Évolution de la Croissance Économique au Cameroun (2014-2020)

SECTION II : ETAT DES LIEUX DE LA CROISSANE ECONOMIQUE DU CAMEROUN

Evolution de la croissance économique du Cameroun (2014-2020)

La situation économique du Cameroun se dégrade : le PIB a connu un taux de décroissance quasi constant de 1,1% entre 2015 et 2017 (le chiffre du PIB pour 2018 sera bientôt disponible). Il était de 3,5% en 2017, 4,6% en 2016 et 5,7% en 2015 (CIA World Factbook, 2018 ; Institut national de statistique, 2018). Le taux réel de croissance du PIB est ainsi inférieur aux 8 % requis par la Banque mondiale (2016) pour faire du Cameroun un pays à revenu intermédiaire de tranche supérieure d’ici 2035.

Selon l’Institut National de la Statistique (2018), la balance commerciale du Cameroun (exportations moins importations) était négative d’environ (moins) -1128 milliards FCFA. En outre, les réserves de devises étrangères sont en forte baisse en raison, entre autres, d’une baisse du prix du pétrole, qui s’établit actuellement à 3,1 milliards de dollars, contre 3,6 milliards en 2010 (Banque mondiale, 2017).

C’est une baisse de près d’un demi-milliard de FCFA. En d’autres termes, le Cameroun dispose de moins de devises étrangères dans sa banque centrale pour payer ses importations. La crainte d’une nouvelle dégradation de l’économie ne cesse de croître car le Cameroun a perdu le droit d’accueillir la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2019. Certains entrepreneurs qui avaient obtenu des prêts des banques pour améliorer leurs installations (afin de les rendre plus attrayantes pour les visiteurs/touristes) en prévision de CAN, ont dorénavant des difficultés à trouver de nouveaux clients.

Le sous-emploi et l’économie informelle dominent au Cameroun (Nations Unies, 2013). L’Institut national de la statistique (INS) rapporte que 88,6% des emplois créés au Cameroun sont dans le secteur informel (2018). En outre, 79% des travailleurs individuels au Cameroun étaient sous-employés en 2014 et 37,5% des adultes camerounais ont un revenu moyen inférieur à 931 FCFA (2 dollars) par jour (Institut national de la statistique (2018).

On peut ainsi dire que les emplois faiblement rémunérés dans le secteur informel et le sous-emploi au Cameroun en général constituent du chômage déguisé. Ainsi, le taux de chômage officiel qui est de 4,3% contre 30% en 2001 (CIA World Factbook, 2018, Nations Unies, 2013) est très probablement biaisé.

En effet, cette baisse significative du taux de chômage entre 2001 et 2018 est associée à une redéfinition du terme “chômeur” par l’Institut national de la statistique, pour inclure les chômeurs à la recherche d’une opportunité mais ayant travaillé à temps partiel la semaine précédant l’enquête.

Par exemple, la plupart des chômeurs Camerounais sont considérés comme “employés” par l’Etat parce qu’ils travaillent à temps partiel dans le secteur informel (Moto taxis, Buyam- Sellam et agriculteurs, etc.), tout en recherchant des opportunités dans le secteur formel, mais gagnant parfois moins que le salaire minimum d’environ 36 000 FCFA ou 72 dollars (Institut National de la Statistique, 2018).

Pourtant, une analyse approfondie de certaines données de l’Institut national de la statistique permet d’affirmer que le taux de chômage qui est de 4,3 % ne reflète pas la réalité de l’économie Camerounaise. La pauvreté est très répandue : 41,3% des ménages camerounais vivent dans la pauvreté, selon les données recueillies en 2014 (Institut national de la statistique, 2018) ; et la situation ne s’est pas beaucoup améliorée en 2018. Par exemple, 35,3% des Camerounais n’ont pas accès à l’eau potable (Institut national de la statistique, 2018).

Cependant, le coût de la vie est relativement stable : le taux d’inflation a chuté à 0,6 % en 2017, contre 0,9 % en 2016 (Institut national de la statistique, 2018), même si ce n’était pas le cas dans toutes les régions du pays. Il est actuellement au-dessus de la moyenne nationale à Bertoua et à Bafoussam, en partie sous l’effet de la hausse du coût de l’électricité, des boissons, des biens et des services (Institut national de la statistique, 2018).

Les principales menaces à l’économie Camerounaise sur un court terme résident dans le développement des infrastructures relatives à la prochaine CAN au Cameroun, la gestion de la crise anglophone dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du pays ainsi que la crise dans la région de l’Extrême Nord du pays.

Certaines entreprises ayant un nombre important de clients (entreprises et particuliers) dans ces régions du pays auraient d’importantes difficultés financières, du fait de l’insécurité qui persiste (Lunn, Jon et Brooke-Holland, Louisa, 2018).

Le Cameroun gagnerait à réduire significativement sa dette sur un long terme ainsi que la masse salariale du secteur public (représentant 2/5 du budget annuel ou 44% du budget annuel, soit environ 11% du PIB), pour pouvoir augmenter la part réservée aux investissements dans le budget national. Le service de la dette est une série de paiements d’intérêts et de capitaux obligatoires et constitue 1/5 du budget annuel (1057 milliards FCFA).

