Analyse Économétrique de l’Impact du Commerce Extérieur des Produits Agricoles sur la Croissance Économique

PREMIERE PARTIE :

ANALYSE THEORIQUE DU COMMERCE EXTERIEUR ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE

INTRODUCTION DU PREMIERE PARTIE

Nous allons ainsi dans cette première partie organiser notre réflexion au tour de deux principaux points : le chapitre un (1) portera sur le cadre conceptuel et théorique du commerce extérieur et de la croissance économique et le chapitre deux (2) s’évertuera à faire le point sur la relation théorique entre le commerce extérieur et la croissance économique.

CHAPITRE I :

CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DU COMMERCE EXTERIEUR ET DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE

INTRODUCTION

Dans l’optique de faciliter la compréhension du thème, de mieux cerner la contribution et de montrer l’approche dans laquelle s’inscrit la recherche, il est nécessaire que les concepts essentiels et les notions afférentes soient définis et circonscrits. Pour TREMBLAY (1968, 65) un concept est une idée, plus ou moins abstraite, un symbole qui désigne ou représente une réalité plus ou moins vaste. Voilà donc pour quoi avant de commencer, il incombe à notre devoir de définir les termes clés du thème. Ces termes sont : le commerce extérieur et la croissance économique. Ce chapitre informe sur des résultats et les discussions autour de quelques travaux de recherches qui portent sur le commerce extérieur et la croissance économique. Le travail de ce chapitre comporte deux sections. Dans la première section, cadre conceptuel et théorique du commerce extérieur et la seconde celui de cadre conceptuel et théorique de la croissance économique.

SECTION I : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE DU COMMERCE EXTERIEUR

Analyse conceptuel du commerce extérieur

I-1-1- définitions des concepts clés

Commerce extérieur est définie comme l’échange de biens, de services et capitaux entre pays. Ce commerce est formé des échanges de produits entre un pays et les autres. Les produits qui « entrent » sont les importations ; les produits qui « sortent » sont les exportations.

L’exportation se définit comme le transfert de marchandises ou de services à travers les frontières nationales par le recours à une méthode directe ou indirecte (Yougi, Hamill, Wheeler et Davies, 1989, cités dans Leonidou et Katsikeas, 1996). Pour expliquer, l’exploitation indirecte consiste à pénétrer un marché étranger à l’aide d’un intermédiaire local ou étranger pour assurer son entrée sur le marché ciblé, alors que l’exploitation directe est réalisée par l’entreprise, sans aucune intermédiaire.

Exportation est l’action de vendre à l’étranger une partie de la production de biens ou services d’un ensemble économique, pays ou région.

Importation désigne en économie l’ensemble des achats de marchandise à l’extérieur d’un pays, qu’il s’agisse de biens destinés à la consommation (biens de consommation) ou de biens destinés à servir à l’investissement (biens de capital).

La commercialisation des produits agricoles est l’activité d’échange des biens et des services relatifs à l’agriculture.

Une exploitation des produits agricoles ‘‘est une unité économique de production agricole soumise à une direction unique et comprenant tous les animaux qui s’y trouvent et toute la terre utilisée, entièrement ou en partie, pour la production agricole, indépendamment du titre de possession, du mode juridique ou de la taille. La direction unique peut être exercée par un particulier, par un ménage, conjointement par deux ou plusieurs particuliers ou ménages, par un clan ou une tribu ou par une personne morale telle que société, entreprise collective, coopérative ou organisme d’état.

L’exploitation peut contenir un ou plusieurs blocs, situés dans une ou plusieurs régions distinctes ou dans une ou plusieurs régions territoriales ou administratives, à condition qu’ils partagent les mêmes moyens de production tels que main-d’œuvre, bâtiments agricoles, machines ou animaux de trait utilisés sur l’exploitation.”(FAO1995)

Importation des produits agricoles est l’action d’introduire dans un pays, en vue de commercialiser, des produits agricoles achetés à l’étranger.

I-1-2 Une analyse historique du commerce

Le rôle du commerce dans le développement économique et social des Etats, territoires et zones ne fait l’ombre d’aucun doute. Il constitue le fondement des progrès depuis l’Antiquité.

Ce sont les échanges qui ont consacré la division du travail au sein des communautés primitives. Partout dans le monde, le commerce se positionne ainsi comme un des principaux vecteurs de la croissance économique et un des baromètres de l’appréciation de la conjoncture économique des Etats, voire des régions.

