Organisations logistiques : production, transport et support
Etat de l’art : La logistique des drogues
Ce travail de mémoire implique la réalisation d’un état des connaissances sur la logistique des drogues.
Qu’est-ce qu’un état de l’art ?
C’est un panorama synthétisant les travaux déjà existants sur une thématique en particulier. Il est la suite d’un travail de récolte et d’analyse bibliographique de publications et rapports majeurs en lien avec le sujet de recherche.
L’intérêt d’un état de l’art vise à analyser « où s’arrête la recherche » sur une thématique et donc formuler une lacune de recherche dans un domaine et réaliser un travail de recherche sur cette dernière.
Pour la réalisation d’un état des connaissances sur un domaine, plusieurs axes doivent être sélectionnés et écartés, dans le cas de ce travail de mémoire, les axes retenus pour l’état de l’art sont (par mots clés) : le blanchiment d’argent, le cannabis, la cocaïne, le darknet, le dernier kilomètre, la distribution, les drogues, l’ecstasy, l’héroïne, l’import, les mules, l’offre et la demande de stupéfiants, la production, la régulation, la rue, l’aspect social des stupéfiants et le trafic de stupéfiants.
Cet état de l’art s’appuie à la fois sur des sources académiques et sur de la littérature grise.
Cette partie propose de faire un état des lieux d’articles scientifiques récoltés grâce à des moteurs de recherches bibliographiques comme Google Scholar, au site web de la bibliothèque universitaire de la Sorbonne, à des bases de données bibliographiques comme le site web du « Cairn », un intérêt particulier a été porté à des revues spécialisées dans l’étude des drogues comme l’« International Journal of Drug Policy ».
Les références retenues s’inscrivent dans les champs de la géographie mais également de l’économie-gestion, du droit et du social, ce qui reflète le caractère transdisciplinaire de l’objet « drogue ».
Les disciplines exclues lors de la recherche sont la psychologie ainsi que le médical.
Comme le montre la bibliographie du mémoire, cet état de l’art est principalement composé d’articles scientifiques (environ 45 articles traités), en français et en anglais, apportant un spectre complet de connaissances sur les transports de drogues, les organisations suivies ainsi que les retombées sociales et éventuelles solutions.
Une autre source documentaire est de la littérature grise avec des rapports d’organismes traitants des drogues, l’UNODC (United Nations Office on Drugs and Crime), l’OFDT, l’EMCDDA (European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction), l’IHEMI (Institut des Hautes Etudes du ministère de l’Intérieur) et la WACD (West Africa Commission on Drug).
Les rapports consultés sont :
Annual report, 2018 – UNODC
Fournissant de nombreuses informations sur le trafic de drogues, un plan d’action international, des cartes retraçant les flux, des options d’alternatives et d’aide aux consommateurs, des solutions alternatives à la répression ainsi que des données globales sur le trafic international.
Drogues et addictions, données essentielles, 2020 – OFDT
Les chiffres clés du marché des drogues, leurs prix, la mortalité ainsi que le poids des drogues.
Rapport européen sur les drogues, tendances et évolutions, 2021 – OFDT
Evolution des consommations, des offres et des méthodes de distribution.
La cocaïne, données essentielles, 2019 – OFDT
Analyse typologique de l’offre de cocaïne, données et chiffres sur les actions de reventes.
Drug market and crime workbook, 2020 – EMCDDA
Données globales sur le trafic, présentations de routes, modes de transits, les actions publiques pour contrer le trafic.
Impact of COVID-19 on drug markets, use, harms and drug services in the community and prisons, 2021 – EMCDDA
Introduction aux modifications apportées par la pandémie de Covid-19 sur le marché de stupéfiants.
Le trafic de stupéfiants à partir des aérodromes secondaires non surveillés et plateformes de circonstance, 2021 – IHEMI
Des données générales sur les routes et les méthodes alternatives de transport, les processus et l’import de cocaïne.
Trafic de drogue et Menaces pour la sécurité nationale et régionale en Afrique de l’Ouest, 2017 – WACD
Une analyse de l’import de drogues en Europe et des méthodes utilisées, explication de la position de l’Afrique de l’Ouest dans le trafic international, l’accès à l’Europe ainsi que les retombées sociales et économiques en Afrique de l’Ouest.
Les organisations logistiques : introduction des logiques liées à la production, au transport et à la gestion logistique des opérations
La première partie de cet état de l’art s’intéresse aux organisations logistiques régissant de la circulation des produits, en se focalisant sur 3 étapes principales, la production, le transport (principal et de distribution) et également le support logistique apporté à ces étapes.
Cette première section vise à démontrer les codes principaux de la logistique de produits classiques pour comprendre les similarités empruntées par le monde des drogues aux réseaux de marchandises conventionnelles.
Elle va permettre de comprendre la question du dernier kilomètre dans la distribution des drogues mais également des étapes de productions, de transport « principaux » et d’apport logistique (organisation globale du trafic , distribution finale) et ainsi apporter au mémoire des connaissances théoriques sur l’organisation des réseaux qui seront vérifiées par la suite.
Schéma 1 : Les différentes étapes du flux logistique analysées dans l’état de l’art, conception Julien Magana 2022
La production dans les organisations logistiques
La production représente une des premières étapes de la logistique (transport de matières premières en amont des étapes de production).
Dans les organisations logistiques, une production se gère, elle s’effectue en fonction de plusieurs critères, elle est dépendante notamment de la demande comme l’indique Hervé Mathe « la logistique de production et d’approvisionnement se montre directement dépendante de la connaissance de la demande : quoi, où, quand, sous quelle forme, avec quelles caractéristiques…
Il ne s’agit plus, dans la plupart des cas, de fabrication spéculative reposant sur un marché essentiellement stable. » (Mathe,2014).
