Digitalisation et performance bancaire : Impact en Afrique subsaharienne 

DEUXIEME PARTIE : DIGITALISATION ET PERFORMANCE FINANCIERE DES BANQUES DANS LES PAYS D’AFRIQUE SUBSAHARIENNE

Introduction

Dans la littérature financière plusieurs contributions ont étudié la performance bancaire et les principaux indicateurs de son évaluation. En général, le but de chaque banque est de pouvoir assurer une rentabilité pérenne dans un contexte de plus en plus caractérisé par des turbulences économiques et financières. A ce niveau, la performance financière est donc l’atteinte des résultats sur une période, en utilisant les finances de la banque de manière optimale.

Comme démontrer lors de la première partie, le bilan social est déterminant pour évaluer la performance sociale des banques. Son implication dans la recherche dans la recherche de la performance par les banques passe par un certain nombre de facteur à l’instar, la digitalisation. Comme démontré plus haut la digitalisation influence positivement et significativement la performance sociale des banques. Dès lors quel peut être son effet sur la performance financière des banques dans les pays d’Afrique subsaharienne ?

Compte tenu de ces faits, l’analyse de cette partie s’articule autour de deux chapitres. Le premier est axé sur l’analyse théorique de la relation entre la digitalisation et la performance financière des banques, en rassemblant les théories qui mettent en relief la relation qui les lie dans un premier temps, et dans un second temps, en regroupant les travaux qui ont testés de manière empirique cette relation.

Le deuxième chapitre porte sur l’analyse de la relation digitalisation et performance financière des banques dans les pays d’Afrique subsaharienne sur la période allant de 2014-2020. Il est question dans ce chapitre d’examiner d’une part l’ensemble des faits stylisés à cette relation des banques dans les pays d’Afrique subsaharienne et d’autre part, effectuer une analyse économétrique afin de vérifier les différentes théories par la méthode des moindres carrés.

CHAPITRE 3 : DIGITALISATION ET PERFORMANCE FINANCIERE DES BANQUES DANS LES PAYS D’AFRIQUE SUBSAHARIENNE : UNE ANALYSE THEORIQUE

Introduction

Dans la littérature financière plusieurs contributions ont étudié la performance bancaire et les principaux indicateurs de son évaluation. En général, le but de chaque banque est de pouvoir assurer une rentabilité pérenne dans un contexte de plus en plus caractérisé par des turbulences économiques et financières. A ce niveau, la performance financière est donc l’atteinte des résultats sur une période, en utilisant les finances de la banque de manière optimale.

Cependant, l’avènement de la digitalisation peut-être une source de performance financière dans le secteur bancaire. A cet effet, plusieurs travaux se sont penchés sur la question de savoir l’impact de la digitalisation et de la performance des banques dans les pays d’Afrique subsaharienne.

Ainsi, l’objectif ici est d’analyser les différentes théories et les canaux de transmission qui permettent de mettre en relation la digitalisation et la performance financière des banques. De même, il est question de faire une revue des différents travaux qui ont évalué la relation de manière empirique.

Section 1 : les fondements théoriques et une présentation des modalités de mesure

Dans la littérature financière plusieurs contributions ont étudié la performance bancaire et les principaux indicateurs de son évaluation. En général, le but de chaque banque est de pouvoir assurer une rentabilité pérenne dans un contexte de plus en plus caractérisé par des turbulences économiques et financières. A ce niveau, la performance financière est donc l’atteinte des résultats sur une période, en utilisant les finances de la banque de manière optimale.

La digitalisation est une source de performance financière dans le secteur bancaire. A cet effet, plusieurs travaux se sont penchés sur la question de savoir l’impact de la digitalisation et de la performance des banques dans les pays d’Afrique subsaharienne.

La performance financière passe par une prise de risque par les banques. Pour mieux analyser la relation entre la digitalisation et la performance financière des banques dans les pays

d’Afrique subsaharienne, il est import de faire tout d’abord une analyse conceptuelle de la performance financière ainsi que de la digitalisation. Par la suite, elle va déterminer les différents facteurs qui peuvent influencer la performance financière des banques.

