Les classes nominales et les verbes en Shupamem

Les classes nominales et les verbes en Shupamem

1.8 Les classes nominales en Shupamem

Comme toutes les langues bantoues, le Shupamem est une langue à classe nominale. Cela revient à dire que la façon dont on forme le pluriel des mots dans cette langue n’est pas stéréotypée.

En fait, dans cette langue, un nom peut appartenir à une classe donnée en raison de traits caractéristiques de son référent, tels que le sexe, la distinction animé / non animé, etc.

De manière générale, il y a trois critères sur lesquels on se base pour ranger les noms en classes nominales. Nous pouvons classer les noms en fonction de leur similitude de sens, en fonction de leur similitude de forme ou en se basant sur les conventions arbitraires.

Dans cette section de notre travail, nous allons essayer d’expliquer le mécanisme de formation du pluriel des noms en Shupamem, question pour nous de recenser les classes nominales en Shupamem.

Nchare (2005) a recensé 11 classes nominales en Shupamem et par la suite il a actualisé son travail, ce qui lui a permis de recenser 15 classes nominales. Dans le tableau suivant, nous allons récapituler toutes classes nominales recensées par Nchare (2012) .

Tableau 6 : Les classes nominales en Shupamem Nchare (2012 :99)

Classes nominalesSingulierTraductionPlurielTraduction
1/2 : m-/p1: məbwiɛ

1: məfʉ

La fille Le chien2 : pəbw

2 : pəfʉ

Les filles

Les chiens

1a/2a : N-/ Ø-1a : n-sàsɯ́Ton frère ainé2a : Ø- sàsɯ́Tes frères ainés
1b/2b : Ø -/ pa-1b : Ø-wǎLe père2b: pa wǎLes pères
3/4 : mɯ̀/pɯ̂3 :mɯ̀-mvíLa chèvre4: pɯ̂- mvìLes chèvres
5/6 : Ø -/N5 : Ø -/pùmL’ œuf6: m-bùmLes œufs
7/8 : Cv̀/red B>BH-B7 : ndàpLa maison8 : ndǎp ndàpLes maisons
9/10 BB/BHH9 : ʃìrə̀Le piège10 : ʃǐrə́Les pièges
11/12 :

B-HB/BH-HBH

11 : màtwâLa voiture12 : mǎtwâáLes voitures
13/14 : jìm/pìm13 : jìm- adjectif14 :pìm- adjectif
15 : N-

Dans ce tableau nous avons toutes les classes nominales qui existent en Shupamem. Comme nous pouvons le constater, le Shupamem a 15 classes nominales. Les marqueurs de classes nominales apparaissent sur la première colonne, Il s’agit ici du marqueur du singulier et pluriel des mots.

La deuxième colonne contient les mots au singulier, la troisième colonne recense la traduction en français. La quatrième colonne est consacrée au pluriel des mots et enfin, la dernière colonne est dédiée à la traduction.

La classe nominale 1/2 est celle dont le singulier et le pluriel sont marqués respectivement par « p» et « b». Cette classe regroupe généralement les parties du corps humain ainsi que les noms des animaux. Les exemples suivants illustrent la classe 1/2.

(13) a. mɔ́n: enfant (singulier)
b. pɔ́n : les enfants (pluriel)
(14) a. mɔ́n mɔ́n : arrière-fils (singulier)
b. pɔ́n pɔ́n : les arrière-fils (pluriel)

En (14a et 15a) , nous avons à faire au singulier, c’est d’ailleurs pour cette raison que ces mots commencent tous par « p» ceci nous permet de remarquer que le singulier de la classe 1 est indiqué par « p». En (13b et 14b) , nous avons le pluriel des mots ; ici, on constate que le pluriel commence par /b/.

La classe 1/2 a deux sous-classes la classe 1a/2a et la classe 1b/2b. Le singulier de la classe 1a/2a est la nasale alors que le pluriel est le morphème zéro. C’est ce qu’indiquent les exemples suivants :

(15) a. n-sàsɯ́ : grand-frère (singulier)
b. Ø- sǎsɯ̀ : grand-frères (pluriel)

Le singulier de la classe nominale 1b/2b est le morphème vide alors que son pluriel se forme par l’adjonction du morphème « pa » au nom singulier.

