Afrique Subsaharienne » tente d’y répondre à partir d’une étude empirique sur la radio subsaharienne depuis les années 1990. Dans cet ouvrage, issu de la thèse de doctorat de l’auteur, l’étude est portée sur quatre pays de l’Afrique de l’Ouest (Bénin, Burkina Faso, Ghana et Togo). Elle est élargie à d’autres pays pris comme exemples, tant de l’Afrique centrale que de l’Afrique de l’Est. Cinq points de vue différents sont pris en compte par notre auteur pour analyser le paysage radiophonique religieux de chaque pays, à savoir : identité, aspects juridiques, ressources, programmation et publics.

Par ailleurs, en soulignant le rôle important de l’Islam dans le développement de la radio confessionnelle ainsi que l’utilisation de la radio comme outil de propagande à l’époque de la montée de la confession musulmane, l’auteur procède à une analyse détaillée du mode de fonctionnement et des stratégies des radios religieuses, de même que des types d’auditoire. Son étude se contextualise en conjuguant ces éléments d’analyse à la situation religieuse et aux caractéristiques de la communication confessionnelle en Afrique.

Selon Aude Jimenez, doctorante au Département de communication sociale et publique, de l’Université du Québec à Montréal, ce qui « constitue un premier constat de cette étude est le rôle multiple des radios confessionnelles. Sans être utilisées comme un simple moyen de prosélytisme, ces radios participent au développement socio-économique et culturel des populations avec des émissions sur l’agriculture, le commerce, l’art et l’éducation scolaire. »

Certes, ce qui est entre autres pertinent à retenir, c’est que pour Etienne Damome, « cette multiplicité de missions est étroitement liée à la grande diversité des profils de l’auditoire : en évitant de se baser sur des profils types pour créer des formats uniques, les concepteurs des radios religieuses s’adressent à des publics hétérogènes tenant compte de leur condition socio-économique ou matrimoniale, sans pour autant oublier leur emploi ou leur niveau culturel. » Pour l’auteur, ces radios se veulent « évangélistes » dans le sens de « l’intentionnalité d’une communication » qui cherche l’ouverture à tout public, tout individu social. (Charlotte, B 2014)

Du point de vue d’Étienne Damome, l’interaction augmentée par rapport à d’autres stations radiophoniques entre l’émetteur et le public met en place un dialogue qui va au-delà de la sphère confessionnelle pour faire émerger des débats sociopolitiques dans des pays où la voix de la société civile se heurte à la puissance absolue d’un État hégémonique.

Pour l’auteur, « les médias tout comme le religieux créent du lien social. En même temps, les radios confessionnelles en Afrique mettent en lumière la fragmentation sociale, le pluralisme religieux et la multiplicité linguistique. L’utilisation des langues locales, l’improvisation et l’interaction accrue avec le public favorisent la prise de parole publique démocratique. » (Thomas Atenga)

Étienne Damome présente donc une étude à la fois panoptique et large en portée et en contenu, incluant tout ce qui est visible en une fois et dont, d’un point d’observation interne, on peut embrasser du regard tout le paysage communicationnel de la radiophonie religieuse en Afrique. Cela suscite plusieurs questionnements. Notamment quant au rôle de la radio dans la construction de l’opinion publique ainsi que sur les rapports de ce média avec d’autres types de médias (télévision, Internet…) dans le contexte actuel. Il s’agit d’une analyse macroscopique qui peut donner lieu à des enquêtes de réception de nature qualitative pour examiner quel est l’usage que les populations font de la radio dans leur quotidien et comment cet objet médiatique est traité dans leurs discussions et dans leurs débats.

