Macrobrachium vollenhovenii: Régime alimentaire et survie

1.2.6. Notion de densité de charge en élevage

La densité de charge en élevage est définie comme étant la quantité d’individus qu’il faut par unité d’espace.
En aquaculture, l’environnement des animaux doit être conçu de sorte que, selon leur besoins, les espèces aquacoles disposent de suffisamment d’espace pour respecter l’intégrité physique et dans la mesure du possible respecter le comportement spécifique à leur espèce (DGPAAT, 2010).
Chez les plus jeunes crevettes (post-larves, juvéniles), la surdensité entraîne un ralentissement général de la croissance tandis que chez les plus grandes crevettes (géniteurs), elle se traduit par l’apparition de nombreuses blessures sur les appendices, un retard dans l’accomplissement de la fonction de reproduction et le développement du cannibalisme.
Un signe typique du cannibalisme se traduit souvent par l’apparition chez le cadavre des appendices rongés jusqu’au premier segment (IFREMER, 1989).
Le tableau1 fait le point de différentes densités de charges recommandées par Lazard (1974) et AQUACOP (1994).
Tableau 1: Quelques densités de charge recommandées par certains auteurs pour Macrobrachium rosenbergii

Stades de développementDensitésSources
Stade larvaire30-40individus/litreAQUACOP, 1994
Stade de pré-grossissement1600 individus/m2AQUACOP, 1994
Stade adulte (géniteurs)5 individus/m2Lazard, 1974

1.2.7. Régime alimentaire de l’espèce

– dans la nature

Il ressort des travaux de Kouton (2004) que les crevettes d’eau douce sont omnivores détritivores et se nourrissent pour la plupart de débris végétaux et de zooplancton. Les espèces du genre Macrobrachium se nourrissent essentiellement des détritus végétaux et animaux et de la boue.
M. vollenhovenii se nourrit d’insectes, de vers, de petits mollusques d’eau douce, de crustacés, de poissons mais aussi de grains, noix, amandes, fruits, algues et de la faune associée à la plante aquatique Pistia stratiotes (laitue d’eau) ;

– en bassin

Macrobrachium rosenbergii dont l’élevage est similaire à Macrobrachium vollenhovenii s’alimente à plusieurs niveaux de la chaîne trophique de zooplancton, microfaune du fond et du sédiment, débris organiques variés (végétaux ou animaux) et de granulé (Figure 3).
Ainsi, le granulé apporté chaque jour par l’aquaculteur est une des sources alimentaires de la crevette, prépondérante quand la densité est élevée. La fréquence de nourrissage est telle que les Macrobrachium reçoivent 30 ou 40% de leur ration journalière le matin et 70 ou 60% le soir (Nandlal et al., 2005).
En captivité, l’animal montre une tendance au cannibalisme surtout si l’alimentation se fait uniquement à partir de granulés secs. Cette tendance est nette vis à vis des individus venant d’effectuer la mue qui sont très vulnérables (Griessenger et al., 1991).
densité de charge en élevage de la crevette - Chaîne trophique dans un bassin d’élevage de Macrobrachium vollenhovenii
Figure 3: Chaîne trophique dans un bassin d’élevage de Macrobrachium vollenhovenii (Griessenger et al., 1991)

1.2.8. Valeurs des paramètres physico-chimiques vitaux pour la survie des Macrobrachium rosenbergii

La croissance et la survie de la crevette dépendent directement de.la qualité du milieu. Cette qualité est caractérisée par la mesure des principaux paramètres physiques et chimiques de l’eau.
Le tableau 2 présente les valeurs limites de survie de Macrobrachium rosenbergii.
Tableau 2: Paramètres physico-chimiques de survie de Macrobrachium rosenbergii

Paramètres physico- chimiquesMinimumOptimumMaximum
pH67-89
Température (°C)2228-3030
O2 (mg/l)23-55-9

Source: (Griessenger, 1991)

1.2.9. Importance des crevettes pour l’alimentation humaine

Macrobrachium vollenhovenii constitue une excellente source de protéines et d’acides aminés, elle est utilisée pour l’alimentation humaine et pour la formulation d’aliments pour animaux (Ehigiator et al., 2012).
Le tableau3 renseigne sur la teneur en éléments chimiques et en minéraux sur 100g de biomasse fraîche.
Tableau 3: Valeurs nutritionnelles de la crevette

Valeurs nutritionnellesteneur (g/100g)
Eau78,2
Protéine18,1
Lipides0,8
Cendres1,4
Energie106 kcals
Autres substances nutritives ou composés actifs1,5

Source: CDAQ cité par Gnimavo (2002)
La crevette est un aliment faible en gras et en glucides, ce qui lui confère une place de choix dans une saine alimentation et le contrôle du poids.
En plus d’être une excellente source de protéine de bonne qualité, la crevette contient de l’astaxanthine, de la coenzyme Q, des acides gras oméga-3, du phosphore, de la vitamine B12, du cuivre et quelques éléments minéraux. Les fonctions connues de ces divers constituants sont décrites ci-dessous:

– Protéines:

Elles contiennent tous les acides aminés essentiels (ceux que le corps ne peut fabriquer et qui doivent provenir de l’alimentation), dans des proportions optimales pour pouvoir être absorbées et utilisées par l’organisme.
Elles améliorent la sensibilité à l’insuline et augmentent l’absorption du glucose par l’organisme, ce qui contribuerait à la prévention du diabète;

– Astaxanthine:

