Stratégies et performativité dans la communication touristique de Douala

La valeur performative des actions de communications de ces acteurs non étatiques

Dans cette deuxième partie du chapitre deux interrogations principales nous guideront à savoir :

Comment le territoire de la Région de Douala en tant que marque est conçu par les agences de tourisme par rapport à leur(s) cible(s) ?

Comment les agences de tourisme du territoire de la Région de Douala ont-ils pu ou non, positionner à la Région touristique de Douala en contexte global ?

Ces questions trouvent leur bien-fondé dans la structuration collaborative d’une offre touristique conséquente. Nous ne le dirons jamais assez, il s’agit d’une coopération impliquant la constellation d’acteurs opérant dans le secteur. Des pouvoirs publics, des acteurs privés et même des citoyens. Vu sous cet angle, il serait difficile de jauger la performativité exclusivement au rapport agence de tourisme / touristes. Puisque du côté des agences de tourisme à l’observation, il y en a encore très peu qui font de la communication une règle implacable à l’heure de la mondialisation, dans un contexte de concurrence territoriale âpre. Et du côté des touristes, très peu sont convaincus dans leur processus décisionnel de voyage, par les agences de tourisme ; mais aussi, on note le déficit infrastructurel, de culture touristique et l’état des sites mal entretenus, qui constituent un choc de la performativité touristique. Car la communication attractive sur le tourisme se nourrit d’atouts et potentialités naturels, mais aussi construits (disneylandisés).

Dès lors, la performativité touristique en général est à l’épreuve d’une imbrication, qui fait des actions de communication des agences touristiques, une infime partie de la performativité touristique. Puisqu’en effet la performativité peut être perçu sous deux ordres. Sous l’ordre des organisations (acteurs étatiques et non étatiques), à partir du produit, la valeur, de l’image et de la culture véhiculés d’une part, et sous l’ordre de la clientèle (touristes, voyageurs), à partir de la consommation en rapport avec ce que le produit représente d’autre part.

La Région de Douala fait face à un déficit infrastructurel notoire autour de ses offres touristiques phares :

Tourisme d’affaire, avec seulement 4 hôtels 4 étoiles à Douala et sur toute la région avec une superficie d’environ 20 248 km² et de près de 3. 354. 978 habitants depuis 2015, avec un éclairage public pas consistant, et de grands efforts à fournir en termes d’hygiène et d’insalubrité etc.,

Le tourisme balnéaire, sous exploité mais avec un énorme potentiel qui n’attend que d’être mis en évidence par l’entretien, l’innovation et la créativité, gage de l’identification touristique et la singularisation de la destination de la Région de Douala,

Le tourisme culturel, la ville de Douala a une histoire et une expérience singulière qui est en mal de visibilité, nuit été la fête du Ngondo et quelques recettes culinaires dans certains restaurants. Sauf qu’elle devrait être un élément constitutif de la quotidienneté100,

Le tourisme de montagne, pas très mis en valeur non plus puisqu’il est question également d’aménager des hébergements des loisirs d’accompagnement autour du site touristique, à la hauteur des attentes du touriste.

L’écotourisme, avec une faible culture touristique de la part des citoyens, un dispositif de sécurité très léger, mais surtout le non-respect des codes internationaux de l’OMT101, devient douteux.

Ces insuffisances gestionnaires et notamment infrastructurelles, démontrent une ambition étatique au rabais, sur le développement du tourisme. Une politique touristique défaillante à la fois pour le touriste que pour les agences de tourisme, qui sombrent dans la débrouillardise et qui essaient de développer tant bien que mal, des circuits épars avec des images éparses du tourisme de la Région de Douala. Alors peut-on être performatif dans les actions de communications sur un produit à l’identité éparse pour ne pas dire brumeuse ? Peut- on performer communicationnellement sans une politique de communication ou de promotion claire ? Y a-t-il lieu même de s’interroger sur la performativité dans des conditions de précarité situationnelle ?

