Caractères généraux des Etats postcoloniaux

Caractères généraux des Etats postcoloniaux

§3. Caractères Généraux des Etats Postcoloniaux

1. 3. 1. La politique extravertie et anachronique

Il apparait clairement que les Etats africains Postcoloniaux font montre d’une politique tournée vers l’extérieur, lorsque on constate que « les leaders politiques ont tous unanimement le désir ardent de réaliser le bien être global de leurs peuples. Ils font de la multi-transculturation le leitmotiv capable de fonder, à partir des éléments des civilisations étrangères, une nouvelle civilisation de progrès ».

Dans cette logique, N’GBANDA affirme que « les institutions politiques africaines défigurées par la théorie, sont plus qu’une façade derrière laquelle germe et se développe un régime qui soumet les citoyens et déconcentre les constitutions nationales 82».

Le professeur Kadony Nguway estime que « les institutions politique ayant pour mission de sous-tendre les actions socio-économiques destinée à améliorer le bien être de la population ont été calquée sur les modèles européensle modèle libéral et le modèle collectif. Mais l’exercice du pouvoir politique est resté anachronique en dépit de l’évolution actuelle de la planète vers la mondialisation 83 ».

En outre, cette politique africaine caractérisée par l’extraversion peut trouver une justification dans le contexte ancien du monde bipolaire.

Le monde bipolaire présentait de nombreux dangers pour l’Afrique ; car la répartition de puissance entre pôles, dans le système des Etats ; était extrêmement vulnérable » comme l’affirmait SAPANIER lorsque les leaders du monde cherchaient à asseoir leur hégémonie.

C’est ainsi qu’il se sont lancés à expérimenter leur puissance sur le continent africain en lui imposant une conduite à suivre dans tous les domaines de la vie. Malgré le passage du contexte bipolaire vers la multipolarité, les Etats africains restent toujours dépendants de l’extérieure puissance étrangère dans la conduite de la politique nationale et internationale.

1. 3. 2. La structure économique extravertie. 84

L’extraversion des économies africaines est la conséquence de la division internationale traditionnelle du travail. Celle-ci est la résultante de la théorie Ricardienne de l’échange international.

Dans son modèle théorique, David Ricardo recommandait aux Etats de se spécialiser dans la production des biens pour lesquels le cout de production était moins élevé en termes de temps et de renoncer à la production qui nécessitait des facteurs rares et par conséquent accroissaient le coût.

Cette théorie a servi de base lors de l’implantation des structures économiques par les puissances colonisatrices. Les colonies ayant les matières premières en abondance avaient la mission de les produire en grande quantité. Les métropoles disposant de capitaux considérables devaient s’occuper de la transformation de ces produits primaires en produits manufacturés à écouler dans les colonies.

Depuis lors, la tâche des pays africains dans une perspective projectionelle est déterminée : produire en abondance ce qu’ils ne consomment pas et consommer en grande quantité ce qu’ils ne produisent pas.

82 N’GBANDA, H. , Afrique: démocratie piégée, Paris, CEE, 1994, p. 58
83 KADONY, N. K. , « L’Afrique malade de ses impuissances en Relations internationales. Quel avenir au 3e millénaire ? » In CAHIER CONGOLAIS D’ETUDES POLITIQUE ET SOCIALE, N° 23, JUIN 2000, p. 203
84 KADONY, N. K. , Une introduction aux relations internationales africaines, Paris, L’Harmattan, 2007, pp. 53- 54

Cette division du travail à l’échelle mondiale a donné naissance au système d’échange inégal entre pays africains et le pays dits développés sur le marché mondial. Les africains vendent, en majeure partie, à l’étranger des produits dont ils ne maitrisent pas les mécanismes de fixation de prix. Ce sont les acheteurs qui déterminent le prix.

1. 3. 3. La faiblesse institutionnel

Depuis l’époque coloniale, les institutions politiques africaines sont caractérisées d’une faiblesse ou/et d’une incompétence qui se manifeste beaucoup plus par le mimétisme.

En effet, dans l’élaboration de leurs lois constitutionnelles, le mimétisme a amené et continue à amener les dirigeants politiques africains à imiter les constitutions d’autres pays africains ou européens, Américains ou Asiatiques auquel ils sont idéologiquement liés. C’est notamment le cas des premiers constitutions que les pays africains ont adoptées au moment de leur entrée dans la communauté internationale.

