Évolution de la relation commerce extérieur et croissance économique

CHAPITRE II :

RELATION THEORIQUE ENTRE LE COMMERCE EXTERIEUR ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE

INTRODUCTION

La croissance économique mondiale a toujours été accompagnée d’un accroissement encore plus fort des échanges depuis le début du XIXe siècle, à l’exception de la période 1913-1949, marquée par deux guerres mondiales et la Grande dépression. Les études modernes des échanges et de la croissance tendent à démontrer les points qui lient le commerce mondial et la croissance (OMC, 1999).

Les importations et les exportations d’un pays constitue ses échanges commerciaux avec l’extérieur. Autrement dit, c’est le commerce international. Ce dernier s’appuie ensuite sur des théories solides visant à soutenir à son tour la croissance économique sur le long terme.

C’est pour cela que François Perroux définit la croissance économique comme « l’augmentation soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension, pour une Nation, le produit net en termes réels ». Les précurseurs de la science économique ont mis l’accent sur la possibilité d’une croissance par l’intermédiaire des échanges commerciaux. Ainsi, les éléments commerciaux c’est-à-dire les exportations et importations ont leurs effets sur la croissance économique.

C’est pour cela que je commence ma démarche par la présentation des théories relatives au commerces extérieur et la croissance pour déterminer les lien théorique et empirique entre les échanges et la croissance économique,

La première partie de l’analyse est consacrée à une revue théorique mettant en exergue la relation entre le commerce extérieur et la croissance économique. Il sera question pour moi de la présenter leurs théories afin de déterminer les effets de ces échanges sur la croissance. La seconde section est la présentation des travaux antérieurs sur la relation entre le commerce et la croissance.

SECTION I :

THEORIES METTANT EN EXERGUE LA RELATION ENTRE LE COMMERCE EXTERIEUR ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE

Cette revue de la littérature va me permettre d’étudier les liens théoriques et empiriques entre le commerce international et la croissance économique notamment au Cameroun. Par la suite, grâce à la fusion entre la théorie de la croissance endogène et la nouvelle théorie du commerce international, les travaux furent concentrés sur les voies d’influence du commerce extérieur sur la croissance économique.

LES ETUDES THEORIQUES SUR LE LIEN ENTRE LE COMMERCE EXTERIEUR ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE

Dans son ouvrage sur la richesse des Nation en 1776, Smith affirme que le commerce extérieur génère des effets positifs sur l’économie dans son entièreté. La théorie smithienne du commerce extérieur est en faveur du libre-échange et la libre compétition internationale. Pour lui, le libéralisme est bénéfique pour les économies.

A la suite de Smith, plusieurs économistes et chercheurs ont commencé à analyser les relations possibles existant entre le commerce international et la croissance économique. Au cours de la période des années soixante, les dirigeants étaient préoccupés par la recherche et la création des conditions de bien-être meilleur et l’atteinte des objectifs économiques notamment une croissance économique soutenable et durable. Théoriquement admis comme une variable importante de la croissance économique, la question est de savoir si un pays devrait mettre en œuvre des politiques stimulant à la fois les exportations et les importations ou se focaliser sur une des deux pour impacter positivement sur la croissance.

L’examen de la relation entre libéralisation commerciale et croissance économique a été jusqu’à récemment fait dans le cadre du traditionnel modèle de Ricardo (1817), Heckscher-Ohlin (1977). Selon ce modèle, le commerce extérieur conduit à une augmentation de la production. Cela est dû au fait que le pays procède désormais, après son commerce, à une allocation plus efficiente de ses ressources en se basant sur le principe des avantages comparatifs.

Dans le contexte néoclassique, le commerce extérieur peut bien avoir un effet sur le taux de croissance à long terme si elle génère un effet stimulateur de la technologie. Cependant, comme l’ont souligné Erik et Ulasan (2013), ni le modèle traditionnel de Ricardo-Heckscher-Ohlin ni le modèle néoclassique de la croissance ne fournit un cadre théorique unifié et univoque validant l’hypothèse selon laquelle les échanges extérieurs stimulent le progrès technologique.

