Les orthoptères: les espèces nuisibles à l’agriculture

Les orthoptères: l’importance économique et les espèces nuisibles à l’agriculture

Chapitre I : Données bibliographiques sur les Orthoptères

I-1- Généralités sur les Orthoptères

I-1-1- Importance économique

Il n’y a pratiquement aucun groupe d’animaux que celui des criquets qui, de tous temps, ait été associé par l’Homme à l’imagination des événements catastrophiques destructeurs, fatalement inévitables.

Le Criquet pèlerin étant phytophage, les dégâts causés à différentes cultures peuvent être très soudains et graves au point de déstabiliser les communautés rurales dans les pays en voie de développement et de provoquer des famines qui nécessitent une aide internationale.

Ce ravageur est non seulement capable de se reproduire de façon colossale, mais il mange chaque Jour son propre poids de nourriture fraîche.

Ainsi, un essaim de quarante millions de criquets pesant chacun 2 grammes en moyenne représente un poids total de 80 tonnes. Au nombre de 500.000 les criquets pèsent à peu près 1 tonne et consomment approximativement la même quantité de nourriture, que celle qui permettrait de nourrir 2500 personnes (Nurein, 1989).

D’après Launois (1986), la dernière invasion grave qui s’est produite en Algérie date de 1974.

A cette époque, les criquets avaient fait perdre 400.000 tonnes de céréales dans le Sahel alors que les habitants venaient de connaître quatre années de sécheresse consécutives engendrant la famine.

De même Launois (1988), signale que les cultivateurs d’oliviers de Sfax en Tunisie ont vu arriver sur leur récolte en avril 1988, des essaims compacts de Criquets pèlerins qui ont ravagé les cultures.

Les sauterelles dévorent les céréales, les légumes, les régimes de dattes et Jusqu’aux feuilles plutôt coriaces des palmiers en ne laissant que la nervure médiane une palmeraie ravagée par les sauterelles reste parfois deux ou trois ans sans produire (Capot- Rey, 1953).

S’il est vrai que l’action menée contre les criquets au Maroc ait été jugée par les experts comme exemplaire, aussi bien pour la mobilisation de la population que pour l’utilisation coordonnée d’importants moyens terrestres et aériens, il n’en reste pas moins qu’une nation ne peut parvenir seule à faire face à ce fléau.

Selon Lorelle (1989), 15 à 18 dollars par ha, constituent le coût de la lutte antiacridienne au Maroc pour la campagne 1987/1988.

I-1-2- Position systématique

La classification la plus récente pour l’ordre des Orthoptères est celle de Dirsh (1965), modifiée par Uvarov (1966).

L’ordre des Orthoptères est divisé en deux sous – ordres, les Ensifères et les Caelifères (Chopard, 1943).

I-1-2-1- Sous ordre des Ensifères

Les Ensifères ont des antennes longues et fines. Les valves génitales des femelles sont bien développées et se présentent comme un organe de ponte en forme de sabre ou en épée, dont les bords sont dentés ou non.

L’organe stridulant du mâle occupe les champs dorsaux des élytres dont l’émission des sons est due aux frottements de l’un des élytres contre l’autre.

Les organes tympaniques pour la perception des sons sont situés sur les tibias des pattes antérieures. Les oeufs sont pondus isolément dans le sol ou à sa surface (Duranton et al., 1982).

Chopard (1943), a divisé le sous ordre des Ensifères en trois familles, les Stenopelmatidae, les Tettigoniidae et les Gryllidae.

I-1-2-2- Sous ordre des Cælifères

Les Cælifères ont des antennes courtes bien que multiarticulées. Ce sont les criquets et les sauterelles.

Les valves génitales des femelles sont robustes et courtes. L’organe stridulant des males est constitué par une crête du fémur postérieur frottant sur une nervure intercalaire des élytres.

Les organes tympaniques sont situés sur les cotés du premier segment abdominal.

Les oeufs sont généralement pondus en masse enrobés ou surmontés de matière spumeuse, et enfouis dans le sol grâce à la pénétration presque totale de l’abdomen. Le régime alimentaire habituel est phytophage.

Deux super-familles sont citées pour les sous ordres des Cælifères. La super- famille de Tridactyloidea renferme un très petit nombre d’espèces n’offrant pas d’intérêt agronomique.

Elle ne compte qu’une cinquantaine d’espèces connues dans le monde (Duranton et al, 1982). La super-famille d’Acridoidea quant à elle compte près de 10.000 espèces (Bonnemaison, 1961).

Cette superfamille a été actualisée grâce au catalogue de Louveaux et Ben Halima (1987), dans la classification des acridiens de Chopard (1943), à l’ouvrage de Dirsh (1965) ainsi qu’aux révisions de plusieurs genres.

Les Orthoptères Acridoidea d’Afrique du Nord Ouest englobent 04 familles, celles des Charilaidae, des Pamphagidae, des Pyrgomorphidae et des Acrididae.

La famille des Pamphagidae présente 02 sous familles celles des Akicerinae et des Pamphaginae. Par contre la famille de Pyrgomorphidae possède 3 tribus ou sous familles; il s’agit des Chrotogonini des Poekilocerini, et des Pyrgomorphini.

La famille des Acrididae est la plus représentée en espèces dans l’Afrique du Nord Ouest.

En effet cette famille est divisée en 13 sous familles qui sont les suivantes, celles des Dericorythinae, des Hemiacridinae, des Tropidopolinae, des Calliptaminae, des Eyprepocnemidinae, des Catantopinae, des Cyrtacanthacridinae, des Egnatiinae, des Acridinae, des Oedipodinae, des Gomphocerinae, des Truxalinae, et des Eremogryllinae.