En fonction d’une demande qui doit être anticipée, qui permet donc une création d’un prévisionnel de production « la capacité d’anticipation du flux d’information sur le flux physique est caractérisée par la possibilité pour le gestionnaire de production de disposer d’une connaissance prévisionnelle des futurs états du flux physique et de programmer les actions à entreprendre pour que ceux-ci soient les moins perturbés possible par les turbulences de l’environnement. » (Mathe,2014).
Ces anticipations dans la production font partie d’une gestion d’un système logistique, ce qui consiste à « concevoir ce système, à le contrôler et à le réguler de telle sorte que les objectifs de productivité définis par les caractéristiques des produits transformés : coût, qualité, services associés et flexibilité soient atteints. » (Mathe,2014).
Les gestions de productions sont en évolution, soumises à différentes méthodes d’optimisation, de prévision de la demande, « la planification des opérations de transformation, ou plus généralement la programmation de l’ensemble des activités nécessaires à la circulation des matières et produits, constitue justement le cœur de la démarche logistique.
Depuis l’établissement des premiers dispositifs de production de masse jusqu’à la mise en œuvre généralisée de systèmes de ‹ fabrication individualisée de masse ›, des changements considérables ont été opérés, et cela de manière continue. » (Mathe,2014), intégrant également donc la notion suivant les étapes de production, celle de « circulation des matières et produits » par le biais de flux physiques, et donc, de transport.
Les logiques de productions sont donc poussées par le biais d‘une demande et nécessite s donc d‘anticiper les flux d‘informations pour prévoir les flux physiques à produire et donc répondre aux objectifs de productivité, le maillon de production dans la supply chain a également suivi des changements importants dans sa structure ou dans son traitement.
Le transport dans les organisations logistiques
Le transport se place à la suite des opérations de production si la supply chain est traitée de manière linéaire qui peut présenter également une étape avant la production avec l’approvisionnement de matières premières par exemple ).
Le transport est le flux de « circulation des matières et produits » (Mathe, 2014), comme décrit dans l’introduction le transport est le « flux physique de produits ».
Il nécessite cependant une planification, suivant comme pour la production une certaine demande comme l’indique Mathe « Une planification générale de la distribution est établie sur la base de la prévision de la demande et s’articule sur le système de gestion des commandes clients . » (Mathe,2014).
Bien que le flux soit donc créé à la suite d’une demande client, il est également soumis à d’autres contraintes, « La logistique de distribution physique implique donc une réflexion sur les besoins en aval, le degré de vulnérabilité qu’ils entraînent tant pour le client qu’indirectement pour le fournisseur sur l’organisation et les moyens mais aussi sur les capitaux immobilisés dans les stocks. » (Mathe,2014).
Ce flux, peut être dirigé à plusieurs étapes et servir un maillon plus ou moins éloigné de la supply chain, « La programmation des flux de produits dans l’ensemble du réseau de distribution, depuis les unités de production jusqu‘aux centres de commercialisation terminale, voire jusqu‘aux clients . » (Mathe,2014).
Le transport a pour mission la circulation des produits en s‘appuyant sur une planification de la distribution en accord avec la gestion des demandes de clients et des risques éventuels. Le transport dispose de plusieurs dimensions car il peut avoir pour tâche d‘acheminer des produits à différents degrés de la supply chain.
L’organisation logistique dans l’ensemble des opérations
L’organisation logistique c’est la partie organisationnelle, qui vient anticiper les flux physiques, les planifier et les gérer, sur les actions d‘optimisations et d’ajustement des gestions déjà présentes, des approches donc fragmentées à chaque étape, « l’organisation logistique correspond à une approche fragmentée du processus de circulation des matières et produits.
L’entreprise comporte, dans ce cas, un certain nombre de grandes fonctions dans lesquelles figurent un ou plusieurs services à caractère très opérationnel, généralement considérés comme subalternes, chargés, chacun, d’une partie des transferts physiques . » (Mathe,2014),
L’anticipation et la planification correspondent à « la programmation de la fabrication des sous-ensembles dans le système de production ou l‘ordonnancement des tournées de livraison terminale des produits auprès des clients. » (Mathe,2014).
Toujours sous contrainte de la demande client, « la planification logistique opérationnelle contribue, quant à elle, au déploiement optimal des ressources et moyens alloués au service de la demande immédiate. » (Mathe,2014), la logistique à donc pour tâche de « coordonner l’établissement de l’offre de l’entreprise afin qu’elle rencontre son marché dans les meilleures conditions de rentabilité globale. » (Mathe,2014)
L’aspect opérationnel, c’est la gestion des flux physiques, où il est parfois nécessaire de mener « une action en retour sur la planification de la distribution doit être menée, permettant notamment d’établir une gestion optimale de la pénurie en fonction des priorités commerciales et logistiques. » (Mathe,2014), les « priorités » étant la satisfaction d’un client, « la dimension la plus concrète de la manœuvre logistique se matérialise sous la forme d’une succession d’opérations physiques élémentaires concourant à la satisfaction d’une demande émise par un client. » (Mathe,2014).
L‘organisation logistique vient donc couvrir l‘ensemble des actions de flux physiques, par des actions d‘anticipation, de planification et de gestion avec optimisations, avec la satisfaction client comme priorité (bon produit, au bon endroit, dans la bonne quantité, au bon moment).
