Facebook et la pratique de la parenté à plaisanterie

L’effet de Facebook sur la pratique de la parenté à plaisanterie

Chapitre 2 : Problématique et méthodologie

1 Problématique, hypothèses et objectifs de l’étude

Cette partie est consacrée à la description de la situation problématique, aux questions de recherches, aux hypothèses et aux objectifs de l’étude

1.1 De la problématique et des questions de recherche

Nous l’avons dit plus haut, plusieurs études se sont intéressées à différents aspects de la question et certaines se sont même inquiétées de la capacité de résistance de cette pratique culturelle aux mutations actuelles.

La revue de littérature, montre que certains auteurs qui ont abordé la thématique insistent sur la nécessité de préserver la parenté à plaisanterie en travaillant à l’adapter à la modernité.

De façon générale les propositions se focalisent sur les activités favorites9 des jeunes sans toutefois faire cas des réseaux sociaux (Sissao A ; 2002)

Dans ce monde moderne marqué par le développement de l’individualisme et la mise en cause de plusieurs pratiques traditionnelles, où la question de l’appartenance perd par moment son sens on est en droit de se demander si la parenté à plaisanterie peut trouver aux réseaux sociaux notamment en FB un espace d’expression.

Et comme les sociaux numériques(RSN) constituent un symbole phare du monde moderne, il est donc loisible de s’interroger sur ce à quoi nous attendre lorsque la parenté à plaisanterie s’exporte sur Facebook.

A l’heure où les rencontres virtuelles se multiplient et ou les échanges et les centres d’intérêts semblent faire fi de l’origine des individus, nous voulons comprendre à travers cette étude comment la parenté à plaisanterie se manifeste sur FB.

Les traces de la pratique observées à travers les groupes sur Facebook parviennent elles à traduire sa vivacité ? En somme quelle changement la parenté à plaisanterie subit-elle avec le numérique ? Pour investiguer sur cette problématique nous sommes partis d’une question principale de recherche qui s’intitule comme suit.

Question principale de recherche

Quel changement Facebook apporte à la pratique de la parenté à plaisanterie ?

De notre principale question de recherche découlent quatre questions secondaires qui orientent notre étude à savoir.

Questions secondaires de recherche

Quel est le niveau d’ancrage de la parenté à plaisanterie dans la société Burkinabé ? Quels sont les repères qui attestent que la pratique occupe une place importante sur FB ?

En quoi FB constitue un avantage à la réalisation des fonctions de la PAP ? Quels sont les facteurs limitant l’expression de la PAP à travers FB ?

Ces questions nous ont permis d’émettre quatre hypothèses de recherche que nous vérifierons à travers les résultats auxquels nous sommes parvenus.

1.2 Des hypothèses de la recherche

– La PAP est une pratique qui intéresse tous les groupes ethniques du Burkina Faso

– La multiplicité des groupes et la variété des thèmes traités témoignent de l’intérêt accordé à la PAP sur FB

– De par sa capacité à faire fi du temps et de l’espace, FB est un outil qui fait progresser la PAP

– L’aspect virtuel de FB et le caractère endogène de la PAP constituent des facteurs limitant la pleine expression de la pratique sur le réseau social

1.3 Des objectifs de l’étude

L’objectif global de la recherche est de rechercher au regard de ce qui se passe en temps réel ce que Facebook apporte de plus à la PAP

De façon spécifique, il s’agit de :

– Présenter la pratique dans ses principaux caractéristiques

– Décrire la place qu’elle occupe sur Facebook

– Montrer en quoi FB constitue une opportunité à l’expression de la PAP

– Présenter les limites de la rencontre entre le virtuel et le réel

2. Fondements théoriques

Différents courants théoriques ont été proposés pour expliquer le phénomène d’adoption des technologies de l’information, tant dans une perspective individuelle qu’organisationnelle.

Avant d’opter pour une théorie donnée il est nécessaire d’explorer plusieurs car comme le soutient Allison (1971), adopter un cadre théorique unique limiterait la compréhension du phénomène à une seule dimension tandis qu’un cadre conceptuel multiple apportera plus de richesse à l’analyse.

