Les discours managériaux sur les bases de données dans les organisations

Université de Douala
The university of Douala

Facultés des Lettres et Sciences humaines
Faculty of Letters and Social sciences

Ecole Doctorale : Sciences sociales et Humaines
Doctorate School of social and human sciences

Département de Communication
Department of Communication

Unité de formation : Sciences Humaines, Littérature et Communication
Training Unit : Human Sciences, Litterature and Communication

Laboratoire des Arts et Communication (LAC)
Arts and communication Laboratory

Mémoire soutenu en vue de l’obtention du master II en communication des organisations
Les discours managériaux sur les bases de données
Les discours managériaux sur les bases de données dans les organisations au Cameroun : une approche sémiotique

Mémoire de master en Communication

Par :
MWET ATTI BONANE Bernard Moise
Titulaire d’une licence en Sciences de l’Information et de la Communication
Matricule : 14L35485

Sous la direction de
Pr. ATENGA Thomas
Maitre de conférences

Année académique :
2021/2022

Résumé

Les bases de données permettent de stocker et de retrouver des données structurées, semi-structurées ou des données brutes ou de l’information, souvent en rapport avec un thème ou une activité.

Dans les organisations, elles sont devenues des dispositifs incontournables de la productivité et de la performance. Elles font l’objet de divers discours.

Ce mémoire explore et analyse celui des managers camerounais sur cette question. Le manager est défini tout au long de ce travail comme un cadre qui a une responsabilité soit au sein d’une équipe de direction (cadre dirigeant), soit à la tête d’une équipe projet, d’une équipe de proximité (manageur intermédiaire).

A travers des énoncés chargés de pouvoir, il véhicule des informations ascendantes, descendantes, transversales que nous nommons dans ce mémoire, discours.

Comment et par quelles formes discursives les managers camerounais parlent-ils des bases de données ?

Quels rôles et significations attribuent-ils à ces dispositifs dans la formulation et l’atteinte de leurs objectifs de production et de performance ?

Quelles représentations des bases de données se dégagent de ces discours ?

Autant de questions que ce travail aborde.

Notre analyse des discours managériaux s’est appuyée sur celle de David Chopin qui met l’accent sur la manière dont ils sont thématisés, construits, leurs aspects politiques, propagandistes, publicitaires, etc.

Nous nous sommes singulièrement intéressés au génotexte, à l’intertexte et au phénotexte au sens de la sémiotique peircienne qui permet d’appréhender au mieux les indices, les icones et symbole triplette communément appelé signifiant, signifié et réfèrent.

Les discours managériaux étudiés dans cette recherche sont ceux des dirigeants dont les entreprises sont membres du GICAM et de l’ECAM.

Au terme de notre approche sémiotique de ces discours sur les bases de données, nous sommes arrivés à quelques conclusions à savoir que : ces discours sont porteurs d’indices de performance; de capacité de persuasion et chargé de signification sur la professionnalisation et la modernisation des méthodes et dispositifs de stockage de l’information.

Nous avons aussi établi que les formes de base de données privilégiées par les manageurs camerounais sont de trois ordres :

  1. les bases de données relationnelles,
  2. les bases de données orientées objet,
  3. les bases de données distribuées.

Mots clés : discours managériaux- bases de données-performance-productivité-sémiotique

Abstract

Databases store and retrieve structured, semi-structured or raw data or information, often related to a theme or activity. In organizations, they have become essential devices of productivity and performance. They are the subject of various speeches.

This brief explores and analyses that of Cameroonian managers on this issue.

The manager is defined throughout this work as a manager who has a responsibility either within a management team (executive), or at the head of a project team, a local team (intermediate manager).

Through statements charged with power, it conveys ascending, descending, transversal information that we name in this brief, discourse.

How and by what discursive forms do Cameroonian managers talk about databases?

What roles and meanings do they attribute to these devices in formulating and achieving their production and performance objectives?

What representations of databases emerge from these discourses?

So many questions that this work addresses.

Our analysis of managerial discourses is based on that of David Chopin who emphasizes the way in which they are themed, constructed, their political aspects, propagandists, advertisers, etc.

We were particularly interested in genotext, intertext and phenotext in the sense of peircian semiotics, which allows us to better understand the indices, the icons and the triple symbol commonly called signifying, signifying and referencing.

The managerial discourses studied in this research are those of the executives whose companies are members of GICAM and ECAM.

At the end of our semiotic approach to these discourses on databases, we arrived at some conclusions to know that: these discourses are bearers of indices of performance; of persuasion and significance on the professionalization and modernization of information storage methods and devices.

We have also established that the forms of databases privileged by Cameroonian managers are of three types: relational databases, object-oriented databases, distributed databases.

