7 clés pour comprendre les circuits commerciaux à Dame-Marie

Les circuits commerciaux

Les données de l’enquête nous permettent d’identifier la présence de trois (3) grands circuits commerciaux dans la commune de Dame-Marie. Chaque circuit de commercialisation a plusieurs variantes. Un acteur peut être présent dans une variante et absent dans une autre. A Dame-Marie, la production du Cacao est l’affaire des planteurs, mais ils n’assurent pas la commercialisation de leur denrée sur les marchés national et international. Ce qui donne lieu à l’intervention de plusieurs intermédiaires dans la filière de ce produit. En fonction des axes de commercialisation, les circuits de distribution s’y découlent. On retrouve en amont des circuits les producteurs qui eux-mêmes libèrent leurs denrées aux spéculateurs, aux zombis ou à une coopérative.

Circuits internationaux :

C’est le circuit le plus connu et le plus réglementé de la filière cacaoyère. C’est le circuit traditionnel de l’Exportation du cacao haïtien (PIERRE, 2005). Actuellement ce circuit à deux (2) composants : un composant de cacao marchand ordinaire et un composant de cacao fermenté BALTHZARD et al, 2016).


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Figure 14 : Circuit International de commercialisation

Les coopératives jouent un rôle incontournable dans la préparation de la fève fermente. Depuis, 2012 la CAUD fermente le cacao de ses membres et d’autres producteurs. L’Analyse des circuits montrent un réseau long et complexe. Le composant cacao fermente du circuit international augmente la valeur marchande du cacao. Grace à la certification bioéquitable de la CAUD, les producteurs reçoivent un meilleur prix pour leur produit. Ajouter à cela, en fin de saison les membres obtiennent une ristourne en fonction la vente.

Circuits nationaux

 

consommateur

Zombi

Sara

Marché P-au-P

Sara

Marché P-au-P

consommateur

Producteur

Spéculateur

Sara

Marché P-au-P

Zombi

Spéculateur

Sara

Marché P-au-P

consommateur

Zombi

Sara

Marché P-au-P

Sara

Marché P-au-P

consommateur

Producteur

Spéculateur

Sara

Marché P-au-P

Zombi

Spéculateur

Sara

Marché P-au-P

C’est un circuit en plein essor, jusque-là il était très peu pratique dans la commune de Dame-Marie. De nos jours, ce circuit permet l’écoulement du cacao avec facilité, à un moment ou les Institutions qui font de l’EXPORT sont à l’arrêt. Les Sara dominent ce circuit de commercialisation.

Figure 15 : circuit nationaux de commercialisation

Circuits locaux

Le circuit local de la filière de cacao dans la commune de Dame-Marie est marqué par la présence des transformateurs (chocolat et autres). Les Sara chocolat achètent directement d’un producteur ou des spéculateurs et parfois des zombis. Le schéma ci-après décrit les liens qui existent entre les acteurs de la filière. A partir du cacao plusieurs petits commerces prennent naissance. Les Sara chocolat transforment sur place le cacao en boulet de chocolat traditionnel. D’autres personnes transforment le cacao en liqueur et en crémas.


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Figure 16: circuit local de commercialisation

Conditions d’échange entre les acteurs

Instrument et Unité de mesure

Pour l’acquisition du cacao marchand, les zombis utilisent une mesurette appelée « Gode8 » de capacité 0,25 Kg, il faut 8 mesure pour avoir une marmite de 4,4 lbs ou 2 Kg. Les spéculateurs se servent d’une balance calibrée en Kilogramme(Kg) de capacité 20 Kg. Ils paient les producteurs en livre (lbs), suivant une relation de 1Kg = 2 lbs au lieu de 1Kg = 2,2 lbs. Ce qui les permet de gagner 0, 2 lbs sur chaque 2 lbs acheter. Il représente un manque à gagner de 4 à 5 gourdes pour chaque livre de cacao que le producteur vend (0,2*40/2 à0, 2 * 50/2 Gdes). Les coopératives pour sa part utilisent une vase de 11 lbs pour acheter le cacao en mucilage, ils obtiennent 3,85 lbs de cacao sec, ce qui correspond à un rapport cacao fraiche/cacao sec = 35 %. Le kilogramme et la livre sont les deux (2) unités utilisées pour connaitre la masse de la denrée. L’utilisation de la livre est beaucoup plus rependue.

