Crevette de M. vollenhovenii: Domestication et Généralités

Crevette de Macrobrachium vollenhovenii: Domestication et Généralités
1ère PARTIE: Généralistes sur l’espèce de crevette

1.1. Domestication: Principe et justification

1.1.1. Principe

La domestication, en aquaculture, repose sur l’acclimatation d’organismes aquatiques aux conditions de la captivité, sur la maîtrise totale du cycle de vie, de l’alimentation et sur la possibilité de reproduction de ces organismes (Hassin et al., 1997).
Diverses caractéristiques déterminent la capacité d’une espèce vis-à-vis de la domestication: un taux élevé de survie, une meilleure croissance (quantité et qualité), une meilleure résistance aux situations de stress qui sont susceptibles de se produire au sein des installations aquacoles, une valeur marchande importante, l’acceptation d’aliments composés (granulés) en tant que source de nourriture et la possibilité de se reproduire en captivité.

1.1.2. Justification

Nombreux sont les avantages liés à la domestication des organismes animaux. La domestication permet en effet:

  • – de protéger ces organismes contre les pressions anthropiques;
  • – de contribuer à la perpétuation de ces organismes;
  • – d’assurer la production des semences aquacoles.

1.2. Généralités sur la crevette Macrobrachium vollenhovenii (Herklots, 1857)

1.2.1. Description de l’espèce

Macrobrachium vollenhovenii est un crustacé décapode appartenant à la famille des palaemonidae et à l’épithète spécifique vollenhovenii (Figure 1 et Photo 1).
Elle fut décrite en 1857 par le chercheur Herklots (Griessenger et al, 1991). Les crevettes appartenant à la famille des palaemonidae ont un corps généralement lisse, un rostre bien développé et des pleurons du deuxième segment abdominal chevauchant à la fois ceux du premier et du troisième segment.
Les espèces du genre Macrobrachium sont reconnaissables à la présence de pinces souvent imposantes (Ehigiator et al., 2012).
Leur première paire de pattes est petite et terminée par de petites pinces préhensibles servant à la nutrition, la deuxième paire chez certaines espèces est très imposante, terminée par de fortes pinces et distinctement plus longues que les autres pattes (Champagne et al., 2007). Schématiquement, leur corps est divisé en deux régions (Miller et al., 1996):
– le céphalothorax porte les antennes, les yeux pédonculés, les pièces buccales et cinq paires de pattes locomotrices articulées appelées péréiopodes dont le basis et l’ischion sont distincts;
l’abdomen comprimé latéralement, est robuste riche en muscle et constitué de six segments (ou somites) dont les appendices, les pléopodes qui assurent des fonctions variées (reproduction et locomotion).
Il se termine par le telson auquel s’associent deux uropodes latéraux foliacés, biramés et bi-articulés.
Description des différentes parties du corps de M. vollenhovenii
Figure 1: Description des différentes parties du corps de M. vollenhovenii (Fischer et al., 1981)

1.2.2. Position systématique de Macrobrachium vollenhovenii

En Afrique, M. vollenhovenii constitue une partie importante de la pêche artisanale (Aderonke et al., 2012). Il s’agit d’une espèce de crevette d’eau douce de couleur grise.
De quelques millimètres et pesant quelques grammes à sa naissance, ce crustacé à l’âge adulte peut mesurer 17,6 cm et peser 130,65g.
La position systématique de l’espèce se présente comme suit :

  • Règne: Animalia
  • Embranchement: Arthropoda
  • Sous-embranchement: Crustacea
  • Classe: Malacostraca
  • Sous-classe: Eumalacostraca
  • Ordre: Decapoda
  • Sous-ordre: Pleocyemata
  • Famille: Palaemonidae
  • Sous-famille: Palaemoninae
  • Genre: Macrobrachium
  • Espèce: Macrobrachium vollenhovenii

Source: FAO, 1985

1.2.3. Diverses appellations de l’espèce: Nom officiel de la FAO et noms locaux

Les noms français et anglais donnés à M. vollenhovenii par la FAO sont respectivement: «le bouquet» et «african river prawn». Au Bénin, on la dénomme «Chacha » en Fon et «Achochi ou Bolou » en Minan (Gangbé 2011). En Afrique, elle constitue une partie importante de la pêche artisanale (Aderonke et al., 2012).

