5 stratégies clés pour optimiser la communication étatique

CHAPITRE V : LES ACTIONS DE COMMUNICATION

81 La saisie d’opportunité qui se présente en vue d’améliorer sa situation

82 Maintenir et élargir sa marge de liberté d’action pour maximiser ses bénéfices

INTRODUCTION

Une action de manière laconique est tout ce qu’on fait, et ce qu’on fait est toujours accompagné d’effets aussi bien sur le plan extérieur que sur celui intérieur. La communication quant à elle est la mise en relation de deux ou plusieurs interlocuteurs, et obéit à une logique de circularité. Elle tient compte de l’interaction83 entre un émetteur et un récepteur, ce qui donne lieu à une influence réciproque, mais passe tout d’abord par la reconnaissance84 mutuelle de l’un et de l’autre. Mais il convient tout de même de signaler le caractère caméléonesque du mot communication, qui s’associe presque toujours à un objet, une dimension bien distincte.

Ainsi, parler des actions de communication, c’est situer une pratique communicationnelle dans un contexte et un secteur d’activité bien identifié. Pour en faciliter la compréhension des objectifs et enjeux qui l’encadrent. Les activités de communication instituées se rapportent quant à elles, aux dispositifs, discours et normes de communication mis en œuvre par un particulier, une entreprise, une administration, un gouvernement etc. afin d’orienter les représentations, les perceptions et les images sur l’objet de ladite communication.

Elles concernent les discours d’accompagnement produits à l’intention des publics externes à l’organisation projet. Si elles portent sur la totalité du projet, elles sont dévolues à des « professionnels » dont la tâche est d’organiser la production et la diffusion de ces discours auprès de différents publics identifiés85.

Il y’a donc lieu d’un triple questionnement ici, celui de montrer quelles formes prennent ces actions de communication et avec quels outils ou moyens, à travers quels objets et comment elles sont réalisées ?

Nous allons dans un souci d’organisation parler premièrement de la manière dont communiquent les acteurs étatiques et évaluer la valeur communicative de leurs pratiques

83 WATZLAWICK Paul, HELMICK Janet, Une logique de la communication, Le livre de poche, Paris, 1979

84 WINKIN Yves, la nouvelle communication, Editions du Seuil, Paris, 1981

85 Thèse soutenue par Patrick Philippe RIFOE, Op Cit P.35

communicationnelles. Deuxièmement nous ferons pareil pour les acteurs non étatiques, mais cette fois, en évaluant la performativité de leurs actions de communication.

COMMENT COMMUNIQUENT LES ACTEURS ETATIQUES ET QUELLE EST LA VALEUR COMMUNICATIVE DE CES ACTIONS DE COMMUNICATION ?

Il s’agit principalement de la CUD et de la DRTL du coté étatique. Nous essaierons de décrire les formes que revêtent leurs actions de communication et les outils ou moyens utilisés et ensuite les objets et leur réalisation, à la lumière du questionnement lasswellien des cinq W Who says ? What through? What channel ? To Whom? With What effect ? (Qui dit? Quoi ? A qui ? Par quel canal ? Avec quels effets ?), et ensuite

Les actions de communication des acteurs étatiques (CUD et DRTL)

Parler des actions de communication de ces institutions publiques, c’est analyser les dispositifs de communication choisis par elles, dans le sens d’une mise en relation avec ses publics cibles autour de la question du tourisme et de l’émergence de son attractivité. Nous consignerons à cet effet l’acception foucaldienne du « dispositif », afin de tenter d’expliquer les objectifs de communication de ces institutions étatiques encadrant le tourisme dans la Région de Douala.

