Méthodologie : victimes de fausses offres d’emploi sur internet

Méthodologie : victimes de fausses offres d’emploi sur internet

Deuxième chapitre : Collecte et analyse des données

Ce chapitre consacré au cadre méthodologique constitue selon les termes de Tremblay (1968 : 148) un ensemble des opérations de recherche, distinctes et successives, mais interdépendantes, effectuées par un ou des chercheurs appartenant à une ou plusieurs disciplines, afin de recueillir d’une manière systématique des informations valides et fiables sur un phénomène observable dans le but de le comprendre et de l’expliquer.

Pires, A (1997 :115) note en effet que: « la fonction de la méthodologie n’est pas de dicter des règles absolues de savoir-faire, mais surtout d’aider l’analyste à réfléchir pour adapter le plus possible ses méthodes, les modalités d’échantillonnage et la nature des données à l’objet de sa recherche en voie de construction ».

Ainsi, quatre grands moments représentent ce cadre méthodologique :

  1. Le choix méthodologique ;
  2.  La délimitation du champ d’analyse ;
  3.  La constitution de l’échantillon ;
  4. Les techniques de récolte des données ;
  5. L’analyse des données ;
  6. Les facilités, aléas et les stratégies de contournement ;
  7. Les exigences éthiques de la recherche.

Section 1 : Choix méthodologique

Dans ce travail, nous avons fait recours à la démarche inductive et l’approche qualitative.

1.1. Démarche inductive

Se posant la question de savoir s’il existe une méthode spécifique des sciences sociales, Loubet des Bayle J.-L. (2000 : 267-269 ) précise que la réponse à cette question est étroitement liée à la nature des faits sociaux et à la possibilité de les étudier scientifiquement.

Autrement dit, le recours à une méthode dépend de la nature du phénomène social que le chercheur veut mettre en exergue.

C’est ainsi qu’il distingue deux types de démarches intellectuelles : les démarches intellectuelles de type inductif et les démarches intellectuelles de type déductif.

Selon l’auteur, la démarche inductive est considérée comme la méthode la plus scientifique, la plus réaliste, puisque c’est le raisonnement qui part des faits pour arriver à l’idée qui constitue l’hypothèse.

Ici donc, c’est la confrontation avec les phénomènes, avec la réalité, qui déclenche plus ou moins le processus d’élaboration des hypothèses.

Ce qui est le contraire avec la démarche déductive où les faits restent certes toujours au centre du raisonnement, mais, pour découvrir les idées susceptibles de les expliquer, le chercheur va se référer à des idées préexistantes.

Dans le cadre de notre recherche, nous avons recouru à la démarche inductive qui consiste à partir du travail de terrain (l’empirisme) pour remonter jusqu’à la formulation des stéréotypes d’ancrages qui puissent rendre intelligible les représentations des victimes sur les offres d’emplois en ligne. Becker (2002 : 303) note que « la démarche inductive semble être une démarche adaptée pour le traitement des questions de recherche qui ont trait aux processus des faits », en l’occurrence les expériences de victimation relative aux offres d’emploi en ligne que nous proposons d’analyser et de comprendre dans la présente étude.

La pertinence de la démarche inductive dans notre étude survient dans la mesure où elle nous a permis de ne plus nous enfermer dans une chambre pour inventer les données ou formuler en amont des hypothèses à vérifier ou à confirmer sur le terrain, mais plutôt d’aller sur terrain pour entrer en contact avec le phénomène criminel afin de saisir le sens que les acteurs du terrain (les victimes) ont sur les offres d’emploi sur internet.

Vu sous cet angle de recours au terrain, passons à l’approche mobilisée pour recueillir les informations relatives à notre thème.

1.2. L’approche qualitative

Selon Ngoie Mwenze (2009 : 66), « l’émergence ou la réémergence de nouveaux problèmes sociaux nécessite une démarche compréhensive pour les configurer à travers leurs diverses manifestations ou leurs faces cachées ou invisibles.

