Les informations signées : adaptation, interprétation…

Les informations signées : adaptation, interprétation…

Chapitre 4 :

Enjeux (défis) organisationnelles et communicationnelles des discours managériaux sur les bases de données

1- Adaptation, interprétation, et dysfonctionnement des informations signées au sein des patronales

1-1- Histoire du signe

Retracer l’historique des signes n’est pas chose aisé, mais ce qu’on pourrait dire c’est que :

Il n’y a rien là de très neuf : depuis longtemps l’homme crée et use de signes pour se connaître, pour saisir le monde qui l’entoure et pour communiquer avec ses pairs. Mais étrangement il en a peu conscience. Les mots qu’il utilise, les gestes qu’il produit ne lui demandent guère d’efforts particuliers.

Comme le dit la sagesse populaire, ce serait là le propre de l’homme. C’est pourquoi, parlant de communication verbale, certains ont utilisé l’expression de ‘‘langage naturel’’.169

A travers ses propos de Verhaegen Philippe, force est de constater que l’homme est essentiellement entouré des signes et c’est même l’élément patent utilisé pour communiquer. Peirce évoque même une « équation homme-signe »170 afin de justifier sa théorie sociale des signes. Par la suite, Verhaegen présente le paysage nouveau de l’univers des signes en ces mots :

Du geste à l’image et de celle-ci aux mots, les signes ont non seulement évolués mais se sont complexifiés au fil du temps. Aujourd’hui ils cohabitent dans des dispositifs de communication sophistiqués valorisant l’une ou l’autre de leur dimension.

Ainsi, la radio tout en n’offrant pas d’image reconstruit pour l’auditeur un univers sonore où l’espace, la distance (le proche, le lointain), les couleurs, la force ou l’énergie comme la posture, le geste… sont uniquement transmis au travers des voix audibles, des sons d’ambiance ou de la musique.

Inversement, en combinant l’image, le son et le texte, un site web peut créer un nombre infini de combinatoires de signes formant autant de dispositifs originaux.171

 169 Verhaegen P 9 Op.cit.

170 Crombie J. (1989). ‘‘L’homme-signe et la conscience de soi’’ mise à jour le 1 janvier 1989 [En ligne] https://doi.org/10.1075/fos.18.20cro [consulté le 05 juin 2021]

171 Verhaegen P 10 Op.cit.

1-2- Définition du signe

Verhaegen Philippe vas donner une première définition à la notion de signe. Pour lui, « le signe tout d’abord sera vu comme tout ce qui sert à quelqu’un à se représenter un état du monde et à le communiquer à autrui : paroles, images, sons, gestes, odeurs, couleurs… »172

Marty robert elle définit le comme un médium pour la communication d’une forme, elle permet de définir toute communication (duelle, collective ou institutionnelle) comme échange de signes.173

Pour saint Augustin, il est « une chose qui est mise à la place d’autre chose. » 174A travers cette assertion, le phénomène de commutation175 à toute sa place.

Halcya pense qu’ : « un signe se définit dont par la mise en relation par un interprétant d’un signifiant et d’un signifié. La relation entretenue par le signifiant, le signifier et l’interprétant forme ce que Pierce a nommé le triangle sémiotique. »176 C’est au travers de ces éléments mis en exergue par Halcya que ce travail présente les facettes d’un signe.

 172 Verhaegen P 14 Op.cit.

173 Marty R. Op.cit.

174 Baratin M. et al. (1982) Sémiologie et métalinguistique chez saint Augustin. Langages, no 65, p 75.

175 Ce concept est manipulé par Mansouri D. pour montrer comment un concept peut etre remplacé par un autre tout en tenant compte du référent commun. Confère Mansouri D.

176  Halcya (2013) Op.cit.

1-3- Les trois facettes d’un signe

Losson Olivier dans sa thèse ressort les trois facettes d’un signe.

Tout signe possède un signifiant, représentation artificielle donc reposant sur un code d’un concept (le signifié), et fait allusion à un référent concret ou abstrait, présent ou non lors de l’émission du message.

Les trois facettes du signe selon Losson Olivier

Schéma 9 : Les trois facettes du signe selon Losson Olivier

Selon Peirce, il est composé d’un « representamen » (équivalent du signifiant chez Ferdinand de Saussure), d’un référent (objet du discours), reliés par un interprétant (signifié ou, plus exactement, grille de lecture forgée par l’expérience personnelle et par la culture permettant de construire une interprétation).

On comprend par-là que dans une étude scientifique, le signe n’est pas un jet d’un coup, il est le plus souvent un construit normé.