(16) a. Ø-ɲú : abeille (singulier)
b. pà -ɲú : les abeilles (pluriel)
(17) a. Ø-wǎ : le père (singulier)
b. pa-wǎ : les pères (pluriel)
(18) a. Ø-nǎ : la mère (singulier)
b. pá -nǎ : les mères (pluriel)

Les exemples (16b, 17b et 18b) illustrent bien ce que nous venons de dire.

La classe 3/4 forme son singulier avec le préfixe « mɯ̀ » et son pluriel avec le préfixe « pɯ̂ ». Cette classe regroupe les noms des animaux et des outils. Les exemples suivants illustrent cette classe nominale.

(19) a. mɯ̀ -vì : chèvre (singulier)
b. pɯ̂ -vì : les chèvres (pluriel)
(20) a. mɯ̀ -sì : oiseau (singulier)
b. pɯ̂- sì : les oiseaux (pluriel)
(21) a. mɯ̀- tɔ̀ʔ : la boite (singulier)
b. pɯ̂ -tɔ̀ʔ : les boites (pluriel)
(22) a. mɯ̀ -ŋì : couteau (singulier)
b. pɯ̂ – ŋí : les couteaux (pluriel) Nchare (2012 :103) , ex. (63a, b et c) )

Les exemples ci-dessus nous permettent de voir que la classe 3/4 forme son pluriel par préfixation, en transformant le préfixe « mɯ̀ » en « pɯ̂ ».

Le singulier de la classe 5/6 est le morphème zéro alors que le pluriel est la nasale homorganique « N ».

(23) a. Ø -púm : œuf (singulier)
b. mbùm : les œufs (pluriel)
(24) a. Ø – kùt : pied (singulier)
b. ŋ – kùt : les pieds (pluriel)
(25) a. Ø -pwò : main (singulier)
b. m-pwò : les mains (pluriel)
(26) a. Ø – kjɛ̀t : la flèche (singulier)
b. ŋ- kjɛ̀t : les flèches (pluriel)

Nous notons que cette classe ne forme pas son pluriel de la même façon.

Les classes nominales et les verbes en Shupamem

La classe 7/8 est celle qui forme son pluriel par réduplication. En fait, le mot est totalement répété ici. Soient les exemples suivants :

(27) a. fɔ́n : roi (singulier)
b. fɔ́n fɔ́n : les rois (pluriel)
(28) a. sʉ́m : champ (singulier)
b. sʉ́m sʉ́m : les champs (pluriel)
(29) a. ndàp : maison (singulier)
b. ndáp ndáp : les maisons (pluriel)

Les exemples ci-dessus nous permettent de confirmer que la classe 7/8 forme son pluriel par réduplication.

La classe 9 forme son singulier par le ton bas-bas alors que la classe 10 quant à elle forme son pluriel par le ton bas-haut-haut. Observons les exemples suivants :

(30) a. ʃìrə̀: piège (singulier)
b. ʃǐrə́ : les pièges (pluriel)
(31) a. fèʃə̀ : aiguille (singulier)
b. fěʃə́ : les aiguilles (pluriel)
(32) a. màpàm : gandoura (singulier)
b. mǎpám : les gandouras (pluriel) Nchare (2012 :107) , ex. (65a, b et c) )

Il ressort des exemples ci-dessus que le ton nous permet de faire la différence entre la classe 9 et la classe 10.