De nombreux travaux ont montré par exemple qu’une simple augmentation d’un point des exportations des produits agricoles, pouvait générer environ 0,5 à 1,8 % de taux supplémentaire de croissance globale de l’économie dans certains pays (IFPRI1, 2005) en développement.

Le commerce est aussi considéré comme un puissant instrument de consolidation des relations sociales, de rapprochement des peuples, de sociabilité (AGIER, 1985), entre des groupes, de renforcement des liens entre les pays. Il permet également la mise en place de puissants réseaux intracommunautaires et Trans étatiques voire transcontinentaux.

La création du GATT en 1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale, a reposé sur la conviction que le développement du commerce entre les nations constituerait, non seulement une source importante de prospérité, mais aussi un puissant facteur de consolidation de la paix.

Analyse théorique du commerce extérieur

Théories du commerce extérieur

Selon sa théorie, Adam Smith explique dans son ouvrage paru en 1776 intitulé « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des Nations », qu’un pays gagne d’avantage s’il se spécialise dans la production du bien dont il est absolument propriétaire. Par conséquent, Adam Smith incite le pays de cesser de produire les autres produits qui sont jugés moins avantageux par rapport aux autres plus compétitifs (Théorie des avantages absolus). L’acquisition de ses biens se fait par la substitution des importations dont le pays peut se procurer grâce aux excédents de ses propres exportations.

1 International Food Policy Research Institute

Ainsi, il est convaincu que c’est la division du travail qui est à la base de la croissance économique d’un pays. De ce fait, les pays sous industrialisés doivent se spécialiser à l’exportation des produits agricoles et des matières premières qu’ils possèdent en abondance. Enfin la théorie d’Adam Smith n’explique pas tout, mais ce n’est qu’une partie des échanges extérieurs seulement, car au cas échéant, un pays peut ne pas avoir absolument des produits plus avantageux.

Cette théorie sera remise en cause par ses détracteurs en se demandant si le pays ne pourra pas se lancer à l’échange lorsqu’il ne dispose pas d’avantage absolu ? C’est pour cette raison qu’apparait ultérieurement la théorie de David Ricardo (1772 – 1823) sur les avantages comparatifs.

David Ricardo avance dans son ouvrage paru en 1817 intitulé « Des principes de l’économie politique et de l’impôt », l’idée selon laquelle un pays a toujours intérêt à se lancer au commerce des produits agricoles même s’il n’est pas absolument avantageux par rapport aux autres.

Le principe de l’avantage comparatif, dénommé aussi « principe des coûts comparés », rappelle aussi qu’à la condition nécessaire et suffisante, il existe une différence entre les coûts comparés constatés en autarcie dans plusieurs pays, chacun d’eux trouvera avantage à se spécialiser et à exporter les biens c’est-à-dire des produits agricoles pour lesquels ils disposent d’un avantage comparé ou d’un moindre désavantage comparé. Ainsi, la théorie confirme ainsi qu’il serait souhaitable que le commerce doit s’effectuer entre deux pays dont leurs productions de matière sont différentes en supposant que l’exportation de la technologie s’avère impossible.

Ces deux théories se heurtent à des obstacles du rendement décroissant des facteurs de production qui rend la croissance limitée par les rendements décroissant de la terre (Théorie de la rente différentielle de Ricardo).

Tout comme l’état stationnaire de R. Malthus2 qui limite la possibilité de croissance par le nombre de la population active. Ces théories nient l’existence du facteur humain ainsi que ceux des facteurs de production transférable comme la technologie. Cela amène Heckscher à formuler une autre théorie plus objective, celle de : « la loi des facteurs ».

La théorie HOS (Heckscher-Ohlin-Samuelson) se fonde sur la différence des coûts de production.

A cela, il ajoute la possibilité de transfert de la technologie d’un pays à l’autre. Et précise aussi la possession d’une différence de source de mains d’œuvre entre les pays coéchangistes. Dans ce cas, les deux facteurs considérés sont : Le facteur capital (K) et la main d’œuvre (L). Par l’hypothèse de la mobilité internationale des facteurs de production avec identité du facteur technologie entre les pays, il y a possibilité de croissance illimitée.

2 Thomas Robert Malthus (1766 – 1836) ouvrage principal : « Essai sur le principe de population » (1798). Pour Malthus, la production progresse moins vite que la croissance économique.