Ainsi, dans un contexte de l’expansion des nouvelles formes de criminalité due aux technologies de l’information et de la communication (TIC), de l’insécurisation dans le cyberespace (internet)… L’approche qualitative est pertinente pour comprendre l’ampleur ou la complexité de ces phénomènes sociaux à partir du vécu des acteurs (Couratier et Miquel, 2007, 34-36 ; Desanti et Cardon, 2007, 46-47).

C’est dans le même contexte que Livian (2015 : 41) pense que « l’approche qualitative a pour but d’observer ou de faire parler de plus près les individus, les discours, les témoignages, une expérience ou un phénomène social qu’il s’agit de reformuler et d’expliquer ».

De manière pragmatique, l’approche qualitative s’inscrit dans une démarche inductive, « c’est-à-dire qu’elle cherche à explorer le réel, sans hypothèses de départ fortes, avec seulement un thème d’enquête, mais sans présupposés sur les résultats ».

Sous cet angle, le « réel est considéré comme opaque, les faits ne parlent pas d’eux-mêmes a priori. Il va falloir les explorer, les analyser, s’imprégner d’eux, puis prendre de la distance pour ‘voir’ quelque chose » (Alami et al., 2009 : 25).

Ceci revient à Kantenga Mwamba (2020 : 43) qui renchérit que « la recherche qualitative s’intéresse au ‘’comment’’ au lieu du ’’ pourquoi’’, il s’agit d’une approche compréhensive et non explicative.

Donc elle veut découvrir les processus sociaux, les interactions sociales, les pratiques sociales, les points de vue et les expériences des acteurs sociaux impliqués dans le phénomène ».

C’est dans cette optique que la présente recherche tire son fondement dans l’approche qualitative dans le contexte où elle exploite des données en lettres et non quantifiées ou chiffrées pour décrire notre objet de recherche.

Dans cette recherche, l’approche qualitative a pour vocation d’analyser les comportements des acteurs (les victimes) et les représentations qu’ils en font sur les diverses offres d’emploi en ligne.

Par ailleurs, il n’existe pas de recherche sans terrain, c’est ainsi que les lignes suivantes présentent le terrain de recherche ainsi que les stratégies d’accès.

Section 2 : Délimitation du champ d’analyse

En effet, la délimitation du champ d’analyse a une fonction tout à fait centrale dans le processus de l’élaboration d’un objet de recherche.

Cette fonction est décisive parce qu’elle permet au chercheur d’effectuer son premier travail qui consiste à circonscrire l’espace social sur lequel son regard se porte (Albarello, 2004 : 28).

Ceci revient à Ngoie Mwenze (2009 :65) qui soutient que « le contact avec le terrain s’impose pour recueillir du matériel en vue de cerner les contours d’une question de recherche.

Le choix d’un terrain pertinent est une question qui se pose dans l’empire ».

Dans cette section, il est question de présenter notre terrain de recherche, ce dernier constitue le lieu central de la production des données, car tout travail qui se veut scientifique doit définir l’unité géographique dans lequel se bornent ses activités et de la période d’étude (Tremblay, 1968 : 186).

A cet égard, pour bien préciser le cadre d’étude de notre travail, nous nous sommes fixés des limites tant spatiales que temporelles.

2.1. Délimitation spatiale

Un terrain de recherche peut nous conduire à plusieurs sites de recherche. Ces derniers constituent les endroits bénéfiques pour recueillir les données. Pour ce faire, la ville de Lubumbashi constitue notre terrain de recherche.

Etant donné qu’elle est vaste, nous avons fait preuve de la triangulation des divers sites de recherche afin de ne pas être prisonnier d’une seule source (Olivier de Sardan, 2008 : 80). Ainsi, notre recherche a été effectuée dans les différents quartiers de chaque commune de la ville de Lubumbashi :

  1. Commune de Lubumbashi : dans cette commune, nous avons rencontré les acteurs ressortissants des divers quartiers tels que : Lido Golf, Gambela 1, Kalubwe, Craa Usine et Makomeno.
  2. Commune de Kampemba : nous avons discouru avec deux personnes : une au quartier Bel air et l’autre du quartier Texaco.
  3. Commune annexe : les entretiens ont été menés au quartier Kasapa et Quartier Regideso.
  4. Commune de Katuba : nous avons récolté les données auprès de deux acteurs.
  5. Commune de Ruashi : nous avons interagi avec deux personnes-ressources enquêtés.
  6. Commune de Kenya : nous avons conversé avec une personne-ressource.
  7. Commune de Kamalondo : nous avons discouru avec une personne-ressource.