Les classes 11 et 12 se différent au niveau du ton. Par ailleurs, ces classes sont constituées des mots dissyllabiques et particulièrement des emprunts. La classe 11 forme son singulier par le ton bas-haut-bas alors que la classe 12 quant à elle forme son pluriel par le ton bas-haut-haut-bas-haut. C’est ce qu’illustrent les exemples suivants :

(33) a. màtwâ: voiture (singulier)
b. mǎtwâá : les voitures (pluriel)
(34) a. gàtô: gâteau (singulier)
b. gǎtôó : gâteaux (pluriel)
(35) a. kàkǎ : cacao (singulier)
b. kǎkâá : cacao (pluriel)
(36) a. télê : télévision (singulier)
b. tělêé : télévisions (pluriel) Nchare (2012 :107 & 109) , ex. (66a, b et c) )

Les exemples ci-dessus nous permettent de constater que la différence entre la classe 11 et la classe 12 est au niveau du ton.

La classe 13 utilise le préfixe « jìm » pour marquer le singulier alors que la classe 14 utilise le préfixe « pìm » pour marquer le pluriel. Soient les exemples suivants :

(37) a. jìm-bòkɛ́t : le bon (singulier)
b. pìm-bòkɛ́t : les bons (pluriel)
(38) a. jìm-bỳkɛ́t : le mauvais (singulier)
b. pìm-bỳkɛ́t : les mauvais (pluriel)
(39) a. jìm-zɛtkɛ́t : le lourd (singulier)
b. pìm- zɛtkɛ́t : les lourds (pluriel) Nchare (2012 :110) , ex. (67a, b et d) )

Les exemples ci-dessus nous permettent de constater que le singulier de la classe 13 est marqué par le préfixe « jìm » alors que la classe 14 utilise le préfixe « pìm» pour marquer le pluriel.

La classe 15 est indiquée par la nasale homorganique qui s’attache généralement au verbe pour former les adjectifs. Considérons les exemples suivants :

(40) a. sǎ (grandir) : verbe
b. n-sá (grand) : adjectif (classe 15)
(41) a. lǎm (bavarder) : verbe
b. n-dàm (bavard) : adjectif (classe 15)

Les exemples ci-dessus nous permettent de noter que la classe 15 est marquée par la nasale homorganique comme indiqué en (40b) et (41b) .

1.9 Les verbes en Shupamem

Le verbe est un mot qui sert à exprimer l’action ou l’état du sujet, et qui prend différentes formes selon le mode3, le temps, la personne et le nombre.

1.9.1L’infinitif du verbe en Shupamem

En Shupamem, l’infinitif du verbe se forme par l’adjonction du morphème grammatical jín au radical du verbe comme nous indiquent les exemples suivants :

(42)

  • a. jín-twó : venir
  • b.jín-fáʔ : travailler
  • c.jín-táʔ : chercher
  • d.jín-ŋgwón : partir
  • e.jín-bíʃə̀ : demander

Comme nous pouvons le constater, contrairement au ŋ̀gjɛmbɔɔŋ4, le Shupamem forme son infinitif par préfixation. En fait, le marqueur de l’infinitif en Shupamem se place en début du verbe.

3 Selon Lay (2009) , le mode est une catégorie de la conjugaison qui définit la manière qu’on perçoit l’état ou l’action exprimé par le verbe.
4 Selon Ndiola (2008 :32) , le ŋ̀gjɛmbɔɔŋ forme son infinitif de cinq manières différentes :
1-par adjonction du préfixe « le » ou « lé » et par adjonction du marqueur de l’infinitif au radical verbal.
Comme dans l’exemple suivant : lé- szē « savoir » ;
2-par adjonction du morphème (Ø -) nul au radical verbal : kíjɛ́ : « sauter» ;
3-par adjonction de la nasale syllabique au radical verbal qui comporte plusieurs réalisations comme nous montre le schéma suivant :

1.9.2La dérivation verbale

La dérivation verbale encore appelée extension verbale permet aux verbes dans bon nombre de langues africaines d’exprimer le temps, l’aspect et le mode.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
La structure de la phrase interrogative en Shupamem
Université 🏫: Université de Yaoundé I - Faculté des arts, lettres et sciences humaines
Auteur·trice·s 🎓:
Ernest NJIFON NGOUPAYOU

Ernest NJIFON NGOUPAYOU
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté en vue de l’obtention du diplôme de Master en Linguistique Générale - Juillet 2017
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