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Coûts de la formation en apprentissage de l’enfant travailleur

Coûts de la formation en apprentissage de l’enfant travailleur

Cinquième chapitre

Coûts et avantages de la formation en apprentissage : optique de l’enfant travailleur péruvien

En considérant le stock de connaissances comme un capital, nous pouvons lui attribuer les mêmes caractéristiques : avoir un prix, être quantifiable, avoir une durée, pouvoir être amorti et pouvoir être renouvelé. Ainsi, le potentiel de connaissances de chacun peut être perpétué et étendu par le moyen de ressources financières, matérielles et humaines. Ceci étant le rôle de l’éducation et de la formation.

La théorie du capital humain considère les dépenses en éducation comme un investissement. Cet investissement admet un risque de perte. Il va de soi que le risque pour l’individu et pour la société est grand et que les conséquences d’un mauvais choix peuvent se manifester tardivement mais durablement.

En ce qui concerne l’individu, même si les perspectives d’emploi à court terme s’avèrent mauvaises et que l’investissement en éducation n’est pas rentable en lui-même, il peut se justifier : en améliorant ou en adaptant ses compétences, l’individu renforce ses chances d’occuper un emploi (HANHART, 1993, cours Economie & Education, pp. 26-29) au lieu de rester sans occupation.

D’une manière générale, la perspective d’un haut taux de rendement incite les individus à investir en éducation; néanmoins si les individus ne peuvent pas assumer les dépenses initiales de la formation, la liberté de choix de « l’investisseur » – élément fondamental de cette théorie – est pour le moins limitée.

Pour déterminer les éventuels coûts et avantages qu’une formation en apprentissage rapporterait aux enfants péruviens qui travaillent, dans les pages qui suivent nous allons effectuer une analyse comparative coût-bénéfice de la scolarité obligatoire et d’une possible formation en apprentissage selon l’optique de l’élève, plus précisément de l’enfant travailleur.

L’apprentissage, n’existant pas dans le système éducatif péruvien, nous allons fixer le début de la formation à l’entrée de l’enseignement secondaire, car cela correspond à l’âge légal minimum d’accès au travail. Toutefois, notre analyse prend en compte autant la formation initiale que l’enseignement primaire car ces deux niveau font partie de la scolarité obligatoire et de ce fait représentent un coût pour la catégorie d’enfants étudiée.

I. Les coûts monétaires

Les coûts monétaires correspondent aux ressources financières consommées pour l’acquisition de biens ou de services, en considérant leur rythme d’utilisation. Au Pérou, à partir du niveau secondaire, la scolarité obligatoire est divisée en deux filières : la branche technique et la branche générale. Pour déterminer les coûts monétaires de ces deux types d’enseignement, pendant les douze ans qui dure la formation, nous considérons dans le tableau N°1 les coûts annuels explicites (c’est à dire des dépenses effectives comportant des paiements à des tiers) assumés par les élèves. Les coûts de la formation en apprentissage, pouvant correspondre à ceux de deux autres formations, nous n’allons pas les présenter séparément dans cette partie de l’analyse. Voici les coûts monétaires dont nous tenons compte :

Frais d’inscription : Il s’agit du paiement annuel d’inscription et de l’APAFA (Asociación de Padres de Familia). Les montants n’étant pas réglementés, nous avons considéré la moyenne. Ainsi, pour le jardin d’enfance le montant à payer s’élève à 45 soles, pour le premier degré de l’école primaire à 35 soles et du deuxième au sixième degré à 30 soles. Pour l’enseignement secondaire, pendant les cinq ans de formation, les élèves de la branche générale paient 30 soles, et ceux de la branche technique 40 soles.

Frais d’atelier : Les enfants de l’enseignement préscolaire doivent subvenir aux frais des divers ateliers (danse, peinture, mais aussi école des parents) qu’ils ont l’occasion de suivre pendant l’année scolaire. Ces frais s’élèvent à 30 soles pour toute l’année.

Frais de dossier : Ces frais comportent le paiement du livret de notes, livret de control, fiche d’inscription, carnet d’APAFA, enseigne, etc. Ce paiement est obligatoire tout au long de la formation obligatoire, à l’exception du niveau préscolaire. Pour les élèves du primaire et du secondaire général, le montant à payer par an est de 10 soles, en revanche, ceux qui suivent l’enseignement secondaire technique paient 15 soles.