1.2.4. Répartition géographique de l’espèce

Il existe environ 125 espèces de crevette du genre Macrobrachium distribuées dans toutes les zones tropicales et subtropicales du globe (FAO, 1985) notamment en Asie (Thaïlande et Indonésie) et en Amérique (Aderonke et al, 2012). M. vollenhovenii originaire d’Afrique se retrouve dans la plupart des eaux douces continentales.
Généralement, elle se rencontre dans les régions de l’Afrique de l’Ouest aussi bien dans les grandes rivières qu’en eaux douces et saumâtres; elle est présente aussi bien dans les fleuves que dans les lagunes des pays africains comme l’Angola, le Cameroun, le Cap-Vert, le Congo, la Côte d’Ivoire (Lhomme,1994) la Guinée équatoriale, le Gabon, le Ghana, le Libéria, le Nigeria, le Sénégal, le Madagascar (De Grave, 2013) et le Bénin (Agadjihouèdé, 2006). M. vollenhovenii ayant une importance économique sur le plan local est étudié de façon approfondie au Libéria, au Nigéria et surtout en Côte d’Ivoire.
Les résultats concernent entre autres, le cycle biologique de l’espèce (importance des migrations), l’écophysiologie des larves et des adultes (reproduction et développement en fonction des variations de salinité et de température), l’exploitation par les pêcheries.
En effet, M. vollenhovenii a un cycle vital qui se déroule dans deux milieux différents, il s’agit des lagunes et fleuves. Le milieu lagunaire dont la salinité est très variable abrite les stades larvaires, post- larvaires et juvéniles ainsi que les adultes de petite taille; C’est une espèce amphibiotique dont la présence en lagune est liée à la reproduction, un milieu saumâtre paraissant indispensable à la survie des larves (Lhomme, 1994).
Elle peuple aussi les milieux margino-littoraux de l’Afrique de l’Ouest (Zabi et al., 1992). Notons que les Macrobrachium semblent fréquenter des substrats sableux à faible profondeur.
Par ailleurs, pour constituer des stocks en station, les géniteurs sont capturés dans leur habitat naturel. Divers types d’engins sont utilisés à cette fin: il s’agit généralement des nasses appâtées avec de la noix de coco, de la chair de poisson ou de crevette et des filets (Kouton, 2004).

1.2.5. Cycle biologique de l’espèce de crevette Macrobrachium vollenhovenii

La fonction de reproduction débute par l’accouplement. Pour l’accomplissement de cette phase, les spermatozoïdes sont déposés dans une masse gélatineuse logée sur la face ventrale de la région thoracique du corps de la femelle (entre les pattes locomotrices).
L’accouplement ne peut réussir entre des mâles à carapaces dures et des femelles mûres, qui viennent tout juste d’accomplir leur mue pré accouplement et ont une carapace molle (FAO, 1985).
Les deux phases importantes qui suivent la fécondation dans le processus de la reproduction sont: l’incubation et l’éclosion.
Pendant l’incubation, les œufs sont transportés pour être incubés dans une poche qui se trouve sur le coté inférieur de la région abdominale de la femelle, maintenus en place par une fibre membrane et aérés en permanence par de vigoureux mouvements des appendices abdominaux.
Le temps pendant lequel la femelle porte les œufs de cette façon varie mais ne dépasse pas normalement trois semaines.
Seules les femelles grainées dont la couleur des œufs est grise ardoise sont concernées par l’éclosion (Lazard, 1974). Le nombre d’œufs pondus dépend généralement de la taille de la femelle. A pleine maturité, les crevettes femelles déposeraient de 80000 à 100000 œufs au cours d’un frai (FAO, 1985).
L’éclosion débute généralement durant la nuit ; elle peut-être totale ou s’étaler sur deux à trois jours. Avant l’éclosion, l’eau de l’infrastructure d’élevage passe à deux pour mille de salinité (Lazard, 1974). Les œufs fécondés sont fixés par la femelle à ses pléopodes et sont protégés ainsi par l’abdomen.
Après sept jours, on réduit graduellement la salinité du milieu et les larves sont prêtes à être mises à l’eau par la femelle. La durée de la vie larvaire est de 25 à 60 jours, suivant les conditions de température et la métamorphose en post-larve s’étale sur 2 à 3 semaines.
Dans le milieu naturel, la fécondation se produit surtout lors de la saison des pluies. Simultanément, on observe une migration des reproducteurs vers les eaux saumâtres lagunaires.
Cette migration favorisée par la crue, peut s’accomplir sur de grandes distances (plus de 400 km). Selon Ville (1971), la période de ponte se situe de juillet à décembre avec un pourcentage maximal de femelles mûres en décembre (60%). Son étude montre également que les femelles les plus âgées sont les premières à pondre.
La vitellogenèse, qui selon cet auteur est liée à la saison des pluies, à la migration vers les eaux saumâtres mais aussi à l’effet de groupe, est très brève. La fécondité de M. vollenhovenii atteint 100 000 œufs par ponte.
La larve mesure un à deux millimètres de long à l’éclosion. Elle nage en pleine eau en se déplaçant à l’envers (la face ventrale vers la surface et le telson tourné vers l’avant).
Pendant deux à trois jours elle se nourrit des réserves du sac vitellin et du plancton très abondant dans les zones estuariennes. La larve subit dix mues successives avant de se métamorphoser en post-larve. La post-larve, qui ressemble tout à fait à un adulte en miniature, mesure huit à dix millimètres de long. Elle vit sur le fond et son régime alimentaire est omnivore.
Les jeunes crevettes ou juvéniles, remontent alors activement les fleuves pour se diriger vers l’eau douce où elles grandiront et passeront leur vie adulte (Griessinger et al, 1991). La figure 2 décrit les différents stades du cycle biologique de l’espèce.
Différents stades du cycle biologique de M. vollenhovenii
Figure 2: Différents stades du cycle biologique de M. vollenhovenii (Griessenger et al., 1991)

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