Comme le dit Thomas Atenga , l’un de ceux qui se sont intéressés à l’ouvrage, Étienne Damome a pu extraire de son étude quelques grands traits qu’il nomme, au chapitre 8 « les logiques de la communication religieuse en Afrique », c’est-à-dire « l’usage que les institutions font des médias », et non pas les « positionnements des uns par rapport aux autres au sein de l’institution et les ajustements dans les rapports avec la société… », encore moins « la circulation de l’information entre fidèles et représentants de l’appareil, mais de la communication médiatique de l’institution dans son ensemble ». À partir des terrains labourés, l’auteur affirme que, « du point de vue théorique, quatre caractéristiques marquent la logique médiatique de la communication religieuse, du moins en Afrique. Elle est ambivalente, communautaire, utilitariste et médiatrice ».

Dans les derniers chapitres de l’ouvrage, comme le dit Aude Jimenez, Étienne Damome « se montre plus analytique, offrant pour ainsi dire une perspective théorique à la fois sociologique et communicationnelle originale, en faisant référence par exemple au processus de communication de Roman Jakobson au chapitre 8 et aux définitions sociologiques de la religion de Dominique Wolton et Émile Durkheim. » Cette approche, prise en compte pour sa pertinence, « doit certainement faciliter toute tentative de compléter les analyses politiques sur la radio en Afrique, plus largement répandues » (Capitant, 2008 ; Diagne, 2014 ; Frère, 2001 ; Smith, 2012).

En France, Christian Mesnil, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université du Littoral, dans son article « Les stratégies de communication des protestants français », affirme qu’en dépit des caractéristiques qui pourraient avoir l’air de handicaps (minoritaires, divisés, réservés, disséminés…), les protestants français semblent communiquer de façon plutôt efficace. L’auteur ajoute que leurs bases théologiques et ecclésiales comportent notamment des avantages. En outre, l’importance grandissante de la communication dans les entreprises et les organisations les a bel et bien incités à modifier profondément leurs modes d’intervention au niveau de leur communication.

Corriger ce qui se considère comme une carence en communication, faire entendre la parole protestante à travers une communication efficace est devenu, selon l’auteur, un souci prioritaire du protestantisme français. L’auteur cite le président de la F.P.F 2Jacques Stewart qui soulignait dans une interview accordée au journal Réforme après sa réélection (4 février 1995) « J’espère que la politique de communication développée depuis une dizaine d’années à la fédération va continuer de porter ses fruits et que nous serons de plus en plus sollicités. Mais il faut prendre beaucoup d’initiatives afin que chacun sache que les protestants existent. Je suis persuadé que beaucoup de gens ignorent même l’existence du protestantisme dans notre société. Celui-ci est tellement muet… tellement timide ».

La modernité communicationnelle des protestants français, écrit Christian Mesnil, « était à l’origine plus présente à l’interne qu’à l’externe. La situation s’est progressivement inversée. Cela était dû aux composantes variées et de sa position de plus en plus minoritaire. Afin de ne pas démissionner et courir le risque de se dissoudre, les protestants français se trouvaient précisément dans l’obligation de faire entendre leur voix mais d’une autre manière. »

Le rôle des médias dans la communication religieuse : perspectives mondiales

De fait, le protestantisme français communique désormais avec des outils et des comportements professionnels en fonction des circonstances, mais en amateur. Selon l’auteur, cette double démarche est fonction à la fois de la modestie, voire de la carence des moyens matériels disponibles ainsi que des réticences de certains de ses membres vis-à-vis d’attitudes qui bouleversent leur culture. Ce point de vue contraste avec la formidable progression des nouvelles technologies de l’information et de la communication, progression qui a pour conséquence naturelle une amplification de la réflexion des protestants français sur les défis mais surtout sur le bon usage des nouveaux médias et avant tout de la communication. Cette communication doit être réfléchie non seulement dans sa tendance traditionnelle, mais surtout dans sa dimension organisationnelle.