Or Michel Foucault dans le tome I de son ouvrage L’histoire de la sexualité86 (la troisième partie), également dans Sécurité, territoire et population87 et même dans L’entretien accordé à Ornicar, et présent dans les Dits et écrits tome I88, dit au sujet du dispositif

Premièrement, que c’est

le réseau qu’on peut établir entre ces éléments (…) un ensemble résolument hétérogène, comportant des discours, des institutions, des aménagements architecturaux, des décisions réglementaires, des lois, des mesures administratives, des énoncés scientifiques, des propositions philosophiques, morales, philanthropiques ; bref du dit aussi bien que du non-dit (…)

Deuxièmement,

« Ce que je voudrais repérer dans le dispositif c’est justement la nature du lien qui peut exister entre ces éléments hétérogènes (…) entre ces éléments discursifs ou non, il y a comme un jeu

86 FOUCAULT Michel, L’histoire de la sexualité II. L’usage des plaisirs, Paris Gallimard, 1984

87 FOUCAULT Michel, Sécurité, territoire et population, 1978

88 FOUCAULT Michel, Dits et écrits I. 1976 1988

de changement de position, des modifications de fonction, qui peuvent aussi être très différents. »

Troisièmement,

« Par dispositif, j’entends, une sorte, disons, de formation qui, à un moment historique donné, a eu pour fonction majeure de répondre à une urgence. Le dispositif a donc une fonction stratégique dominante »

RIFOE Patrick pense que « Cette définition a le mérite de mettre en saillance certains éléments problématiques sur lesquels le recours au concept met la focale »89. Nous nous intéresserons à deux de ces éléments qui nous semble pertinents dans notre analyse. Ces éléments sont : « L’hétérogénéité constitutive » et « L’intention stratégique ».

L’hétérogénéité constitutive

Il pense d’après la logique foucaldienne que sa valeur heuristique réside dans sa capacité à « faire tenir ensemble » des éléments qui, autrement ne pourraient pas être pensés simultanément. Ainsi, le lien entre le dit et le non-dit est préoccupant. Michel Foucault de ce fait, se confronte à une clarification judicieuse de la nature du non-dit. Il appellera le non-dit, social non discursif. Cette conception foucaldienne est en étroite cohésion avec notre ambition dans cette partie du travail. Car il est question de saisir ensemble ce qui est communicationnel et non communicationnel dans la pratique des actions de communication des acteurs étatiques. Mais aussi de penser ensemble communication organisationnelle et instituante90 avec la communication organisationnelle instituée91, de la part de ces acteurs publics dans le processus de fabrication de l’attractivité touristique.

L’intention stratégique

Michel Foucault nous édifie davantage au sujet du dispositif

J’ai dit que le dispositif était de nature essentiellement stratégique, ce qui suppose qu’il s’agit là d’une certaine manipulation des rapports de force, soit pour les développer dans telle direction, soit pour les bloquer, ou pour les stabiliser, les utiliser. Le dispositif est donc toujours inscrit dans un jeu de pouvoir, mais toujours aussi lié à une ou à des bornes de savoir, qui en naissent, mais tout autant le conditionnent.

89 Thèse soutenue par Patrick Philippe RIFOE, Op Cit P.36 – 39

90 Thèse soutenue par Patrick Philippe RIFOE, Op Cit P.35

91 Idem

Cette définition de Foucault, met sur la sellette les rapports de force, le façonnement de ces rapports de force dans des situations données, des secteurs d’activité mettant en situation des acteurs. Et là-dessus plusieurs hypothèses possibles, structurées par les contraintes ou conditionnalités qu’engendre le dispositif. Alors ipso facto le dispositif s’inscrit dans un jeu de pouvoir.

Dans notre travail cet aspect stratégique du dispositif nous permettra de déceler les non- dits liés aux intentions de communication contenues dans les objectifs, les moyens et les techniques de communications usitées par les acteurs publics.

Nous postulerons d’après tout ce qui précède, que si le dispositif au sens foucaldien présente des aspects stratégiques dominants, et s’inscrit toujours dans un jeu de pouvoir par un certain nombre de contraintes, alors le réseau établi entre les différents éléments et même le choix de ces éléments qui doivent tenir ensemble, est stratégique. Et a pour fonction principale le contrôle.

1.1- La CUD

Toute action de communication dans une organisation est le résultat d’une analyse préalable rigoureuse qui prend en compte : la source, le canal et les supports, la cible, le contenu, les effets, le lieu, le moment et l’objectif92 qui en sont les principaux constituants.

La source

C’est la provenance de l’information. Et dans le cas d’espèce, il s’agit de la CUD par le biais de ses représentants chargés de faire passer une information sur des objets précis. Dans le cadre de notre travail, il s’agira des informations relatives à la valorisation territoriale en tant que produit touristique.

Le canal et les supports

En ce qui concerne le canal, nous distinguons le média et le hors média.

