La naissance d’une presse pluraliste et le journaliste en Afrique

La naissance d’une presse pluraliste et le journaliste en Afrique

Section 2. La multiplicité des organes de presse

Les années 1990 inaugurent en Afrique l’ouverture de la démocratie, qui se concrétisera par une multiplication des organes de presse, signe incontournable de la démocratie. Ainsi, le journalisme occupe une place importante dans la dynamique de l’information, de la liberté d’expression et de l’égalité ; cependant le statut du journaliste pose encore de problème en Afrique.

Mais aussi les problèmes de relation entre le medias et le pouvoir. Ce pourquoi la présente section se penchera sur les questions relatives au media en Afrique. À savoir : le contexte de la naissance d’une presse pluraliste ; le journalisme en Afrique démocratique et pour boucler la section nous verrons les rapports entre les medias et la politique

§ 1. Contexte de la naissance d’une presse pluraliste

L’histoire de la démocratie américaine rapporte que Thomas Jefferson déclarait : « s’il m’appartenait de décider si nous devrions avoir un gouvernement sans journaux

ou des journaux sans gouvernement, je n’hésiterais pas un seul instant à choisir la deuxième option », le principal rédacteur de la déclaration de l’indépendance américaine avait laissé entendre ceci : une opinion confortée par le premier amendement à la constitution américaine, qui stipule : « le congrès ne fera aucune loi qui … restreignes la liberté … de la presse299.

Le législateur américain posé de cette manière le principe d’une presse libre, rempart de la démocratie, chien de garde des institutions. La volonté d’inventer une institution de veille aux côtés du législatif, de l’exécutif et du judiciaire est manifeste300.

Les relations que la presse entretient avec la démocratie, la place des medias dans une démocratie est comprise comme type spécifique de gestion des hommes et des choses de la cité. Soit reconnu par tous les acteurs.

La démocratie comme mode de gestion de la cité appel la participation consciente et responsable des citoyens à la vie publique et aux actions de développement. Cette participation requiert une condition sine qua non, de l’information juste, régulière et complète.

En Afrique, la fin de la guerre froide et le dégel des tensions entre la superpuissance du monde, la disparition de mur de Berlin entre l’Est et l’Ouest, ont provoquée des changements sociopolitiques dans le pays du sud, qu’on qualifie « de renouveau démocratique » depuis 1990.

Cette expression de renouveau démocratique » ; a non seulement une charge symbolique forte, mais aussi des implications pour et dans tous les pays dits « de démocratie nouvelle ou rétablie ».

Au Benin, pays de la première conférence nationales des forces vives de la nation, la constitution du 11 décembre 1990, a consacré la liberté de pensée, d’opinion, de réunion et de la presse et liberté d’espace médiatique qu’a favorisé la prolifération des canaux de communication, des support de l’information, une multiplication des contenants, qui n’a pas toujours été suivie d’une production de contenue de qualité susceptible d’animer et d’enrichir le débat social, combien important pour une société en mutation301.

Le Benin compte de nos jours, une centaine de journaux, dont soixante de quotidiens, le reste étant de périodiques, quatre stations télévision opérationnelles dans le sud, une dans le centre du Benin ; environ 70 stations de radios, toutes catégories confondues, opèrent sur le territoire national. Tous ces organes de presses sont animés par un effectif, de plus de 3500 journalistes302.

299 GBAGUIDI, J. E. , Masse media et démocratie en Afrique occidentale », in Research Report, n° 10, 2008, p. 1

300 GBAGUIDI, J. E. , art. cit. , p. 2

301 GBAGUIDI, J. E. , art. cit. , p. 2

Au Gabon, pendant longtemps, la presse était régie par la loi du 5 Janvier 1960. Elle était contraignante et donnait un contrôle apriori du ministre de l’information sur le contenu du journal. Apres la conférence nationale de Mars 1990, la liberté de la presse a été clairement affichée. Conformément à l’article 94 et suivant de la constitution, un conseil national a été créé.