Parallèlement à l’évolution de la société économique, politique, civile vers plus de communication, il semble que les protestants français se sont par conséquent adaptés. La démarche utilisée s’est voulue à la fois rigoureuse, appliquée et un peu empirique, mais elle

2 La Fédération des Protestants Français.

est porteuse de bons résultats. Tant et si bien que ces protestants de France semblent désormais en éveil constant, prêts à communiquer au coup par coup dès que le besoin ou l’occasion se présentent malgré l’absence de stratégie ou d’échéancier prédéfinis. Cela ne leur réussit définitivement pas si mal. La raison en est bonne puisque leur message, tout en n’ayant jamais un retentissement médiatique considérable, passe bien dans l’opinion publique française lui accordant bienveillance et estime.

Pour l’église protestante française, le moment est donc venu de revenir aux médias. Et comme le souligne Mesnil, « il serait en effet chimérique de simuler communiquer « en ignorant le rôle et les modes de fonctionnement des moyens de communication de masse, tant ceux-ci présentent parfois l’apparence du médiateur unique entre les réalités de ce monde et les hommes qui le peuplent et qui constituent les destinataires de cette institution. »

Pour Christian Mesnil « L’effort a été plus important qu’un regard extérieur pourrait le penser. Ceci à cause, bien sûr, de la simplicité et de la décence de ses moyens, de ses divisions et de certaines valeurs théologiques ou ecclésiales qui surtout semblent peu en phase avec les pratiques des médias. »

L’effort est à continuer surtout que les protestants français sont conscients que l’on rentre dans un univers médiatique très ambigu, omniprésent et dont l’évolution démesurée et effrénée laisse entrevoir et des champs d’agissements prometteurs et des risques de manipulation plutôt plus inquiétants.

Sans se laisser décourager par l’ampleur et la rapidité avec laquelle les nouvelles technologies de l’information et de la communication envahissent notre société, « les protestants de France font ainsi preuve d’un singulier dynamisme. Ce qui consiste (tout en confortant des pratiques communicationnelles adaptées à la société moderne) à s’interroger de plus en plus au nom des capacités de choix et de réflexion humaine qui leur tiennent tant à cœur sur le sens et les formidables enjeux de la communication du futur. »

L’impact des médias sociaux est énorme. Le protestantisme français est conscient de la nécessité d’être présents et actifs dans les médias, c’est une façon d’exercer la liberté d’expression. Aujourd’hui, il n’a pas un accès égal aux médias, puisque selon Mesnil, en

France « nous sommes dans une société indifférente à tout ce qui touche à la religion. La liberté religieuse passe nécessairement par l’accès aux médias. » La conséquence immédiate de l’évolution technologique est que ces médias deviennent de plus en plus omniprésents et puissants. Les catholiques et les non-protestants sont entourés d’une série de préjugés et de clichés qui se reflètent le plus souvent dans les médias, un art de la manipulation du langage qui transforme la réalité. Le journalisme ne peut pas seulement être une propagande, une courroie de transmission de certaines idéologies. C’est pourquoi le protestantisme français se voit inciter à trouver les canaux – ressources humaines et matérielles – et utiliser avec profit les outils de communication. L’importance des médias dans la transmission de postulats idéologiques ou religieux est incontestable, surtout que la formation intellectuelle passe par la communication.

En Amérique Latine, une recherche réalisée en 2013 par Olga Maribel Velasco Núñez, à Quito, en Équateur, pour obtenir un diplôme en communication sociale de l’Université centrale de l’Équateur est à retenir également. Cette thèse est intitulée « Gestion et management de la communication pour renforcer l’image de l’Église du Centre de culte chrétien dans la Valle de los Chillos ».

La chercheuse entame dans son travail le traitement et la gestion de l’image de l’église à partir d’une analyse de sa culture organisationnelle comme l’identification du logo, des couleurs qu’elle utilise. Cette étude a été réalisée selon un modèle de communication intégrale avec une vision holistique totale, générale et globalisante de la gestion des processus communicationnels, obtenant comme résultat un plan de communication qui positionne l’église parmi ses fidèles et dans le secteur où elle se trouve.