Dans le cadre de cette étude, même si nous ne sommes pas à mesure d’en mobiliser plusieurs, nous tenterons de tenir compte du constat de Chau et Tam (1997), « lorsqu’on emprunte un cadre théorique, il est nécessaire de le raffiner et de l’ajuster en fonction de l’objet d’étude afin d’en retirer une analyse plus sensible ».

Ainsi essayerons-nous d’adapter le modèle retenu aux contextes de FB et de la parenté à plaisanterie.

Aussi avons-nous choisi d’explorer deux théories susceptibles d’être mobilisées dans le cadre de notre étude. Ce sont La théorie des comportements interpersonnels(TCI) et la Théorie de l’analyse des réseaux sociaux.

2.1 La théorie des comportements interpersonnels(TCI)

Plusieurs modèles théoriques ont été utilisés pour expliquer les comportements individuels dans le cadre de l’introduction des technologies d’information et de communication dans des contextes variés.

Après avoir exploré quelques-uns et au regard de la particularité de notre sujet, nous avons perçu en la TCI est un modèle qui pourrait lui être applicable.

La TCI est un modèle psychosocial qui a été utilisé afin de comprendre les comportements d’adoption des technologies de l’information, Triandis (1980). Cette théorie, qui englobe la plupart des variables10 déterminants individuels de l’adoption des TIC se distingue cependant de ces derniers par un plus grand raffinement des construits proposés.

En effet, selon la TCI, un comportement possède trois déterminants directs à savoir l’intention, l’habitude et les conditions facilitant l’adoption. L’intention comportementale comporte, à son tour, quatre types de déterminants : les facteurs sociaux, les conséquences perçues (dimension cognitive de l’attitude), l’affect (dimension affective de l’attitude) et les convictions personnelles.

La théorie des comportements interpersonnels a été employée par Thompson, Higgins et Howell (1991) afin d’étudier le comportement d’adoption des ordinateurs personnels au sein d’une organisation.

Une autre étude (Limayem, Roy & Bergeron, 1994) a démontré que les facteurs sociaux, les conséquences perçues, les habitudes et les conditions facilitantes influençaient le comportement d’adoption de la technologie.

Ces deux expériences nous consolident dans la pensée que la TCI peut aider à comprendre l’adoption de Facebook par les pratiquants de la parenté à plaisanterie pour véhiculer leur message.

On pourrait donc retenir la TCI de Triandis (1980) non seulement parce qu’elle englobe les construits de la plupart des autres cadres théoriques utilisés pour comprendre les comportements humains, mais aussi parce qu’elle intègre des dimensions comme les valeurs personnelles et les rôles sociaux qui ne sont pas pris en compte dans les autres modèles.

En outre, le modèle de Triandis comporte un aspect culturel qui aide à comprendre l’intention des générations actuelles à adopter le réseau social dans leur pratique. Seulement dans le cadre de notre recherche cette théorie parait difficile à manipuler du fait de sa complexité.

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9 Matchs de football, soirées récréatives, création d’un enseignement des alliances à plaisanterie…

10 La diffusion des innovations(DI) de Rogers (1983 ; 1995) ; La théorie de l’action raisonnée(TAR) de Fishbein et Ajzen (1975) ; Le modèle de l’acceptation de la technologie(MAT) de Davis (1989)

2.2 Théorie de l’analyse des réseaux sociaux(TAR)

Dans le cadre de cette étude, deux constats essentiels nous poussent à explorer la théorie de l’analyse des réseaux.

Premièrement c’est l’expansion des usages des réseaux sociaux numériques (RSN ou sites de réseautage) portés par le développement de plates-formes techniques issues du Web 2.011, et également par l’engouement des diverses catégories sociales vers ce type de mises en communication médiatées.

Deuxièment, nous fondant sur l’affirmation Whinston (2008, p. 763) : « social computing in general manifests more of the social aspects as compared to computing aspects. », on peut supposer qu’en termes de perception, les RSN « tiennent plus du social que du technique ».