Les canaux médias correspondent aux médias que nous qualifierons de traditionnels tels que la Presse écrite, la Radiodiffusion, la Télévision, et avec l’essor de la Télévision le Cinéma. Sans oublier le canal média révolutionnaire, actuel qui symbolise le « village

92 LIBAERT Thierry, le plan de communication 3. Définir et organiser votre stratégie de communication,

Dunod, Paris, 2008 P.12

global », qu’est Internet. Alors quels sont les canaux médias utilisés par la CUD pour la valorisation du territoire de la Région de Douala ?

La CUD en tant qu’organe déconcentré du pouvoir central, utilise la Télévision, la Radiodiffusion, la Presse écrite et Internet par son site internet

Les canaux hors médias sont tous les canaux directs qui permettent une communication personnalisée en dehors des médias traditionnels et internet, il s’agit de l’affichage, des colloques, conférences, foire, prospectus, le courrier postal et électronique, le téléphone etc. la CUD utilise les affiches, participe aux foires (acquisition d’un stand pour des informations générale sur la ville) et colloque pour sa communication évènementielle et sur l’ensemble de ses actions sur le territoire.

Les supports. On en distingue ceux techniques parmi lesquels des supports virtuels (sites internet interactifs, des plates formes virtuelles professionnelles etc.), les supports électroniques (ensemble de panneaux électroniques), des supports audio (émissions radiophoniques) et enfin des supports audiovisuels (des émissions ou programme de télévision) etc. les supports utilisés beaucoup plus les émissions radiophoniques et télévisuelles. Le reste peut être utilisé subsidiairement.

La cible

Les cibles des actions communication de la CUD sont les élus locaux et le grand public. Les élus locaux lorsqu’il s’agit de grandes orientations sur l’implémentation des politiques publiques en général dans la ville de Douala.

Le grand public est constitué des ménages, des acteurs privés, des résidents étrangers et des touristes de la ville de Douala.

Le contenu

On peut distinguer que La CUD communique globalement sur deux aspects principaux : des sujets spécialisés et généraux d’intérêt public.

Les sujets généraux d’intérêt public selon le site, concernent plus souvent l’hygiène et la salubrité, l’urbanisme, les démarches administratives (séance publique de concertation), les travaux et aménagements urbains, la gouvernance urbaine, la prévention et la sécurité, la culture et enfin la location des locaux communaux.

Les sujets spécialisés touchent de la participation de la CUD aux évènements issus des initiatives privées et ouverts au grand public. Les foires et salons (présence des stands à

FOMARIC, PROMOTE, et autres), symposium, conférences, tables rondes, sur des secteurs de développement précis de la ville de Douala.

Les contenus partagés par la CUD avec ses interlocuteurs ou audiences révèlent dans la plupart des cas, une tonalité Didactique. On peut le constater sur le site internet de la CUD qui en est un exemple patent et même dans les communications publiques lors des différentes occasions. Le registre de langue est toujours adapté à la cible selon la circonstance.

Les effets

La principale conséquence de la méthodologie de communication de la CUD est visiblement une distance entre les populations et l’institution. Puisque les citoyens et les étrangers ne sentent pas responsables de l’environnement de leur territoire, on note un abandon total de tout à cette institution dans la gestion de la ville. Les actions de communication de la CUD entretiennent plutôt des distances entre la population et l’institution.

Le lieu

Le lieu géographique des actions de communication de la CUD est premièrement la ville de Douala qui en est le territoire de compétence. Mais en fonction des délocalisations des évènements impliquant les intérêts de la ville, une représentation peut être dépêchée. C’est le cas aujourd’hui du salon PROMOTE qui se tient dans la capitale économique Yaoundé. Et compte tenu des exigences de concurrence territoriales à l’échelle mondiale, la CUD a donc créé un site internet pour communiquer avec le monde.

Le moment

À quel moment faut-il communiquer ? la CUD communique en fonction du planning des évènements privés, mais en ce qui concerne les sujets généraux, elle est constante en fonction des priorités définies.

L’objectif

L’objectif de la communication de la CUD en général est de faire connaitre à toutes ses cibles les actions menées pour le développement de la ville en général sur divers secteurs. Il s’agit d’informer la population sur les actions d’accompagnement de la CUD sur toute initiative publique et privée dans le processus de développement de la ville de Douala.