I-1-3- Espèces nuisibles à l’agriculture

Les criquets ravageurs ne sont pas des insectes comme les autres. Certains d’entre-deux, les Locustes, comme Schistocerca gregaria (Forskal (1775), Locusta migratoria (Linné, 1778) et Dociostaurus maroccanus (Thunberg, 1815), sont capables de se présenter sous deux formes différentes appelées phases selon qu’ils sont solitaires ou grégaires.

D’autres criquets, les sautériaux conservent au contraire leurs caractéristiques générales qu’ils soient isolés ou regroupés.

I-1-3-1- Locustes
I-1-3-1- 1 – Criquet pèlerin

Le Criquet pèlerin Schistocerca gregaria encore appelé “Désert locust”, est un fléau très redoutable, dont les ravages, aux périodes d’invasion, sont souvent suivis de famines dans les pays envahis.

Cette espèce est importante du fait qu’elle parcourt de 150 à 200Km par jour lorsqu’ elle migre par ses propres moyens et couvre ainsi une très large surface pendant la période d’invasion.

L’aire d’invasion est de 29 millions de kilomètres carrés et elle concerne 57 pays. Elle s’étend sur 20% de la superficie de la terre où le Criquet pèlerin peut détruire environ 10% des ressources vivrières de la population mondiale.

Des dégâts dû au Criquet pèlerin, tout particulièrement dans les cultures, ont été déclarés dans de nombreux pays.

Cet insecte cause des ravages durant ses différents stades de développement. Il a été constaté que 8% des dommages sont dûs aux larves, 69% aux insectes immatures et 23% aux essaims d’insectes adultes (Nurein, 1989).

I-1-3-1-2- Criquet migrateur

Locusta migratoria est celui qui a l’extension géographique et la plasticité écologique la plus grande.

Neuf sous-espèces de Locusta ont réussi à coloniser non seulement l’Afrique et le Madagascar, mais aussi l’Europe jusque dans les vallées alpines, l’Asie jusqu’en Chine et l’Australie.

Partout où il e pu s’adapter, il a gardé potentiellement la même aptitude à grégariser (Louveaux et Gillon, 1986). Mason (1989), signale que Locusta migratoria migratorioides (Reiche et Fairm, 1850) ou Criquet migrateur africain est très répandu dans toute l’Afrique.

Le principal foyer de reproduction de ce ravageur est l’Afrique de l’Ouest.

Le développement de l’agriculture favorise aussi l’expansion de ce Criquet qui cause des problèmes dans certaines régions céréalières d’Afrique du Sud ainsi que dans les cultures de canne à sucre. En outre Kabassina (l990), note que ce ravageur majeur en période d’invasion provoque des dommages sur le mil, le maïs, le riz, la canne à sucre et le blé.

Il peut même attaquer le bananier, le palmier à huile, le palmier dattier et l’ananas.

I-1-3-1-3- Criquet marocain

Dociostaurus maroccanus, fait partie des acridiens ravageurs grégariaptes à polymorphisme phasaire dont les caractères morphométriques, chromatiques et éthologiques sont différents, selon qu’il s’agisse d’individus solitaires, transiens ou grégaires.

La maculation ou taches du fémur postérieur est aussi l’un des principaux critères de distinction phasaire.

Le nom de l’espèce ne lui confère pas une spécificité marocaine. Elle occupe presque tous les territoires semi-arides du littoral méditerranéen (Palestine, Jordanie, Syrie, Turquie, Hongrie., Yougoslavie, Italie, Midi de la France, Espagne, Algérie, Maroc et Libye), les îles Canaries et la majorité des îles méditerranéennes (Corse, Sardaigne, Sicile et Chypre).

Les régions favorables à la grégarisation ont été décrites au Proche Orient et en Afrique du Nord.

L’action désertifiante de l’homme et de ses troupeaux est souvent à l’origine des aires de grégarisation. Les dégâts dûs au Criquet marocain sont très bien connus au cours d’invasions étendues et prolongées, sévères et même catastrophiques dans le passé, surtout entre les années 1900 et 1950.

Leur gravité tient à la proximité des cultures par rapport aux foyers de grégarisation. Les pâturages et les cultures céréalières sont toujours les plus endommagés. Les pertes sont dues surtout aux jeunes stades larvaires qui se déplacent en bandes avant les moissons.

Leur influence sur la situation économique précaire des régions semi-arides ou arides demeure très grande (Skaf, 1989).

I-1-3-2- Sautériaux ravageurs

Les sautériaux sont des Orthoptères ne présentant pas de transformation phasaire, contrastée comme chez les locustes.

En Afrique du Nord, 17 espèces d’acridiens peuvent causer des dégâts aux productions agricoles (COPR, 1982).

Ould El Hadj (1991), signale qu’au Sahara, les sautériaux identifiés actuellement comme les plus dangereux, par les prospecteurs de l’Institut National de la Protection des Végétaux, appartiennent aux espèces suivantes, Sphingonotus rubescens, Poekilocerus bufonius hieroglyphicus et Acrotylus patruelis.

Chara (1987), signale par ailleurs d’importants dégâts sur les pâturages dus à une grande pullulation de Sphingonotus rubescens dans la région de Ghardaïa.

Les changements de méthodes culturales, l’introduction de nouvelles variétés cultivées, la création ou l’extension des périmètres irrigués, la mécanisation intense sont autant de conditions favorables à la pullulation de certaines espèces de sautériaux.

En temps favorables, des multiplications importantes de sautériaux peuvent mettre en danger momentanément ou chroniquement les cultures vivrières et les cultures de rente.

Les dégâts infligés par les sautériaux sont certes plus localisés, moins spectaculaires que ceux des locustes mais il arrive que leurs importances économiques soient comparables (Ould Taleb, 1991).

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