La Convention Théâtrale Européenne : échanges et de spectacles

La Convention Théâtrale Européenne : échanges et de spectacles

2.1.2 La Convention Théâtrale Européenne : échanges d’idées, d’hommes et de spectacles

Origines et objectifs :

Créée en 1988, la Convention Théâtrale européenne (CTE) est une association de loi luxembourgeoise regroupant 36 grandes institutions de production théâtrale dans 20 pays d’Europe.

Elle a pour but de favoriser les échanges d’idées, d’hommes et de spectacles. Elle contribue ainsi à parfaire la connaissance culturelle de chacun en oeuvrant à la constitution d’un véritable réseau européen de coopération théâtrale.

Activités :

1/ Le programme « Public des théâtres européens »

Ce programme lancé en 1998 afin de célébrer le 10ème anniversaire de la CTE permet d’offrir aux abonnés une invitation permanente dans les 36 théâtres adhérents de la CTE.

Chaque spectateur adhérent pourra ainsi voir au cours de la saison tous les spectacles présentés par l’ensemble des théâtres adhérents. 36 théâtres tissent ainsi des liens entre 4 millions de spectateurs, créant un réseau important de public européen.

Le programme des théâtres est publié chaque année (en septembre) dans une brochure spécifique, disponible également sur le site web de la CTE.

Ainsi, comme l’indique Marianne Cosserat, chargée de mission à la CTE : « l’idée est vraiment de permettre au public d’entendre d’autres langues, avec des surtitrages, de les amener à être confrontés à d’autres types de dramaturgies, d’esthétiques, de thématiques aussi car chaque culture n’a pas le même centre d’intérêt, ni les mêmes problématiques ; entre la Norvège et l’Espagne, il y a un monde.

L’objectif est de croiser des préoccupations par rapport à un public. En même temps, c’est au théâtre membre de mobiliser son public pour faire en sorte qu’il vienne voir ce type de pièce1 ». En ce sens, il est question de mettre en place des bus de publics pour aller voir un spectacle dans un théâtre à étranger.

2/ Programme sur la nouvelle écriture théâtrale

Tous les deux ans, une publication des synopsis des meilleures pièces européennes est distribuée gratuitement à travers toute l’Europe.

Cette publication permet de promouvoir les langues d’Europe à travers leur vecteur le plus vivant : le théâtre en écriture. Cette brochure est destinée à favoriser la diffusion et la circulation des textes existants et leur représentation scénique.

La sélection est faite par un comité de lecture indépendant composé de critiques, de metteurs en scène, de dramaturges, qui répertorient et sélectionnent – dans plus de 40 pays – l’écriture dramaturgique et scénique.

Ce recueil présente les synopsis de plus de 100 nouvelles pièces, de nombreux renseignements sur les autres oeuvres des auteurs ainsi que des indications sur les traductions existantes, adresses d’auteurs, de producteurs, de metteurs en scène, etc.

3/ Centre de la jeune mise en scène

Cette résidence située en France à Pélussin, qui offre des locaux équipés, fonctionne sous l’égide de la CTE et propose des activités dédiées à l’éducation. Elle peut également accueillir des séminaires, des stages, des réunions et des ateliers pour jeunes metteurs en scène.

4/ Les ateliers

Des ateliers pour jeunes comédiens, metteurs en scène ou auteurs sont organisés régulièrement et offrent la possibilité de perfectionner les connaissances et de révéler de nouveaux talents.

5/ Exposition

Une exposition de photographies des plus belles productions de théâtre de la CTE est actuellement en tournée dans toute l’Europe.

6/ Publications

Pour célébrer le 12ème anniversaire de la CTE, une édition spéciale a été publiée à la fin 2000 : L’Europe sur scène (1988-2000 : 12 années de Convention Théâtrale Européenne).

Ce livre contient de nombreuses photos des productions de théâtres adhérents entre 1988 et 2000 mais également des informations pratiques sur les théâtres membres.

1 Entretien du 4 juin 2005 à Bruxelles.

7/ Le projet « Théâtres d’Europe, miroir des populations déplacées »

Soutenu par la Commission européenne dans le cadre de Culture 2000, ce projet a été lancé en avril 2002 et a vu sa conclusion en novembre 2004. Il a contribué à l’écriture de plus de 10 nouvelles sur le sujet et leur mise en scène, ainsi que la création de diverses autres coproductions, des ateliers et des colloques.

Des auteurs comme Jorge Semprun, Sergi Belbel, Matei Visniec, Loula Anagnostaki ont écrit de nouvelles pièces sur le thème de l’immigration, des réfugiés ou des exilés.

Ces pièces ont été produites par des théâtres membres de la CTE, qui pour la plupart ont été créées en mai 2004 en Slovénie.

8/ Festival de la CTE

Tous les 2 ans, un membre du réseau organise le festival de la CTE sur un thème particulier : L’Europe de l’Est en 1989 à Saint-Etienne ; la Culture immigrée en 1992 à Bologne ; Ecrire aujourd’hui en 1995 à Luxembourg ; Dialogue Nord-Sud en 1997 à Stockholm ; Scènes d’Europe en 1999 à Nice ; Eurothalia en 2002 à Bratislava ; Mej(ni)fest en 2004 en Slovénie.

La CTE est également présente en tant que coproductrice dans les festivals internationaux comme la biennale de Wiesbaden (Allemagne) et autres festivals internationaux.

9/ Les échanges de personnel

La CTE offre la possibilité à tous les personnels techniques, artistiques et administratifs des théâtres membres de s’enrichir de techniques différentes et d’échanger leurs expériences professionnelles dans un autre théâtre de la CTE et ce, pendant une période d’un mois.

