2.5.1.   Les ennemies et les maladies du Cacaoyer

  • Les ennemies du cacaoyer

2.5.1.1.1. Animaux

Les singes (Afrique) sont redoutables dans les régions où l’on cultive le cacaoyer, ils se montrent très friands des graines, ils visitent les plantations, sautent de branche en branche et provoquent, par leurs mouvements, la chute des fleurs et des fruits. L’antilope, se dressant sur ses pieds de derrière, mange les jeunes cabosses et les bourgeons; les rats percent la coque et sucent la pulpe sucrée qui entoure les graines.

Les oiseaux eux-mêmes, et surtout les perroquets, sont parfois non moins funestes que les mammifères. Mais les insectes sont, parmi les animaux, les plus terribles ennemis du cacaoyer (Lecomte et Chalot, 1897).

2.5.1.1.2. Végétaux parasites

Les cacaoyers sont souvent envahis par des végétaux parasites ou épiphytes d’assez grande taille comme les Loranthacées ou certaines Broméliacées (Tillandsia) ou même par des Mousses.

Les premiers doivent être enlevés aussitôt qu’ils apparaissent, car ils épuisent l’arbre (OIT, 2013). Les mousses en se développant à la surface du tronc et des branches peuvent empêcher les boulons d’apparaître et de donner des fleurs (Ahoutou et al. 2015).

2.5.1.1.3. Les Intempéries

Tout en étant un arbre, le cacaoyer est sensible aux vents forts et cyclones qui détruisent assez souvent les branches maitresses. L’ouragan Matthew de 2016 à sévèrement attaqué les cacaoyères de la Grand- Anse. Certaines zones ont du mal encore à se relever (MARNDR, 2016).

2.5.1.2.    Les Maladies Phytosanitaires

 

  • Les maladies fongiques:

Les attaques fongiques sur les cacaoyères sont fréquentes. Le phytophtora du cacaoyer provoque la mort de beaucoup de plants dans la Caraïbe et l’Amérique du Sud. Une maladie nommée Mancha, qui cause de véritables ravages dans les cacaoyères de l’Équateur. (Lecomte et Chalot, 1897). Le Melanomma Henrinquesianum a été trouvé d’autre part sur les écorces de cacaoyers provenant de la côte occidentale d’Afrique.

Une maladie qui consiste dans la formation de poches gommeuses soit dans le bois soit dans le liber secondaire ou bien simplement de dépôts d’une gomme spéciale dans la cavité des fibres et des vaisseaux. Cette production de gomme entraîne souvent la mort de certaines branches ou même celle de l’arbre entier (Lecomte et Chalot, 1897).

2.5.1.2.2. Les maladies virales

Bon nombre de maladies virales détruisent de plantation de cacaoyer à travers le monde. Le swollen shoot est une maladie virale du cacaoyer qui se développe de manière endémique en Afrique de l’Ouest. L’origine du nom de cette maladie est liée aux gonflements des rameaux qui constituent l’un de ses symptômes caractéristiques.

Mais, cette maladie provoque aussi des bandes rouges et des mosaïques le long des nervures des feuilles ainsi qu’une sévère défoliation (Lecomte et Chalot, 1897).

Le virus responsable du swollen shoot appartient au genre Badna virus. Les particules virales sont bacilliformes de 121 à 130 nanomètres de long sur 28 nanomètres de diamètre et possèdent un ADN double brin. Le virus est transmis naturellement par plusieurs espèces de cochenilles selon un mode semi-persistant.

Les défis de la culture du cacaoyer : animaux, maladies et Intempéries

Les vecteurs les plus courants sont notamment Planococcoïdes jalensis, Planococcus citri et Ferrisia virgata. Le traitement contre la maladie consiste principalement en l’arrachage des cacaoyers malades et en la replantation de cacaoyers résistants ou tolérants. (www.caribfruits.cirad, consulté le 22/11/2021).

2.5.2. Récolte

On commence à récolter les cabosses matures après environs 5 à 7 mois qui suit la pollinisation des fleurs (Lecomte et Chalot, 1897). La récolte des fruits se fait deux (2) fois par année suivant le pays.

Un arbre qui produit annuellement 50 fruits est considéré comme bon producteur (Ahoutou et al. 2015). L’arbre commence à fructifier généralement à la 5ème année de sa mise en terre, il est en plein rendement entre 10 à 25 ans. (www.Agritrop.cirad.fr, consulté le 22/1/2021). Sa capacité de production se maintient en moyenne jusqu’à 30 ans, voire plus. L’arbre peut vivre jusqu’à 60 ans.

