Méthodologie qualitative : étapes de recherche et enquête

Enquête qualitative : fiabilité, techniques, ethnographie…

Une méthodologie essentiellement qualitative

Méthodologie qualitative

Il semblait pertinent de décrire mon protocole méthodologique. Il a muté entre plusieurs phases au fil de la création de ce mémoire et de l’accompagnement par ma directrice de mémoire.

Elle a su me recarder, m’aider, et m’apporter les connaissances nécessaires pour avoir un objet de recherche convaincant et pas uniquement un rapport classique sans recherche en profondeur ou d’analyse particulière.

J’ai dû passer par plusieurs phases et arriver à formaliser ma recherche, créer un cadre pour mieux la réaliser et la décrire et retranscrire par la suite pour qu’elle soit accessible à tous.

Initialement, j’envisageais de traiter du sujet des drogues et de leurs logistique de manière globale (de la production à la consommation), pour des raisons de faisabilité, en concertation avec ma directrice de mémoire, j’ai choisi de resserré mon objet de recherche autour d’un maillon de la chaîne précis : la distribution finale.

Les étapes de ma recherche

1. La définition de la question de recherche générale

Travail réalisé dans un premier temps en janvier 2022, définition de ma question générale de recherche, de la problématique globale : Les drogues et l’organisation du transport / logistique.

2. Une question de recherche qui interroge plusieurs aspects de la logistique des drogues.
   Ensuite, un resserrement du sujet en suivant des axes intéressants :

• • • Trafic
    • Internationalité
    • Organisation technique
    • Similarité marché classique
    • Gestion légale et répression / solutions

3. La collection de données

Avec une partie de lecture active de rapports, de littérature grise, d’articles scientifiques, de livres mais également de ressources filmographiques, musicales, la drogue étant un sujet qui va susciter beaucoup d’intérêt, elle est aujourd’hui (comme décris dans l’introduction) une partie importante de la culture urbaine et plus généralement de la culture.

4. L’interprétation des données

Essayer de mêler les lectures réalisées aux questions et sujets intéressants de la recherche, si les données collectées ne sont pas assez spécifiques trouver d’autres solutions pour collecter d’autres données (observation participante, groupe de parole, entretiens, questionnaires…)

5. La conceptualisation et le travail théorique

Avec toutes les données, la réalisation d’un état de l’art, de productions graphiques qui peuvent aider à la réponse aux questions, déterminer les ressources qui seront nécessaires, quand, comment, planifier les entretiens, contextualiser les ressources…

6. La spécification des questions de recherche (problématiques et sous-questions)

Confirmer ou non les axes émis dans un premier temps, et les spécifier autour de questions de recherche bien précise :

Comment ce milieu s’adapte-t-il aux méthodes restrictives ?

Comment fonctionne les étapes antérieures à la distribution ?

Comment la distribution fonctionne, quels sont les canaux et méthodes empruntées ?

Quelles sont les similarités avec le monde de la logistique classique et les problématiques de dernier kilomètre ?

Quelles sont les solutions alternatives qui sont ou qui pourraient être proposées ?

7. La collection de plus de données
8. L’interprétation des données
9. La conceptualisation secondaire et travail théorique

Avec toutes les données, une seconde réalisation de productions graphiques, qui peuvent aider à la réponse aux questions, déterminer ce qui sera nécessaire, quand, comment, planifier les entretiens, contextualiser les ressources… faire de la « validation du répondant », « trianguler » les ressources obtenues, compléter l’état de l’art avec les nouvelles données collectées.

10. L’écriture des axes intéressants trouvés et des conclusions qui peuvent être apportées

Etapes de rédaction, de production, d’analyses des études et des données collectées, de création…

11. Processus final d’amélioration continue et de « veille ».

Répéter les étapes de collection de données, d’interprétation de données de conceptualisation et de travail théorique.

Une enquête essentiellement qualitative

Le mode de collecte de données : entretiens, articles scientifiques, groupes de paroles, recherche ethnographique : observation participante, terrain, presse, cinéma, musique.

Une étude qualitative car lacune de recherche importante dans le domaine et peu de données quantitatives exploitables, existantes, sur l’axe recherché et la zone de travail (Rouen, ou plus particulièrement aux échelles locales).

Un exemple de travail qui aurait pu être réalisés par des biais quantitatifs : Darknet et exemple études de : Bergeron, Décary-Hétu, et Villeneuve-Dubuc, « L’effet COVID sur les cryptomarchés ».