Etant donné donné que nous n’étions pas à mesure de mener la recherche sur toute la ville de Lubumbashi, nous avons ciblées dans chaque commune des sites de recherches afin de recueillir les informations relatives à notre objet de recherche.

C’est la raison pour laquelle nous avons choisi les lieux de production des données susmentionnés en vue de récolter les données auprès des victimes des offres d’emploi en ligne.

2.2. Délimitation temporelle

Du point de vue temporel, il s’agit de limiter le sujet dans le temps. Donc, notre étude s’étend sur une période allant du 01 juillet au 01 aout 2021, la période à laquelle nous avons eu à récolter les données sur le terrain.

Le champ d’analyse étant connu, montrons la manière dont nous avons construit notre échantillon.

Section 3 : Constitution de l’échantillon

Selon Pires (1997 :18), « l’échantillon est le fait de considérer une petite quantité de quelque chose pour éclairer certains aspects généraux du problème : c’est étudier ceci pour appuyer un au-delà ; c’est l’idée d’extrapoler, de déplacer, de transcender, de mettre en rapport, ou encore de donner une idée ou un éclairage sur quelque chose d’autre à l’aide d’un ou de plusieurs éléments pouvant s’y rapporter ».

Autrement dit, lorsque le chercheur n’est pas à mesure d’atteindre toute la population, il doit sélectionner une partie de cette population pour participer dans une recherche.

Dans le cadre de ce travail, notre échantillon est du type qualitatif. Ce type d’échantillon ne se construit par au hasard mais en fonction des caractéristiques précises que le chercheur veut étudier.

Il ne vise pas la représentation statistique de la population, mais plutôt la sélection des personnes ou des milieux les plus susceptibles d’aider le chercheur à répondre aux objectifs poursuivis par la recherche (Kantenga Mwamba, 2020 : 44).

Selon Pires (1997 : 36- 64), les échantillons qualitatifs sont divisés en deux groupes : l’échantillonnage par cas unique et par cas multiples. Dans le premier cas, la recherche se fonde sur un corpus empirique qui est représenté au singulier et qui implique l’idée de faire une étude en profondeur de ce seul cas.

Ce cas peut être une personne, un milieu (une institution), une famille ou une institution. Dans le second cas, la recherche se fonde sur plusieurs cas diversifiés.

C’est dans ce dernier type d’échantillonnage que notre recherche se fonde car nous ne nous focalisons pas sur un seul sujet ou un seul site de recherche, mais plutôt sur plusieurs afin de récolter les informations pertinentes en rapport avec notre étude.

Pour ce faire, notre échantillon était constitué de 18 enquêtés repartis de la manière suivante : étudiants, travailleurs et chômeurs. Au-delà des enquêtés. Et 13 quartiers ont été sélectionnés : Lido Golf, Gambela 1, Kalubwe, Craa Usine, Makomeno, Bel air, Texaco, Kasapa, Regideso, Katuba, Ruashi, Kenya et Kamalondo.

Lorsqu’on parle de l’échantillonnage, on fait aussi allusion au principe de diversification et de la saturation.

3.1. Principe de diversification

Ce principe peut prendre deux formes : la diversification externe (intergroupe) et la diversification interne (intragroupe). La première s’applique lorsque la finalité théorique est de donner un portrait global d’une question ou de contraster un large éventail de cas variés.

Le chercheur veut s’assurer de la représentation de tous les groupes possibles dans l’échantillon. Tandis que la seconde donne un portrait global mais seulement à l’intérieur d’un groupe restreint et homogène d’individus.