En Haïti la période de récolte se situe entre les mois d’Octobre, Novembre et Avril, Mai. On récolte les cabosses à la main ou à la cueillette. On la détache alors facilement avec une sorte de lame courte montée sur un long manche ou avec une gaule fourchue (MARNDR, 2005).

Il ne faut pas cueillir les cabosses avant leur pleine maturité, car la présence de quelques grains encore verts nuit à la qualité de toute une récolte en lui communiquant une saveur amère, acre, toujours désagréable. Par contre, les fruits mûrs peuvent rester quelque temps sur l’arbre sans en souffrir (www.Agritrop.cirad.fr, consulté le 22/11/2021).

2.5.3.   Post-récolte

 

  • Écabossage

L’écabossage est l’opération qui consiste à ouvrir la cabosse en vue d’en extraire les fèves. Il se fait en moins de trois (3) jours après la récolte. Pour cette opération le producteur a le choix d’utiliser un petit marteau, une pierre ou un morceau de bois. Il permet de séparer le placenta des fèves (Ahoutou et al. 2015).

2.5.3.2.  Fermentation

Les graines sont mises à fermenter dans des bacs de formes diverses et les bacs sont troués dans leurs parties inferieures. La fermentation se produit d’autant plus vite que la quantité de graines est plus grande. La durée de cette fermentation varie de quatre à cinq jours et sept ou huit jours, suivant la nature des graines, suivant l’état de l’atmosphère et suivant la température (Jean, 2014).

Rappelons qu’un défaut d’écoulement des jus de fermentation peut induire une fermentation butyrique préjudiciable à la qualité finale par l’apparition de notes de beurre rance (CIRAD, 2015).

2.5.3.3.  Séchage

Le séchage se fait soit directement sur le sol bétonné soit dans de larges caisses présentant une profondeur. Pour garantir une bonne conservation le cacao doit avoir une teneur en eau ≤ 8 %. On doit donc fixer la fin du séchage lorsque le cacao a une teneur en eau de 7%, pour tenir compte du risque de ré humidification des fèves, en raison de l’humidité relative le l’air proche de 80%, taux très fréquent en zone cacaoyère.

A Dame-Marie, la CAUD utilise des tables pour le séchage avec des planchers en bois (CIRAD, 2015).

2.5.3.4.  Triage

Avant de mettre le cacao en magasin, il est usage de le trier pour obtenir des qualités uniformes (CONZETT-AGED, 2016). Ce triage peut se faire manuellement ou par voie mécanique à l’aide de machines composées de trémies dont les trous sont graduellement croissants.

Le premier crible ne laisse passer que les poussières; les autres trient les graines par ordre de grosseur. Le triage permet d’avoir un cacao de plusieurs grades (ICCO, 2012).

2.5.3.5. Entreposage

L’entreposage de la fève de cacao se fait dans des sacs en jute déposés sur des palettes en bois pour éviter le contact du sac avec l’humidité du sol. L’entrepôt doit être sec et ventilé par des courants d’air. (Ahoutou et al. 2015).

Pour éviter toute réhumidification des fèves un bon séchage est exigé et la toiture de l’entrepôt doit être en bon état pour éviter des situations regrettables en cas de forte pluie ou intempérie (Lecomte et Chalot, 1897).

2.1.  La culture du cacao en Haïti

Le cacaoyer a été introduit par les Espagnols sur l’île d’Haïti en 1525 à partir du Mexique. Le gouverneur Bertrand d’Orgeron allait donner un essor à la cacaoculture en 1665 dans la zone de Port- Margot. Cependant, la culture allait être annihile par de violent cyclones en 1715 et en 1717 sa disparition était totale dans la colonie (Jacques de Cauna, 2013 ; cité par PIOU et BEAUCHAMP, 2019).

Les plantations cacaoyères d’Haïti sont composées principalement de Criollo et de Forastero, variétés très recherchées dans le monde et utilisées dans la chocolaterie haut de gamme. Jadis exporté sur le marché international sous forme de cacao ordinaire non fermenté. Le potentiel réel du cacao Haïtien n’a jamais été optimisé (Jean, 2014).