Key words : managerial discourse-databases-performance-productivity-semiotics

L’université n’entend donner ni approbation ni improbation aux idées émises dans ce travail, elles doivent être considérées comme propres à leur auteur.

Dédicaces et Remerciements

Sommaire

Introduction générale 1
Partie 1: managers et discours managériaux sur les bases de données 14
Chapitre 1 : les discours managériaux sur les bases de données : esquisse typologique et cadre d’analyse
1-Recensement de quelques discours dans les organisations 15
2-Corpus d’analyse 22
Chapitre 2 : les organisations patronales au Cameroun : gestion relationnelle, représentative, et rapport théorique
1-Gestion relationnelle et représentative des managers au sein des organisations patronales
2-Rapports entre les différentes théories 38
Partie 2 : approche sémiotique sur les discours managériaux 52
Chapitre 3 sémiotique de la notion de base de données dans les discours managériaux 53
1-La sémiotique au sein des organisations patronales 53
2-Pertinence de l’étude sur les significations en sic 60
Chapitre 4 enjeux (défis) organisationnelles et communicationnelles des discours managériaux sur les bases de données
1-Adaptation, interprétation, et dysfonctionnement des informations signées au sein des patronales
2-Cohesion, harmonie, pérennité et visibilité autour de la communication pour la production des informations signées
Conclusion générale 85

Listes des sigles et abréviations

APE : Association des parents élèves
API : Agence de Promotion des Investissements
ARMP : Agence de Régulation des Marchés Publics
CAFCAM : Cercle d’affaires français au Cameroun
CARPA : Conseil d’Appui à la Réalisation des Contrats et de Partenariats
CBF: Cameroon business forum
CBC : Cameroon business Council
CDPME : centre de développement des petites et moyennes entreprises
CFAL : Comité de facilitation du trafic maritime international
CMAG : Centre de Médiation et d’Arbitrage du GICAM
CNPF : Confédération national du patronat français
CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance Sociale
CPE : Confédération panafricaine des employeurs
CREG: Cercle de réflexion économique du GICAM
ECAM : Entreprises du Cameroun
GICAM : groupement inter patronal du Cameroun
GUCE : Guichet Unique des Opérations du Commerce Extérieur
LPC : Langage Parlé Complété
LS : Langue des signes
LSF : Langue des signes français
MECAM : Mouvement des entrepreneurs du Cameroun
OCDE: Organisation de coopération et de développement économiques
OIE : Organisation internationale des employeurs
OIT : organisation internationale du travail
PME : Petite et moyenne entreprise
SGBD : système de gestion de base de données
SHS: Sciences humaines et sociales
TPE: très petites entreprises
UNIPACE : Union des patronats d’Afrique centrale

Introduction générale

1- Contexte de recherche et justification

Ce travail tire ses origines en 2012 lors d’un séminaire de promotion des produits Winalites ANION.[1] Ce jour-là, les managers avaient une capacité à faire adhérer leurs différents publics aux vertus de leurs produits pour le corps humain.

Ces discours étaient prononcés lors des séances ordinaires ou extraordinaires ainsi que lors des échanges en présentiel ou en distantiel.

[1] ‘‘ANION est un produit miracle’’ au sens de la journaliste camerounaise Salma. Ce produit peut être utilisé sous plusieurs formes : sous forme d’eau buvable, sous forme de serviette de protection, pour les problèmes dermatologiques, pour la carie dentaire, et pour toutes sortes de douleurs. Confère

http://winalite-cotedivoire.e-monsite.com/pages/comment-utiliser-le-produit-anion.html

blogitude.mondoblog.org/2016/04/20/anionle-produit-miracle/

Nous cherchions alors à comprendre qu’est-ce qui pouvait donner une telle habileté à parler avec autant de précision et de conviction.

Nous avons alors considéré ces présentateurs comme des managers, c’est-à-dire, des individus ayant un certain nombre de responsabilités et d’attribution en organisation : pivot de l’information, acteur du changement.

Ce qui implique la capacité à :

  • gérer des projets transversaux qui mobilisent et mêlent des métiers, cultures et processus différents ;
  • utiliser des systèmes d’information de plus en plus performants qui fluidifie les échanges et la remontée d’indicateurs ;
  • la gestion de la relation client interne et externe qui modifie les modèles de communication et de marketing des ressources humaines ;
  • déployer de nouveaux modèles d’entreprise (business models) et de nouvelles stratégies liées à Internet et aux nouvelles technologies.

Les manageurs concourent donc à la bonne santé des organisations y compris patronales.

C’est ainsi que les adhérents à ce type d’organisation ont pour la plupart le but d’augmenter leurs productions, leurs visibilités, leurs relations, leurs tempéraments, leurs assiduités au travail et bien d’autres valeurs.

Lors des prises de paroles que nous qualifions tout au long de ce mémoire de discours, visent à galvaniser les parties prenantes y compris les subalternes en exerçant sur eux une influence directe.