1.2-La DRTL

La source

Représentant exclusif du MINTOUL, elle a compétence sur l’ensemble de la Région du littoral. C’est elle qui répercute les hautes consignes du MINTOUL dans la Région de Douala.

Le canal et les supports

Comme média, la DRTL utilise les canaux traditionnels comme la télévision (notamment une émission sur le tourisme du pays tout entier) et la radiodiffusion occasionnellement. En ce qui concerne internet, il s’agit du site internet du MINTOUL.

Pour ce qui est du hors média nous avons l’affichage occasionnel, les foires et salons, les conférences et symposiums, les formations, le courrier postal et les prospectus, guide, manuels, dépliants et le téléphone.

Pour les supports, il s’agit des supports technologiques audio (émissions radiophoniques) et enfin des supports audiovisuels (des émissions ou programme de télévision), et des « supports » ou moyens humains par le biais des stands dans les foires et salons.

La cible

Les actions de communication de la DRTL ont pour cibles tout acteur développant une activité faisant partie de l’industrie touristique et dans une moindre mesure les populations, les citoyens (clubs tourisme dans les lycées et collèges), dans le cadre des formations sur différentes activités touristiques, et dans le cadre des modalités de participation aux excursions dans la Région de Douala organisée par ses responsables.

Le contenu

Le contenu des communications de la DRTL tourne autour de l’accompagnement et l’encadrement administratif, en tant que représentation ministérielle. Le contenu est en étroite concorde avec les missions assignées à la DRTL. Dans le site internet du MINTOURL, on peut y voir les différentes offres touristiques du pays entier et de la Région de Douala en particulier. C’est donc un contenu spécialisé qui concerne exclusivement l’activité touristique et les loisirs. On retrouve également une tonalité didactique par le moyen des formations initiées par la DRTL, à l’endroit des différents acteurs de la chaine de l’industrie touristique, où il s’agit de

recadrage et d’instruction sur les activités touristiques. On a aussi une kyrielle de discours messianiques sur les efforts du ministère et de L’Etat du Cameroun pour la bonne marche du tourisme.

Les effets

Au niveau de l’impact des actions de communication entreprises par la DRTL, on remarque un résultat mitigé. Entre ceux des acteurs impliqués qui sont satisfaits des initiatives de la délégation régionale, et D’AUTRES qui estiment qu’il ya un grand décalage entre le discours et les actes. Alors on oscille dans du 40% à 45% d’avis favorables de la part de l’ensemble des acteurs du secteur.

Le lieu

L’espace concerné par les actions de communication de la DRTL est la Région du littoral, la Région de Douala avec ses quatre départements WOURI, SANAGA, MOUNGO, NKAM. Mais aussi au niveau des représentations diplomatiques du Cameroun, notamment avec la création du BIT (bureau d’information du tourisme) dans les ambassades.

Le moment

Les actions de communication de la DRTL sont menées en fonction de la tenue des évènements festifs (fêtes urbaines), culturels (manifestations culturelles, Ngondo, Mpo’o, Mbog liaa etc.), symboliques (journée internationale du tourisme tous les 27 septembre), les salons et foires, auxquels elle y est impliquée.

L’objectif

A partir des actions de communication entreprises par la DRTL, il en ressort un double objectif, celui de faire aimer et de faire agir. Faire aimer compte tenu du potentiel touristique de la Région de Douala. Faire agir pour le développement et le rayonnement touristique de la Région. Car la finalité est d’accompagner, d’encadrer et d’encourager les opérateurs touristiques.

La valeur communicative des actions de communication de ces acteurs étatiques

S’interroger sur la valeur communicative des actions de communication des acteurs étatiques, c’est évaluer les approches communicatives mis en exergue par le(s) choix des outils,

des moyens, et surtout la(es) méthodologie(s), utilisés par eux. En fonction des situations de communication et les contextes de communication qui vont avec.