Croisement des données pour production, entre qualitatif (entretiens, articles) théorique et pratique et quantitatif (articles scientifiques pour les données et questionnaires pour croiser les données et confirmer l’apparition d’un modèle commun dans les méthodes de distribution…) Bryman appelle cela la « validation du répondant » : p.391 « Social Research Methods 4th Edition » / Triangulation des méthodes de recherche (articles, presse, entretiens, croiser du théorique et du pratique).

La fiabilité et validité dans une recherche qualitative

• Fiabilité externe / reproductibilité de l’étude :

Le fait de pouvoir recréer une étude, car le sujet étant en perpétuelle évolution, il subit les modifications du temps et d’évènements, l’étude doit donc être reproductible.

Il est possible de refaire cette étude, à une époque différente, sous des conditions similaires pour analyser un éventuel changement dans les résultats.

Fiabilité interne :

La même vision dans la recherche par les personnes conduisant une étude, moi-

même, mais également groupe de parole, confrontation avec entretiens et acteurs du sujet…

Validité interne :

La confirmation par les personnes faisant de la recherche sur les mêmes sujets : exemple, partager les mêmes axes et rigueur que Monsieur Lalam, Chouvy, Schiray, Kokoreff, Gandilhon, ou Madame Coppel.

Validité externe :

La généralisation de l’étude, revenir sur le point attention et objectivité de l’étude, échelle de l’étude, acteurs interviewés, le petit échantillon du questionnaire, qu’elle soit basée sur des études théoriques malgré un travail d’objectivité poussé au maximum mais qu’il est difficile de généraliser à différentes échelles, localement en France oui, Europe peut-être, mais monde probablement pas…

Quelques critiques de la recherche qualitative sur le sujet :

• Trop subjectif
• Difficile à reproduire
• Problèmes de généralisation
• Problèmes de transparences dans les méthodes de recherche et le retour
• Pas structurée dans la recherche (production de données)

Les techniques de recherche utilisées

Forme multiple de collecte de données pour les croiser et avoir un spectre de recherche complet sur une problématique précise, essayer de prendre le meilleur de tous les mondes et de le croiser pour avoir le meilleur retour possible, le plus réaliste, complet et intéressant.

Documents pour source de données : documents officiels de l’état et d’organismes étatiques (OFDT…), documents de sources privés (articles scientifiques et autre…), documents de médias : interprétation des documents : fictif, réaliste, point de vue et opinion/neutralité de l’auteur… intérêt de la composition d’un état de l’art.

L’ethnographie

• Ethnographie : Observation participante, pourquoi ?

Réalisation personnelle d’activités liée au sujet, sur un temps précis et des zones précises, repris dans ce tableau synthétique.

Tableau 3 : Liste des périodes d’observation participante, conception Julien Magana, 2022

Cela permet donc d’observer les comportements, les méthodes, les interactions entre acteurs… à une échelle plus longue que lors d’un entretien, mais dans ce cas présent, ce n’est pas la recherche qui a démarré l’observation participante mais bien l’inverse, le fait de le faire qui a amené au choix du sujet de ce mémoire.

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La justification de l’accès au processus ethnographique, pouvant être réduite à : je connais, j’ai grandi dans, je connais des gens qui connaisse, il était simple de faire partie de, j’ai moi-même auparavant fait partie intégrante de : recherche ethnographique ouverte en paramètre public (Bryman), part entière de l’activité mais en tant que « chercheur », non pas acteur, d’où l’aspect de confidentialité et sécurité du travail de terrain et de recherche car le sujet reste sensible, toujours sous « couverture » de recherche, donc risques atténués, même si présent, car pour bien comprendre, faire et voir vaut mieux que de lire 100 articles scientifiques qui en parlent.

Également recours à de l’ethnographie visuelle : photos, vidéos : une image vaut mille mots, pour se rendre compte, pour avoir une idée concrète, pour visualiser, contextualiser et analyser également l’image en tant que telle.

Donc des photos qui seront retrouvées tout au long du mémoire.

Les entretiens qualitatifs

Tableau 4 : Liste des entretiens, conception Julien Magana, 2022

Sous la forme « d’entretien sans structure » donc entretiens libres et entretiens non directifs, avec quelques grandes lignes, quelques sujets de questionnement, mais principalement entretien « conversationnel ».