Il est chargé d’assurer entre autres le respect de l’expression de la démocratie et de la presse, le traitement équitable de toutes les parties et associations politiques reconnus en matière d’accès au medias. L’espace radio phonique et télévisuel a été libéralisé et ouvert au privé303.

La Cote d’Ivoire, en 1990, renouent avec le multipartisme. Les partis politiques se créent nombreux. La parole se libère, la liberté d’expression et d’opinion s’installe. C’est la naissance d’une presse dite pluraliste et plurielle, parfois proclamé libre et/ou indépendante. C’est aussi le printemps de la presse qui sème aux quatre vents mille feuilles.

Fait remarquable et remarqué : en seulement six années, 178 titres essaiment sur le marché Ivoirien des journaux là où l’on a compté, en 26 années 1964 – 1990, que quatre journaux : Fraternité du matin, Fraternité hebdomadaire, Journal du parti de Houphouët premier Président de la Cote d’Ivoire304.

Citant la RD Congo, Matthias LERIDONS attirent l’attention de ses lecteurs sur le boom médiatique observer dans ce pays en ce termes : « saviez-vous qu’en République Démocratique du Congo, on trouve aujourd’hui 74 chaines de télévisions ,160 stations de radio et 200 titres de presse déclarés.

Même rapporté au territoire de cet immense pays , tel chiffre est déjà impressionnant ,et encore il ne prend pas en compte les sites d’ information et les blogs de journaliste qui ne cesse de se multiplier sur la toile . ce développement médiatique foisonnant a démarré il y a une quinzaine d’années, accompagnant l’ouverture politique qu’a connue le pays, semblable à celles des beaucoup d’Etats africains des années 1990 305»

Quoique le contexte de la naissance d’une presse pluraliste nous conduit à un bilan positif au regard cette la panoplie des presses qui ont vu jours en Afrique à partir des années 90, ce pluralisme ne va pas cependant sans pose des problèmes relatives à la situation du journaliste et même au rapport entre les presses et les acteurs politique. Le point suivant traitera en long et en large de la situation du journaliste en Afrique démocratique.

302 Internet : http://www. un. ngls. org

303 Boldé, S. , « Le Gabon : situation institutionnelle », Internet : http://www. etatsciencespobordeaux. fr

304 GBAGUIDI, J. E. , Art. cit. , p. 20

305 Leridon, M. , l’Afrique va bien : 10 chapitres à l’usage de ceux qui disent que l’Afrique ne s’en sortira jamais, Paris, ed. NDP, 2010, p. 117

§ 2. Le Journaliste en Afrique démocratique

Le niveau d’évolution social et politique d’un pays, ainsi que la valeur démocratique d’un Etat se juge à travers le nombre et la diversité de ses journaux et medias d’informations.

De ce point de vue, parce que le support d’expression est vecteur d’échange d’opinions, les medias constituent des indicateurs fiables de la santé démocratique d’un pays, en ce qu’ils reflètent les divers courants des pensées et d’opinion de citoyens de ce pays306.

Ce pourquoi, le journaliste occupe une place importante dans la dynamique de l’information et de la communication pour garantir l’égalité, la justice et l’impartialité. Ce pendant le statut du journaliste en Afrique pose encore d’énorme problème qui ne permet pas la médiatisation effective de son métier.

La situation du journaliste Africain en raison des facteurs sociopolitiques particuliers, n’est pas toujours favorable à l’exercice de la profession. Il nous semble qu’une première distinction doit-être faite entre le journaliste d’Etat et de journaliste des organes privés. Ces motivations et ces contraintes de travail ne sont pas toujours les mêmes.

Le journaliste employé par les medias publics est généralement en Afrique un fonctionnaire. Soumis au pouvoir hiérarchique. Sa liberté doit-être alors constamment conquise en raison de la tendance du politique à orienter l’indication des hommes des medias307.