A. Examen théorique des concepts

Il est question d’analyser la digitalisation, la performance financière et le lien théorique qui la relie à la digitalisation

1. Performance financière une étude conceptuelle

Généralement, la performance financière est un concept très diversifié regorgeant plusieurs définitions, pour Salem et Charles, la performance est le degré d’accomplissement des objectifs, des plans ou des programmes que s’est donné une organisation.

Ainsi, la notion de performance fait référence à un résultat, qui est mesuré sur une échelle de proportion, d’intervalle, ordinal ou nominal, ou à l’évaluation subjective ou objective d’un résultat qui est censé être la conséquence ou l’effet de quelque chose. Toutefois, comme ce résultat est en principe un évènement passé, il peut également s’agir d’un évènement futur attendu, de ce fait, la performance peut faire référence à un résultat réalisé ou attendu (Blanchot 2006).

De même, cette performance a longtemps été réduite à sa dimension financière qui consistait à réaliser la rentabilité exigée par les actionnaires en rapport avec le chiffre d’affaires et la part de marché (Dohou 2007). La pérennité de l’entreprise dépendait exclusivement de l’aspect financier. Les premières mesures de la performance globale d’une organisation ont été construites à base d’éléments financiers. Dans la plupart des secteurs économiques, la performance financière des organisations est un indicateur de leur bien-être et de leur raison d’être, de la qualité de leur gestion, et de manière sous-jacente, de celle de la gouvernance. Elle représente aussi un moyen de mesure de la profitabilité et de la bonne santé de chaque organisation, et donc de ses chances de survie à moyen et long terme. C’est le cas principalement du secteur bancaire dont la performance financière est le meilleur témoin de sa santé et sa solidité.

Selon (Aburime 2009), l’importance de la rentabilité des banques peut être appréciée aux niveaux micro et macro de l’économie. Au niveau micro, le profit constitue la source de financement là moins chère pour une banque. Il ne s’agit pas seulement d’un résultat, mais aussi d’une nécessité pour les banques durant une période de concurrence croissante sur les marchés financiers, car il est un signe et un signal de performance pour les actionnaires. Par conséquent,

l’objectif fondamental de toute direction de banque est de maximiser le profit, comme une condition essentielle à la conduite des affaires.

En somme dans le domaine bancaire, l’activité repose sur la recherche de la performance financière à travers la prise de risque. Selon (Nouy, 1993)11, la rentabilité des établissements de crédit représente leurs aptitudes à produire de leurs exploitations un excédent suffisant et indispensable pour la continuité de leurs activités après la déduction des coûts nécessaires à cette exploitation. Selon (Arora 2012)12, la performance financière des banques est mesurée par des indicateurs financiers car les banques sont des organisations à but lucratif. Généralement les banquiers utilisent les mesures comme les indicateurs de profitabilité, d’efficience et de liquidité comme des mesures de performance.

La digitalisation des banques est emblématique des opportunités et des risques dans les pays d’Afrique subsaharienne. (Warf 2016) Souligne l’émergence de l’argent électronique qui a impacté les marchés financiers du fait de la réduction des coûts de transmission des fonds en même temps que la déréglementation du secteur. Et que pour accélérer le phénomène, les banques se sont jointes aux acteurs télécoms pour construire un réseau de fibre optique reliant les principaux centres financiers mondiaux (par exemple ligne TAT-8 en 1989, lignes transatlantiques qui ont joué un rôle moteur dans la croissance du réseau Internet et systèmes de transfert électronique de fonds (EFTS)).

Dans la transformation digitale des banques de détail (Assayag 2014) soulignent 4 facteurs : l’optimisation de l’expérience client, la transformation des processus opérationnels, l’évolution des modes de fonctionnement et des business modèles. Ils distinguent le digital externe (présence de l’entreprise et visibilité sur les réseaux sociaux avec les interactions), le digital central (impact du digital sur l’écosystème de l’entreprise), le digital interne (impact du digital sur le personnel, l’organisation et les processus opérationnels).