La CTE prend en charge le coût du voyage et donne des défraiements journaliers. Le théâtre qui accueille s’engage à offrir le logement et le théâtre qui envoie la personne s’engage à continuer à la rémunérer étant donné que c’est dans le cadre de son travail.

10/ Les échanges de spectacles

La CTE offre grâce à la circulation des spectacles, la possibilité de confronter les styles et les points de vue artistiques. Cette pratique permet d’élargir l’éventail des choix artistiques et d’enrichir le champ de réflexion du public mais également des professionnels du théâtre.

Ainsi, quand un théâtre invite un spectacle d’un autre membre, une aide financière est apportée par la CTE pour les frais de transport et de traduction.

11/ Centre pour la communication

Basé à L’Arena del Sole – Teatro de Stabile de Bologna – ce centre, à travers un site Internet régulièrement mis à jour, offre une présentation complète de ses propres activités et un accès direct à la programmation des théâtres adhérents.

Composition :

L’équipe de la CTE est composée d’un salarié à plein temps (délégué général) et d’un salarié à mi- temps (chargé de mission).

La Convention Théâtrale Européenne échanges et de spectacles

2.1.3 UTE / CTE : mise en perspective

Des différences sensibles :

Les modalités d’adhésion sont sensiblement similaires dans les deux structures (arrivées et départs, renouvellement des membres) : dans ces deux réseaux, il y a un contingent par pays, limité à deux, trois, voire quatre théâtres (en Italie pour l’UTE) ; il doit y avoir une reconnaissance mutuelle de l’actualité du théâtre, généralement c’est le directeur artistique qui est à la tête du théâtre, qui peut coopter et les membres sont admis à l’unanimité des autres.

Si une personne quitte son théâtre, soit elle garde l’adhésion lorsqu’elle est mutée dans un autre théâtre (si le théâtre correspond aux critères précités), soit il y a possibilité que le nouveau directeur artistique demande à adhérer, mais ce n’est pas acquis, la demande d’adhésion est à nouveau remise en question.

Mais contrairement à l’UTE, il n’y a pas de membres à titre personnel à la CTE. La cotisation annuelle à payer par chaque théâtre pour adhérer au réseau dénote une politique différente : en 2005, 5 500 € pour la CTE et 13 000 € pour l’UTE. Le nombre de théâtres adhérents est par conséquent inégal.

Notons enfin que la question du public est plus présente à la CTE avec le projet « public des théâtres européens » qu’à l’UTE qui reste essentiellement centrée sur des questions artistiques et institutionnelles.

De fortes similitudes dans le fonctionnement et dans les difficultés rencontrées :

Nous pouvons constater dans ces deux réseaux une ouverture récente vers des pays aux frontières de l’Europe des 25 : la CTE comprend un théâtre jordanien et l’UTE, outre les théâtres de Moscou et Saint-Pétersbourg, a récemment accueilli un théâtre Serbe et Israélien.

Par ailleurs, ces deux réseaux présentent les mêmes faiblesses :

  • Dépendance financière pour développer et mener à bien les projets (programme européen Culture 2000 ; cotisations ; aides de certaines villes et gouvernements pour l’UTE…).
  • Difficultés liées au fait d’être un réseau, comme le synthétise Mariane Cosserat, chargé de mission à la CTE : « Un réseau, c’est clair, il vous donne ce que vous lui apportez, si les membres ne sont pas actifs, il n’est pas actif1. » Un réseau dépend beaucoup des relations humaines, des rapports entre les théâtres membres. La circulation de l’information a un rôle essentiel, si tant est qu’il n’y ait pas de rétention d’information de la part des théâtres.
  • Manque de visibilité des réseaux (qui fonctionnent trop en ‘circuit fermé’) selon les personnes extérieures ; ces réseaux, ouvert aux seules structures nationales, pour des questions principalement financières et de calendrier, restent malheureusement méconnus dans le milieu théâtral, malgré une riche activité.
  • Rôle parfois trop politique et administratif aux dépens de l’aspect artistique.

Dans ces deux réseaux, le fait de se regrouper entre théâtres européens pour promouvoir la diversité et la circulation des formes, constitue une fonction politique. De plus, le fait que l’UTE soit passée de Giorgio Strehler à Jack Lang comme président renforce son aspect politique.

Parmi les actes ‘politiques’ de l’UTE, on peut mentionner la rédaction et la diffusion d’une « Charte du théâtre européen », signée à ce jour par de très nombreux professionnels du théâtre européen.

Or comme l’explique Jean-Pierre Wurtz : « S’agissant d’une union d’artistes et de structures de création artistique, cette fonction ‘politique’ ne prend tout son sens, de mon point de vue, qu’étroitement liée au débat artistique2. »

Ce débat est supplanté dans ces deux associations, lors des deux assemblées générales annuelles par des questions d’organisation et de finances, comme le souligne M. Cosserat : « Les personnes qui assistent aux réunions n’ont peut-être pas envie d’entendre parler de statuts, de newsletters ou de website… Ils ont plutôt envie de parler de ce qu’ils font dans leur théâtre3 ». La lourdeur administrative prend souvent le dessus.

1Entretien du 4 juin 2005 à Bruxelles.
2Jean-Pierre WURTZ, Rapport de mission d’évaluation du fonctionnement et des activités de l’Union des théâtres de l’Europe, op. cit., p. 14.
3Ibid.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université de Bretagne Occidentale  - UFR Lettres et sciences humaines
Auteur·trice·s 🎓:
Sabrina PASQUIER

Sabrina PASQUIER
Année de soutenance 📅: Master 2 Management du spectacle vivant - Septembre 2006
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