Les discours managériaux que nous avons principalement étudiés sont ceux des organisations membres du Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM) ainsi que d’Entreprise du Cameroun (ECAM)[2].

Ces discours managériaux sont aussi des discours de partenariats produits à intervalles réguliers.

Nous avons considéré que :

  • Ces discours peuvent faire l’objet d’analyses dans le domaine des SIC, notamment leurs dimensions qui touchent aux bases de données devenues des problématiques professionnelles des manageurs.
  • En nous attardant sur leurs significations, nous avons choisi d’aborder ces discours à partir de la sémiotique peircienne ainsi que de la vulgarisation que le français Gérard Deledalle en a essayé de faire dans les années 1978.

Nous avons été confortés dans cette démarche parce qu’à ce jour, le moteur de recherche Google Scholar n’a qu’une seule occurrence relevant des travaux de cette nature.

Ce travail sur les discours managériaux sur les bases de données propose une étude à partir de leurs pôles d’émissions. Les discours auxquels nous avons eu accès ont été produits entre 2010-2020.

2 – Les objectifs

Ce travail est orienté par trois objectifs :

  1. Analyser à partir de l’héritage de la sémiotique peircienne, les discours managériaux camerounais sur les bases de données devenues des dispositifs incontournables dans la performance des organisations.
  2. Mettre en évidence, à partir de la triplette signifié/signifiant/référent[4] les significations que les bases de données prennent dans ces différentes formes discursives managériales.
  3. Rendre compte des représentations managériales des bases de données dans la productivité et la recherche de performance des organisations.

3- Les intérêts

Cette recherche est au croisement de plusieurs champs des Sciences de l’information et de la communication : la communication info-documentaire, notamment, la dimension qui traite des bases de données; la sociologie des organisations, principalement le volet qui s’intéresse aux dits et écrits des managers et des dirigeants ; la sémiotique, principalement l’analyse du signe, des significations qui débouche sur la compréhension des représentations.

[2] Ces deux organisations sont dites patronales. Une organisation patronale est un groupement de dirigeants d’entreprises d’un même secteur qui a pour principale mission de défendre les intérêts de ses membres.

Confère Infonet (portail gratuit d’informations légales et financières sur les entreprises françaises), ‘‘Définition d’organisations patronales’’ mise à jour le 26/02/2021 [En ligne] https://infonet.fr/lexique/definitions/organisations-patronales/ [Consulté le 4 Juillet 2021]

[1] Mouratidou E. et Al. (2013) ‘‘Sémiotique appliquée et SIC : théorie, méthode et efficacité communicationnelle’’ mise à jour le 31 juillet 2013 [En ligne], http://journals.openedition.org/rfsic/419 [consulté le 08 juin 2021].

[4]Desmedt N. (2011) ‘‘la sémiotique de Peirce.’’ Mise à jour en 2011 [En ligne]

http://www.signosemio.com/peirce/semiotique.asp [consulté le 12 juin 2021]

Notre recherche bibliographique et documentaire a révélé que les discours organisationnels restent peu étudiés en contexte africain et camerounais. Notre travail se veut donc être une modeste contribution dans la constitution de ce sous-champ des SIC au Cameroun.

Il permet de saisir les dynamiques de modernisation et de professionnalisation d’un aspect aujourd’hui déterminant dans la performance des organisations : la gestion de l’information à travers les bases de données.

Au-delà de la communication organisationnelle, ce travail constitue aussi une approche qui conduit à la communication sociale au sens de Marty[5] et même de Barthes qui estime que « le texte est un objet moral : c’est l’écrit en tant qu’il participe au contrat social. »[6]

[5] La notion de communication sociale est mise en exergue dans les travaux de Marty Robert, il en ressort qu’elle a trois buts: informer sur des problèmes sociaux, afin de faire prendre conscience, de redonner du pouvoir aux individus; transmettre des valeurs pour renforcer des réseaux de solidarité; modifier des idées ou des comportements à risque pour les personnes ou la collectivité. Confère Marty R. (2000) ‘‘Au commencement était le signe…’’, mise à jour le 27 mars 2012 [En ligne], URL : http://journals.openedition.org/communicationorganisation/2396 [Consulté le 07 juin 2021]

[6] Barthes R. (1973) « Théorie du texte » Encyclopaedia universalis, vol. 15, p.1014.

4- La revue de littérature

Cette analyse documentaire passe par le biais de la mise en évidence de plusieurs concepts qui nous semble nécessaire afin de justifier l’apport de ce travail en communication des organisations.