Les critères qui ont été suivis pour un bon entretien : la connaissance le sujet, essayer de structurer au maximum l’entretien (difficile dans le cas d’un entretien sans structure, plus des actions de recadrage autour des sujets d’intérêts), clair, « doux », avec un intérêt porté à la problématique et aux réponses de la personne, ouvert, critique, balancé (ne pas monopoliser le temps de parole), sensible éthiquement…

J’ai recadré les entretiens en essayant de les diriger au maximum vers les questions de recherches en ayant pleine conscience de la sensibilité des sujets qui pouvaient être évoqués.

Avec une définition au préalable des sujets de questionnement, pas de préparation détaillée car connaissance du milieu, des acteurs et désir d’avoir un retour sincère et honnête et une réelle conversation, pas un interrogatoire, qui rendrait l’entretien probablement trop sensible et tendu.

Donc : Question de recherche : Axes spécifiques : Dernier kilomètre, distribution, méthodes, anecdotes : Sujets généraux pour l’entretien. Simple et ouvert.

Important de comprendre que je n’avais pas le « lead » dans ces entretiens et que j’étais déjà bien content de les avoir et que le caractère sensible de ces derniers rendait difficile l’application de processus bien définis.

Observation participante :

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Lors de l’entretien de Vhydra et BigB, j’ai fait face à des personnes cagoulées, qui m’ont dit quoi faire, où aller, on m’a emmené dans un parking, à 01 heure du matin, je n’étais donc pas en position de force et je n’étais pas non plus dans une position assez confortable et de confiance pour guider un entretien et pour m’imposer face à eux.

J’ai tout de même eu de nombreuses informations à la suite de ces entretiens malgré la tension souvent présente.

Pour l’exemple de Vhydra et Big B, après un début tendu, j’ai fini par filmer une partie de l’entretien, ce qui montre donc que la tension est variable et qu’il ne s’agît que de s’adapter aux interlocuteurs et d’agir en conséquence.

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La retranscription des entretiens a été réalisé par la suite, comme indiqué précédemment, une forte sensibilité pendant les entretiens et un contexte qui ne se prête pas aux conditions pour noter, enregistrer, alors beaucoup de prises de notes mentales ou de « jotted notes » puis une retranscription post-entretien.

La confidentialité, la sécurité et la dissimulation en entretien

Étant donné le caractère sensible, individus masqués , difficulté à enregistrer/prendre des photos/notes, lieux d’entretiens particuliers à l’abris des regards, espaces neutres , attente, difficulté à accéder aux personnes parfois, incompréhension de l’intérêt de recherche, difficulté de divulguer des informations compromettantes pour eux.

Observation participante :

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Pour l’entretien de Ycharon, j’ai été dans un premier temps en contact avec un de ses ami que je connaissais bien, qui m’a indiqué qu’il réalisait des connexions indépendantes entre plusieurs points pour transporter certains produits, j’ai alors été en contact avec lui par la suite et je lui ai fait par de mon intérêt sur ces activités ainsi que de ce travail de mémoire, il m’a alors invité à le rejoindre pour une connexion qu’il réalisait entre Rotterdam et Lille.

Une fois arrivé à Rotterdam avec notre contact mutuel on a attendu et il nous a envoyé plusieurs adresses à suivre avec des horaires précis, c’est au bout de la 3ème qu’il était présent et qu’il m’a accordé cet entretien.

Le contexte, la personne mutuelle était donc la voiture ouvreuse, et je suis monté avec Ycharon dans la porteuse.

Il n’y a pas eu de tensions particulières avec Ycharon, les tensions dans cet entretien étaient plus liées à l’activité qui était en train de se dérouler.

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Comment j’ai pu minimiser les risques ?

Par le biais d’amis, de connaissances m’accompagnant lors des entretiens, avec mon téléphone avec la position GPS partagée (en cas de problème on sait où je suis), en restant calme, en ne pas trop structurer pour ne pas frustrer ou rendre l’entretien trop tendu (interrogatoire mal perçu dans ce milieu curieusement), en étant conscient du milieu et des limites (questions à ne pas poser ou des manières à ne pas parler, là où ne pas aller, ne pas trop se mettre en danger inutilement, ce qui ne faut pas faire, pas dire…), avoir l’équipement adéquat : dans ce cas, rien, y aller en tant que personne, sans carnet, sans caméra, sans appareil photo, habillé de manière adéquate pour rentrer le mieux possible et créer le moins de défiance possible…