La culture du cacao est associée aux cultures vivrières comme l’igname, le manioc, la banane, les arbres fruitiers dont l’avocatier et les agrumes ainsi que des forestiers divers. Ces systèmes d’agroforesterie organisés autour du cacao jouent aussi un rôle capital en matière de gestion conservatoire de l’eau, des sols et la sécurité alimentaire (Phanord, 2018).

En Haïti, le cacao constitue un enjeu socio-économique et environnemental majeur. Le rendement des plantations est de 317, 77 Kg/Cx (MARNDR, 2005). La production nationale oscille autour de 7500 tonnes par an (MARNDR 2012) et implique plus de 20 000 familles de petits producteurs ruraux. (AVSF, 2009) et concerne 18 043 hectares (MARNDR, 2005).

En 2011, le cacao a occupé 28% du total des exportations agricoles haïtiennes pour une valeur totale d’environ  sept (7) millions de dollars américains (www.brh.net/balance_des_paiements.html). Le cacao représente plus de 60% des revenus totaux des cacaoculteurs (Pierre-BID/MARNDR, 2005). Ces revenus, bien que saisonniers, constituent le pilier central de la trésorerie familiale (soins de santé, écolage des enfants, investissements dans l’élevage etc.

La cacaoculture est concentrée dans deux zones principales du pays : le Nord et la Grande Anse. Une faible production existe dans des zones marginales du Sud ’Est et du Nord-Ouest. Dans le département du Nord, la production cacaoyère est assurée par les communes suivantes : Grande Rivière du Nord, Acul du Nord, Port Margot, Borgne, St-Raphael, Dondon et Milot. De ce fait, les producteurs, les spéculateurs, les coopératives sont localisées dans les communes précitées.

Dans le nord, il y a un seul exportateur localisé dans la ville principale du département, la Maison Novella. Pour la Grand’Anse, les zones qui produisent le cacao sont les suivantes : Dame-Marie, Chambellan, Anse-d ’Hainaut, Moron, Marfranc.

Les producteurs et les spéculateurs se trouvent dans ces zones de productions (Pierre- BID/MARNDR, 2005). La Maison Wiener, la FECANO et la société Kaléos partagent l’exportation depuis quelques années. Depuis Avril 2019 l’Organisation Internationale du Cacao (ICCO) reconnait la République d’Haïti parmi les vingt-cinq (25) pays producteurs et exportateurs de cacao fin biologique (PIOU et BEAUCHAMP, 2019).

2.2.  La culture du cacao à Dame-Marie

Après la disparition totale des cacaoyères en 1717 à Saint-Domingue suite à des cyclones répétitifs, le cacaoyer a été réintroduit dans la colonie en 1736 dans la Commune de Dame-Marie sur l’habitation sucrière de Spechhac. Cette propriété appartenait à un colon franco-suisse du nom de Schperback (MADIOU, 1989 ; cite par PIOU et BEAUCHAMP, 2019). Actuellement cette habitation se trouve dans la commune des Abricots. A cette époque, Abricot dépendait de la paroisse de Dema-Marie, mais en 1789 Abricot à son tour a été élevé au rang de paroisse(https://haiti.fandom.com/wiki/Abricots.)

L’établissement de l’usine de préparation de cacao par la Maison Wiener à Dame-Marie au tout début du XXème siècle allait consacrer la commune comme le Pivot en termes de production pour le département, avant d’acheminer le cacao vers les Etats-Unis et l’Europe. Cette compagnie fait partie de l’histoire du cacao en Haïti, car elle exportait par moment 75% de l’exportation nationale. Aujourd’hui encore, Maison Wiener joue un rôle de premier plan à Dame-Marie (PIOU et BEAUCHAMP, 2019).

C’est à Dame-Marie qu’organise chaque année depuis 2007 la fête traditionnelle de cacao à l’époque pascale sous l’impulsion de la FESMA. Cette activité regroupe ensemble les différents acteurs de la filière pour contribuer à la relance de la production du cacao dans la région par l’accompagnement des producteurs.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Centre universitaire polytechnique d’Haiti - Faculté des sciences agronomiques et environnementales - Option phytotechnie
Auteur·trice·s 🎓:
Claudel CHARLES

Claudel CHARLES
Année de soutenance 📅: Mémoire de fin d’études pour l’obtention du grade Ingénieur-Agronome - Sciences Agronomiques - Filière: cacao
Ingénieur-Agronome de profession, spécialiste en production végétale . MASTERANT EN DÉVELOPPEMENT INGÉNIEUR-AGRONOME
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