C’est pourquoi Petitet Vincent pense qu’« Aborder la thématique de la communication dans les organisations, c’est tenter de comprendre l’économie du signifiant dans laquelle celle-ci s’inscrit ».[7]

Evoquant la large conception de la signification, Losson Olivier dans sa thèse pense que tout signe possède un signifiant, qui est une représentation artificielle donc reposant sur un code d’un concept le signifié, et fait allusion à un référent concret ou abstrait.[8]

Un autre élément que Petitet Vincent ressort dans son article est qu’au sens Wébérien, « le management tend à légitimer un pouvoir celui du décideur. »[9]

Selon Guillén, le mangement poursuit deux objectifs principaux [10]:

  1. La construction d’un dispositif visant à réguler et résoudre les conflits dans l’organisation ;
  2. La contribution à la légitimation d’un système hiérarchique

[7] Petitet V. (2013). « Malaise dans la communication: la communication organisationnelle sous l’empire du management », Colloque international « Où [en] est la critique en communication ? » p. 163.

[8] Losson O. (2000) Modélisation du geste communicatif et réalisation d’un signeur virtuel de phrases en langue des signes française, Thèse de Doctorat en Productique, Université de Lille 198 P

Dans cette thèse de doctorat, il développe une étude critique des systèmes d’évaluation sous-tendus par le pouvoir de vouloir maîtriser techniquement une réalité objective qui n’existe pas en dehors du sujet.

[9] Petitet V., p164. Op.cit.

[10] Guillén M. (1999) Models of management. Chicago : University of Chicago Press, p 56.

Le décideur ici est compris comme le pôle d’émission ou encore le détendeur influence dont le présent travail met l’accent par le biais de plusieurs concepts clés :

■ Le discours managérial

C’est une notion polysémique que ce travail de recherche met au-devant de la scène. Il sera question d’essayer d’en éclairer le sens en contexte camerounais où très peu d’auteurs s’en sont préoccupés.

Henry Mintzberg a montré les fonctions des discours managériaux.

Pour lui, Le discours managérial mobilise une scénographie spécifique, une situation d’énonciation particulière qui légitime l’énoncé, lequel en retour légitime le cadre de parole.

Prendre la parole, c’est choisir, établir et légitimer un cadre d’énonciation.

Toujours d’après lui, les discours des managers :

  • Servent à planifier un entendement de manière systématique ;
  • Servent à la synthèse d’informations obtenues grâce à un dispositif formel ;
  • Servent à entretenir les relations entre un « supérieur » et ses « subordonnées » ;
  • Servent à exercer un contrôle étroit sur son emploi du temps et les activités et son équipe
  • Ils font partie des tâches routinières à exécuter
  • Ils ont une dimension stratégique et opérationnelle au sein de l’organisation ainsi que dans la conduite du changement.

Pour D’Almeida, N. & Avisseau, l’information et ses dispositifs de diffusion sont au cœur des discours des managers. L’information fait le lien entre la hiérarchie et l’opérationnel, le manageur les relais.

L’information se déploie par des processus techniques et administratifs (organisation, contrôle, reporting).

Elle s’assure la bonne marche de l’équipe dans le contexte global de l’entreprise et de son environnement (autres services, fournisseurs, partenaires, clients).

Au cœur des différents canaux, l’information relaie, la posture du manageur.

Cette information est déterminée par plusieurs facteurs : la nature et le modèle économique de l’organisation, la construction identitaire et le parcours, la nature opérationnelle ou économique des objectifs à atteindre.

Elle détermine souvent le degré de coopération et d’engagement auprès de chaque partie 14. D’autre auteur se sont intéressé à cette notion notamment Luc Boltanski et Eve Chiapello, Chekkar, et Nicole D’Almeida pour n’en citer que ceux-ci.

[11] Chopin D. (2017) Grammaire du discours managérial à partir d’une analyse sémantique de la littérature de gestion (1910 – 2010), thèse de doctorat en science de gestion, université de HESAM Paris, 1251 P.

[12] Mintzberg H. (2008) Le management voyage au cœur des organisations, Paris, Eyrolles ; (2014) Manager. L’Essentiel. Ce que font vraiment les managers… et ce qu’ils pourraient faire mieux, Paris, Vuibert, pp. 26-37.

[13] D’Almeida, N. & Avisseau, C. (2010) « Langage managérial et dramaturgie organisationnelle ». Hermès, La Revue, 58, 123-128.

[14] Voir aussi Fukuhara, K. (2017). Le discours managérial et ses effets : une approche clinique. Annales des Mines – Gérer et comprendre, 129, 69-71 ; Vandevelde-Rougale A. et Fugier P. (2014) « Discours Managérial », dans Zawieja P., Guarnieri F. (dir.), Dictionnaire des risques psychosociaux, Paris, Seuil, pp. 210-211.

■ Le discours

Ce travail cherche également à apporter une précision à cette notion puisque comme la précédente, elle est polysémique.