Que faire si quelque chose se passe mal ? Minimiser les risques, faire confiance, limiter les espaces clos, les situations qui peuvent dégénérer, savoir dans quoi on se lance avant d’y aller, prendre conscience des risques également judiciaires (Go fast Pays-Bas France, terrain, livraisons voiture, navettes, entretiens près des nourrices, que faire en cas de descente de police ?… Justification par le biais de la recherche, travail académique, lors d’entretien sur le port de Rotterdam veste « Sorbonne Université », pour « prouver » que je suis un étudiant (même esprit qu’une veste de presse recherché) même si difficilement justifiable mais au moins essayer de minimiser mon implication dans l’activité.

Ce monde présenté avec une « éthique des réseaux basée sur la confiance » » (Kokoreff, 2004, p. 19 )

Les enjeux d’éthique (pour l’entretien et l’observation participante), les actions réalisées lors d’entretien et lors de l’observation participantes sont illégales et ont un aspect négatif, en plus du caractère illégal, ces actions engendrent de la violence, des risques.

Echantillon pour les entretiens : échantillonnage raisonné, justification de la taille de l’échantillon par la particularité du sujet et des opportunités présente, il est difficile de planifier, d’avoir une idée précise des acteurs à rencontrer car ils ne sont pas « accessibles » dans un premier temps.

Un échantillon donc raisonné, réduit et qui évolue au fil des opportunités, des rencontres et des réponses.

Un point négatif : La prise de note difficile.

Par l’action et la sensibilité du sujet, des tensions pouvaient être ressenties, pour prendre des photos, des vidéos, des notes sur ce qui était dit, pour enregistrer les conversations, donc difficile d’avoir des bonnes et complètes notes de terrain.

Observation participante :

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Lors de l’entretien avec K’nix, j’ai réalisé une jotted note avec quelques croquis dessinés très rapidement, j’ai été mal à l’aise avec le fait d’avoir une feuille et de noter ce qu’il me disait, car cela reflète trop une « déposition » et viens à l’inverse du principe de dissimulation des acteurs, de leurs propos etc… Il m’a ensuite indiqué qu’il n’avait eu aucun problème avec ma prise de notes, au contraire.

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Alors recours à des « Jotted notes » le plus souvent réalisées car rapide, également des notes mentales car le contexte n’était pas approprié à la prise de note (dans un parking entouré d’acteurs du monde des drogues: Vhydra et Big B, dans une voiture pour un go-fast : Ycharon, lors d’un entretien avec un grossiste à son domicile personnel : K’nix…) mais j’ai eu la possibilité de rédiger des notes plus complètes lors d’entretiens plus calmes : entretien téléphonique (Cio), entretien en visioconférence (Veris).

La réalisation d’un questionnaire

Comme décrit précédemment, la réalisation d’un questionnaire adressé à un échantillon ciblé (usagers de drogues ), diffusé à des personnes précises (lien internet vers le questionnaire), pour avoir des données personnelles (bien qu’à faible échantillon et donc à faible représentativité) sur les modes d’achats préférentiels des consommateurs en fonction de leurs zones d’habitation, de leur âge, de leur catégorie socio-professionnelle ainsi que de leur genre, pour constater avec confirmation lors des entretiens et de travail de recherche que les méthodes de distribution changent en fonction du profil de l’individu.

Le nombre de répondants au questionnaire est d’environ 200, le public ciblé étant des consommateurs de drogues pour avoir des informations sur leurs pratiques et habitudes d’achats en fonction de leurs profils.

Ce qui veut être démontré étant, l’influence d’un type de profil (genre, sexe, âge, rural ou urbain, catégorie socio-professionnelle) sur le type d’obtention des drogues (achat dans la rue, sur internet, par le biais d’un ami…).

Ce questionnaire a été disponible entre mars et mai 2022 et a été créé en 2 langues (français et anglais) pour augmenter les répondants potentiels.

Les questions du questionnaire sont les suivantes :

1. Avez-vous déjà consommé des drogues ?
2. Lesquelles (choix parmi une liste avec option autre)
3. Par quel canal d’achat (choix parmi une liste avec option autre)
4. A quel prix et quelle quantité ?
5. Quel est votre sexe ?
6. Quel est votre âge ?
7. Quel est votre activité ?
8. Vous habitez dans une zone (urbaine ou rurale) ?