Ainsi, bien que l’analyse des réseaux ne soit pas considérée par tous comme une théorie sociale homogène mais plutôt une stratégie d’investigation de la réalité sociale (Burt 1980)12, elle peut permettre de décrire aisément un phénomène social connu qui se manifeste dans un cadre nouveau, comme celui de Facebook dans le cas de notre étude.

Dans l’exploration de la théorie de l’analyse des réseaux, nous privilégions l’approche relationnelle ou de la « cohésion sociale» qui met le point sur les connexions directes et indirectes entre acteurs.

L’explication de certains comportements sociaux se fait donc en référence aux types de connexions qui s’établissent et sont fonction d’un certain nombre de facteurs, dont la densité, la symétrie, ou le sens directionnel des relations.

Pour les adeptes de l’approche relationnelle cette dernière est plus à même de cartographier précisément les relations qu’un individu peut avoir avec un autre individu dans la société et qu’elle se conforme mieux aux techniques de recueil et d’analyse des données utilisées en sciences sociales.

L’approche relationnelle, aboutit a posteriori à l’identification de sous-groupes sociaux qui sont souvent décrits à la fois eu égard à leurs caractéristiques structurelles et culturelles. Cela principalement par ce que ces deux caractéristiques peuvent paraître liées dans la représentation que l’on se fait de la réalité sociale.

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11 Terme inventé par Dale Dougherty et popularisé en 2004 pour désigner « la nouvelle génération de site Internet et d’internautes qui utilisent des interfaces permettant d’interagir avec le contenu des pages ». Le passage au web 2.0, web communautaire et interactif, a multiplié les communautés virtuelles en diversifiant les possibilités de connections entre profils d’internautes et les types d’objets mis en partage.

12 « C’est plus un ‘paradigme’, une ‘perspective ‘ou une ‘fédération d’approches’(…) qu’une théorie prédictive visant à produire des lois explicatives d’un phénomène social… sous certaines conditions ».

Hajer Kefidu(2010) se fondant sur M.Archer(1996)13 signale que la compréhension de la dynamique des usages des réseaux sociaux numériques nécessite la mise en place d’un cadre d’analyse qui explicite indépendamment chacun des éléments suivants, puis en étudie les interactions :

-l’utilisateur en tant qu’acteur social

-le cadre structurel

-le cadre culturel

-les spécificités propres des RSN.

Un tel cadre d’analyse permettrait de répondre à des questions telles que : qui utilise l’outil ? Pour quels usages ? Quelles en seraient les répercussions sur les mécanismes de communication et de coordination, le partage de l’information et de la connaissance à un niveau intra ou inter organisationnel ?

Dans cette optique en effet, on peut s’intéresser à la question de savoir si une plateforme de réseautage donnera lieu à un tissage d’« amis » analogue à celui qui a lieu dans le monde réel, ou si au contraire, des distorsions importantes ont lieu dans le réseau d’« amis virtuels ».

C’est cette préoccupation à laquelle nous tentons de répondre dans cette recherche en essayant de voir ce qui change dans la parenté à plaisanterie dans le cadre du numérique avec le réseau Facebook. Hajer Kefidu(2010) quant à lui affirme que « ces derniers(les RSN) altèrent assez peu les modes d’interaction dans les réseaux sociaux réels ».

Appliqué à notre sujet, on pourrait s’attendre à ce que la pratique de la parenté à plaisanterie sur Facebook soit assez proche de celle de la réalité.

2.3 Choix d’une théorie de référence

A l’issue de l’exploration des deux théories nous avons opté d’utiliser la théorie de l’analyse des réseaux sociaux numériques dans une perspective relationnelle inspirée de l’analyse des réseaux sociaux « physiques ».

A leur image, les réseaux sociaux en ligne peuvent être définis comme l’ensemble des sites qui permettent de mettre en relation des personnes (ami, connaissance, collègue,) rassemblés en fonction de centres d’intérêts communs, comme par exemple les goûts musicaux, les passions ou encore la vie professionnelle.