Les études théoriques n’ayant pas réussi à trancher si le commerce extérieur contribue ou non à la croissance économique, les différents travaux empiriques sur le sujet ont, par contre, aboutit à des résultats similaires où l’effet du commerce est généralement favorable à la croissance.

Pour sa part, Edwards (1998) a tenté de mesurer la relation entre le commerce extérieur et la croissance de la productivité. Il conclut en l’existence d’une relation solide entre les indicateurs des échanges commerciaux et la croissance des facteurs. La principale contribution de l’auteur au débat sur la relation entre la libéralisation des échanges et la croissance économique est d’ordre méthodologique.

LES ETUDES EMPIRIQUES SUR LE LIEN ENTRE LE COMMERCE ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE

Durant les années 70, la plupart des travaux empiriques utilisaient des régressions en coupe transversale sur un ensemble de pays. La plupart de ces études ont établi une relation positive entre le commerce extérieur et la croissance économique.

Frankel et Romer (1999) utilisent une méthode à variables instrumentales incluant des caractéristiques géographiques, et confirment que le commerce extérieur des produits agricoles a un effet important et significatif sur la croissance économique.

Ouermé Mady (2009) dans son document de synthèse intitulé l’effet des importations et les exportations des produits agricoles sur la croissance du Burkina a trouvé dans son modèle que les exportations des produits agricoles contribuent positivement à la croissance et les importations des produits agricoles contribuent négativement et donc un résultat final ambigu.

Pour ce qui est de cette étude, la méthode de Ouermé sera améliorée en incluant les IDE et en faisant les importations des produits agricoles et les exportations des produits agricoles une seule variable (degré d’ouverture). Contrairement à la théorie les études empiriques s’accordent dans leur ensemble qu’il y a un effet positif du commerce extérieur sur la croissance économique.

Plusieurs économistes [Harisson (1996) et Edwards (1998) …] utilisent les exportations ou les importations des produits agricoles pour mesurer l’effet du commerce extérieur sur la croissance économique. Ainsi, pour tenir compte de l’ensemble des canaux par lesquels le commerce extérieur peut affecter la croissance économique, leur effet positif a été démontré par plusieurs auteurs comme Lee (1995) par exemple.

Cela montre que le commerce des produits agricoles, surtout pour les pays en voie de développement a un effet positif et significatif sur leur croissance économique.

Un tel effet passe par les deux canaux suivants : premièrement, les exportations des produits agricoles permettent aux pays en voie de développement d’obtenir des devises pour financer les importations des produits agricoles et la dette d’un côté et incitent les entreprises exportatrices à être compétitives, en utilisant une meilleure technologie, pour pouvoir se faire une place dans le marché international des produits agricoles.

Évolution de la relation commerce extérieur et croissance économique

Cette technologie peut, par ailleurs, se diffuser vers les entreprises non exportatrices et améliorer ainsi leur productivité. Deuxièmement, les pays en voie de développement disposent d’un niveau négligeable en R&D. Le commerce leur permet d’accéder au savoir et aux connaissances étrangères plus particulièrement par le biais de l’importation des produits agricoles étrangers nécessaires dans le processus de leur production tels que les biens d’équipement et les biens intermédiaires. (Legrand, 2008).

Dans la même optique, Winters (2004) a examiné la littérature existante sur le commerce des produits agricoles et la croissance économique et a conclu que les exportations et les importations favorisent cette dernière. Il s’est également intéressé à la façon dont le commerce extérieur et la croissance économique sont liés à travers la mise en œuvre d’autres politiques notamment la lutte contre la corruption. Le commerce des échanges des produits agricoles avec le reste du monde peut réduire ce phénomène. En effet, les pays qui commercent davantage avec les marchés extérieurs des produits agricoles sont susceptibles d’être confrontés à un examen plus approfondi de leurs institutions (Manwa et Wijeweera, 2016).

