L’effet de l’environnement sur l’entrepreneuriat – Approche

L’effet de l’environnement sur l’entrepreneuriat – Approche

I.2.1 Les approches selon le modèle de Gartner

I.2.1.3 Approche environnement

Les travaux abordant l’effet de l’environnement sur l’entrepreneuriat, identifie deux étapes : celles postérieures à la création de l’entreprise et celles antérieures à la création de l’entreprise ou, plus précisément, relatives au moment de la création de l’entreprise.

Selon l’angle des politiques régionales, les chercheurs ont pu observer les facteurs d’ordre général sur le processus de création d’entreprise ou celui des conditions offertes par le marché (Julien et Marchesnay, 1996).

Dans ce sens, le rôle joué par certains acteurs socio-économiques, tels que les universités (Smilor et al., 1990; Pierrad et Scieur, 1999), les pouvoirs publics (Gill, 1988; Semlinger, 1994) ou les cadres institutionnels, paraît remarquablement influant sur la prospérité des opportunités à la création d’entreprise (Van de Ven, 1995).

Dans cette perspective, la théorie de la dépendance des ressources et la théorie de l’écologie des populations ont formé le cadre théorique sur lequel se sont appuyés les partisans de cette approche pour expliquer comment l’environnement affecte le taux de création d’entreprises (Emin, 2003).

Certains chercheurs (Bowen et Hisrich, 1986; Hisrich et O’Cinneide, 1986; Aldrich et al., 1987; Filion, 1991; Casson, 1991), ont montré l’influence de l’environnement socioculturel, du contexte familial, du milieu professionnel et du réseau personnel sur l’émergence et la réalisation du projet entrepreneurial.

Dans cette perspective, Shapero et Sokol (1982) et Starr et Fondas (1992) exposent les variables du groupe d’appartenance, des expériences antérieures, des apprentissages et même des images d’imitation, comme des catalyseurs du processus menant à la décision de créer une entreprise.

En effet, cette démarche a favorisé les études menées par les chercheurs d’autres disciplines (anthropologues, de psychologues et de sociologues) sur l’influence du système de valeurs sur le comportement entrepreneurial.

Toutefois, les critiques majeures adressées à cet approche se rapporte au manque d’explication du fait que des individus œuvrant dans des environnements identiques agissent de façon différente et à uniformiser le lien entre les conditions et le contexte de l’activité entrepreneuriale et le comportement de l’entrepreneur.

En d’autres termes, elle suppose que pour stimuler l’entrepreneuriat, il suffit de favoriser le contexte adéquat, bien catégorisé, à travers des acteurs bien déterminés, supposés ayant une seule et unique façon de faire. Ces constats ont amené à l’approfondissement des réflexions portant sur les processus de l’entrepreneuriat.

I.2.1.4 Approche processus

Plusieurs chercheurs (Stevenson et Jarillo, 1990) montrent qu’il est réducteur d’expliquer l’entrepreneuriat en se référant à quelques traits psychologiques ou sociologiques.

Il nous paraît important de s’engager vers des pistes qui prennent en compte l’aspect processuel et dynamique de l’entrepreneuriat (Schmitt 2003, 2005) afin de pouvoir présenter l’entrepreneuriat en tout ces aspects au sein de l’université et non plus se limiter à l’entrepreneuriat saucissonné et linéaire, et d’aboutir à une cohérence entre les fins et les moyens.

Filion (1997) élargit la notion d’entrepreneuriat à un champ qui étudie la pratique des entrepreneurs pour faciliter l’expression d’activités entrepreneuriales.

Donc, le domaine n’est plus centré sur l’entrepreneur mais sur le processus entrepreneurial (Hernandez, 1999 ; Fayolle, 2000).

L’attention du chercheur est donc dirigée vers le processus menant à la création d’une entreprise et vers les actions et décisions que l’aspirant entrepreneur devra poser s’il veut que son projet devienne réalité (Carter, Gartner et Reynolds, 1995).

Cette approche s’intéresse à l’identification des habiletés et compétences qu’un individu doit posséder s’il veut un jour créer sa propre entreprise (Gartner, 1988). L’entrepreneuriat inscrit dans une approche d’émergence entrepreneuriale concerne la conception de Gartner et Hernandez (1985, 2001).

En recentrant ses observations sur la création et l’organisation des activités nouvelles, Gartner (1990, 1993), à travers son concept d’émergence organisationnelle, repère dans l’entrepreneuriat un phénomène qui revient à étudier la naissance de nouvelles organisations.

En d’autres termes, il s’agit « d’analyser les activités permettant à un individu de créer une nouvelle entité » (Fayolle, 2003, p.14).

L’émergence organisationnelle serait alors « le processus d’organisation qui mène à une nouvelle organisation » (Gartner, 1993, p.235). Ce processus aurait eu lieu avant que l’organisation existe et dont le résultat est la création d’une nouvelle entité.