Michel Foucaultpense qu’« au lieu de resserrer la signification si flottante du mot »discours» je crois bien en avoir  multipliés les sens: tantôt domaine général de tous les énoncés, tantôt groupe individualisable d’énoncé; tantôt pratique règle rendant compte d’un certain nombre d’énoncé ».

A travers cet assertion force est de constater que chaque discours retranscrit en science est une nouvelle forme d’attribution de sens.

C’est pour cela que Tournebise Céline écrit :

« Aujourd‘hui encore, le concept est tellement polysémique et problématique qu‘il faudrait sans cesse le questionner ».

De manière simple, à chaque fois qu’il est question d’étudier un discours, l’écrivain apportera toujours une ‘‘patte particulière’’ dont seul lui aura les ramifications.

Nombreux sont les auteurs qui s’intéresse à cette notion dans le domaine scientifique, c’est le cas de Thomas Atenga en communication, Dominique Maingueneau en linguistique, Maurand Anne en Sciences de Gestion, Louis Guespin en Science politique…

■ Les significations

Pour mettre en relief cette notion il est possible de faire un détour en sémiologie ou en sémiotique.

Ce travail mettra l’accent sur la sémiotique de Peirce dont le renouveau est marqué par une étude sémio-qualitative des discours issus des travaux de Mouratidou Eleni.

Cette chercheuse au LABSIC en France est une pionnière des études de ce genre depuis 2013 à travers ces quelques écrits.

Dans cet ouvrage, il est question pour Foucault de présenter l’élaboration de la méthode de description des discours.

[18] Foucault M. (1969) Archéologie du savoir, Paris, Gallimard, p 106.

[16] Tournebise C. (2013) Enseigner l’interculturel dans le supérieur: quels discours et approches d’un concept ambigu à l’heure de l’internationalisation? Le cas de la Finlande, thèse de doctorat en études Françaises Université de Turku Finlande, p 11.

[17] LABSIC= laboratoire des sciences de l’information et de la communication.

[18] Mouratidou E. et Al. (2013) ‘‘Sémiotique appliquée et SIC : théorie, méthode et efficacité communicationnelle’’ mise à jour le 31 juillet 2013 [En ligne], http://journals.openedition.org/rfsic/419 [consulté le 08 juin 2021].

Mouratidou E. et Al. (2016) ‘‘Une approche communicationnelle des Massive Open Online Courses’’, mise à jour le 21 mars 2016 [En ligne] http://journals.openedition.org/rfsic/1945 [consulté le 12 juillet 2021]

Cet auteur a une place forte dans ce travail de recherche sur les organisations patronales parce que son premier ouvrage cité en infra permet de penser le rôle de la sémiotique en tant qu’outil susceptible de former des futurs communicants et par là d’intervenir dans des problématiques professionnelles.

Pour apporter des réponses autour de la communication visuelle ou encore apporter des éléments justificatifs de cette étude dans un mémoire de recherche, Mouratidou s’exprime en ces mots :

Si dans le cursus en SIC la sémiotique et la sémiologie font partie des enseignements de base, notamment parce qu’ils permettent aux étudiants de se doter d’une culture dite de communication visuelle, c’est éventuellement à un niveau de Master 1 ou Master 2 et bien évidemment selon les options pédagogiques soutenues par chaque Master que la sémiotique/sémiologie peuvent éventuellement occuper une place à vocation épistémologique.

C’est tout autour de ces éléments significatifs en SIC que ce travail de recherche s’inspirera. Il s’appuiera aussi sur ceux de : Verhaegen Philippe qui pense que tout apprenant inséré dans les sciences dures ou molles étudie le signe c’est ainsi qu’il affirme que :

Qu’ils étudient les sciences douces ou les sciences dures, tous les étudiants sont confrontés aux questions de l’échange d’information, du langage, du codage et des conventions, de la représentation, de l’interprétation, de la signification, de la commande, de l’action, de l’interaction, de la médiation, du sens commun et des très nombreux autres concepts qui concernent directement ou indirectement la communication et l’univers des signes.

Tous les étudiants sont un jour confrontés à la question du fonctionnement de la communication et aux différentes théories des signes qui tentent d’expliquer ce phénomène complexe qui relie les humains, leurs artefacts et tout ce qui est vivant.

Bien évidemment, les étudiants en communication, en linguistique ou en sémiotique sont les premiers concernés par cet ouvrage et ils y trouveront une excellente synthèse des principales théories de leur domaine d’étude. Ce livre étant destiné à tous ceux qui s’interrogent sur l’univers des signes et de la communication.20

Derrida pense que pour étudier les signes et les significations, « il est nécessaire de les déconstruire en unité élémentaire et reconstruire le fonctionnement ».21

Les écrits de Marchio sur le signe et le discours pourront également être mobilisés.22

[19]Mouratidou E. et Al. (2013), op.cit.

