Travail collaboratif : usage constructif des hypermédias

Travail collaboratif : usage constructif des hypermédias

3.7 Travail collaboratif

Un dernier type d’usage constructif à analyser est le travail collaboratif, dont le rapport avec l’usage des hypermédias relève précisément du Travail collaboratif assisté par ordinateur (TCAO), un domaine pluridisciplinaire situé au carrefour de nombreux autres domaines scientifiques et techniques tels que les réseaux, l’ergonomie, les interfaces utilisateurs etc.

Ce mode de travail cherche à profiter de toutes les possibilités offertes par l’informatique et l’environnement réseau, et d’établir ainsi des nouveaux rapports et processus de travail. Les systèmes qui seront analysés permettent donc la collaboration en temps réel ou différé de personnes reliées par un ensemble de ressources informatiques.

3.7.1 La notion du travail collaboratif

La notion du travail collaboratif s’organise généralement autour de deux dimensions, l’espace et le temps :

* l’espace représente la localisation physique du groupe et c’est en fonction de lui que le travail peut être local (les personnes sont proches les unes des autres : même endroit) ou distant (les personnes sont dispersées géographiquement : endroits différents);

* le temps représente le moment du travail du groupe et c’est en fonction de lui que le travail peut être synchrone (les personnes travaillent en même temps) ou asynchrone (les personnes travaillent dans des temps différents).

Comme nous l’avons vu dans [§ 2.3.2], les services de communication disponibles sur Internet permettent de réaliser les objectifs du travail collaboratif et si l’on considère deux axes, locale/distante et synchrone/asynchrone, il est possible d’envisager quatre modalités de collaboration [SAL 05b] :

* collaboration locale ou à distance : une collaboration est dite locale lorsque les personnes qui collaborent sont dans le même endroit (même salle, même bureau, etc.). Ils peuvent donc interagir fréquemment et librement, par contre une coopération à distance concerne des personnes dispersés géographiquement.

Dans ce mode de coopération, les personnes sont limitées par plusieurs contraintes telles que la disponibilité de chacun, les moyens de communication qui déterminent le temps de réponse;

* collaboration synchrone ou asynchrone : les personnes du groupe peuvent travailler dans leur projet commun : simultanément ou à des moments différents. L’intervalle de temps n’est pas déterminé;

* collaboration collective ou distribuée : les individus qui travaillent en collaboration peuvent avoir une responsabilité commune, c’est-à-dire tous les individus sont conscients des autres et de leurs activités, mais ils peuvent être aussi semi-autonomes et collaborent seulement au travers de leur espace de travail. Ils peuvent donc modifier leurs comportements suivant les circonstances;

* collaboration directe ou indirecte : les individus en collaboration peuvent soit communiquer directement et sans aucun intermédiaire en échangeant des informations, soit via un moyen technique telles qu’une machine par exemple : un travailleur A à va prendre une décision qui va modifier l’état de cette machine. En fonction de ce nouvel état, le travailleur B peut prendre une décision qui va entraîner une nouvelle modification. Dans ce cas, les travailleurs ne communiquent pas. Néanmoins, ils coopèrent.

3.7.2 Collaboration et hypermédias

La collaboration à base d’hypermédias a été un sujet étudié par le domaine nommé « hypermédias collaboratifs » [SAL 05b]. Sous cette optique, un hypermédia collaboratif peut être défini à travers ses objectifs qui consistent à faciliter, garantir et proposer aux utilisateurs un environnement pour le travail à distance en groupe à travers la technologie des hypertextes. Il s’agit d’un système qui intègre dans son architecture des outils de collaboration à distance.

Parmi les applications les plus répandues pour proposer ces services, nous pouvons citer : les e-mails, les news, les calendriers groupaux, les systèmes d’écriture collaborative, les systèmes de dessin collaboratif, les whiteboards, les visioconférences, les audioconférences, les chats, les systèmes d’aide à la décision, les jeux en réseau.

3.7.2.1 Hypermédia collaboratif

Un système hypermédia collaboratif doit être configuré dans un entourage hypertextuel et conçu à partir d’une typologie de travail en collaboration. Il peut avoir également d’autres caractéristiques complémentaires telle qu’une couche d’adaptativité pour se rendre plus robuste. Les projets ELM-ART en Allemagne et TANGOW en Espagne [BER 04] sont de bons exemples.

D’après Haake et Wang [HAA 98], il est possible de distinguer au moins cinq besoins dans un système hypermédia collaboratif :

  • * gestion d’objets et de données partagés : support de distribution des données entre divers utilisateurs;
  • * gestion d’interfaces partagées entre utilisateurs : un système d’écran partagé du type WYSIWIS (What You See Is What I See) est parfois requis;
  • * support d’alerte au groupe : un agent de détection de connexion des utilisateurs doit être présent;
  • * support à la coordination : il facilite la coordination entre les membres du groupe;
  • * support à la communication : il offre aux collaborateurs des moyens de communication soit dans l’environnement partagé, soit aux dehors.

3.7.2.2 Annotations, versions et droits d’auteur

Outre ces besoins, nous avons constaté d’autres exigences de contenus sur le Web, à savoir : les annotations, la gestion de versions d’un document et les droits d’auteur de matériels produits.