Un questionnaire très court et cela est volontaire, le but étant d’avoir un taux d’abandon faible avec des questionnaires qui peuvent être ou mal remplis si trop long ou abandonné, tout cela influençant les données finalement récoltées.

Ce protocole méthodologique suit donc une collecte de données qualitatives pour réaliser plusieurs productions graphiques et venir apporter des réponses aux questions de recherche de ce mémoire.

Chaque élément m’a apporté des ressources que j’ai exploitées ensuite, chaque technique d’enquête a permis d’apporter un matériau différent à mon investigation.

Pour répondre aux questions de recherche de ce travail de mémoire, plusieurs productions graphiques ont été réalisées.

Ces productions sont des cartes de chaleur, des descriptifs d’itinéraires, des graphes avec des équations de risque et plusieurs modélisations de réseaux (logistique classique, réseaux en grappes pour les drogues etc…).

Pour chaque production, plusieurs méthodes de collecte de données, d’utilisation des jeux de données et de conception de la production graphique ont été utilisées.

Dans un premier temps il sera décrit pour chaque production la méthodologie employée.

Ensuite, les résultats de ces productions seront donc analysés et leur utilité sera justifiée.

En plus de cela, toutes les productions ont été vérifiées par la confrontation à différents acteurs du monde des drogues en fonction des productions et de leur focalisation sur des étapes précises de la supply chain.

Les jeux de données présentés dans cette partie du mémoire ne sont pas complets et présentent (lors d’informations trop précises et/ou sensible) des modifications dans leur nom et leurs coordonnées, condition importante lors de la collecte des données.

Ces productions vont permettre individuellement d’apporter des éléments de réponses aux questions d’organisation face aux méthodes restrictives de la distribution ainsi que son fonctionnement, ses canaux et méthodes.

Les aspects de similarité avec les logiques d’entreprises et les logistiques classiques fera également l’objet d’une production.

Cartes de chaleur

3 cartes de chaleurs ont été réalisées sur la zone de la ville de Rouen.

La collecte de données a été réalisée par le biais d’entretiens avec des vendeurs en gros et semi-gros sur l’agglomération de Rouen, des distributeurs à Rouen et sur les zones rurales alentours.

Des données complémentaires ont été récoltées lors du groupe de parole de Rouen du 12 septembre 2021 ainsi que l’utilisation de l’observation participante sur le terrain de Rouen de 2015 à 2016.

Tableau 5 : Récapitulatif des groupes de parole, conception Julien Magana 2022

Les données mon permis de créer un jeu de données, avec, d’un côté les points de ventes principaux de drogues sur la zone de l’agglomération Rouennaise.

Les données présentent avec une jauge d’intensité des points de vente, allant de :

• Faible intensité 1 : pour un dealer sur un point fixe,
• L’intensité 2 : représentant des points communs pour des dealers mobiles (dealer téléphone) qui ne
• couvrent une zone plus importante que les dealers fixes.
• Intensité 3 : pour un point de vente ou un « four » avec plusieurs dealers organisés sur une zone plus étendue,

Tableau 6 : Jeu de données pour la conception des cartes de chaleur (vente), conception Julien Magana 2022

La même chose a été effectuée pour la création d’un jeux de données sur les zones de contrôles de police / gendarmerie avec les axes principaux contrôlés, les points précis de contrôles fréquents et leurs différentes intensités, avec un retour d’entretiens ainsi que la collecte de données lors de groupe de parole.

Pour créer donc un jeu de données similaires, avec plusieurs intensités également :

• Intensité 1 : pour des agents à pied,
• Intensité 2 : pour des agents véhiculés,
• Intensité 3 : pour des agents véhiculés avec présence de douanes et de motards
• Intensité 4 : pour une présence d’agents avec des chiens, présentant le risque le plus élevé car éliminant toute chance de dissimulation.

Tableau 7 : Jeu de données pour la conception des cartes de chaleur (vente), conception Julien Magana 2022

La production de ces cartes de chaleurs une fois les données récupérée s’est faite avec le logiciel de cartographie QGIS Desktop 3.24.1.

Cartes de chaleur et itinéraires empruntés

La création des cartes de chaleurs a permis la définition de zones.

Les zones n°1 étant les zones de ventes et donc où la présence de drogues est importante, les zones n°2 étant les zones de contrôles réguliers et donc de risque important et les zones n°3 étant la superposition des zones 1 et 2 ce qui indique un fort taux de risque à la vente pour ces zones.