La théorie avance alors que, parce que les pays sont différemment dotés des facteurs de production et des coûts de productions différentes, ils se spécialisent dans la production des biens des produits agricoles à forte valeur ajoutée exportable à faibles coûts. Samuelson ajoute à son tour, qu’à long terme, le commerce extérieur tend à produire une équité à la rémunération des facteurs.

Ce qui conduit chaque pays à se spécialiser à la production de gammes des produits agricoles disposés en grande quantité. Selon cette théorie, un pays qui est mieux doté en facteur travail doit se spécialiser en la production des biens qui utilisent une main d’œuvre abondante, et au contraire, un pays qui dispose de plus de capital a intérêt à fournir des biens demandant à forte intensité capitalistique.

Par rapport aux autres économistes précédents, Stuart Mill se distingue sur son analyse des échanges internationaux par sa thèse défendant que les produits agricoles s’échangent contre des produits agricoles dont la valeur des exportations doit correspondre à ceux des importations des autres (Offre est égale à la Demande). Cet échange s’effectue par un rapport des prix (terms of trade) à l’intérieur et à l’extérieur du pays. Les avantages entre les pays sont repartis en fonction des rapports de changes.

Donc, c’est celui qui peut offrir la quantité le moins élevée et qui arrive à obtenir le maximum possible, qui gagne le plus. Il a noté que chaque pays est à la fois offreur et demandeur, cette théorie est un prolongement de la loi de la valeur qui est généralement dénommée « La loi de l’offre et de la demande ». Cette dernière explique que la valeur d’une marchandise varie jusqu’à ce que le prix ajuste l’offre et la demande3. Le schéma suivant illustre bien la théorie :

3 John Stuart Mill, in « Principes de l’économie politique et de l’impôt » (1848), p 592

D > O

D < O

O

O

D

D

Prix du dra p P


image6

image7
Quantité de drap QQuantité de drap Q Pays APays B

Source: Roger Backhouse, “Economics and Economy”1997, p.78

Figure 1 : La loi des valeurs internationales

Si deux pays A et B vont produire plus et consommer moins, les quantités échangées vont dépasser les demandes internes. D’où dans en A : O > D, cela veut dire qu’il devient exportateur. Et si dans B : D > O, B devient importateur. En effet, l’équilibre des échanges extérieur s’établit lorsque les exportations de A égalisent les importations de B. Mais ce rapport d’échange est toujours fonction des rapports des prix à l’extérieur. En fin, le pays le plus riche est gagnant.

A la différence du libre-échange, Friedrich LIST4 (1789-1846) défend la philosophie selon laquelle, un certain degré de mesures protectionnistes est acceptable pour défendre surtout les industries naissantes. Ces barrières sont mises en place car l’existence des coûts énormes non encore amortis défavorise la compétitivité des industries locales. Ainsi, la rentabilité internationale ne peut être atteinte instantanément, car elle exige parfois de longues années d’effort. C’est cette théorie qui soutient le protectionnisme éducateur applicable à tous les produits non compétitifs. Le niveau de protectionnisme diffère énormément selon les pays, il peut être sectoriel ou ciblé voir même total. Mais dans un intervalle de temps relativement court (au maximum 50ans) il doit être accompagné par des critères de performance de la part des entreprises locales pour qu’elles soient encore compétitives après la suppression de ces barrières.

En résumé, je peux dire que les théories traditionnelles excluent dans leurs analyses les firmes multinationales et les équilibres partiels comme le cas des commerces intra-branches.

4 Friedrich LIST (1789-1846), in « Le système national d’économie politique », 1973

Ces anciennes théories nient l’existence des rendements d’échelle croissants. Malgré les critiques attribuées à l’endroit des anciennes théories de la croissance, d’autres auteurs ont apporté quelques innovations dont : le paradoxe de Leontief, l’existence des économies d’échelles externes, la théorie de la demande représentative de Linder ainsi que les spécialisations par filières. Ces dernières constituent les principales incompatibilités de l’ancienne théorie du commerce extérieur. Cela a donné naissance aux nouvelles théories du commerce international qui fera l’objet de la section suivante.

Nouvelles théories du commerce extérieur

Les nouvelles théories du commerce extérieur furent apparues dans les années 70 lors de la publication des articles de Paul Krugman suite à l’analyse de certaines lacunes observées dans les anciennes théories précédentes. Le paradoxe de Leontief et l’existence des échanges intra branches sont deux faits expliquant les limites des théories traditionnelles du commerce extérieur.