Est un pigment de la grande famille des caroténoïdes. Elle est responsable de la couleur rouge des crevettes et autres crustacés.
Elle possède des propriétés antioxydantes qui surpasseraient celles du bêta-carotène et de la vitamine E, lui conférant ainsi un effet protecteur contre le cancer et les maladies cardiovasculaires;

– Coenzyme Q:

C’est un composé ayant une structure chimique similaire à la vitamine K et qui agit comme une vitamine dans l’organisme. On lui attribue des propriétés antioxydantes permettant de réduire la tension artérielle chez les hypertendus et un rôle préventif contre les maladies cardiovasculaires.
Elle préviendrait aussi l’oxydation du cholestérol « mauvais cholestérol », ce dernier étant considéré comme un facteur de risque des maladies cardiovasculaires;

– Acides gras oméga-3:

Elle contient de l’Acide EicosaPentaénoïque (AEP) et de l’Acide DocosaHexaénoïque (ADH), deux acides gras polyinsaturés à chaîne longue de la famille des oméga-3. Ces acides gras d’origine marine contribuent à la santé cardiovasculaire;

– Phosphore:

Mis à part son rôle essentiel dans la formation des os et des dents, il participe entre autres à la croissance et à la régénérescence des tissus.
De plus, il aide à maintenir à la normale le pH du sang. Il est l’un des constituants des membranes cellulaires;

– Vitamine B12:

Appelée aussi cobalamine, cette vitamine aide à la fabrication de nouvelles cellules, contribue à l’entretien des cellules nerveuses, rend l’acide folique actif et participe au métabolisme de certains acides gras et acides aminés.
Les crevettes sont une excellente source de vitamine B3 pour la femme et surtout pour l’homme, les besoins en vitamine B3 de l’homme étant supérieurs à ceux de la femme.
Appelée aussi niacine, cette vitamine participe à de nombreuses réactions métaboliques et contribue spécialement à la production d’énergie à partir des glucides, des lipides et de l’alcool que nous ingérons;

– Cuivre:

Constituant de plusieurs enzymes. La crevette est une bonne source de sélénium qui travaille de concert avec l’une des principales enzymes antioxydantes, prévenant ainsi la formation de radicaux libres dans l’organisme. Il contribue aussi à convertir les hormones thyroïdiennes dans leur forme active;

– La crevette

Contient également des éléments minéraux tels que Mg, Fe, Zn, vitamine E, iode qui interviennent respectivement dans le développement des os, la formation des globules rouges.
Toutefois cette composition chimique des crevettes varie en fonction de l’espèce, du stade de maturité, de l’alimentation, de l’état physiologique et de l’habitat.

1.2.10. Pathologies de la crevette

En règle générale, la mortalité chez les crevettes est due à de mauvaises conditions d’élevage plutôt qu’à de vraies pathologies. Il s’agit entre autres de:

  • – la mauvaise qualité de l’eau;
  • – la surdensité;
  • – la mauvaise alimentation et
  • – l’envasement du milieu d’élevage.

La maladie de la crevette est l’un des risques majeurs auxquels est exposée la crevetticulture dans le monde.
Il n’existe pas d’information à caractère définitif sur l’état exact des maladies de la crevette dans les eaux ouest-africaines, mais il semble très probable que la région soit, jusqu’à présent, exempte des pathologies connues affectant les crevettes.
Le fait que la région ouest-africaine soit épargnée par la maladie représente donc un atout de poids en faveur du développement d’une crevetticulture régionale.
Il est donc essentiel de préserver la région de toutes les grandes maladies de la crevette (CSAO, 2006). Néanmoins il serait utile de faire un aperçu sur quelques maladies qui constituent un risque en matière de la crevetticulture.
Il s’agit de la:

– Maladie des points blancs:

C’est la plus létale des affections. la maladie des points blancs ou White Spot Syndrome (WSS) est une maladie très contagieuse.
En termes de pathologie, la mortalité peut atteindre 100% de trois à dix jours après l’apparition des premiers symptômes. Les points blancs apparaissant sous la cuticule des crustacés sont dus à des dépôts anormaux de sels de calcium.
Il n’y a pas à l’heure actuelle de vaccin mis sur le marché et la maladie ne peut pas être traitée après qu’elle se soit déclarée; de ce fait, un diagnostic précoce est nécessaire pour sauver les élevages aquacoles contaminés par ce virus;

– Bactériose noire de la carapace («black spot disease»):

Elle apparaît quand les fonds sont très boueux et mal oxygénés avec parfois des signes de réduction (odeur «d’oeuf pourri»).
L’affaiblissement de l’animal favorise son infection par certaines bactéries (Pseudomonas, Vibrio) qui attaquent la carapace et entraînent des lésions noirâtres notamment au niveau du céphalothorax et des uropodes.
Ces bactéries sont contagieuses et infectent facilement les blessures (nécroses). L’amélioration de la qualité de l’eau et du fond du bassin (pompage de la boue), entraîne une réduction rapide, voire une disparition complète des lésions.
Cet effort de qualité sanitaire de l’élevage doit être maintenu car les bactéries responsables sont toujours présentes dans le milieu (Griessenger et al, 1991) et de la;

– Maladie de la croissance terminale:

Elle est assez rare et affecte plutôt les gros mâles à pinces bleues. L’abdomen devient opaque et la cuisson révèle un muscle très atrophié. L’apparition de cette maladie est toujours liée à de mauvaises conditions d’élevage (Griessenger et al., 1991).

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