La définition de ces zones avec la complémentarité des informations obtenues lors des entretiens, des groupes de paroles et lors de l’observation participante permet de définir les itinéraires empruntés pour l’approvisionnement des « terrains », des points de ventes en produit et également l’éclatement par la suite vers les différents dealers fixes et mobiles.

Une cartographie de ces itinéraires a donc été réalisée dans ce mémoire, les données propres aux itinéraires ont été dessinées sur la carte de chaleur mêlant les contrôles et les points de vente avec logiciel Adobe Illustrator.

Pas de jeu de données particulier pour cette production, car un retour qualitatif, lors de plusieurs entretiens et groupes de parole ainsi qu’une connaissance personnelle liée à l’observation participante réalisée sur le terrain de Rouen.

Il y a donc des cartes de chaleur, réalisées avec un SIG à partir de données récoltées dans les entretiens et une carte d’itinéraires, réalisée avec un logiciel de dessin vectoriel (Illustrator).

Modélisations graphiques et équation de risques

La création de graphes permet d’avoir une vision claire et précise des itinéraires empruntés pour l’approvisionnement des terrains ainsi que les mouvements inter-terrains au sein d’une même ville.

Les « théorie des graphes » sont des modélisations de transports par axes et arrêtes qui permette de définir plusieurs critères, de connexité et de connectivité et également de réaliser des algorithmes d’optimisations selon plusieurs critères (postier chinois, voyageur de commerce…).

Dans ma recherche, la conception de ces graphes permettent dans un premier temps d’avoir une vision claire des connexions et itinéraires, mais également de pouvoir créer un coefficient de risque en ajoutant les points de rugosités rencontrés sur les itinéraires (points de contrôles fréquents, péages…).

Cette production vient donc en complément des cartes de chaleurs avec itinéraire, car elle permet de comprendre dans un premier temps les itinéraires disponibles et les solutions alternatives (itinéraires bis) qui peuvent être empruntées, mais également la quantification du risque sur chaque itinéraire en fonction de plusieurs critères.

Les critères venant apporter du risque sont dans un premier lieu la durée de l’itinéraire.

Les autres critères sont les points de rugosités de l’itinéraire, dans cette production les points retenus sont ceux qui sont le plus mentionnés lors des entretiens et des groupes de paroles :

• Les péages,
• Les entrées et sorties d’agglomérations (goulot d’étranglement)
• Les ronds-points à contrôles fréquents.

Ces données récoltées lors de l’observation participante ont également fait l’objet d’un jeu de données classé également par intensité reprenant les différents points susmentionnés et leurs risques qui différent (un péage étant considéré comme à plus haut risque qu’un rond-point par exemple) avec :

Tableau 8 : Jeu de données points de rugosités sur les itinéraires de transport de drogues, conception Julien Magana 2022

La conception des graphes a été réalisées avec le logiciel Adobe Illustrator.

Modélisations des réseaux (grappes, comparatifs…)

Pour une meilleure compréhension des organisations des réseaux plusieurs modélisations des réseaux (mapping de flux, systèmes de flux…) ont été réalisés.

Ils sont différents des graphes car ils relèvent de modélisation théorique et pas à partir d’un exemple concret.

Ces derniers relèvent de la conception physique des drogues (systèmes de flux présentés dans l’état des lieux général sur les drogues) ou sur les structures organisationnelles des réseaux ainsi que leurs similarités avec la logistique classique.

Plusieurs modélisations ont été réalisées, dans un premier temps, celles de la logistique classique de produits de consommations, ainsi que des acteurs participant à cette chaine logistique.

Ensuite, une modélisation de la logistique classique dans la distribution finale de produits et un parallèle réalisé par le biais de la modélisation de la logistique des drogues avec l’utilisation de « fours ».

Les modélisations de l’organisation des dealers de rue, téléphone ou de soirée ainsi que la différence avec un dealer « indépendant ».

Pour terminer, la modélisation des strates de réseaux, expliquant donc ce qui est décrit comme des positions mobiles et donc une organisation en grappes plus qu’en structure hiérarchique pyramidale (Kokoreff, 2004).

Présentant donc la différence entre la réalité et les idées reçues sur la structure des réseaux.

Les productions réalisées à partir des données collectées selon les méthodes déjà évoquées vont permettre de répondre aux questions de recherche de ce mémoire et d’apporter des précisions sur les méthodes utilisées pour le transport de drogues sur l’axe de la distribution et du dernier kilomètre.