L’approche communicative dans ses débuts, a adopté plutôt une orientation relevant de la sociolinguistique. Ce qui est important dans cette approche aujourd’hui en sciences de l’information et de la communication, c’est qu’elle s’appuie sur les théories cognitivistes et constructivistes de l’enseignement / apprentissage des langues93. Emmanuelle Duchiron au sujet du cognitivisme de l’apprentissage, expliquera que l’apprentissage est conçu comme un « processus de construction des connaissances et non pas comme un processus d’acquisition », avant de citer Legros et al.94 en ces termes « les activités d’enseignement sont des activités d’aide à la construction des connaissances et non pas des activités de transmission des connaissances ». C’est donc, un processus d’apprentissage qui met au centre l’apprenant et qui a le souci de sa participation dans ce processus, en vue de l’optimisation des acquis.

Parallèlement, la principale préoccupation est de savoir comment les acteurs étatiques sollicitent dans leurs actions de communication, les acteurs impliqués dans le tourisme de la Région de Douala, pour le rayonnement touristique du territoire ? À partir du choix des moyens de communication et de la tonalité discursive, quelle valeur communicative revêtent leurs actions de communications ?

La CUD

A l’entame de cette partie nous avons signalé que nous nous inspirerons des notions de communications instituante et instituée, chère à Patrick RIFOE dans sa thèse pour rendre compte des activités de communication des projets urbains. Car pour lui

Les activités de communication instituante participent de la constitution du cadre organisationnel. Ce sont celles à travers lesquelles le collectif est organisé, structuré et fonctionnalisé. Elles sont pour une part antérieure et constitutive du cadre organisationnel ; elles le rendent possible, elles constituent un des principaux cadres de coordination à travers lequel l’organisation mise en œuvre se maintien quotidiennement. Ces activités se déroulent entre les membres du collectif de projet. Elles sont de ce fait internes à l’organisation-projet. De fait, ces activités concernent l’ensemble du dispositif organisationnel.

93 Mémoire de DEA soutenu par Emmanuelle Duchiron « les technologies de l’information et de la communication dans l’enseignement / apprentissage des langues : Atouts, limites & exploitations potentielles du choix fourni », paris III, 2003, P.8

94 LEGROS D. et al., (2002) « les théories de l’apprentissage et les systèmes multimédias » in psychologies des apprentissages et multimédias, LEGROS D. & CRINON J., Armand colin, Paris, P.23-39

Les activités de communication instituées réfèrent quant à elles, aux dispositifs, discours et normes de communication mis en œuvre par l’organisation-projet afin d’orienter les représentations, les perceptions et les images sur le projet. Elles concernent les discours d’accompagnement produits à l’intention des publics externes à l’organisation projet.

Ces deux notions nous permettront d’évaluer objectivement la valeur communicative des actions de communication.

Au niveau des actions de communication organisationnelle instituante telles que définies ci-dessus, le constat est froid sur l’inexistence d’une plateforme d’échanges, de réunions préparatoire, d’ateliers urbains de proximité en tant que dispositifs participatifs, qui réuniraient la CUD, la DRTL, les autres acteurs étatiques sur divers secteurs sociaux et les Agences de tourisme, en vue d’une fabrication de l’attractivité du territoire touristique de la Région de Douala. La CUD est convaincue que ses missions régaliennes sur le territoire doualais, suffisent amplement à rendre la ville attractive. Elle brandit également le prétexte de l’incapacité des acteurs à se fédérer pour participer à la construction et aux décisions stratégiques sur un tourisme durable. Et ainsi, elle (CUD) se dédouane des manquements des autres secteurs sociaux spécifiques dysfonctionnels de la ville.

En ce qui concerne les actions de communication instituées visant les publics externes à l’organisation du tourisme, on constate l’absence de sujets spécifiques au tourisme. D’abord en parcourant l’organigramme de la CUD on note également l’absence d’un service spécialisé et dédié au tourisme et aux loisirs. A partir de cet état de chose, il est difficile de penser que la CUD détient en son sein une politique touristique étatique claire, ou alors de penser qu’il existe un budget spécial alloué dans ce sens. Et puisque la politique de communication institutionnelle est fortement ancrée dans la politique de l’institution, on peut donc comprendre cette marginalisation du sujet touristique dans les actions de communication de la CUD, qui met visiblement la viabilité touristique sur le plan de la bonne marche des projets prioritaires que lui confèrent ses missions régaliennes.