Les groupes constitués sur Facebook pour la parenté à plaisanterie rassemblent des personnes qui se sentent lier par ce phénomène social.

Leur centre d’intérêt étant la parenté à plaisanterie nous espérons à travers l’analyse des réseaux vérifier ce que Facebook apporte de particulier à leur alliance.

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13 Dans « Culture and Agency : the place of culture in social theory »

3. Cadre Méthodologie

Le cadre méthodologique présente la démarche que nous avons suivie pour mener la recherche. Elle prend en compte le champ de recherche, la méthode de recherche, la population et l’échantillon de la recherche, les techniques de collecte des données et le mode d’analyse.

3.1 La méthode de recherche

Nous avons opté pour l’approche qualitative dans notre recherche. La méthode qualitative vise à faire comprendre le sens que les acteurs donnent à leur expérience, à leur action, à leur comportement.

Elle se fonde sur le sens que donnent les acteurs à la réalité, réalité construite par eux à travers leurs interactions dans le milieu. Le site de la recherche devient comme une école pour le chercheur qui apprend à partir des données recueillies.

Une telle recherche se situe en milieu naturel, au cœur de la vie quotidienne qu’elle cherche à comprendre. L’approche qualitative se caractérise aussi par son échantillon restreint.

3.1.1 Le champ de l’étude

Notre revue de la littérature a montré que l’interaction entre différentes personnes par la plaisanterie est une pratique qui peut se rencontrer dans différentes localités du globe. Prétendre parler de cette pratique dans sa diversité peut paraitre prétentieux.

De la même façon il est connu que le concept réseaux sociaux englobe plusieurs outils au nombre desquels Facebook.

Aussi dans un souci d’efficacité, nous avons choisi de circonscrire notre champ d’étude au contexte du Burkina et de Facebook uniquement.

3.1.2 La population de la recherche

La population de recherche présente les différentes catégories de personnes susceptibles de participer à cette étude et qui objectivement ne peuvent pas tous être retenues.

Dans le cadre de notre recherche la population est constituée non seulement des différents groupes ethniques, des chercheurs mis aussi des membres et administrateurs de réseaux Facebook faisant la promotion de la parenté à plaisanterie.

Aussi importante que soit toute la population de notre étude, nous ne pouvions pas la considérer dans son entièreté. Nous nous sommes donc contentés des membres et administrateurs des groupes de PAP actifs sur FB.

3.1.2. L’échantillon retenu

Notre tâche consistant à examiner la pratique de la parenté à plaisanterie sur FB notre matière est essentiellement constituée des différents groupes dédiés au phénomène sur le réseau social. Les critères principaux sur lesquels s’est appuyée la constitution de l’échantillon sont :

-le type de PAP le plus représentatif en présence et sur FB. Ce critère a permis de retenir la PAP qui se pratique entre groupes ethniques ;

-les groupes ethniques les plus représentatifs en termes de nombre de locuteurs ;

-les groupes les plus représentatifs en termes d’audience sur FB.

Au total nous avons retenu quatre (04) groupes dont 1 administrateur et deux(02) membres par groupe. Soit en tout 12 personnes. Et pour chaque groupe nous avons déroulé un fil de discussions.

Tableau 1 : récapitulatif de l’échantillon

Nom du groupeNombre de participants
administrateursMembres
14Samo-mossi12
15Gulmace-yaadce12
16Bobo et peulh12
17Gourounsi-bissa12
Total0408

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14 Les mossis ou moose constituent le groupe ethnique le plus représentatif en termes de nombre (51%) de la population du pays. Ils seraient venus du Ghana voisin pour occuper le territoire en combattant et en assimilant d’autres peuples. Les samos eux feraient partie des peuples autochtones de l’actuel Burkina Faso et auraient refusés de s’assimiler aux mossis. De nos jours aucun événement culturel ne se déroule chez les mossis sans que les samos ne soient représentés et vice versa.