[1] Verhaegen P. (2010) Signe et communication, Bruxelles Éditions Université De Boeck p 7

[21] Derrida aborde ces procédures de constructions et déconstructions des énoncés. Confère Derrida J. P 428.

[22]] Marchio R. et Al. Signe et Discours, Séminaire – Groupe Régional de Psychanalyse, Marseille, 82 p

■ Les bases de données

Concept star de l’ouvrage de Gardarin Georges, cette notion est également polysémique et n’a de sens qu’en fonction de celui qui l’utilise.

Ce qui lui confère un caractère nouveau car l’utilisation qu’en fait un objet ‘‘X’’ sera diffèrent de ce qu’en fera un autre objet ‘‘Y.’’ S’agissant du volet informatique de cette notion dont les débouchés peuvent conduire à une utilisation des logiciels de textométries, Moukoko Chantal ajoute qu’une base de données peut aussi être appréhendée comme un ensemble de références conservées dans la mémoire d’un ordinateur servant à la résolution de bon nombre de tache.

Le côté usuel dont ce présent travail aura recours est celui d’Audibert Laurent pour qui Il est difficile de donner une définition exacte à la notion de base de données une définition très générale pourrait être : un ensemble organisé d’informations avec un objectif en commun.

Peu importe le support utilisé pour assembler stocker les données (papiers, fichier…) dès lors que les données sont rassemblées et stockées d’une manière organisée dans un but spécifique on parle de base de données.[26]

Il est nécessaire de s’appesantir sur ce concept en master de recherche parce qu’il est impossible de se détacher des bases de données lors d’une étude scientifique.

Puisque ce sont ces données-là qui permettront de : faire une analyse thématique, de faire une Phanéroscopie ou encore une ECM nous y reviendrons.

[23] Gardarin G. (2003), base de données, Paris, Eyrolles, p. 826.

[24] Pincemin B. (2018) ‘‘Sept logiciels de textométries’’ mise à jour le 18 Juillet 2018 [En ligne]. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01843695 [consulté le 7 juin 2021]

[25] Moukoko  C. (2012) Modélisation des banques de données et des bases de données pour la constitution d’une mémoire documentaire au Cameroun, dans Atenga, T. (2012). La communication au Cameroun: Les objets, les pratiques. Archives contemporaines.  PP 107-116
Dans cet ouvrage l’auteur questionne la place de la mémoire documentaire dans le projet du Cameroun comme pays émergent.

[26] Cet extrait de Laurent Audibert est tiré du site spécialisé en informatique. [En ligne] https://laurent-audibert.developpez.com/Cours-BD, [consulté le 11/12/2020]

■ Le discours patronal et organisationnel

Le discours patronal est une sous branche du discours managérial qui lui-même a pour sous branche le discours. Dans la sémiotique qualitative que nous entreprenons dans ce travail, le corpus des discours est essentiellement composé des discours des managers dont les organisations sont membres du GICAM et de l’ECAM.

Dans ce travail, nous appréhendons le discours managérial comme une réalité qui recouvre des pratiques discursives (écrites, orales et non-verbales) qui véhiculent une conception utilitariste du sujet et des relations humaines, considérés comme des ressources à mobiliser au service de la maximisation du bienêtre global en organisation.

Adressé à des sujets, il vise leur conduite dans des actions collectives. Il agit aux niveaux individuel et collectif, sur les manières d’être, d’agir et d’interagir avec autrui.

Depuis les années 1980, il promeut une vision économique et entrepreneuriale de l’humain au sein de l’organisation de travail.

La conception d’un individu mesurable et quantifiable se développa au XX e siècle avec l’émergence des notions d’efficience (Taylor, Emerson, Diemer, etc.) et de profitabilité (Tobin) aux ÉtatsUnis et leur diffusion en Europe.

En France précisément, H. Fayol concevait le manageur comme : « l’organisateur », producteur d’un discours organisationnel ayant pour objectifs prévoir, commander, contrôler et coordonner les activités de travail.

L’École des relations humaines recommande de prendre aussi en compte dans les discours managériaux, la logique individuelle et affective pour prévenir les conflits dans l’organisation.

À partir des années 1970, les évolutions sociales (remise en question de l’autorité et montée de l’individualisme) et économiques (passage d’une économie industrielle centrée sur le rendement de la production à une économie servicielle d’ajustement à la demande) entraînèrent une évolution du travail, avec une importance croissante donnée à la relation ainsi qu’à la reconfiguration des discours des managers.

C’est du moins ce que pense Ayouche Houria qui ajoute que les organisations patronales doivent être étudiées comme des lobbys étant donné que c’est l’argent ou le profit qui sont au cœur de presque tous les débats organisationnels.