Nature et qualité du Produits

Le cacao se vend sur ses deux (2) formes : en mucilage/frais et séché. Chaque forme de cacao à son propre prix et le prix est fixé par l’acheteur. Un cacao avec des fèves malade a un prix inférieur d’un cacao avec des fèves saines. Le cacao mouillé est moins payé qu’une denrée bien séchée. Ces différentes situations autorisent des acheteurs à pratiquer toute un éventail de prix de manière arbitraire que les producteurs sont obligés d’accepter.

Saison de récolte

Deux (2) saisons de cacao sont clairement définies. Il s’agit de la saison septembre-Décembre appelée grande saison et la saison Mars-Avril ou saison pâque, appelée petite saison. Depuis plusieurs années la production à tendance à s’étaler beaucoup plus, ce qui donne lieu à une 3eme saison de récolte entre Juillet-Aout appelée « cacao grenn mombin ». Le changement des paramètres climatiques peut en est la cause.

Les producteurs ont un revenu faible. Les saisons de récolte coïncident aux moments où ils ont un grand besoin d’argent pour compléter sa trésorerie. La rentrée scolaire de septembre, la fête patronale de la commune en septembre, la campagne agricole d’automne sont entre autres des évènements qui exigent des déboursements. Ce qui met les producteurs en très mauvaise position pour les négociations.

Le jeu des prix

Dans l’apparence le prix semble dépend de la nature et la qualité de la denrée. Le cacao frais et sec n’a pas le même prix et n’achète pas par une même catégorie d’acteurs. Un cacao bien séché et bien entretenu à une valeur marchande beaucoup plus élevée que le cacao humide avec des fèves défectueuses.

Tableau #8: Prix d’achat de la livre de cacao sec

Prix de la livre de cacao marchand à l’achat (Gdes)
ActeursDébut saisonPicFin SaisonMoyenne
Spéculateurs40355041, 67
Coopératives60557061, 67
Zombis35304035
Transformateurs40404040
Sara50405046,67
Moyenne45405045

Table 8 : Prix de la livre de cacao marchand à l’achat

Le prix moyen à l’achat pratique par l’ensemble des acteurs de la filière pour une année toute saison confondue est de 45 Gdes. Le prix le plus élevé est 61,67 Gdes, il est pratiqué par les coopératives. Le prix le plus bas est 35 Gdes, il est pratiqué par les zombis. En fin de saison, le cacao enregistre 50 Gdes comme prix moyen entre les acteurs contre 40 gourdes au moment du pic. Quel que soit la saison considérée, les coopératives pratiques toujours un meilleur prix que les autres acteurs.

Les producteurs ne participent pas dans la fixation des prix. Ils sont trop vulnérables pour fixer le prix de leur denrée. Dans ces jeux spéculatifs le prix des coopératives est plus favorable aux producteurs car ils auront à recevoir 5 à 10 Gdes de return sur chaque livre de cacao vendue.

 

80

70

70

60

60

55

50

5050

50

40

30

20

10

0

40 40 40

40

40

40

35

35

30

Debut

saison Pic

Fin saison

Linear (Pic)

80

70

70

60

60

55

50

5050

50

40

30

20

10

0

40 40 40

40

40

40

35

35

30

Debut

saison Pic

Fin saison

Linear (Pic)

Figure 17: Prix achat de la livre de cacao sec

Tableau #9 : Prix de vente de la livre de cacao sec

Prix de la livre de cacao marchand à la vente (Gdes)
ActeursDébut saisonPicFin SaisonMoyenne
Spéculateurs60557061,67
Coopératives100100110103,33
Zombis40405043,33
Sara60607063,33
Moyenne6563,757567,92

Table 9 : Prix de la livre de cacao marchand à la vente

Le prix moyen à la vente pratique par l’ensemble des acteurs pour une année, toute saison confondue est de 67,92 gourdes. Le prix le plus élevé est de 103,33gourdes, il est pratiqué par les coopératives. Le plus bas prix pour la vente est 43,33 gourdes, il est appliqué par les zombis. En fin de saison entre les acteurs la livre se vend à 75 gourdes contre 63,75 au moment du pic. Quel que soit la saison considérée, le prix de vente des coopératives est supérieur du prix des autres acteurs.