La masse salariale gouvernementale représente également 1/5 du budget annuel (1058 milliards de FCFA) et près d’un tiers des recettes propres de l’Etat (c’est à dire ses recettes hors prêts).

En d’autres termes, le coût élevé des services de la dette et la masse salariale gouvernementale, supplantent les dépenses prioritaires telles que les investissements publics (comme en Gambie, Collaborative Africa Budget Reform Initiative, 2018). Le taux d’investissement dans le budget annuel devrait passer de 20% en 2016 à 30%, afin d’atteindre l’émergence en 2035, selon un rapport de la Banque Mondiale (2016) sur l’économie du Cameroun et le Document de Stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE).

Bien que le budget d’investissement public 2019 ait augmenté de 142 milliards de FCFA par rapport à l’année dernière, il ne représente que 24% du budget annuel (Gouvernement du Cameroun, 2019), et il représente environ 6% du PIB du Cameroun (soit 35 milliards de dollars selon le CIA World Factbook, 2018).

Le déblocage limité de fonds pour les investissements publics (à l’instar du Libéria, Collaborative Africa Budget Reform Initiative, 2018) est la principale raison pour laquelle ce projet de loi budgétaire ne peut, dans sa forme actuelle, stimuler l’économie du Cameroun vers l’émergence en 2035.

En outre, les investissements sur le capital humain (éducation, santé publique) restent relativement faibles et ne contribuent pas à augmenter, de manière significative, le pourcentage de diplômés des Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques (STIM) à l’échelle nationale. Il incombe au gouvernement d’assurer une offre suffisante de compétences en STIM, car celles-ci sont vitales pour la productivité d’un pays (Comité des comptes publics de la Chambre des communes, 2018).

En outre, l’offre de formation à l’entrepreneuriat au Cameroun, qui vise à développer le sens des affaires (créativité/innovation) des stagiaires pour créer des emplois, est très limitée (Ndedi, A., 2015).

Pour que la vision 2035 d’un Cameroun émergent et démocratique devienne une réalité, le Cameroun doit libérer le potentiel de son secteur privé et créer des emplois (Banque mondiale, 2016). Malheureusement, la plupart de ces “formations à l’entrepreneuriat” proposées sont en fait des formations à la gestion des petites entreprises et ne couvrent pas les compétences pour innover et créer des emplois (Ndedi, A., 2015).

Le budget alloué à la modernisation et à la professionnalisation des facultés ordinaires (dont l’objectif est de doter les étudiants de l’enseignement supérieur des compétences et des capacités nécessaires pour trouver et/ou créer des emplois) n’a pas changé : 2,62 milliards de FCFA par rapport à l’année dernière. En résumé, il y a un décalage entre la formation à l’entreprenariat actuellement offerte au Cameroun et les besoins sur le marché du travail : le budget alloué pour l’adaptation de la formation des enseignements secondaires à l’environnement socioéconomique a diminué de 129 millions par rapport à l’année dernière et est désormais de 62,747 milliards FCFA.

La pandémie du COVID-19 soumet les chaînes d’approvisionnement agricole et alimentaire mondiales à des pressions sans précédent. Elle a déjà provoqué des goulets d’étranglement dans les industries d’amont, la production agricole, la transformation alimentaire, les transports et la logistique, et suscité des modifications de grande ampleur de la demande de produits et services alimentaires.

L’OCDE et la FAO œuvrent de concert aux côtés de nombreuses autres organisations internationales pour répondre à ce besoin. Cette nouvelle édition des Perspectives agricoles de l’OCDE et de la FAO présente donc des projections de référence complètes à moyen terme concernant les marchés nationaux, régionaux et mondiaux des produits agricoles, ainsi qu’un premier scénario des répercussions du COVID-19.

Cette analyse préliminaire indique que l’effondrement de la croissance économique en 2020 pourrait favoriser une nouvelle chute des prix des produits agricoles, au moins à brève échéance.

Contribution de l’agriculture à la croissance économique du Cameroun (2016-2019)

Les trois dernières années, selon les comptes nationaux du Cameroun, l’activité agricole a enregistré une croissance entre 8,8% et 9,8% et a contribué avec USD 3,7 milliards à 10,7% du PIB en 2016. Elle emploie 70,0% de la population active soit 7.128.000 de personnes.

Le Cameroun dispose de conditions naturelles favorables qui lui permettent de cultiver des produits pour la consommation locale (igname, manioc, mais, mil, sorgho, et les légumes comme la pomme de terre, oignon ou le haricot) et l’exportation (banane, café, cacao, caoutchouc, coton, thé).

En 2017 Le ministère en charge de l’Agriculture (Minader) se félicite des performances de son secteur en 2017. Selon cette administration, la contribution de l’agriculture à la croissance économique du Cameroun a été de 76,38% en 2017. En 2016, cette contribution était de 68%.

Pour parvenir à ces résultats, le Minader indique qu’il a mené des activités dans le but de promouvoir le développement des filières agricoles à fort potentiel de valeur ajoutée. Dans ce sens, un accent a été mis sur l’appui à la promotion de la mécanisation agricole et des équipements dans les filières stratégiques : cacao, café, coton, caoutchouc, riz, banane, manioc, etc.