Soumis au pouvoir hiérarchique, le journaliste fonctionnaire se révèle être dans la pratique un privilégié sans privilèges que les armes redoutable de l’information qu’il détient ne soustrait pas pour autant des relations problématiques et équivoques avec le pouvoir politique.

On connait les fortunes de certains journaliste africains qui ont essayés d’incarner tout ce que la profession de plus noble en terme d’indépendance d’esprit et d’objectivité dans le traitement308.

En effet, lorsqu’au nom des principes qui guident l’exercice de son métier, le journaliste africain en arrive à analyser une Infomatin dans un sens contraire aux intérêts du système dominant, il est généralement catalogué comme opposant, avec tous les risques qu’il peut encourir dans le déroulement de sa carrière.

Dans les rédactions africaines, on constate donc des classifications des journalistes « en journalistes du pouvoir et en journaliste de l’opposition ». Une telle situation affaiblit le journaliste et le journalisme africain, et par conséquent, la presse africaine. Dans l’accomplissement de sa mission.

306 Moustapha, S. , « Medias, crises politiques et mutations démocratiques en Afrique », Internet : http : www. pambazuka. org/categiry/

307 Moustapha S. , «Medias, crises politiques et mutations démocratiques en Afrique », Internet : http : www. pambazuka. org/categiry

308 Internet : http://www. Democratie. francophonie. org/IMG

La situation n’est pas toujours différente dans les organes de presse privés. Ce patron de presse devient le nouveau potentat à la place du pouvoir politique qui admet difficilement un traitement de l’information qui ne serait pas en adéquation avec la sensibilisation politique ou la ligne éditoriale de l’organe. « La clause de conscience n’est pas reconnue au journaliste africaine » 309.

Au Burkina Faso, à quelques exceptions près, la plupart des organes privés fonctionnent comme des structures du secteur informel : absence d’un statut personnel ; absence d’un contrat de travail ; Absence d’un grille salariale ; non relation au régime de sécurité sociale, mobilité du personnel, etc. 310.

La République démocratique du Congo en est un exemple aussi vivant : les journalistes sont devenus des mendiants à cause de maigre salaire ; et ils jouent au jeu d’allé et retour entre les différentes chaines radiotélévision de la place.

Cette situation de précarité expose ces personnalités au « mercenariat de la plume », à la corruption, ce qu’on appel au Burkina Faso « Gombo ». L’absence de formation adéquate est également à l’origine de nombreuses dérives d’ordre éthique et déontologique dans le medias africains311.

Il convient alors de retenir que la multiplicité des organes des presses en Afrique avec l’ouverture démocratique n’a pas résolu un grand nombre des problèmes liés à la fois à la justice, à la sincérité à la liberté d’expression. Toutefois, cette multiplicité des organes de presse est quand même un siège important de la démocratisation des pays africains.

Car certains pays comme la Cote d’Ivoire, le Sénégal, un peu la RDC et bien d’autre, des débats contradictoires organisés par de journaliste aussi justes, fait montre de démocratie.

Un autre problème qui mérite aussi beaucoup plus d’attention est les rapports entre les media et la politique en Afrique qui en effet étouffe les processus démocratique dans bon nombre de pays africain.

309/110/111 Internet : http://www. democratie. francophonie. org/IMG

§ 3. Les rapports entre les medias et la politique en Afrique

Les rapports entre les medias et la politique en Afrique sont au cœur même de la vie politique du continent, ne serait-ce que parce que les deux réalités en question sont la résultante d’une conception exogène de la mise en rapport des hommes et des femmes les uns avec les autres par les moyens modernes de la communication et d’autre part, pour beaucoup d’africanistes, la démocratie telle qu’elle se vit aujourd’hui dans le monde est une curiosité pour l’Afrique noire 312.

De nombreuses questions se posent quant à la place des medias dans le processus d’ouverture de vaste continent au jeu de la démocratie.