L’identification des acteurs, des étapes, des techniques  de la chaîne d’approvisionnement des drogues

Entretiens qualitatifs

Pour concrétiser le travail de ce mémoire de recherche, j’ai été amené à plusieurs sources d’information, une de ces sources est la réalisation d’entretiens avec des acteurs du milieu des stupéfiants.

J’ai réussi, grâce à des connaissances, à avoir un plusieurs d’entretiens reprenant la quasi-totalité de la chaîne de la production à la consommation d’une drogue.

Présentant des spécificités toutes différentes, les personnes que j’ai été amené à rencontrer ont apporté des connaissances très importantes et authentiques sur le monde des drogues ainsi que la gestion de sa logistique.

Cela rentrant dans ma logique de méthodologie de recherche tournée vers une triangulation des informations dans un premier temps ainsi qu’une validation du répondant au moment des entretiens.

J’ai eu la confirmation ou non d’éléments théoriques obtenus dans des lectures d’articles scientifiques, de rapports, d’articles de presse, mais également après les entretiens où j’ai pu compléter parfois certains axes théoriques et encore une fois les exposer à certains de ces acteurs pour avoir une confirmation ou non de ces derniers.

Cela me permettant de produire un travail de qualité, de niveau qualifiable de recherche mais également authentique et non déconnecté d’une réalité de terrain très importante.

C’est entretiens ont été réalisés entre décembre 2021 et février 2022, la plus grande partie d’entre eux prenant place en décembre 2021, avec une demande en amont depuis octobre 2021, difficile d’accéder à certains acteurs étant donné la spécificité et le caractère sensible des activités réalisées.

A la suite de ces entretiens, comme indiqué dans la partie méthodologique de ce mémoire, j’ai réalisé une retranscription de ce qui a été dis par les acteurs et par moi-même, essayant le plus possible de coller à la réalité de ce qui a été dit.

Certains ont été filmés entièrement ou en partie, et pour certains aucun moyen de retranscription directe n’a été utilisé, j’ai donc réalisé une retranscription écrite post-entretien avec les notes prisent lors de l’entretien et directement à la suite de ce dernier, pour que la retranscription soit la plus authentique possible.

Bien évidemment, du fait de la sensibilité des activités décrites, toutes les personnes seront présentées sous un pseudonyme, que j’ai choisi personnellement, et auquel j’ai décidé de donner un sens.

A la suite de ces entretiens, je me suis rendu compte, que tous les acteurs présentait des caractéristiques communes, de vouloir plus, d’être extrêmement motivé et travailleur, mais cependant de n’être que des petits acteurs d’un milieu immense caché au sein d’une économie illégale immense, c’est alors que m’est venu l’idée de les caractériser par des noms de planètes naines avec l’ajout d’une lettre également différente de leur pseudonyme, ils répondent donc aux noms de Veris pour Eris, Ycharon pour Charon, K’Nix pour Nix, Cio pour Io et Vhydra pour Hydra.

Je trouvais la symbolique forte, que malgré le fait d’être des petits acteurs, ils ont de grandes ambitions, parallèle donc entre une planète naine et l’univers dont elle fait partie indéniablement !

Un autre point important qui sera forcément soulevé lors de la lecture de ces retranscriptions d’entretien, c’est le langage utilisé, encore une fois, ce travail se voulant réaliste et au plus proche de la réalité, je cite encore une fois la phrase « voir aux travers des yeux de l’autre pour comprendre », il me semblait impossible de mentir sur ces entretiens, ou de les « arranger » d’une certaine manière, pour certains mots, ils relèvent du lexique présent au début de ce mémoire, pour d’autres, ce ne sont que des mots pour décrire, justifier un sentiment ou autre, malgré le fait que ce soit des mots non professionnels, parfois même vulgaire, il font partie d’un ensemble d’éléments qui représente un jargonnage propre au milieu, il était donc important pour moi de le rendre de la meilleure manière possible.

Collage de photographies 1 : 3 photographies réalisées lors des entretiens avec Vhydra, Big B et Ycharon à Rouen et Rotterdam, prises en décembre 2021, conception Julien Magana 2022

Des extraits d’entretiens se trouvent tout au long de ce travail de mémoire, l’intégralité des transcriptions d’ entretiens sont en annexe de ce mémoire.