Maurand Anne quant à elle parle plus tôt de groupe d’acteurs. Pour Mintzberg, dans un de ses ouvrages phares, la communication dans le management renvoie au pouvoir. Plus loin il assimile le pouvoir à la politique.

Il en ressort donc que le management, la politique et le pouvoir sont intimement liés par le biais des formes discursives. [29]

[27] Ayouche H. (2010) « Les organisations patronales algériennes et la notion de groupes d’influence », Revue Dirassat Fi-Oloum El-insania oua El-Utimaia, N° l6, pp. 17-36

[1] Mintzberg H. (1983) Le pouvoir dans les organisations, Paris, Éditions d’Organisation 1, 688 p.

[29] La politique est une discipline très ardue où s’entremêle fourberies, rapport de domination et force, querelles, polémiques… confère Micheli R. (2013), ‘‘Les querelles de mots dans le discours politique : modèle d’analyse et étude de cas à partir d’une polémique sur le mot « rigueur » ‘’, mise à jour le 10 avril 2013, [En ligne], http://journals.openedition.org/aad/1446 [consulté le 15 juin 2021].

5- Cadre théorique, problème et questions de recherches

De toute cette littérature, nous avons isolé des approches conceptuelles et théoriques au service de notre problématisation et de notre démonstration :

  • La construction et déconstruction du sens : est un procédé d’analyse textuelle théorisée par Derrida; [30]
  • L’analyse thématique : comme procédure textuelle permettant d’étudier et de classifier le contenu d’un texte [31];
  • L’analyse de contenu : comme technique de traitement des données préexistantes par recensement, classification et quantification des traits d’un corpus. [32]
  • La sémanalyse : est un procédé d’analyse textuelle mis en place par Julia Kristeva [33];
  • Le structuralisme : comme démarche théorique utilisée en linguistique et qui consiste à envisager la langue comme une structure, c’est-à-dire un ensemble d’élément entretenant des relations formelles [34];
  • La Phanéroscopie : est une théorie qui étudie le signe mis en place par Peirce [35] ;
  • La théorie des représentations sociales : cette théorie permet de mieux comprendre les individus et les groupes en analysant la façon dont ils se représentent eux-mêmes, les autres et le monde [36];
  • La théorie de l’engagement : prédit des effets d’influence sur le comportement d’autrui obtenus non par un recours à la persuasion, mais par l’obtention de comportements préalables [37];
  • La théorie de la dérivation : Permet d’étudier un mot à partir de son origine jusqu’à son entité élémentaire [38];
  • La scène pratique : C’est une théorie qui s’opère avant de mener une étude thématique ou encore une analyse de contenu. Elle consiste à ressortir les objectifs d’un corpus avant sa mise en application [39];
  • La théorie de l’identification de l’action : elle postule qu’une action est identifiée à différents niveaux allant d’un niveau faible (exemple : Arrêter de fumer pour économiser de l’argent) à un niveau élevé (exemple : Arrêter de fumer pour préserver sa santé et celle de son entourage) [40];
  • La théorie de la contingence : Cette théorie stipule que pour qu’une organisation fonctionne bien, diverses contraintes internes et externes doivent être prises en compte [41];
  • La théorie de la traduction : C’est une théorie d’adaptation de la situation d’énonciation selon laquelle les managers réalisent une traduction spécifique de la situation pour chaque acteur ou chaque groupe d’acteurs auquel le message doit être transmis de façon à ce qu’il s’adapte le mieux possible aux représentations des individus au sein de l’organisation [42];
  • Le distributionnalisme : c’est une méthode d’analyse linguistique qui consiste à décrire une langue en observant la distribution des différents éléments linguistiques contenus dans un énoncé [43];
  • L’étude critique en management (ECM) : est un courant théorique en science de gestion et théorie des organisations, inspiré des théories critiques.[44]

[16] Moscovici S. (2004)  La psychanalyse, son image et son public. Paris, Presses Universitaires de France, 512 P.

[1] Beauvois J-L (1989) « Une théorie psychosociale: La théorie de l’engagement. Perspectives commerciales » Recherche et Applications en Marketing (French Edition), vol 4 N° 19 pp. 79-90.

[1] Bouvier A. (1992) « modèles parétiens en théorie des idéologies, sociologie des représentations: Emotivisme Et Cognitivisme Dans La Théorie Des Dérivations De Pareto. » L’Année Sociologique (1940/1948-), vol. 42 p 368

[1] Confère Fontanille J. (2008) Pratiques sémiotiques, Paris, PUF, 303 p

[40] Wegner D. et Al. (1984). « The emergence of action », Journal of Personality and Social Psychology, vol 46, pp. 269-279.

[41] Maurand A. (2010), ‘‘Les déterminants des discours managériaux : application au cas des responsables qualité’’ mise à jour le 12 février 2010 [En ligne] https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00456211 [Consulté le 24 juin 2021]

[42] Ibidem.