Nés avec la colonisation, les medias dits modernes sont, depuis le partage de l’Afrique entre nations occidentales en 1884 au congrès de Berlin, au chevet de tout ce qui se déroule en Afrique : colonisation, lutte pour les indépendances, pseudo-autonomie, les installations des dictatures post- indépendances et, aujourd’hui, volonté du peuple d’expérimenter la démocratie.

Il serait intéressant de se demander où se situent aujourd’hui les medias africains. Ont-ils une nouvelle ligne éditoriale qui réponde au principe d’ouverture réclamé par la population ? Sont-ils à tout jamais dans un nouvel embrigadement indigène attisant la haine, comme ce fut le cas avec la radio des mille collines au Rwanda dès 1993 avec les conséquences que l’on connait ?

La naissance d’une presse pluraliste et le journaliste en Afrique

Il existe dans les différents pays d’Afrique noire deux types de medias : ceux du pouvoir en place et ceux du service public ; c’est le cas le cas du soleil à Dakar, de Cameroun tribune au Cameroun, pour ne parler que de la presse écrite. Ce constat est le même quand on parle de la radio and télévision radiotélévision Gabonaise, Cameroun radio and télévision.

Entre ces deux catégories, il n’existe pas souvent d’arbitrage possible. C’est notamment le cas dans des pays comme le Benin, la République centre Africaine, la Guinée Equatoriale et bien d’autres encore313.

312 FOUDA, V. S. , « Le medias face à l’ouverture démocratique en Afrique noire : doute et certitude », in les cahiers du journalisme, n° 19, hiver 2009, p. 2

313 FOUDA V. S. , op. cit. , p. 4

Dans ces pays, les medias toutes tendances confondues s’avèrent bien souvent incapables de s’offrir comme canaux de participation à la vie politique, économique et sociale pour les populations. Celles-ci se retrouvent donc ainsi sans réelle alternative. Pour ce qui est des medias d’Etat officiellement de service public, ceux-ci sont des véritables relais des institutions gouvernementales et du parti au pouvoir314.

Dans une étude réalisée en 1999 et publié en 2004, il ressort que dans le journal télévisé de la radiotélévision Ivoirienne, 77 % des nouvelles sont consacrés aux activités du parti au pouvoir et aux activités gouvernementales. Le quotidien gouvernemental Cameron tribune activités du RDPC, parti du Président de la République ou des partis dits de la majorité Présidentielle.

Dans tous les pays ci-dessus cités, les activités des partis politiques dits de l’opposition ne bénéficient quasiment pas de couverture médiatique de la part des medias publics, si ce n’est que pour montrer les dissensions internes de dits partis.

Ce bien aussi le cas de la République démocratique du Congo, où la presse est domestiqué par le pouvoir en place, on a même l’impression d’assister à un retour de dictature dans ce pays315.

314 FOUDA V. S. , op. cit, p. 6

315 IBIDEM.

Il nous semble, pour résumer la situation des medias en Afrique et leur rôle dans le jeu démocratique sur le continent, qu’il faut employer une métaphore. A la fin des années 1990, des autocrates se sont dirigés « sur la pointe de pieds vers l’étang de la démocratie ». Ce qui a permis de distribuer quelques autorisations de publication tout en muselant les radios.

Seize ans plus tard, une poignée entre eux sont arrivés au centre de l’étang, et le monde entier considère que leur pays sont désormais gouvernés d’une façon transparente avec des medias libres, des responsables familiers de la démocratie. Or, la réalité est tout autre, les medias restent la chasse gardée des institutions politiques et du pouvoir en place. Ils sont manipulés par les hommes au pouvoir qui agissent d’ailleurs à visage couvert.

Hormis les pluralismes médiatique que nous venons d’analyser, il se produit également une renaissance coopérative lors de l’ouverture démocratique en affriquée et qui entre ainsi dans la ligne de compte des signe de l’ouverture démocratique en Afrique.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les États postcoloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique
Université 🏫: Université de Lubumbashi - Faculté des Sciences Sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Douceur Kadony

Douceur Kadony
Année de soutenance 📅: Politiques et Administratives. R. I. , juillet2013
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