Olga Maribel Velasco Núñez explique, en citant Costa, qu’« il n’y a pas d’identité, pas de culture, pas de stratégie, pas d’action positive, si elles ne sont pas efficacement communiquées » ; c’est-à-dire que l’action, toute action envisagée par l’église dépend de la communication (Juan Costa, cité par Olga Velasco, 2009, p. 26). Il est nécessaire d’avoir comme référence une recherche qui montre la nécessité et l’importance de la communication dans une organisation religieuse.

Au Salvador, un plan média a été mis en œuvre pour l’église Kemuel, réalisé par Yenny Hernandez en 2012. Cette étude démontre le manque d’outils de communication auquel devait faire face cette organisation, et souligne que l’église ne dispose pas d’une politique de communication bien définie qui propose également l’utilisation de sites web et l’utilisation des réseaux sociaux pour informer et motiver ses fidèles. Il convient de souligner l’utilisation du web dans ce travail, qui contribue à la réalisation des objectifs de l’organisation.

En Colombie, en 2022, à l’Université de Cartagena, la première thèse pour le titre de communicateur social de cette institution a été réalisée sous le thème proposé « Création du département de communication dans l’Eglise chrétienne de Vida », réalisée par Adriana Batista, Bárbara Escobar et Vanessa Reyes. Ces trois chercheuses ont réussi à créer le département de communication de cette organisation, fournissant des éléments essentiels pour la construction de cette direction et son application dans les églises chrétiennes de la ville ou du pays. Il convient de souligner la contribution dans la communication au niveau des réseaux où ces chercheuses montrent qu’elle peut s’effectuer entre les mêmes institutions ou à travers les médias virtuels. C’est là où cette communication semble être liée à cette recherche qui montre, en citant Rosemary Pérez, que «la gestion fluide de la communication numérique organisationnelle est un impératif qui fournira aux fidèles internes et externes des informations complètes, efficaces, véridiques et de qualité qui gouverneront l’institution » (Rosemary Pérez, citée par Vanessa Reyes 2012, p. 23). Précisément, ce qui est recherché dans cette proposition est la création du département de communication de l’organisation, qui renforcera la communication en utilisant le web.

Tramannoni réalise un projet de diplôme intitulé «Marketing religieux : la stratégie marketing utilisée par l’Église universelle du Royaume de Dieu dans la ville de Rosario». L’objectif de cette recherche est de connaître et d’étudier les stratégies de communication et du marketing utilisées dans ce lieu. Pour l’auteur, l’église susmentionnée est d’un intérêt vital.

Cette recherche vise fortement à connaître les personnes intéressées par cette église et son culte, et prend également en compte une segmentation du public. Ceci lui permet d’offrir certains produits à ses adhérents liés à des valeurs ou à des notions de travail en équipe. Pour l’identification et l’analyse de la stratégie de cette église, Tramannoni tient compte des

matériaux tels que : livres, magazines, bibliographie Internet et matériel audiovisuel, sélectionné à partir de l’intention même de la recherche effectuée. Pour collecter l’information, l’auteur utilise deux supports : d’abord, l’information audiovisuelle du programme offert par l’église sur la chaîne, puis l’observation libre sans la participation du chercheur, sur le lieu, les produits, la programmation et l’environnement dans lequel la messe se déroule dans l’église universelle du Royaume de Dieu.

En résumé, l’étude souligne l’importance d’analyser le public qui fréquente ce lieu, ainsi que la segmentation effectuée en fonction des besoins physiques et spirituels, du comportement religieux, des avantages recherchés et des besoins psychologiques. L’auteur juge que cela permet de mieux cibler les produits sur certains groupes. C’est pourquoi son étude apporte des contributions sur la stratégie mise en œuvre par l’Église universelle du Royaume de Dieu à l’égard du public visé et des divers groupes qui la fréquentent. Ce qui permet d’orienter les produits de manière efficace.