15 Les gulmaces occupent la partie Est du pays. Ils sont aussi présents au Togo et au Niger. Certains historiens ont essayé d’établir un lien entre eux et les mossis mais les deux langues sont éloignées l’une de l’autre. Les Yaadces(parents à plaisanterie des gulmaces) sont des mossis occupant la partie nord du pays et parlant une dialecte différente mais compréhensible du Moore(langue des mossis) du centre.

16 Les Bobos est un groupe habitant l’ouest du pays, ils occupent la 2eme capitale du pays à laquelle ils ont prêtés leur nom (Bobo Dioulasso). L’un de leur mets locaux pour lequel ils subissent les railleries de leurs parents à plaisanterie(les peulh) est le plat de chenilles de karité. Les peulhs est sont des peuples nomades dont la principale activité est l’élevage surtout des bovins, leur zone de prédilection est le sahel burkinabé mais on les retrouve partout dans le pays. Leur langue parlée(le fulfuldé) vient en troisième position par le nombre des locuteurs après le Moore et le jula.

17 Les gourounsis forment un ensemble constitué de plusieurs groupuscules occupant principalement le centre ouest et le centre sud du pays. Les Bissas quant à eux occupent la partie Est sur une partie de la bande séparant le Burkina du Ghana, cet espace est dit être le premier royaume mossi. Y règne aujourd’hui encore une famille royale puissante.

3.2 Technique de collecte des données

Selon Duchesne (1999), « la recherche des données se fait à partir de méthodes variées et en fonction de leur opportunité par rapport aux objectifs spécifiques de la recherche, à ses hypothèses et aux sources dont on dispose».

Dans notre travail, il s’agit de mobiliser des outils qui nous permettent d’apprécier la contribution au plan qualitatif. Nous avons recherché les documents écrits susceptibles de mieux éclairer notre problématique et soumis les personnes faisant parti de notre échantillon à des entretiens.

Nous avons donc retenu la recherche documentaire, l’entretien et le suivi de fils de discussion.

3.2.1 La recherche documentaire

Lors du travail empirique, nous avons pu rassembler un certain nombre de documents sur le sujet en visitant aussi les centres de documentation et les bibliothèques disponibles. Ce qui nous a permis d’obtenir des données littéraires.

La recherche documentaire s’est opérée à travers la lecture d’ouvrages généraux, des articles scientifiques et l’exploitation de liens sur internet en vue de faire le point des connaissances sur la question et pouvoir orienter notre recherche.

3.2.2 L’entretien

Comme le précise notre échantillon, des administrateurs et des membres de 4 groupes ont été soumis à des interviews. Le guide de l’entretien a été construit sur quatre rubriques essentiellement.

La première rubrique concerne la connaissance et la perception des membres sur la parenté à plaisanterie ; la seconde est consacrée à la place qu’occupe la pratique sur FB ; La troisième partie questionne l’apport de FB à l’évolution de la pratique ; la dernière partie recueille les avis des participants sur les perspectives quant au rôle de Facebook dans la conservation et la diffusion de la parenté à plaisanterie.

L’utilisation de cet outil se justifie par le fait que c’est une technique qualitative de collecte des données qui a pour avantages de créer une interaction verbale entre le chercheur et les participants; sa flexibilité et sa souplesse permettent une expression libre du participant tout en offrant la possibilité au chercheur, de rebondir sur ses propos pour poser d’autres questions.

Pour la réalisation des interviews nous avons recouru aux outils de messagerie de FB à savoir Messager et whatsapp. Le choix de ces outils s’explique par les facilités qu’ils offrent d’entrer en contact avec le participant, épargnant ainsi le chercheur des longs déplacements.

3.2.3 Analyse des fils de discussion

Il s’est agi ici de nous faire admettre dans des groupes Facebook pratiquant la parenté à plaisanterie afin d’observer directement le flux des échanges et de pouvoir par moment susciter des fils de discussions.