La majorité des travaux des années 80 et 90 examinant les effets possibles du commerce extérieur sur la croissance économique ont essuyé une avalanche de critiques. A titre illustratif, Greenaway (1993) adopte une vision sceptique sur l’effet du commerce extérieur sur la croissance économique.

L’auteur argumente qu’une grande partie du travail entrepris précédemment ont utilisé des méthodes imparfaites dépourvu d’un cadre analytique apparent, cohérent et univoque. De plus, le commerce extérieur reste encore tributaire d’incohérences définitionnelles et conceptuelles des échanges à travers les différents aspects des travaux ; ceci rend quasi impossible la construction d’indicateurs de mesure agrégés et fiables des distorsions commerciales (Greenaway, 1993).

Dans ce même sens, la contribution la plus citée est probablement celle de Rodriguez et Rodrik (2000). Dans une étude empirique sceptique, les auteurs concluent en une relation non concluante entre le commerce extérieur et la croissance économique. Ils proposent également une critique de la littérature existante sur la question. En effet, dans leur critique sur les travaux de Edwards (1998) qui a d’ailleurs étudié le lien du commerce extérieur et la croissance économique en utilisant neuf (09) indicateurs alternatifs de la libéralisation commerciale, Rodriguez et Rodrik (2000) ont conclu qu’il y avait une absence de relation robuste entre le commerce extérieur et la croissance économique. Ils ont discrédité un nombre considérable d’autres travaux (Ben-David, 1993 ; Lee, 1993 ; Harrison, 1996 ; Wacziarg, 2001).

Dollar et Kraay (2004), en se basant sur les travaux de Srinivasan et Bhagwati (1999) ont examiné les effets du commerce extérieur sur la croissance. Ils ont choisi un tiers (1/3) des pays en développement en raison de l’augmentation de la part du commerce dans leur PIB à prix constant sur vingt ans passé et également en raison de la réduction de leur tarif et qui ont connu un accroissement graduel de leur croissance économique. Les résultats ont mis en évidence une forte corrélation entre les variations de la croissance des dix (10) années et les changements observés dans le volume des échanges commerciaux.

Pour leur part, Wacziard et Welch (2003) ont repris les travaux de Sachs et Warner (1995) en utilisant une nouvelle base de données sur les indicateurs du commerce extérieur. Les résultats obtenus supportent l’existence des effets positifs et robuste du commerce des produits agricoles sur la croissance économique. Calderόn, Fajnzylber et Loayza (2004) ont trouvé des résultats similaires à ceux de Dollar et Kraay (2004).

Pour leur part, Dufrenot et Mignon (2010) ont appliqué l’approche de régression quantile pour tester l’hypothèse ‘‘Commerce des produits agricoles et Croissance’’. Ils ont abouti à la conclusion selon laquelle aussi bien à court et qu’à long terme, les effets du commerce extérieur des produits agricoles sur la croissance économique dans les pays à faibles taux de croissance sont plus élevés que dans les pays à fort taux de croissance.

De plus, à partir de l’utilisation des variables instrumentales sur les données de panel, Brückner et Lederman (2012) ont eux aussi analysé les effets du commerce extérieur des produits agricoles sur la croissance économique pour 41 pays d’Afrique subsaharienne. Pour les pays concernés, le commerce extérieur des produits agricoles a entraîné une croissance à court et long terme d’après les résultats des estimations des auteurs.

En synthèse, la littérature sur la relation entre le commerce extérieur et la croissance économique n’est pas univoque ni sur le plan théorique ni sur le plan empirique. Plus encore, cette relation varie selon les critères ou les indicateurs utilisés, l’approche méthodologique employée et les caractéristiques des pays concernés.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Effet du commerce extérieur des produits agricoles sur la croissance économique au Cameroun
Université 🏫: Université de Maroua - Faculté des sciences économiques et de gestion
Auteur·trice·s 🎓:
ABOUBAKAR IBNOU OUSMAN OUMAR

ABOUBAKAR IBNOU OUSMAN OUMAR
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté en vue de l’obtention du Diplôme de Master II
Titulaire d’une licence en Economie .
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