L’article intitulé « Marketing céleste : marketing de la musique religieuse » écrit par Sierra semble aussi intéressant. L’objectif principal de cet article est de mettre l’accent sur le rôle de la musique en tant que médiateur de produits, d’idées et de notions qui reposent sur certaines perspectives symboliques et sur une charge culturelle. L’auteure précise que c’est à travers la musique que l’on peut faire connaître différentes pratiques et manières de percevoir le monde. L’autre objectif de cet article est d’aborder le phénomène de la musique religieuse, en particulier dans le contexte des églises pentecôtistes.

En conclusion, l’auteure affirme que le marketing de la musique religieuse est devenu une méthode efficace pour atteindre et influencer le public et les futurs adhérents à travers les médias. Pour cette raison, la contribution de l’article de Sierra à la présente recherche consiste en l’importance accordée à la musique pour se faire connaître du marché et attirer les clients.

De son côté, Almelda a écrit un article intitulé « La présence du marketing dans les organisations religieuses aujourd’hui ». Dans son article, l’auteur vise à montrer la présence du marketing dans chacune des organisations religieuses et les exigences présentes dans ces organisations pour créer un marketing religieux. Cependant, l’auteur note que, « bien que de nombreuses églises utilisent le marketing, celui-ci n’est pas toujours efficace. Il précise que

ce marketing se présente de manière désorganisée et, dans certains cas, certains instruments font défaut. » La méthodologie utilisée par Almelda est qualitative et prend en compte la collecte d’informations, de données, de données bibliographiques et d’événements liés aux stratégies de marketing religieux. De plus, une observation directe est effectuée dans chacune des organisations religieuses concernées. De cette manière, son travail est réflexif puisque les informations obtenues et analysées visent principalement à générer une critique de la mise en œuvre du marketing dans les organisations religieuses. Les résultats montrent qu’une « tendance des courants apostoliques catholiques est de standardiser les clients. Ainsi, de telles initiatives prennent en compte des produits similaires à ceux des concurrents, mais ils sont présentés d’une manière différente au marché. »

D’autre part, toujours selon l’auteur, il y a les organisations néo-pentecôtistes qui utilisent les médias audiovisuels et la communication avec ce que cela suppose comme impact sur les réseaux sociaux et dont l’élément commun est la redéfinition du symbolisme juif. Il convient de mentionner que des organisations de différentes religions et de différentes zones géographiques, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, ont été prises en compte. En bref, compte tenu de la préoccupation actuelle de maintenir et d’attirer des publics dans ces domaines, les organisations ont choisi de se démarquer dans l’esprit et la mémoire du consommateur. Elles ont donc choisi de s’aventurer dans le marketing, en tenant compte des principes éthiques et réglementaires. Par conséquent, ce document fournit des informations opportunes sur l’importance de mettre en œuvre les bonnes stratégies de marketing religieux afin d’avoir un impact sur le public, telles que le marketing sensoriel, les relations publiques, la publicité de masse à la télévision et la publicité de masse à la radio.

Dans le même ordre d’idées, Beltrán réalise un projet de diplôme intitulé « State of the art of religious marketing », dont l’objectif général est de trouver, vérifier, classer et mettre en relation des études et des approches en Colombie, en référence à la manière dont les religions s’approprient et réalisent la fidélisation de leurs adhérents. Selon cet auteur, « le marketing ne s’est pas limité au domaine des affaires, mais il est aujourd’hui pertinent dans la sphère religieuse, en particulier quand il s’agit de la satisfaction et la fidélisation des adhérents. » Par ailleurs, l’auteur signale que « l’expansion de cette discipline dans le secteur religieux a permis de renforcer les stratégies de gestion, la gestion financière, les ressources physiques,

les ressources humaines et la formation des dirigeants. » C’est pourquoi la recherche de Beltrán est de nature exploratoire. À travers divers rapports et bibliographies sur le marketing religieux, elle délimite l’information sur le sujet, ce qui enrichit la recherche dans la mesure où elle peut fournir des données pertinentes, des pratiques réussies et l’analyse de méthodologies précédemment mises en œuvre. Après avoir effectué le processus de recherche, l’auteur procède à la production d’un document de type revue dans lequel les informations pertinentes sur le marketing religieux sont compilées, dans le but de répartir l’information. Enfin, une évaluation des tendances identifiées est faite et les concepts pertinents relevés sont établis. Les concepts clés identifiés par l’auteur sont : la promotion sociale, les communautés évangéliques, l’effet de profit, le Godcasting et la sécularisation.

