Points de vente de drogues : événements musicaux, Darknet

Les points de vente de drogues : événements musicaux, Darknet

Les différents modes et canaux de vente

Les conditionnements sont adaptés pour passer d’une étape à une autre par le biais de méthodes et de techniques de transports appuyé par des fonctions supports. Toutes ces étapes ont pour objectif la réponse à une demande, pour proposer des stupéfiants à des clients.

Une fois le produit arrivé au sein des villes, il est éclaté vers plusieurs acteurs, qui présentent des techniques de distribution finales différentes en fonction des localisations, des acteurs « servis » et des quantités vendues.

Points de vente de drogues

La première organisation déjà évoquée plusieurs fois dans ce mémoire est l’utilisation de « points de ventes » ou de « fours », des supermarchés, des drives pour les drogues, ce sont des points de vente importants pour les stupéfiants.

Cette organisation a plusieurs facettes, cela peut être un four avec « drive », où les clients peuvent accéder directement en voiture et peuvent se procurer leurs drogues sans descendre de cette dernière.

Tous les fours ne possèdent pas de « drive », il est alors possible de suivre la même logique mais en étant à pied.

Lors de l’entrée dans le four (qui peut être indiqué par des racoleurs), un intermédiaire ou le racoleur lui-même demande quel produit est désiré, ainsi, il oriente le client vers le point de vente où il peut réaliser la transaction.

Ils sont généralement localisés au cœur des cités, avec comme point d’entrée un parking dissimulé au milieu de l’espace protégé par les choufs et la sécurité. Ils n’ont pas besoin d’être facilement localisable ou reconnaissable, les clients étant habitués et les racoleurs indiquant la présence du four aux éventuels intéressés.

Pour l’approvisionnement des fours et des dealers , on parle de vente en gros ou en semi-gros. Les gros sont considérés comme les personnes traitant uniquement de connexions majeures et de quantités importantes, ce sont ceux qui gèrent les transits entre hubs ou entre terrain lors de gros fours.

Généralement, ils sont directement en contact avec d’autres grossistes présent sur des points de productions ou de transit et ils passent des commandes en fonction des besoins estimés ou prévus, ils gèrent ensuite l’éclatement en produit vers les hubs de qui ils reçoivent des commandes.

Les grossistes généralement sont des acteurs de fours qui ont « gravit les échelons » pour avoir de plus en plus de responsabilités de gestion et moins de tâches opérationnelles.

Certains grossistes sont cependant localisés en milieu rural (Neufchâtel-En-Bray par exemple pour le terrain de Rouen) pour être mieux dissimulé.

Les semi-gros, se focalisent plus sur les mouvements entre les points de ventes et fours, ils peuvent également approvisionner quelques dealers mobiles ou fixes pour certaines quantités, ce qui permet d’avoir des prix plus avantageux, les semi-gros peuvent également gérer les transit entre les hubs nationaux mais à de plus faibles quantités.

Ils suivent les mêmes logiques d’implantation que les grossistes.

Une autre organisation est celle des dealers mobiles, souvent livreurs, ils peuvent être indépendants ou dépendant du four, permettant d’atteindre plus de clients pour les points de ventes.

Les dealers indépendant s’approvisionne en produit sur les fours ou par le biais de semi-grossistes.

Ils attendent donc ensuite de recevoir des demandes de clients pour des livraisons (via SMS ou réseaux, Snapchat, Télégram, Whatsapp…) et peuvent organiser leurs « tournées » en conséquence.

Les livraisons sont souvent uniques, un dealer mobile va préférer éviter d’avoir de grosses quantités de stupéfiants sur lui et va donc privilégier une multiplication d’aller-retour entre les clients et sa nourrice.

La logique pour un dealer mobile issu d’un four est la même, la différence étant qu’il ne garde pas tous les revenus pour lui-même et qu’il les rapporte au terrain pour redistribution.

Les dealers mobiles peuvent être donc délocalisé des fours, des livreurs originaires du four et sous contrôle du four et de leurs organisations, ou ils peuvent être totalement indépendant, travaillant avec leur carnet d’adresse et les quantités qu’ils souhaitent, souvent en complément de revenu.

Certains dealers sont fixes, ils ont pour la plupart des clients stables et sont à l’abri des regards, souvent cette méthode est utilisée dans les zones pavillonnaires ou sur les campus, des maisons, appartements ou chambres étudiantes discrètes où de faibles quantités (en comparaison des fours) sont écoulées.

Observation participante :

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Lors de la période d’observation participante à Alençon de 2016 à 2018, j’étais dans une résidence étudiante et je travaillais avec mon voisin qui était un dealer fixe sur le campus, les clients avaient donc son contact et ils venaient directement dans sa chambre étudiante pour acheter des petites quantités de résine de cannabis. Je l’aidais principalement à s’approvisionner en produit depuis le four de la cité « Perseigne » d’Alençon et à gérer certains clients et faire certaines livraisons sur le centre-ville d’Alençon.

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Souvent, la vente de drogues relève pour ces dealers de complément de revenus et pas d’une activité principale (étudiant, salarié, ouvrier…), (observation participante Alençon, 2016-2018).

Représentation schématisée des différents canaux physiques de ventes de stupéfiants, conception Julien Magana 2022 - Points de vente de drogues : événements musicaux, Darknet

Schéma 18 : Représentation schématisée des différents canaux physiques de ventes de stupéfiants, conception Julien Magana 2022

Un exemple de distribution particulière des drogues, les événements musicaux

Dans certaines circonstances, comme dans le cas d’événements festifs, l’organisation de la livraison du dernier kilomètre va sensiblement dévier de ce modèle-type.

Les événements musicaux illustrent bien cette adaptation.