Caractères généraux des Etats postcoloniaux

Celle-ci n’a pas réussi à apporter solutions aux problèmes de leurs citoyens. 85 Par conséquent, nous avons assisté et nous assistons encore à des constitutions à l’image des gouvernements des puissances étrangères, débouchant ainsi à une inadaptation à la réalité localeou Nationale des pays africains.

Par ailleurs, d’autres termes comme la corruption justifie la faiblesse des institutions des pays africains « le point de départ repose sur l’idée que la corruption n’est que le sous produit d’une série de calcul infinis effectués par une multitude d’acteurs très finement rationnel.

En effet, une approche en survol fait paraitre que les effets contrariant sur la belle ambition développementaliste. Elle entrave l’efficacité administrative. 86

Aussi, lorsqu’on veut analyser les mécanismes de la corruption « qui ruine les institutions » en Afrique, il est important de tenir compte de la façon dont diverses formes des relations sociales sont assimilables à la corruption lorsque, en s’appliquant au rapport avec le monde politique, administratif ou judiciaire, elles engendrent le favoritisme et contaminent ainsi la gestion publique : c’est ce qu’on appelle la « corruption-échange social87 ».

85 GRIMAL. H. et COLIN, A. , La décolonisation 1919-1963, Paris, Nouveaux Horizons, 1965, p. 309
86 MANDILU, D. , La dette africaine. Paris, L’Harmattan, 2008. P. 33
87 COPAMS, J. , cité par AZANI, A. , Le néo-colonialisme en Afrique : Problèmes et perceptives, Mémoire, UNILU, FSSPA, R. I, 2010, p. 42

1. 3. 4. La personnification du pouvoir

Parmi les caractères généraux des pays postcoloniaux africains, il convient d’ajouter le fait que la gestion des affaires publiques est concentrée entre la main d’une seule personne sans aucune concurrence.

En effet, le pouvoir politique est un domaine assez vaste qui exige à ce qu’il soit organisé de manière à être détenu par trois organes principaux à savoir ; l’organe législatif, l’organe exécutif et l’organe judiciaire.

Mais pour ce qui est des systèmes politiques et régimes politiques africains, il est à noter que ceux-ci sont marqués par la gestion personnalisée. C’est ce qu’on appelle le présidentialisme négro-africain. 88

On prétend que le pouvoir en Afrique est « sacré » et la conception que l’on donne à un chef en Afrique ne peut en aucun jour s’effacer malgré la nouvelle entité politiqueEtat qui est au-dessus de l’ancien empire ou royaumes. Il se fait malheureusement que cette idée de pouvoir sacré été exploitée par des dirigeant des Etats africains, post coloniaux.

Le pouvoir était incarné dans la personne du chef et non pas le pouvoir institution, établi et permanent. 89Et même la venue de la démocratie n’a pas mit fin à ce phénomène

La plupart des pays africains affirment encourager et protéger la démocratie. Mais très peu ont un comportement réellement démocratique…90 Bien qu’étant, de jure des systèmes multipartistes constatent Michael T. MARX et Christian Peters Barries que la plupart de ces états sont encore gouvernés de facto, comme des systèmes de parti unique, avec un parti au pouvoir qui exerce un contrôle absolu sur l’administration et les organes exécutifs voire judiciaire.

Dans ces régimes l’opposition n’a qu’une seule faible marge de manœuvre, et la presse est proche du gouvernement. Les présidents de la République considèrent l’Etat et l’économie comme un pré carré fait pour assurer leur maintien au pouvoir et leur enrichissement personnel. 91

88 N’GBANDA, H. , op. cit. , p. 209
89MANDE, S. , op. cit. , p. 4
90 KADONY, N. K, « L’Afrique malade de ses impuissance en relation internationales. Quel avenir au IIIe millénaire ? » In Cahiers Congolais d’Etudes Politiques et Social, n° 23 juin 2000, p. 203
91 Marx, M. T. , cité par kadony, N. K. , art. cit. , P. 203

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Les États postcoloniaux et la problématique de la démocratie en Afrique
Université 🏫: Université de Lubumbashi - Faculté des Sciences Sociales
Auteur·trice·s 🎓:
Douceur Kadony

Douceur Kadony
Année de soutenance 📅: Politiques et Administratives. R. I. , juillet2013
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