1-4- Cirluation du signe

Une information signée circule dans une organisation à peu près comme le schéma suivant :

Du signe organisationnel monté par moi-même

Schéma 10: Du signe organisationnel monté par moi-même

Le cadre de démonstration de l’ouvrage de Verhaegen Philippe tire son dévolu dans les restaurants français, c’est ainsi qu’il a mis en place une série de sémiotique iconographique représenté par l’intermédiaire de support communicationnel par le biais des cartes de menu.

Il en ressort que chaque signe véhiculé est en rapport avec le réfèrent qui est la philosophie de chaque restaurateur. Ces cartes de menu iconographique permettent la construction de sens bien précis que chaque consommateur devra interpréter en fonction de ses préférences.

Le signe S l’objet O et l’interprétation I sont des éléments représentatifs de la trinité de Marty Robert.177 Or la trinité de l’expérience sensible de Boutaud Jean-Jacques dans le schéma ci-joint voit le sens dans la signification. Cet élément mis en avant permet de montrer la complexité du phénomène de sens.

177  Marty R. Op.cit.

La trinité de l’expérience sensible Boutaud Jean-Jacques

Schéma 11 : La trinité de l’expérience sensible Boutaud Jean-Jacques

Ce trios mis en exergue démontre à suffisance que traité d’un signe en sémiotique peircien, passe par la mise en place de ces 3 éléments sus cités.

1-5- Les éléments constitutifs d’un signe

Analysé un signe, n’est pas forcement faire recours à un mot ou un discours c’est pourquoi Peirce dans son analyse présente un aperçu constitutif du signe qui sont :

  • une image,
  • un mot,
  • un symbole,
  • une idée, et
  • un geste.

Monté par moi-même

Schéma 12 : Monté par moi-même

1-6- Domaines d’étude du signe

En sciences sociale, l’étude du signe s’effectue de manière globale en psychologie on y reviendra en infra. Les domaines d’étude du signe sont : le

  1. pheno texte,
  2. le geno texte,
  3. l’inter texte, et
  4. la signification.

Domaines études du signe

Schéma 13 : Domaines études du signe

On remarque bien à travers ce schéma que les différentes parties de ce travail de recherches sont inter-liés. Puisque les significations mises en avant ici permettent justement de justifier le pourquoi cette étude n’a eu que pour seul embranchement relationnel notable entre le signe et les significations.

1-7- Localisations des signes

1-7-1- Localisation en général

Verhaegen Philippe pense que c’est le développement des machines à communiquer que sont la télévision, la radio, la presse (grande ou petite), a largement contribué à répandre sur la place publique de nos sociétés des signes les plus divers : sons, images, gestes, écrits… Pour en dire plus, l’auteur s’exprime en ces mots :

Sur les murs de nos cités, on ne compte plus les affiches publicitaires, les photos d’hommes politiques ou encore les graffitis qui, chacun(e) à leur manière, s’efforcent de nous parler, de nous persuader de la qualité des produits qu’elles nous donnent à voir, de la bonne foi des personnages politiques qu’elles nous présentent ou des réformes sociales qu’ils nous enjoignent de faire.178

178 Verhaegen P. 9 Op.cit.

1-7-2- Localisation en herméneutique

Pour qu’un signe existe, il faut au préalable la présence d’un énoncé. Sur les différents échanges entre énoncés et signe Foucault écrit que :

« L’énoncé, inutile de le chercher du côté des groupements unitaires de signes. Ni syntagme, ni règle de construction, ni forme canonique de succession et de permutation, l’énoncé, c’est ce qui fait exister de tels ensembles de signes, et permet à ces règles ou ces formes de s’actualiser. »

Au sorti de cette citation, force est de constater que beaucoup de débat s’entremêle autour des perceptions des notions d’énoncé et signe, c’est dans ce sillage que Foucault pense que c’est l’énoncé qui permet l’existence du signe.

1-8- Outils pour étudier le signe

Etudier les signes nécessitent de faire recours à l’herméneutique selon Foucault d’ailleurs il la définit comme « l’ensemble des connaissances et des techniques qui permettent de faire parler les signes et découvrir leur sens. »179

Un discours et un texte partage le même centre commun qui est le signe : « Du point de vue épistémologique, le texte, dans cette acception classique, fait partie d’un ensemble conceptuel dont le centre est le signe. »180

1-9- Les types de signes

Selon Paul Ricœur, on distingue deux types de signes : « ceux directs constitués du geste et de la parole, ou les signes indirects constitués par l’écriture, par les monuments et d’une façon générale par les inscriptions que la réalité humaine laisse derrière. »181

1-10- La référence des signes

« Quand ai-je le droit de remplacer a par b ?
La condition élémentaire est que l’un et l’autre aient même référence. Il convient donc de revoir les soubassements sur lesquels se fondent les prétentions de l’analyse du discours à faire fi de la référence pour se concentrer exclusivement sur la signification. »182

A travers ces propos de Mansouri, force est de constater que tout comme les significations ont une référence il en est de même pour les signes.