Le chercheur étudie en profondeur un sous-groupe et tend à diversifier à l’intérieur de ce sous-groupe (Pires, 1997 : 66, Katenga Mwamba, 2020 : 45).

Le recours à ce principe a permis à ce que les résultats de la recherche soient plus significatifs, pertinents et efficaces du point de vue de la compréhension sociologique, le chercheur doit construire un échantillon des personnes les plus diversifiées possibles (Charlier et Van Campenhoudt, 2014 : 94-97).

Dans la présente étude, nous avons fait ancrage d’une diversité d’acteurs repartis selon leur profession, sexe, âge, statut social, habitat, etc. ceci revient à Pires (1997 : 71) qui soutient que « dans le processus de sélection des participants dans une recherche, certaines variables générales sont encore à considérer, comme le sexe, la profession, l’habitat, etc. ».

  • Selon la profession

Du point de vue profession, nous avons rencontré des acteurs terrain qui travaillent comme des agents de sécurité, les enseignants aux humanités et au niveau universitaire, les fonctionnaires de l’état, les cambistes, les vendeurs des unités…

  • Selon le sexe

Sur l’échantillon de 18 victimes d’offres d’emploi, nous avons eu à rencontrer 15 personnes de sexe masculin et trois (3) personnes de sexe féminin.

  • Selon l’habitat

Au cours de notre travail de terrain, nous avons rencontré au total 18 victimes d’arnaques aux offres d’emploi diversifiées selon leur commune et quartier.

QUARTIERNOMBRE/QUARTIERNOMBRE TOTAL
1. Commune de Lubumbashi7
Lido Golf2
Gambela 12
Kalubwe1
Craa usine1
Makomeno1
2. Commune annexe3
Kasapa2
Regideso1
3. Commune Kampemba2
Bel’air1
Texaco1
4. Commune de Kamalondo1
5. Commune de Katuba2
6. Commune Ruashi2
7. Commune de Kenya1
TOTAL GENEAL
18

3.2. Principe de saturation

Selon Olivier de Sardan (2008 :88), « le principe de saturation est évidemment plus qu’un signal de fin : c’est une garantie méthodologique de première importance, complémentaire de la triangulation.

En différant la fin de la recherche sur un thème ou un sous-thème jusqu’au jour où on ne recueille plus des données nouvelles sur ce thème ou ce sous-thème, on s’oblige à ne pas se contenter de données insuffisantes ou occasionnelles, on se soumet à une procédure de validation relative des données, on s’ouvre à la possibilité d’être confrontée à des donnes divergentes ou contradictoires ».

Pires (1997 : 67) quant à lui distingue la saturation théorique et la saturation empirique. La première désigne alors le phénomène par lequel le chercheur juge que les derniers documents, entrevues ou observations n’apportent plus d’informations suffisamment nouvelles informations permettant de comprendre le phénomène à l’étude.

Elle s’applique lorsque les données n’ajoutent aucune propriété nouvelle au concept. La seconde atteint quand l’empirie ne produit des éléments nouveaux à notre corpus, c’est- à-dire qu’à un certain moment les données nous amènent à une sorte de redondance. »

La saturation théorique s’est appliquée dans notre dans la mesure où les documents (les ouvrages, articles, revues, rapports ou documents officiels…) ainsi que les entretiens n’apportaient plus des nouvelles informations ou des nouveaux aspects.

Du point de vue empirique, la saturation empirique s’est réalisée lorsque nous avons rencontré tous les acteurs ciblés y compris les acteurs supplémentaires.

Il sied de montrer dans la section suivante les techniques de de récolte des données.

 

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
Expériences de victimisation relatives aux offres d'emploi en ligne
Université 🏫: Université de Lubumbashi - École de criminologie
Auteur·trice·s 🎓:
NEDI PALANGA Nestor

NEDI PALANGA Nestor
Année de soutenance 📅: Mémoire présenté et défendu en vue de l’obtention du grade de Master en Criminologie - Octobre 2021
Rechercher
Télécharger ce mémoire en ligne PDF (gratuit)

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Scroll to Top