Dans ce sens, les annotations sont souvent considérées comme des contributions faites par des auteurs externes à un document publié sur le Web; elles constituent un sujet largement étudié afin d’offrir une valeur ajoutée aux documents sur le Web.

Pour sa part, la gestion de versions de documents fournit un moyen pour traquer un historique des révisions; il permet une exploration chronologique de productions, de collaborations asynchrones, du workflow, et d’autres stratégies pour optimiser le travail en équipe.

Quant aux droits d’auteurs, le problème semble s’acheminer vers la restriction et le contrôle d’accès aux documents. Généralement, on associe aux droits d’auteurs l’usage de Digital Rights Management Systems qui peuvent se diviser en deux générations : une première basée sur le cryptage, et une deuxième basée sur la définition de langages pour spécifier le détenteur de droits et les règles de protection.

Ainsi, on utilise les Document Object Identifiers (DOI) pour identifier la propriété intellectuelle ou le langage ODRL (Open Digital Rights Language 433) du W3C pour insérer les informations de droits dans le contenu.

433 W3C (Septembre 2002). Open Digital Rights Language (ODRL) Version 1.1. En ligne : http://www.w3.org/TR/odrl

3.7.3 Web 2.0

Un dernier point de vue sur le binôme usage constructif/collaboration se trouve au sein du Web 2.0, qui est l’un des derniers termes en vogue définissant un type de participation sur le Web dans le but de former des collectivités virtuelles [ORE 05].

En effet, bien que le Web 2.0 soit un concept utilisé dans des cadres aussi divers que le marketing ou l’historicité du Web, il incarne l’appropriation des outils et des contenus par les usagers à travers de stratégies auparavant méconnues comme les « wikis », la « folksonomie » ou la « syndication ».

Pour nous, le Web 2.0 constitue effectivement un type de création collaborative dans le sens de « manière de faire », comme l’a indiqué Michel de Certeau : « Ces manières de faire constituent les milles pratiques par lesquels des utilisateurs se réapproprient l’espace organisé par les techniques de la production socioculturelle » [CER 90 : XL]. En ce sens, le travail collaboratif peut s’observer à deux niveaux.

Premièrement, dans la manière dont les usagers partagent entre eux leurs découvertes et informations sur le Web. Deuxièmement, dans la manière dont les développeurs ou les usagers familiarisés avec les langages de développement réutilisent leurs applications et les fusionnent, créant de nouvelles versions, aussi nommées « mash-ups ».

À présent, nous analysons brièvement deux de ces manières de faire.

3.7.3.1 Folksonomie

Le vocable « folksonomie » provient du néologisme anglais « folksonomy » qui réfère à une pratique d’organisation collaborative par le biais de mots clés, c’est-à-dire qu’une collectivité coopère de façon simultanée afin d’organiser l’information en catégories.

La technique utilisée pour cette forme d’organisation est l’« étiquetage », ou « tagging » en anglais, dont la métaphore, souvent employée, consiste à imaginer les mots clés comme espaces dans un nuage où les catégories les plus populaires apparaissent en taille de police plus grande que les autres. Des sites comme flickr.com ou blogmarks.net sont des exemples utilisant des nuages de mot clés.

Ainsi, l’information organisée, catégorisée et partagée peut être un objet média quelconque sur le Web ou encore un signet, d’où la notion de « signets collectifs », qui offrent la possibilité aux auteurs d’enregistrer leurs favoris directement sur un autre site Web et de les rendre visibles à d’autres utilisateurs. Nous observons au sein de sites comme del.icio.us, que le contenu du site n’est rien d’autre que des listes de liens organisées par thème ou par l’auteur de l’enregistrement.

De plus, ce site propose un service de notification aux auteurs lorsqu’un autre visiteur « marque » un même site afin de favoriser la mise en relation des utilisateurs. Cet échange de contenus se révèle de plus en plus automatique, comme le dévoile la « syndication ».

3.7.3.2 Syndication

Le terme « syndication » est associé à la pratique d’abonnement tel qu’elle est pratiquée par les autres médias. Sur le Web, le modèle confère la capacité à un usager de s’inscrire à un site afin de recevoir ses dernières mises à jour de manière automatique et sans avoir besoin d’y retourner périodiquement.

La syndication est basée fondamentalement sur des langages de description XML dédiés à des nouvelles et des contenus, comme RSS (Really Simple Syndication) ou Atom. Ces flux arrivent généralement sous la forme d’un titre et d’un extrait d’un article, plus un lien vers l’intégralité. Ils s’appliquent non seulement aux textes, mais aussi à tout autre objet média.

La syndication consiste donc à identifier le fichier XML correspondant au flux de nouvelles et de l’enregistrer sur un « agrégateur ». Les navigateurs les plus récents peuvent également fonctionner en tant qu’agrégateurs.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’objet technique hypermédia : repenser la création de contenu éducatif sur le Web
Université 🏫: Université De Paris VIII
Auteur·trice·s 🎓:
Everardo Reyes García

Everardo Reyes García
Année de soutenance 📅: Discipline: Sciences de l’information et de la communication - 14 février 2007
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