Un constat s’impose pour les banques : une augmentation des coûts de gestion et une baisse des revenus. Déjà le rapport Nora-Minc (Nora, Minc, 1977) affirmait que « la banque serait la

11 La rentabilité des banques françaises. Revue d’économie financière, 27(4), 465–486. https://doi.org/10.3406/ecofi.1993.2449 (https://doi.org/10.3406/ecofi.1993.2449)

12 Financial Performance Measures, Efficiency and Indian Banking: Empirical Evidence. International Journal of Productivity Management and Assessment Technologies, 1(2), 43-56. https://doi.org/10.4018/ijpmat.2012040104 (https://doi.org/10.4018/ijpmat.2012040104)

sidérurgie de demain ». Michel Godet et Jean-Pierre Plas ont repris cette formule choc dans un article du journal Le Monde daté du 22 février 1979. Ils estimaient que la banque serait affectée, car « celle-ci est au tertiaire ce que la sidérurgie est à l’industrie : une branche malade de sa croissance passée » en dressant des similitudes :

marché saturé et contraint ;

excédent de capacité de production (la saturation du marché a eu pour corollaire une course à l’ouverture d’agences et de guichets)

insuffisance de fonds propres (à l’image de l’endettement de la sidérurgie) ;

accroissement du coût des matières premières (diminution de la part des dépôts à vue côté bancaire et protection des dépôts rémunérés) ;

des dizaines de milliers d’emplois peu qualifiés et menacés (en 1977, 50 % d’employés et 10 % de cadres).

Par rapport à cette vision, une analyse peut être faite aujourd’hui par rapport à la transformation à venir. Pour 1, un relai de croissance peut être à l’international notamment dans les pays en développement et auprès des personnes dé-bancarisées d’autant que les grandes banques françaises se sont internationalisées. Les taux bas et leur corollaire la renégociation des prêts notamment immobiliers ainsi que les remboursements de prêts par anticipation érodent le produit net bancaire, ce qui complexifie la tâche. Pour 2, des agences2 seront à fermer ou mieux à réinventer pour abriter des usages nouveaux en développant des relais de croissance et en faisant des agences des lieux de vie qui apporteront une valeur ajoutée et seront différenciantes par rapport aux banques en ligne, fintech et acteurs déshumanisés. Pour 3, le problème est structurel et les marges de manœuvre sont réduites.

Pour 4, les banques augmentent chaque année leurs frais de tenue de compte (mensuels ou trimestriels). L’inflation atone donne par ailleurs peu de marge de manœuvre. On pourrait considérer que la courbe de Phillips s’applique en partie. Pour 5, nous avons assisté à de nombreux départs à la retraite, a beaucoup de recrutements de personnels intermédiaires en agences et de conseillers financiers depuis les années 1980. La question de la conduite du changement est clef par rapport à une clientèle plus informée et exigeante. Les clients souhaitent toutefois garder un contact avec leur conseiller financier (et réciproquement également !).

À cela s’ajoute aujourd’hui le numérique qui induit une concurrence croissante avec pour corollaires des nouveaux entrants agiles qui n’ont pas de contraintes de systèmes d’information

historiques à gérer et qui se positionne soit sur des niches soit viennent concurrencer les banques sur leur front, middle ou back office. D’autres types de contraintes pèsent sur les banques contrairement aux fintech comme le droit au compte 3 qui permet de lutter contre la discrimination d’un client et consacrer l’universalité de la banque. (Korobov, 2017) indique que les principaux facteurs de transformation de la banque sont la mondialisation, la concentration du capital, la formation d’un nouveau modèle bancaire et une nouvelle culture bancaire. Il est démontré que les forces motrices de ces processus sont la concurrence et l’innovation, ce qui a pour effet de faire évoluer les business modèles des banques et un élargissement de la gamme de produits et de services.

Lien théorique entre la digitalisation et la performance financière des banques

Freixas et al (1999) distinguent trois approches de mesure : l’approche production, l’approche d’intermédiation et l’approche dite moderne.