Les conclusions tirées par Beltrán indiquent que les églises évangéliques sont beaucoup plus attrayantes pour le public puisqu’elles tiennent compte de certaines divisions qui leur permettent de se faire connaître du public. En ce sens, la contribution pertinente de ce document à la présente recherche est qu’il nous permet d’entrevoir qu’il existe une préférence pour la diversité musicale que les églises utilisent et l’ordre même dans lequel elles présentent leur programme.

Jaume Vallverdú, quant à lui, présente une étude intitulée « Marché religieux et mouvements charismatiques dans la modernité ». Dans cette étude, l’auteur précise que « le marché religieux a connu une croissance qui présente au public différentes façons d’aborder l’expérience religieuse. Il en conclut que la diversité religieuse et le marketing religieux ont généré des stratégies plus innovantes, aussi bien qu’un certain ordre au sein des organisations. » (Vallverdú, 2001). Ainsi, la principale contribution de l’article est qu’il fournit des informations théoriques sur les mouvements charismatiques et les identités collectives. Il présente les religions dans leur diversité et leur modernité face à ce panorama. En plus, l’article soulève des questions qui enrichissent la présente recherche et génèrent des bases solides pour le développement du travail.

Au Mexique, qui constitue le terrain de ma recherche, il existe depuis les années 30 un courant académique d’études sur la sociologie de la religion ayant débuté timidement mais qui s’est amplifié au fil du temps.

Les travaux menés ces dernières années par la Red de Investigadores del Fenómeno Religioso en México (RIFREM) en sont un exemple. Le premier article de la Revista Mexicana de Sociología lié au phénomène religieux était « Religión y economía en el pensamiento sociológico de Max Weber » écrit par René Barragán (1939). Vingt ans plus tard, en 1959, Birou & Villegas ont écrit « Religión e ideal en el pensamiento de Durkheim ». L’étude de la religion par la sociologie a commencé à apparaître à la fin des années 1970 (Blancarte, 1992).

Rappelons que l’étude de la pluralité religieuse, des églises et des religions non catholiques, a eu initialement un ton préjudiciable en ce sens qu’elle a été liée à un scandale en 1979. Ce scandale a été généré par une demande d’expulsion du Summer Institute of Linguistics (SIL). Cette institution était financée par les églises évangéliques américaines qui, à l’époque, étaient engagées dans la traduction de la Bible dans les langues indigènes. Selon Armando Garcia Chiang, « l’institut a été accusé d’être un instrument de pénétration du gouvernement américain dans le Mexique rural. » (Chiang, 2017) À la fin des années 1970, il a été expulsé du pays, bien que les accusations portées contre lui n’aient jamais été prouvées (Delvalls, 1978).

De manière générale, les recherches que je mentionne et décris dans l’élaboration de la revue de littérature proposent une discussion des relations entre le phénomène religieux et divers aspects du phénomène politique, notamment l’économie, l’État et les droits des citoyens. Les églises protestantes post-confessionnelles dont je parle dans cette recherche, sont le résultat de différents processus de restructuration interne des églises protestantes. Ces changements sont l’une des raisons de la naissance de ces églises non confessionnelles.