Pour Gartner, la dimension “process” est une des variables du modèle du processus de création. En cela, il rejoint Bouchikhi (1993) qui, en s’intéressant plutôt aux modalités de structuration de l’organisation produite par l’entrepreneur, remarque que la performance est davantage liée au processus et moins à l’individu, à la qualité intrinsèque du projet ou encore à l’opportunité.

Quant à la réponse à propos de la perpétuelle interrogation : qui est entrepreneur et qui n’en est pas ? Pour Gartner, il est facile de trancher.

Partant du postulat selon lequel « Nous sommes ce que nous faisons » (1993, p.238), l’auteur montre que ceux qui créent une organisation sont des entrepreneurs et ceux qui n’en créent pas, ne le sont pas.

phénomène entrepreneurialAinsi, les études se sont intéressées aux problématiques du « comment » et du « pourquoi » relatives à la naissance des organisations. Ces interrogations constituent, à n’en pas douter, des éléments clés pour la compréhension du phénomène entrepreneurial.

Dans cette logique, Hernandez et Marco (2006) décèlent et introduisent un modèle processuel qui prend en compte quatre étapes interactionnistes : l’Initiation (Etape I), la Maturation (Etape II), la Décision (Etape III) et la Finalisation (Etape IV).

Bien que l’approche par les processus soit intéressante, elle demeure incomplète et limitée. Les principales critiques de l’approche processus est qu’il situe l’effort de recherche pendant la période de gestation du projet d’entreprise et qu’il est peu utile pour prédire l’occurrence du phénomène et l’identité de l’acteur (Audet, 2001).

Par ailleurs, il convient de souligner que l’approche de Gartner se centre, spécialement, sur les entreprises qui réussissent le mieux, c’est- à-dire, les plus intéressantes pour l’environnement (Hernandez, 2001).

Ceci occulte les bénéfices à tirer des études des processus n’ayant pas aboutis, dès qu’il s’agit de mieux comprendre ce qu’il se passe dans ces situations (Fayolle, 2004, p.108).

De surcroît, en dépit du mérite qu’à cette approche quant au positionnement de l’effort de recherche dans le temps où il devrait être, c’est-à-dire «pendant la période de gestation du projet d’entreprise ; l’indentification des comportements nécessaires à la création d’une entreprise est de peu d’utilité pour prédire l’occurrence du phénomène et l’identité de l’acteur » (Audet, 2001).

En effet, il est difficile de parler de création en négligeant le créateur. Ce qui donne naissance à l’organisation est avant tout la volonté humaine qui émane de l’individu ou du groupe d’individus (Hernandez, 2001, p.88). En outre, tous les individus ne possèdent pas le même potentiel pour créer une entreprise.

Dans cette perspective, il est intéressant d’analyser les mécanismes par lesquels les variables développées par les différents courants de recherches s’interfacent pour appréhender l’acte entrepreneurial.

En effet, de nombreuses questions restent à poser : quels sont les facteurs qui influencent la perception et l’exploitation des intentions dans les différents contextes ? Pourquoi certains entrepreneurs agissent sur la base de cette perception tandis que d’autres ne le font pas ? Par quels mécanismes et avec quels moyens ces perceptions affectent réellement la décision et l’acte de la création ?

A ce sujet, le concept d’intention entrepreneuriale prend tout son sens. Les modèles basés sur la conception intentionnelle de la création entrepreneuriale, en se positionnant au carrefour de différentes écoles de pensées, apportent une explication plus centrée sur les mécanismes affectant l’intention et la concrétisation du projet entrepreneurial.

Tableau 4. Synthèse des différentes approches

.Approche descriptive(individuelle)Approche environnementale(interactionniste)Approche processus(praxéologique)
Approche par les traitsApproche par les caractéristiques démographiquesApproche environnementale(environnements proches et globales) Approche des valeurs personnelles (contexte culturelles)Approche par leprocessusApproche par les faits

Après avoir présenté l’évolution suivie par la recherche en entrepreneuriat au cours des années au travers des différentes approches proposées par des chercheurs, une remarque paraît nécessaire : Il y a une intersection entre les différentes approches.

Pour citer ce mémoire (mémoire de master, thèse, PFE,...) :
📌 La première page du mémoire (avec le fichier pdf) - Thème 📜:
L’intention entrepreneuriale des étudiantes : cas du Liban
Université 🏫: Université NANCY 2 - Institut d’administration des entreprises IAE
Auteur·trice·s 🎓:
Léna SALEH

Léna SALEH
Année de soutenance 📅: Thèse de Doctorat ès Nouveau Régime Sciences de Gestion - 2037
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1 réflexion au sujet de “L’effet de l’environnement sur l’entrepreneuriat – Approche”

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