En 1954, Leontief trouve paradoxale le cas des Etats Unis qui sont dotés d’énormes capitaux (K) mais employant relativement peu de main d’œuvre (L) or, ils exportent des produits manufacturés demandant beaucoup de facteur travail. De cette situation Leontief déduit que les ouvriers Américains sont plus productifs (en 1947) que n’importe quels travailleurs étrangers. C’est pour cette raison que les Etats Unis sont en mesure de concurrencer les importations étrangères.

Selon Leontief, ce fait est contradictoire à la théorie HOS qui défend que suivant les dotations en facteur capital, les USA doivent plus se spécialiser à la production des biens qui demandent de fortes intensités capitalistiques au lieu de s’imprégner à la force de travail. Ainsi le paradoxe explique apparemment que les mains d’œuvres sont rares mais il existe une réelle abondance de facteurs masqués. Cette main d’œuvre dispose alors d’une qualification marquée qui constitue un capital humain efficace.

Linder souligne l’importance des échanges similaires entre les pays riches, et rejette le théorème HOS par sa nouvelle théorie dite « la théorie de la demande représentative » en 1961. La thèse de la demande représentative suppose que les innovations et les technologies redifférencient les Nations et présentent des décalages temporels entre les coéchangistes. En plus, les exportations constituent des surplus commerciaux à la consommation intérieure. il met l’accent que, plus le revenu par tête est élevé, plus le degré de sophistication des produits demandés par les pays augmentent.

Le commerce extérieur constitue alors une lutte acharnée entre les Etats, qu’Andréa Tyson (1992) et Lester Thurow (1992) dénomment par des jeux à espérance positive. Chaque pays est un joueur qui compare ses gains et ses pertes avant de se livrer au commerce extérieur. Et ainsi, d’autres formes d’avantages peuvent être réalisées par la différenciation des produits. A savoir : la différenciation horizontale et la différenciation verticale. Quant à la différenciation horizontale le fait que le consommateur à un goût pour la variété des produits. Ces goûts et préférences sont incorporés dans sa fonction d’utilité. C’est pourquoi, sur la scène internationale, deux pays se différencient par la taille et la quantité de ses exportations.

Il y a échange intra branche tout en gardant constant la quantité de produit échangé. La nature du commerce extérieur reste indéterminée mais améliore le bien être des consommateurs. Alors que la différenciation verticale s’effectue en qualité, c’est-à-dire pour une seule gamme de produit, il existe différentes qualités et des prix différents que des consommateurs ayant les mêmes goûts ayant des revenus différents peuvent tous s’en procurer. Les seules différences entre eux reposent au critère « qualité ». En effet, ce qui favorise l’échange, même si beaucoup de pays offrent des produits semblables, c’est le degré de sophistication des produits demandés qui différencie les pays.

De tout ce qui précède, il importe de conclure que les Etats ne se livrent pas au commerce international comme les entreprises. (Paul Krugman « La mondialisation n’est pas coupable ». Il est ainsi erroné de comparer la compétitivité d’un FMN à celle d’un Etat, puisque les entreprises en position défavorisée sur la scène internationale risquent de disparaitre, ce qui n’est pas le cas pour le sort d’une Nation. De même, la compétitivité d’un pays ne peut être seulement se limiter aux soldes de la balance commerciale.

Les théoriciens se mettent d’accord du fait que les exportations et les importations sont favorables à la croissance économique. Même si, les approches sont différentes sur certains points, le commerce est toujours source de gains. Mais, ce qui distinguent le plus les nouvelles théories se sont : d’abord, la possibilité de transférer les technologies vers d’autres pays par le biais des importations. Puis, l’extension de la part de marché du pays par les exportations afin qu’il réalise des économies d’échelles. Les mêmes convictions ont permis à l’Etat camerounais à prendre en considération des échanges des produits agricoles comme élément moteur de la croissance.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Effet du commerce extérieur des produits agricoles sur la croissance économique au Cameroun
Université 🏫: Université de Maroua - Faculté des sciences économiques et de gestion
Auteur·trice·s 🎓:
ABOUBAKAR IBNOU OUSMAN OUMAR

ABOUBAKAR IBNOU OUSMAN OUMAR
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme de Master II
Titulaire d’une licence en Economie .
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