Le processus de changement social dans les groupes protestants, à partir d’une ligne wébérienne, est dû à la relation des groupes protestants avec la modernité et la démocratie. Des sociétés se forment dans lesquelles les gens se réunissent pour des raisons personnelles et reçoivent des enseignements basés sur des idées libérales et démocratiques, selon les termes de Feria & Blancarte, « des sociétés de pensée, intégrées sur la base d’une adhésion individuelle et volontaire, et dans les espaces desquels une idéologie libérale a été inculquée et des pratiques démocratiques ont été encouragées » (Feria & Blancarte, 2011 :18).

La communication est utilisée comme un outil très efficace pour comprendre et expliquer le phénomène religieux. La religiosité dans les médias contemporains offre un espace d’intervention pour les églises de différentes dénominations, notamment les pentecôtistes. Ces institutions religieuses d’Amérique latine ont leurs propres programmes radio qui font concurrence aux programmes radio laïques. Les utilisations des médias pour la transmission de productions discursives et musicales religieuses destinées à un public spécifique sont constantes dans la modernité (Miguel, 2017).

Le discours religieux qui attire l’attention des sujets de la modernité et ayant créé une recherche d’un certain type d’expériences religieuses sont les énonciations liées aux miracles de guérison, qui sont des événements où une personne arrive à l’église malade ou avec un problème lié à sa santé physique et, grâce à la prière et à l’imposition des mains, elle se trouve guérie. Dans les expressions médiatiques, les caractéristiques qui sous-tendent la religiosité populaire sont renforcées par le fait qu’elles ont une portée de masse.

Par ailleurs, il existe une production culturelle et matérielle dans l’univers religieux. En termes de production culturelle, je me réfère aux productions littéraires et musicales et à toute une configuration liée à une Culture du Royaume (Aguiar, 2020). Par production matérielle, j’entends la production d’objets allant des porte-clés aux vêtements.

Chez les catholiques, les protestants, les spirites et les autres religions, la production et la distribution de produits par des maisons d’édition spécialisées dans ce public représentent une production à grande échelle. Les biens culturels et matériels de l’univers religieux d’aujourd’hui vont au-delà du livre doctrinal. La consommation d’objets tels que les vêtements, les objets sacralisés, la musique et les événements occupe une place de choix dans les espaces de production de biens symboliques (Miguel, 2013).

La production musicale est d’une grande importance dans le domaine religieux d’aujourd’hui. Les sujets ne comprennent peut-être pas grand-chose aux questions théologiques, mais les paroles des chansons sont des discours simplifiés qui sont plus faciles à comprendre et à retenir pour les participants aux services religieux, notamment protestants. L’approche musicologique par la communication permet d’approfondir l’étude et la compréhension de certains phénomènes religieux.

Vingt ans après Blancarte, García Chiang a pu constater ce qui, des années plus tard, a été également confirmé dans la revue de la littérature, à savoir que les recherches consacrées au phénomène religieux au Mexique sont rares (García Chiang, 2004). Il existe en fait de nombreuses explications possibles à cette situation. Certaines tentatives d’explication mettent en avant l’influence de l’Église catholique dans la société et dans la culture de la population mexicaine, ce qui a empêché l’avancée des recherches qui la remettaient en question ou qui parlaient d’autres églises en expansion et de nouvelles options religieuses. L’Église catholique a eu un pouvoir incontestable au XIXe siècle au Mexique, jusqu’à ce que les Églises protestantes commencent à se renforcer au début du XXe siècle. Je l’affirme en observant les données publiques de l’INEGI qui corroborent que les Mexicains sont de plus en plus nombreux à quitter les bancs des églises catholiques pour rejoindre ceux des églises évangéliques.

C’est ce que nous apprend le recensement national, mené tous les dix ans dans ce pays du continent américain par l’institut INEGI, et dont les résultats ont été publiés le 25 janvier 2023. La proportion de catholiques a en effet perdu dix points en vingt ans, passant de 87,9

% en 2000 à 77,7 % en 2020. Le protestantisme, quant à lui, a progressé de près de quatre points depuis 2010, rassemblant désormais plus d’un habitant sur dix.

 

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