Après avoir sollicité une invitation en tant que membre dans neuf(09) groupes, nous avons été accepté presqu’automatiquement dans quatre groupes puis dans deux(02) autres groupes une dizaine de jours plus tard et, dans un(01) groupe 1 mois plus tard.

Cette approche était nécessaire non seulement pour les besoins de l’observation mais aussi pour faciliter l’entrer en contact avec les administrateurs et les membres des différents groupes avec qui nous devions mener les entretiens.

L’objectif étant de rechercher et d’analyser les interactions entres les +utilisateurs qui reflètent la présence de messages véhiculant la parenté à plaisanterie sur Facebook, nous avons procédé par le recueil des traces.

Est considérée comme trace dans le cadre de notre étude tout message posté dans le groupe et qui traduit une manifestation de la parenté à plaisanterie.

Puisse qu’il s’agit d’investiguer sur une activité humaine dans un espace virtuel, nous avons pensé que la méthode d’analyse des traces serait la mieux adaptée.

Cette méthode est, selon Giroux (1998), une méthode qui consiste à retrouver des traces pour « les analyser afin de reconstituer le portrait de l’humanité (…). Elle permet d’interpréter des traces de l’activité humaine…»

3.3 Brève description d’un groupe Facebook de parenté à plaisanterie

Dans un groupe Facebook de PAP on retrouve deux entités ethniques. C’est d’ailleurs l’esprit de deux groupes opposés qui donnera du sens aux échanges.

En effet il manquera l’interaction si un groupe ethnique se retrouvait seul sur une page FB pour parler de la parenté à plaisanterie.

Il arrive que plus deux groupes ethniques ne se retrouvent dans le même espace d’échange. Seulement dans ce cas l’interaction est limitée car affirme ADM2 «..un groupe ethnique A peut-être allié à un groupe B, à un groupe C et à un groupe D, mais il se trouve qu’il n ya aucune alliance entre B, C et D. c’est pourquoi je dis un tel groupe Facebook est difficile à gérer… »

Sur le plan de la présentation les pages FB ne présentent pas de grandes différences. Dans la quasi-totalité des groupes, la page est reconnaissable par :

-un titre qui précise les ethnies concernées : « parenté à plaisanterie les samos et les mossis » ; « Gulmantche vs Yaadces » etc

-une photo de profil qui généralement illustre parfaitement l’esprit d’humour qui soutend la parenté à plaisanterie ou l’idée de rapprochement des deux peuples

-un message de profil qui rappelle l’esprit qui doit prévaloir dans les échanges.

On note en exemples :

« Les objectifs de ce groupe est de permettre une bonne collaboration entre ces ethnies des échanges d’idées courantes NB- pas de pornographie svp-soyons sérieux-le responsable » (groupe parenté à plaisanterie Bobo/Dafing)

« Avis à tous les amateurs de viande de chien, de voleur de zoom koom, au mangeur d’arachide… Votre maitre vous parle. ce site est fait pour vous. Votre participation. »(groupe Samo/mossi)

Capture1 : entête d’une page FB de Parenté à plaisanterie

Facebook et la pratique de la parenté à plaisanterie

Commentaire :

Cette capture montre la page entête d’un groupe FB-PAP. On y voit le titre (Parenté à plaisanterie les Samos et les Mossi), la photo de profil qui montre un singe sur le dos d’un chien.

Les mossis diront que les samos sont des « mangeurs de chien », tandis que dans l’imaginaire des samos la position du singe reflète la ruse des mossis.

Procédure d’analyse des données

Au regard de l’approche qualitative utilisée dans l’enquête, nous avons opté de procéder à une analyse thématique des données.

C’est un modèle d’analyse inductif qui se prête au traitement des données qualitatives et favorise l’émergence des thèmes à travers les discours des participants.

C’est pourquoi le dépouillement s’est fait par regroupement de réponses selon les rubriques du guide d’entretien.

Les membres et les administrateurs identifiés ont été soumis au même guide. Aussi traitons-nous les données de façon globale tout en évoquant les réponses qui ont trait à l’administration des groupes lorsqu’elles apparaissent pertinentes.

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