179  Foucault M. les mots et les choses p 44. Op.cit.

180 Barthes R. p 1013 Op.cit.

181 Ricoeur P. (1977) « Expliquer et comprendre: Sur quelques connexions remarquables entre la théorie du texte, la théorie de l’action et la théorie de l’histoire », Vol. 75, No. 25 p 128

182 Mansouri D. Op.cit.

1-11- Le signe en psychologie

Selon Marchio Réné, l’étude du signe dans son encablure générale se fait en psychologie, c’est ainsi qu’il dit que :

Si le détour par le signifiant est un détour, comme l’exprime Lacan, nécessaire, il n’en demeure pas moins que la théorie du signifiant ne peut rendre compte à elle seule de ce que couvre le domaine de la sémiologie, et ceci même dans le champ de la clinique quotidienne de la psychanalyse.

Par ailleurs, en définissant le signe au regard du signifiant, comme « représentant quelque chose pour quelqu’un », Lacan a pu laisser tout un temps se déployer la théorie du signifiant de façon hégémonique dans le champ de la psychanalyse, ce qui a pu occulter ce qui fit son retour à la question du signe.183

Il continue par dire plus loin que : « L’énoncé est ce qui nous permettra de nous approcher de ce que Foucault a pu concevoir en termes de signe dont nous verrons plus loin qu’après tout, en tant que tel, il pourrait bien avoir sa place dans le champ de la psychanalyse »184

Verhaegen Philippe est également du même avis que Marchio René, pour lui l’étude du signe de manière général s’opère en psychologie :

Ce texte est animé d’une intention précise : situer la linguistique au cœur d’une science plus vaste. La sémiologie apparaîtrait dès lors comme étant la discipline-mère(…)

C’est au psychologue que reviendrait la tâche de déterminer la place exacte de cette nouvelle science (…) Toute étude des signes doit par conséquent se situer dans le contexte des sciences psychologiques.185

1-12- Le signe en communication

Malgré le fait que l’étude du signe s’opère de manière générale en psychologie, la communication a également quelques ramifications d’une étude du signe, c’est ainsi qu’ :

Il est impossible de ne pas communiquer, disait l’anthropologue Gregory Bateson en parlant des humains, mais les animaux communiquent aussi, tout comme les plantes et les mondes cellulaires. Nous communiquons aussi avec les machines et les objets, et certains de ceux-ci communiquent entre eux.

Tout communique avec to

 Toute activité se laisse discerner et définir dans la m

 

ut, et tout ce qui communique le fait avec des signes, comme le démontre le philosophe et logicien états-unien Charles S. Peirce, quand il prétend que tout ce qui se pense relève du monde des signes.186

A travers cette citation, force est de constater que communiquer c’est produire des signes. Ceux-ci aussi semblables que différents, contiennent des informations.

 183 Marchio R. et Al. P 6. Op.cit.

184 Marchio R. et Al. P 7. Op.cit.

185 Verhaegen P. 32 Op.cit.

186 Verhaegen P 7 Op.cit.

1-13- Adaptation du signe

Le produit de chaque signe est une information, et ce travail traite du concept de communication et d’information. Mentionnons aussi que chaque signe véhiculé est avant tout un signe ciblé.

1-13-1- Adaptation en science du langage

La définition d’un énoncé passe par le biais des trois champs classiques : « celui de la grammaire où il s’identifie à la phrase ; celui de la logique où il s’agit de la proposition ; et enfin celui de la linguistique pragmatique où il s’identifie au acte de langage. »187

En dépit de cela, Foucault dans son livre s’oppose au grammairien qui considère que l’énoncé est l’élément dernier du langage.

C’est à dire que partout où il y a phrase, il y a énoncé, la structure d’un énoncé est la suivante: «sujet +copule +prédicat» or il y a des énoncés qui ne respecte pas cet agencement exemple bonjour! Tous ces éléments cités contiennent des signes et viennent justifier le schéma du signe organisationnel mentionné en amont.