[43] Tahan M. (2011). Implication des théories linguistiques dans la didactique de la grammaire scolaire: analyse de manuels scolaires adoptés dans les écoles privées francophones au Liban, thèse de doctorat en science du langage, université de paris descartes 374P.

[44] Chanlat J-F. (2013) « Les études critiques en management », mise à jour le 06 mai 2013 [En ligne], http://journals.openedition.org/communication [consulté le 04 juillet 2021]

Questions de recherche

Au regard de tout ce qui précède, trois interrogations sont au cœur de ce travail :

  • Comment et par quelles formes discursives les managers camerounais parlent-ils des bases de données ?
  • Quels rôles et significations attribuent-ils à ces dispositifs dans la formulation et l’atteinte de leurs objectifs de production et de performance ?
  • Quelles représentations des bases de données se dégagent de ces discours ?

6-Hypotheses

Hypothèse 1 : Les formes discursives des managers camerounais sur les bases de données sont polymorphes et non constantes.

Hypothèse 2 : Quand les bases de données sont évoquées dans leurs discours, c’est sous forme de propagande, de publicité.

Hypothèse 3 : Ces discours et leurs formes mettent en évidence que le domaine des bases de données mérite d’être professionnalisé dans les organisations camerounaises, car une gestion professionnelle de cet outil de pilotage et d’aide à la décision optimise la productivité et la performativité.

7- Cadre méthodologique

Durant nos mois de terrain, nous avons recueilli une centaine de discours managériaux au GICAM et à l’ECAM.

Nous avons aussi administré des entretiens approfondis au secrétaire exécutif du GICAM. C’est donc une recherche qualitative qui privilégie l’analyse de contenu, l’analyse du discours en mettant l’accent sur la dimension sémiotique.

En d’autres termes, nous analysons les discours managériaux sur les bases de données en mettant l’accent sur :

  • Les variants, les dénotations et les connotations45.
  • La technique du carré sémiotique mis en valeur par Greimas.
  • La décomposition du signe à 3 niveaux : l’icône, l’indice et le symbole autrement appelé signifiant/signifié/référent selon Peirce46.

[45] Andreani J. et Al. (2005) « Méthodes d’analyse et d’interprétation des études qualitatives: état de l’art en marketing », Actes du 4e Congrès International sur les Tendances du Marketing en Europe, P 12
[46] Les études qualitatives dans un travail sémiotique permettent de saisir les représentations, les imaginaires et les points de vue externes aussi bien au corpus que le sémioticien se charge d’analyser, qu’au texte lui-même (corpus et contexte).

En somme, en nous inspirant de la définition des discours managériaux de David Chopin, nous allons nous intéresser à ceux-ci comme aujourd’hui omniprésent dans la vie des entreprises, celles des organisations et au cœur de la vie quotidienne des individus.

Les discours managériaux et leurs grammaires sont des formes de rationalité qui contribue à la transformation de l’organisation.

Ils sont issus des Sciences de gestion et des Sciences de l’ingénieur au début du 20ème siècle. Ils permettent de se représenter de manière normative l’entreprise. Ils sont pluriels et vecteurs de l’idéologie.

L’approche de David Chopin nous a permis de prêter une attention particulière sur :

  • l’analyse de la « planification »
  • celle des « réseaux »
  • des « collaborations »
  • aux problèmes de « délégation »
  • ceux du « leadership »
  • les « programmes »
  • Les « projets »
  • les « données »
  • ainsi que toute la grammaire articulée autour de la « visibilité synoptique » (i.e. la représentation d’ensemble de l’entreprise)
  • la « visibilité de la mesure » (i.e. le calcul de l’activité de travail)
  • la « visibilité de la délégation » (i.e. la maîtrise de l’activité d’autrui)
  • la « visibilité de la commercialisation » (i.e. la définition de l’entreprise par l’extérieur).

8- Le plan

Ce travail se compose de deux parties comprenant deux (2) chapitres chacune.

Dans la première intitulée Managers et discours managériaux sur les bases de données présente le corpus ainsi que les cadres d’analyse. Il s’agit aussi de mettre en évidence notre approche de la notion de manager.

La seconde traite de L’Approche sémiotique des discours managériaux. Il s’agit de l’analyse proprement dite pour vérifier ou infirmer nos hypothèses.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
Université 🏫: Université de Douala - Ecole Doctorale : Sciences sociales et Humaines - Département de Communication - Unité de formation : Sciences Humaines, Littérature et Communication
Auteur·trice·s 🎓:
MWET ATTI BONANE Bernard Moise

MWET ATTI BONANE Bernard Moise
Année de soutenance 📅: Laboratoire des Arts et Communication - Mémoire soutenu en vue de l’obtention du master II en communication des organisations - 2021/2022
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