L’approche de la production

L’approche de la production a été introduite par (Benston 1965) et (Bell 1968) a été améliorée par Berger et Humphrey en 1991. Elle considère que les banques produisent diverses catégories de dépôts (l’épargne et de prêts, les crédits de consommation ou d’investissement) et d’autres services pour les détenteurs de comptes à l’aide de facteurs tels que le capital physique et financier, le travail… (Mester, 1987). Les outputs seront mesurés par le nombre et le type des transactions traitées dans une période déterminée. Ce modèle met en évidence le comportement commercial des banques en fournissant des services aux titulaires de comptes, ce qui fait que cette approche est également appelée l’approche de prestation des services (Bergendhal 1998).

L’approche de l’intermédiation financière

Dans cette approche Sealey & Lindley (1977) considère les institutions financières comme étant des agents qui font transiter des fonds entre les sources de la demande (investisseurs ou encore agents à besoins de financement) et les sources de l’offre (épargnants ou agents à capacité de financement) , en utilisant des inputs tels des fonds propres pour convertir le capital financier tel que les dépôts et d’autres fonds/passif en prêts, titres, investissements et autres actifs générant un revenu. En ce sens, la banque produit des services d’intermédiation.

Les unités monétaires de l’actif de la banque dans différents types de prêts et investissements représentent les outputs, tandis que les coûts financiers des comptes sont enregistrés dans le

passif. Les coûts d’exploitation et intérêts se combinent pour former le coût total de la banque (Sealey & Lindley, 1977).

Approches de mesure de la performance bancaire

La performance financière est la toute première visée et légitime des entreprises dans l’univers concurrentiel dans lequel elles évoluent. Face à cette réalité subsiste une préoccupation pour les managers : celle de savoir quels indicateurs il faut utiliser pour mesurer l’efficience. L’histoire économique fournit d’abondantes exemples d’entreprises ayant une santé financière à priori, et qui s’écroulent brutalement ; un paradoxe qui amène à se demander ce que devrait être la juste place des indicateurs comptables traditionnels, ou mieux, à nous interroger sur l’importance que devraient revêtir les indicateurs basés sur la performance économique lorsque l’on veut apprécier et piloter la performance d’une entreprise.

La limite primordiale que présente la méthode d’analyse par les ratios de gestion est qu’elle tente d’évaluer la banque à travers quelques ratios quantitatifs ; alors qu’en réalité, la performance d’une banque est affectée non seulement par les variables internes de nature quantitative (les ratios financiers), mais aussi par les variables internes de nature qualitative (l’organisation, les choix de gestion…).

Approches traditionnelles d’évaluation de l’activité bancaire Traditionnellement, le bilan de la banque est une photographie de sa situation économique. Le produit net bancaire (PNB) rend compte de l’ensemble des activités de l’établissement (produits

– charges d’exploitation). Les résultats s’obtiennent en soustrayant au PNB, diverses catégories de charges, jusqu’au résultat net qui permet de rémunérer les actionnaires et de renforcer les fonds propres (Christian 2002). La rentabilité est mesurée par rapport aux actifs et surtout par rapport aux fonds propres. Les normes réglementaires de gestion (ratios de liquidité, de solvabilité…), visent à réduire les risques correspondants. Les notations sont attribuées aux établissements par des agences spécialisées qui évaluent leur capacité de faire face à leurs engagements à court ou à long terme (Coussergues 2010).

 

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Digitalisation et performance des banques dans les pays d’Afrique subsaharienne
Université 🏫: Université de Yaoundé II - Faculté des sciences économiques et de gestion - Département de mathématiques appliquées aux sciences sociales
Auteur·trice·s 🎓:
BOURDANNE SOBDIBE CHERIF

BOURDANNE SOBDIBE CHERIF
Année de soutenance 📅: Mémoire rédigé et présenté en vue de l’obtention d’un Master II Professionnel en Gouvernance Financière, Option : Métiers de la Banque - 2021-2022
Master 2 en GOUVRNANCE FINANCIERE .
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