Dans ce genre d’événement, qui représentent un marché substantiel pour les dealers, les produits sont souvent distribués par des dealers indépendants ou des dealers mobiles de fours envoyés dans des évènements particuliers.

Premièrement il y a un point de contrôle à franchir lors de l’entrée dans des concerts, festivals ou autre, dans ce cas, les méthodes précédemment évoquée de dissimulation ou de soudoiement sont utilisées le produit est soit dissimulé dans des vêtements ou dans le corps humain, soit un agent de sécurité est connu ou soudoyé.

Ensuite, une fois à l’intérieur, la technique de vente va être particulière, il n’y a généralement pas de fonctions supports, c’est-à-dire pas de choufs, pas de sécurité et le dealer va jouer le rôle de racoleur lui-même.

Il doit alors « trainer », demander, proposer et donc s’exposer lui-même à des risques.

Une autre particularité est dans la méthode de transaction, les drogues principalement vendues lors d’événements musicaux étant les ecstasys et autres drogues « festives », certains codes sont donc respectés.

L’ecstasy étant la drogue de l’amour, du contact physique, du bonheur, les transactions sont alors masquées par des câlins, des accolades, un contact physique très proche qui permet la dissimulation de la transaction.

Les zones privilégiées pour les ventes ne sont pas seulement les zones écartées de ces événements (couloirs, escalier, toilettes…), ainsi, il sera intéressant pour un dealer d’être polyvalent et de circuler dans l’ensemble du lieu, jusqu’à la fosse, où de nombreux clients potentiels peuvent être présent.

Les bénéfices ainsi que les produits sont généralement dissimulés dans des sachets en plastiques et placé dans les sous-vêtements voir dans les corps.

La distribution des drogues peut donc prendre plusieurs formes, en fonction des événements, des types de produits, de clients, de quantités et de lieu.

Une autre méthode de distribution est possible est cette-fois ci de manière digitalisée, par le biais de plateformes en ligne et qui donc évite aux clients de rentrer en contact avec des dealers.

La vente de stupéfiant digitalisée, le e-commerce et le Darknet

Une autre spécificité dans les méthodes de distribution et leurs adaptations aux répressions est le recours à des plateformes anonymes et numériques pour le commerce de drogues, plusieurs marchés de ventes de stupéfiants sont accessibles en ligne par le biais de navigateur particulier qui rende possible l’accès au darknet.

Ainsi, avec le navigateur Tor, plusieurs marchés s’offrent aux consommateurs pour l’achat de drogues, c’est le cas notamment de Drug Bay, Dream Market, Tochka Free Market, Silk Road Market, Berlusconi Market, les achats sont réalisés en cryptomonnaies, intraçables et anonymes.

Pour résumer le fonctionnement, ces sites sont le « Amazon » des produits illégaux et notamment des drogues.

Il est possible d’acheter en différentes quantités, ainsi, il est possible de passer uniquement par le darknet pour l’achat en gros de drogues, de le détailler une fois le produit reçu et de le remettre en vente sur le darknet.

L’achat en grosse ou semi-grosse quantité est possible, tout comme l’achat au détail, ainsi, il est possible pour des consommateurs réguliers ou ponctuels d’acheter des drogues en ligne avec un sentiment de limitations des risques car il n’y a pas d’interaction directe avec des dealers .

Les produits achetés sont envoyés par fret postal, dans des enveloppes (les enveloppes inférieures à 20g et ne nécessitant qu’un timbre font rarement l’objet de contrôle), des cartons, ou pour les quantités les plus importantes de dissimulation dans des objets (imprimantes, machine à laver…).

La récupération des produits se fait donc directement dans sa boîte aux lettres ou pour limiter encore plus les risques, dans des casiers de dépôt de fret et de courrier comme les casiers Amazon par exemple.

Il en est de même pour la vente au détail, l’expédition se faisant par courrier, le seul risque est le trajet jusqu’aux boîtes aux lettres d’expédition des services postaux.

Les postiers, sont alors à leur insu utilisé comme des fonctions supports du trafic de stupéfiants, la stratégie de dissimulation est poussée assez loin en faisant circuler la drogue via des réseaux de distribution de stupéfiants tout à fait légaux et conventionnels.

Le recours au darknet pour l’achat ou la vente de stupéfiant vient de l’illusion d’une sécurité supérieure à la vente dans la rue, que ce soit pour l’achat ou pour la vente, ce canal offre un confort lors des transactions, par une réduction des contacts physiques directs et par l’anonymat et la traçabilité quasi nulle des transactions.

Capture d’écran 1 : Visite du site Drug Bay le 18/05/2022, Julien Magana 2022

Visite du site Drug Bay le 18/05/2022, Julien Magana 2022

Tous les points évoqués précédemment sur l’organisation, les méthodes suivies, les techniques employées, le cadre qui est mis en place, rappelle beaucoup de similarité avec les flux classiques comme le mode d’achat en ligne, la présence d’un catalogue, le produit livré par fret postal directement à domicile… mais également les logiques d’entreprises, les organisations des marchés légaux.

En effet, le trafic de stupéfiants sur l’axe de la distribution et du dernier kilomètre présente des points communs avec le monde de l’entreprise classique, il y a donc de nombreuses similarités entre ces 2 mondes malgré le caractère légal qui les sépare.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La logistique des stupéfiants : Zoom sur la distribution finale et le dernier kilomètre
Université 🏫: Sorbonne Université - Master TLTE
Auteur·trice·s 🎓:
Julien Magana

Julien Magana
Année de soutenance 📅: Travail de mémoire de Master (Transports, Logistiques, Territoires & Environnements) - Jun 2033
Student in second year of Master GAED specialized in Transport Logistics Territories and Environment . searching for an intersting PhD program that would meet my mindset and curiosity
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