100 LEFEBVRE Henri ET MAFFESOLI Michel (2002) « LA QUOTIDIENNETÉ COMME OBJET : HENRI LEFEBVRE ET MICHEL MAFFESOLI. DEUX LECTURES OPPOSÉES » Pages 5 à 16

Ce travail essaye d’analyser et comparer les fondements théoriques sous-jacents aux conceptions du quotidien d’Henri LEFEBVRE et de Michel MAFFESOLI. D’une part, LEFEBVRE, d’une perspective marxiste, contemple la vie quotidienne comme l’emplacement ou l’aliénation sociale se reflète. Dans ce cas, la quotidienneté est l’objet d’une critique valorisante. D’autre part, MAFFESOLI envisage la vie quotidienne comme source de créativité, comme la résistance à n’importe quel projet totalitaire de domination sociale. Le quotidien, agissant à travers des interstices que laisse le pouvoir, exprime un désir de vie difficilement répressible.

101 Recommandation de l’OMT sur la fixation à l’avance des prix correspondants aux loisirs, articles et activités quelconques, pour éviter le sentiment d’arnaque chez le touriste.

La performativité des actions de communication des agences de tourisme repose sur une identité précisée et réelle ou construite du territoire de la Région de Douala. Eu égard des conditions suscitées sur les atouts modifiables et non modifiables de la Région touristique de Douala, cela devient complexe. Puisque cette identité qui se veut territoriale, dépend d’une volonté politique étatique d’aménagement et de promotion. Ce qui entrainerait une politique touristique de promotion autour d’une identité territoriale, à partir de ce qui existe et facilite la capabilité touristique. Seule condition à laquelle on pourrait évaluer clairement la performativité des actions de communication autour du produit touristique territorial. John AUSTIN le mentionne bien dans son ouvrage Quand dire c’est faire lorsqu’il affirme que :

« Quand nous examinons ce que nous dirions quand, quels mots employer dans quelles situations, nous ne regardons pas seulement les mots (ou les « significations » quelles qu’elles soient), mais également les réalités dont nous parlons avec les mots ».

CONCLUSION DU CHAPITRE

Arrivé au terme de ce chapitre consacré aux actions de communication des acteurs étatiques et non étatiques, nous avons choisi opportunément de les appréhender au prisme des notions de communication organisationnelle instituante et instituée. Ces notions ont dévoilé la fonction stratégique ou d’intention stratégique du dispositif, qui ne se veut jamais neutre, mais répondant à une stratégie propre à celui qui l’utilise.

Au sujet des acteurs étatiques (CUD et DRTL) il était question d’évaluer leurs actions de communication, et spécifiquement d’interroger la valeur communicative de ces dernières. Sur le plan de la communication instituante au développement d’un tourisme durable dans la Région de Douala, nous avons pu observer une Rhétorique paternaliste102, ne permettant qu’une communication asymétrique faisant des privilégiés (DRTL) et transitive (CUD), qualifiée d’«

102 BOURDIEU pierre, ce que parler veut dire : l’économie des échanges linguistiques, Fayard, 1982 et le sens pratique, Minuit, 1980. « Toute communication qui utilise une rhétorique paternaliste c’est-à-dire une communication verticale, dictée par le sommet, ne peut donner lieu qu’à une communication non performative »

orageuse » par Yves Jeanneret103, du fait de son unidirection, de sa linéarité, ne favorisant pas la fabrication de l’attractivité territoriale de la région de Douala. Quant à la communication organisationnelle instituée, elle manque cruellement de pragmatisme et semble toujours entretenir une certaine distance avec les publics.

Quant aux agences de tourisme on remarque très peu d’efforts également au niveau de la communication organisationnelle instituante. Il existe de manière formelle comme informelle de rares occasions de rencontre entre elles pour penser le tourisme et se constituer en association ou corporation, afin d’être représentative et participer activement à la fabrication de l’attractivité touristique de la Région de Douala. Sur le plan de la communication organisationnelle instituée, le fait de la vétusté des atouts naturels, de l’insuffisance d’atouts construits et du manque de volonté d’agir en synergie, la performativité de leurs actions de communication est difficilement cernable. Car le territoire de la Région de Douala a besoin d’une identité vendable s’appuyant sur l’ensemble de ses atouts et potentialités touristiques. Seule condition d’évaluation véritable de la performativité de la communication touristique.

103 JEANNERET Yves, (2002) « communication, transmission, un couple orageux », article issu du numéro Qu’est ce que transmettre ? (hors série (ancienne formule) N°36 – Mars/Avril/Mai)

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Mémoire de Master II en sciences de l’information et de la communication, spécialité communication des organisations - 2015
Auteur·trice·s 🎓:
M. Priso Koum Felix OLIVIER

M. Priso Koum Felix OLIVIER
Année de soutenance 📅: Université de Douala
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