1-13-2- Adaptation en organisation

En organisation, chaque discours véhiculé est porteur de signes, et ceux-ci ne sont pas des productions ex-nihilo. Mintzberg d’ailleurs dans son ouvrage nous fait comprendre de la nécessité d’adaptation des structures à leurs environnement et contexte de vie.

De manière à ceux que celle qui ne s’adapte pas sera confronter à un échec.188 Clevenot dans son ouvrage parle du discours des BCE comme étant un discours ciblé vers les potentiels investisseurs européen.189

Temadjo Jacques parle dans les procédures d’adaptation évoque de la mise en place des Call-center comme moyen de réponse des opérateurs de téléphonies mobile au Cameroun envers leurs clients.190

Pour justifier le phénomène d’adaptation discursif qui sévit dans les organisations, Fourrier s’exprime en ces mots : « Pour tous, il apparaît évident que pour être « réussie » la communication doit ou devrait idéalement être différenciée et adaptée, tant sur le fond que dans les codes sémiotiques et esthétiques, aux différents publics dont la segmentation semble de plus en plus fine. »191

 187 Marchio et Al. P 8 Op.cit.

18  Mintzberg H. Op.cit.

189Clevenot M. Op.cit.

190 Temadjo J. et al. (2014) « Les centres d’appels dans la communication organisationnelle au Cameroun: outils de médiation et de co-construction de l’image de l’organisation » Tic, industries culturelles et industries créatives: Appropriation sociale et diversité culturelle, N° 15 PP- 64-74.

191 Fourrier C. et Al. Op.cit.

1-14- Interprétations du signe

Pour souligner les différents entendements ou interprétations que peut avoir le signe à travers l’espace et le temps, mettons en avant les propos de l’historien Focillon Henri :

Toute activité se laisse discerner et définir dans la mesure où elle prend forme, où elle inscrit sa courbe dans l’espace et le temps, mais encore la vie agit essentiellement comme créatrice de formes. La vie est forme, et la forme est le mode de la vie. […].

Nous devons envisager la forme dans toute sa plénitude et sous tous ses aspects, la forme comme construction de l’espace et de la matière […]. Le signe devient forme et, dans le monde des formes, il engendre toute une série de figures, désormais sans rapport avec leur origine.192

Desmaret pense que le processus de sémiosis193 implique l’approche dynamique de la mort et de la reviviscence des signes. Selon Umberto Eco :

« Le mot ou signe que l’homme emploie est l’homme lui-même. Puisque, de même que toute pensée est un signe, de même, le fait que toute pensée est un signe extérieur prouve que l’homme est un signe extérieur » ; il continu par dire que :

Le signe, c’est toujours ce qui m’ouvre à quelque chose d’autre. Il suppose un déplacement de frontières, le questionnement d’une altérité ; la matière, le continuum dont les signes parlent c’est l’Objet Dynamique peircéen, qui motive le signe.

On change constamment la forme qui est reconnue à l’Objet Dynamique. Une des capacités du signe est de stimuler les interprétations.194

À suivre cette indication, il semble exclu que l’ordre du discours puisse être conçu sur le modèle d’un système clos.195  Un discours peut revêtir une multitude d’interprétation.

 192 Focillon H. (2013), Vie des formes, paris, Puf,  P 6

193 La sémiosis est ordinairement divisée en deux types de pratiques : production et interprétation. Confère

Badir S. (2009) ‘‘La production de la sémiosis. Une mise au point théorique’’ mise à jour le 13 octobre 2009, [En ligne].https://www.unilim.fr/actes-semiotiques/3335 [consulté le 01 Aout 2021.]

194 Desmaret Op.cit.

195  Cette conception du discours est mise en relief par Seignour Amelie dans son article où elle propose une analyse textuelle approfondi ne restant pas juste à celle thématique ou celle assisté par ordinateur par le biais des logiciels.

Confere Seignour, A. (2011) « Méthode d’analyse des discours. L’exemple de l’allocution d’un dirigeant d’entreprise publique », Revue française de gestion, vol. 211, no. 2, pp. 29-45.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université de Douala - Ecole Doctorale : Sciences sociales et Humaines - Département de Communication - Unité de formation : Sciences Humaines, Littérature et Communication
Auteur·trice·s 🎓:
MWET ATTI BONANE Bernard Moise

MWET ATTI BONANE Bernard Moise
Année de soutenance 📅: Laboratoire des Arts et Communication - Mémoire soutenu en vue de l’obtention du master II en communication des organisations - 2021/2028
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