Tout cela a permis d’accroître la production, par exemple la production du cacao qui a connu un taux d’accroissement de 9% en 2016. Une croissance de 18% est prévue en cette année 2018. Pareil pour la banane dont le taux d’accroissement était de 1% en 2016 et se situerait à 5% en 2018.

Par ailleurs, des productions de semences et de matériel végétal de qualité ont été mises à la disposition des producteurs pour permettre d’accroître les rendements des différentes spéculations. La mise en place des exploitations agricoles à l’échelle nationale a permis d’augmenter les superficies cultivées.

D’une manière générale, l’activité économique camerounaise (2019) a été marquée par une croissance réelle du PIB de 3,8% par rapport à la même période en 2018. Selon l’Institut Nationale de la Statistique(INS), cette évolution résulte du dynamisme des activités dans tous les trois secteurs. Si le secteur primaire reste le moins performant, avec une contribution de 0,6 point au PIB, force est de constater qu’il connait néanmoins une nette progression de 0,1 point.

Cette évolution est en grande partie due à la bonne tenue des activités dans les branches de l’agriculture industrielle et d’exportation qui croissent de 5,6%. La performance du secteur primaire est également portée par les activités de l’élevage, la pèche et la chasse qui connaissent une hausse de 5,8% en dépit du ralentissement du rythme de l’activité dans ses branches.

La branche sylviculture dont la contribution à la croissance s’établit à 0,1 point, renoue avec la croissance (3,1%) après un repli enregistré en 2019. A contrario, l’on enregistre une perte de vitesse dans l’agriculture vivrière, qui progresse de 2,6% contre 5,0% par rapport à la même période en 2018. Le principal levier de l’activité économique dans le secteur primaire connait quant à lui un tel ralentissement à cause des tensions inflationnistes sur les prix des produits vivriers.

Une inflation qui a persisté dans le pays tout au long de l’année à cause du durcissement des conditions de sortie de devises, ainsi que l’insécurité persistante dans certaines régions.

A la fin de l’année 2019, l’INS annonçait déjà une inflation de 2,7%. Dans la région de l’Extrême-Nord en particulier, indiquait l’INS, du fait des inondations ayant occasionné les pertes de cultures, de centaines de têtes de bétail et des surfaces de pâturage, les marchés ont été de moins en moins approvisionnés (maïs, riz, mil, sorgo), oignons, viande de bœuf, etc. A cela vient s’ajouter la crise sécessionniste dans les régions anglophones du pays qui a fait perdre 845 milliards à l’économie nationale et plus de 16000 emplois.

Les premiers touchés sont les entreprises agro-industrielles telles que CDC, Pamol qui sont pratiquement à l’arrêt. « En raison de la nature de leurs activités qui s’étalent sur des hectares, ces dernières se retrouvent quasiment démunies face aux attaques et sont dans l’impossibilité de sauvegarder leurs actifs, surtout le matériel végétal » Précisait le Groupement Inter-patronal du Cameroun en 2019 dans son tableau de bord de l’économie camerounaise.

L’INS informe que l’activité économique du Cameroun, en 2018, s’est traduit par une amélioration du produit intérieur brut (PIB) de l’ordre de 4,5% par rapport en 2017. Du côté de l’offre, cette évolution résulte de la bonne tenue des activités dans le secteur tertiaire qui, avec une croissance de 3,6%, a contribué de 2,0% point à la croissance, ainsi que dans le secteur secondaire (1,7%) et primaire (0,4 point).

Toutes fois, un ralentissement du rythmes d’activité est observé dans le secteur primaire dont la croissance est estimée à 2,8% au trimestre de l’année 2019.

Cette situation résulte de la morosité affichée par certains produits agricoles d’exportation tels que banane, le café et le caoutchouc. La tendance a aussi caractérisé les activités dans l’agriculture vivrière, en liaison avec les effets de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest.
image11

Source : Auteur

Figure 5: Evolution de l’agriculture à la croissance économique du Cameroun (2016-2019)

Conclusion

Au terme de ce chapitre nous pouvons dire que le commerce extérieur des produis agricoles jouer un rôle particulièrement important sur la croissance économique au Cameroun.

Les crises alimentaires et sanitaire respectivement de 2008 à 2020 qui ont déstabilisé l’économie camerounaise provoquant les exploitations et les importations des produits agricoles sur le marché international.

Malgré tout cela, le Cameroun demeure un pays producteur agricole en Afrique et ses échanges à l’extérieur ont un effet sur la croissance économique. Ainsi le commerce peut aider à ajuster la production agricole de façon efficiente entre les pays.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Effet du commerce extérieur des produits agricoles sur la croissance économique au Cameroun
Université 🏫: Université de Maroua - Faculté des sciences économiques et de gestion
Auteur·trice·s 🎓:
ABOUBAKAR IBNOU OUSMAN OUMAR

ABOUBAKAR IBNOU OUSMAN OUMAR
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme de Master II
Titulaire d’une licence en Economie .
Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top