En effet, à la lumière de la notion des actions de communication organisationnelle instituantes et instituées, nous remarquons beaucoup plus des visées informatives que communicatives. Ces visées informatives cadrant avec l’obligation réglementaire d’informer les citoyens, qui se dissout également dans l’objectif générique de communication de la CUD. Ces visées sont aussi informatives, parce qu’il ne s’agit pas de construire le tourisme, avec le concours d’actions collaboratives de la constellation d’acteurs intervenant dans le secteur du

tourisme. Il s’agit donc d’un « agir instrumental » au service du monopole étatique que lui garantit la déconcentration.

La DRTL

La DRTL quant à elle essaie d’établir un contact permanent, tant bien que mal, avec certains acteurs privés. Bien, parce qu’il y’a des sollicitations qui sont faites envers les acteurs. Mal parce que le suivi laisse à désirer. On peut néanmoins noter comme dispositifs de participation informative les ateliers de formation régulièrement organisés, le site internet du ministère, les stands dans les foires et salons et les BIT à l’étranger. Et comme dispositifs de communication-participation, nous avons les rencontres avec les syndicats, la participation aux colloques, symposiums et évènements issus de l’initiative des acteurs privés du tourisme. Nous dit la DRTL.

On note à partir de ce qui précède une tentative d’établir des liens avec les acteurs impliqués. Seulement lorsqu’on s’interroge sur les contenus des échanges entre la DRTL, les syndicats des entreprises touristiques et avec les acteurs privés lors des tables rondes, on fait face à un désenchantement notoire. Un acteur du syndicat des hôteliers95 affirme que la première préoccupation du syndicat est la préservation de l’emploi dans le secteur, ce qui signifie que c’est un secteur encore sensible, pas assez fort pour pouvoir entamer des revendications sérieuses, en termes de subvention selon des standards précisés. Un restaurateur96 également affirme qu’il reçoit de temps en temps un courrier du ministère mais il n’y a jamais de suite. Un employé d’agence de tourisme97 nous exprime le mal-être éprouvé par son agence du fait du défaut de sollicitation au moment des décisions sur le secteur alors qu’il fait partie des pionniers dans le secteur existant depuis 1977. Pendant que SOFITOUL semble apprécier les actions de collaboration de la DRTL.

On est donc dans une situation de communication asymétrique entre la DRTL et l’ensemble des acteurs privés. Certains acteurs louent les efforts de contact de la DRTL envers eux, pendant que d’autres nient la sincérité de ces efforts, qui restent pour eux des efforts de surfaces qui n’apportent aucun changement significatif. Alors peut-on véritablement fabriquer

95 Chef de service réception à Bano palace

96 Superviseur au restaurant la méditerranée

97 Responsable tourisme à JULLY voyage

l’attractivité touristique avec une telle méthodologie collaborative sur le plan de la communication instituante ?

De toute façon le constat de la débrouillardise est patent. Et dans cette mouvance, chacun tire son épingle du jeu au détriment du territoire lui-même. Que ce soit du côté des acteurs privés que celui des acteurs étatiques.

Sur le plan de la communication instituée, il est difficile pour le citoyen et l’étranger de se prononcer là-dessus pour la simple raison qu’on n’observe rien et que très peu sont informés de la tenue des excursions dans la Région et même des opportunités dans le secteur. Est-ce donc un souci de budget spécial lié aux actions de communication externe ? MEIRAMA Garba Moussa98 nous expliqu’« En l’absence d’une politique nationale structurée en matière de valorisation des sites touristiques, et surtout en l’absence d’un budget spécial alloué à leur aménagement, les responsables du tourisme s’attelèrent à faire un inventaire détaillé des sites de chaque département ».

Nous nous positionnerons donc en faveur d’une valeur communicative mitigée de la part de la DRTL. L’idéal serait qu’elles aient le souci de l’équité envers tous les acteurs et qu’elles gagnent en pragmatisme99, qu’elles soient plus conquérantes. Et bien évidemment il faudrait le support financier nécessaire.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Mémoire de Master II en sciences de l’information et de la communication, spécialité communication des organisations - 2015
Auteur·trice·s 🎓:
M. Priso Koum Felix OLIVIER

M. Priso Koum Felix OLIVIER
Année de soutenance 📅: Université de Douala
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