Debut Saison

Pic

Fin saison


image48

120

100

80

60

40

20

0

110

100100

70

70

60

60 60

50

55

40 40

zombispeculateursaracooperative

Debut Saison

Pic

Fin saison

120

100

80

60

40

20

0

110

100100

70

70

60

60 60

50

55

40 40

zombispeculateursaracooperative

Figure 18: Prix vente de la livre de cacao sec

Contraintes de la filière

Contraintes liées au système de culture

Analyse des contraintes liées à la production
ContraintesPlace des Contraintes
#1#2#3#4#5#6#7
Quantité (n=65) 


image50

Vieillissement des parcelles201022760065
Faible rendement152071085065
Faible densité301213046065
Attaque des ravageurs1517132000065
Incidence des maladies1015017710665
Formation des planteurs551461516465
Mauvais entretien111892513765

Table 10 : Analyse des contraintes liées à la production

Trente(30) parmi les 65 personnes enquêtées soit 46,15% déclare la densité de plantation comme #1 des contraintes de la production, 18,46 % la met comme #2 contre 20% qui la placent comme #3 des contraintes de la production. Pour ce qui concerne le vieillissement des parcelles, 20 des enquêtés sur 65(33%) le positionne comme #1 des contraintes, 10 sur 65 des enquêtés soit 15,38% le met comme #2 contre 33,85 % qui le met comme la 3eme des contraintes. Pour ce qui a trait aux attaques des ravageurs, 15 parmi les 65 enquêtés (23,07%) pensent qu’elle la principale, 26,15% le met comme #2 contre 20% qui le positionne en 3eme position.


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Les Contraintes de la production de cacao à Dame-Marie par ordre de grandeur

35

30

25

20

15

10

5

0

Contrainte #1

Contrainte #2

Contrainte #3

Contrainte #4

Contrainte #5

Contrainte #6

Contrainte #7

Les Contraintes de la production de cacao à Dame-Marie par ordre de grandeur

35

30

25

20

15

10

5

0

Contrainte #1

Contrainte #2

Contrainte #3

Contrainte #4

Contrainte #5

Contrainte #6

Contrainte #7

Figure 19: Contraintes liées au système de culture du cacao

Il en ressort par ordre de grandeur qu’au terme de cette étude, suivant les conditions de l’enquête, les principales contraintes liées à la production de cacao dans la zones sont : (# 1) densité de plantation ; (#2) faible rendement ; (#3) vieillissement des parcelles ; (#4) attaque des ravageurs ; (#5) formation des planteurs ; (#6) formation des planteurs et (#7) mauvais entretien des parcelles. Il convient de signaler, l’incidence des maladies n’a été signalée que par 15,38 % comme la contrainte #1 de la production.

Contraintes organisationnelles

INCAH qui est l’organe étatique en charge de la filière ne contrôle pas vraiment ce qui se passe sur le terrain. La filière est abandonnée entre les mains des petits producteurs, des spéculateurs qui font le

négoce, des coopératives dépendant de l’aide au développement et de l’action ponctuelle de certaines ONGs. Le BAC, l’œil du MARNDR n’a aucune implication dans la gouvernance de la filière à l’échelle locale.

L’absence d’une coordination entre les acteurs est un handicap au développement de la filière. La CAUD est assez bien structurée et encrée dans la communauté. Cependant, elle n’est pas autonome financièrement. Les autres coopératives fonctionnent beaucoup plus sur la base de projet avec les ONGs, ce qui les fragilise.

Absence d’investissement

Les investissements dans la filière cacao pour la commune de Dame-Marie peuvent être résumés par l’intervention des ONGs dans des projets de rénovation parcellaire et formation des planteurs. Le PNUD a aidé la TRAFKAD dans la mise en place de son atelier de transformation. L’investissement réel dans la filière est quasiment nul. Il faut remonter jusqu’en 2012 ou la CAUD a eu son unité de transformation à partir de son partenariat avec Kaléos.

Actuellement, la société Wiener S.A principale maison d’exportation ferme ses portes au niveau de la commune pour des raisons qu’on ignore présentement.

Accessibilité

A l’heure actuelle, Dame-Marie reste une commune enclavée. Il est très difficile de se déplacer d’une section à une autre, de Dame-Marie vers les autres communes du département. Car, la route départementale qui relie les différentes communes est caillouteuse et en très mauvais état. C’est une ville côtière avec accès sur la mer mais la navigation est à l’arrêt depuis plus de 10 ans.

Ainsi, il est difficile pour un producteur de se déplacer après l’écabossage avec le cacao frais pour aller aux coopératives. Ils préfèrent faire affaire dans bien des cas avec les zombis qui sillonnent les sections. Pour se déplacer on utilise parfois le dos d’animal et via motocyclette. Le nombre de producteurs disposant un animal (cheval ; mulet ; âne) pour se déplacer est très bas. Les producteurs ne prennent pas le risque avec les mototaxis, car le prix de la course est beaucoup trop élevé.

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