Frais de matériel scolaire : Pour calculer les frais de matériel scolaire (livres, cahiers, stylos, etc.), nous avons tenu compte des listes demandées aux élèves au début de l’année scolaire.

Nous avons aussi considéré 30 soles, en raison des paiements additionnels effectués pendant l’année (examens et exercices, photocopies, activités diverses). Il faut souligner que les élèves de l’école primaire bénéficient de la gratuité des livres de texte, ce que n’est pas le cas pour les élèves de l’enseignement secondaire général et technique. Pour eux, nous n’avons considéré que les livres de textes obligatoires : langue, mathématiques, histoire, et sciences.

En ce qui concerne l’enseignement secondaire technique, les élèves doivent assumer un paiement annuel additionnel de 300 soles pour les matériaux et les outils utilisés dans les ateliers. Toutefois, les livres techniques peuvent être consultés dans la salle de lecture, ce qui permet aux élèves de faire une économie d’environs 100 soles par an.

Transport : Nous avons calculé les frais de transport à raison de 0.50 centimes de soles par jour (prix du billet scolaire d’aller-retour du transport public urbain) multiplié par 5 jours par semaine et par 37 semaines (durée de l’année scolaire).

Pour les élèves de la première année du secondaire technique, nous avons considéré exceptionnellement 49 semaines, car ils suivent un cours d’orientation professionnel d’une durée de 12 semaines, pendant la période de vacances scolaires. (N.B. : Au Pérou, il n’existe pas d’abonnement mensuel pour les transports en commun).

Frais d’admission : Il s’agit de frais assumés uniquement par les élèves de la première année de l’enseignement secondaire technique. Ceci correspond au droit au cours d’orientation professionnel qui coûte 120 soles. Nous avons aussi considéré 5 soles pour les frais des matériaux utilisés pendant ce cours.

Frais annuel par projet : Ces frais sont assumés uniquement par les élèves de l’enseignement secondaire technique pendant leurs 5 ans de formation. Il s’agit d’un paiement de 70 soles par an pour avoir le droit de participer à un des ateliers proposés par l’école technique.

Frais de services : Il s’agit de frais assumés aussi uniquement par les élèves de l’enseignement secondaire technique. Ces élèves paient 35 soles par an pour aider à payer la facture d’eau, électricité et égouts du bâtiment de l’école.

Uniforme scolaire : Au Pérou, l’uniforme scolaire n’est pas en principe obligatoire mais, en pratique, il est exigé par les établissements scolaires. De ce fait, nous allons le considérer dès le premier degré primaire. Il comporte : 1 pantalon ou jupe, 2 chemises, 1 pull, 4 paires de chaussettes (2 grises, 2 blanches), 1 jogging, 1 t-shirt, 1 paire de chaussures, 1 paire de tennis.

Nous avons pris en compte pour chaque année, jusqu’à la quatrième année du secondaire, la moitié du prix total de l’uniforme car, en général, il peut être utilisé pendant deux années scolaires. Nous avons estimé une variation de 10 soles tous les deux ans en fonction du changement de prix par taille. Pour la cinquième année nous avons pris le prix total.

Pour l’enseignement secondaire technique, l’uniforme, vendu avec l’enseigne de l’école et par l’école même, est majoré de 10 soles. Quant à l’école enfantine, en général, on exige un tablier.

N.B.

* Lors du calcul par année, nous avons utilisé comme référence monétaire El Nuevo Sol (monnaie du pays).

* Pour faciliter le calcul, nous avons arrondit les chiffres.

* Pour mieux comprendre les résultats du tableau, nous présentons les totaux (avant actualisation) en US Dollars. Le taux de change utilisé est de 3.62 (prix de vente au 27 avril 2001).

* L’organisation de l’enseignement scolaire correspond à l’ancienne structure du système éducatif (5ans de formation secondaire au lieu de 4), car la première promotion d’élèves issus du nouveau programme reformé complet n’apparaîtra qu’en 2007.

Tableau N° 1 : Coûts monétaires explicites

BRANCHE GENERALE BRANCHE TECHNIQUE
PRESCOLAIRE
Jardin d’enfance (5 ans)
Frais d’inscription 45 45
Frais de matériel scolaire 100 100
Frais d’ateliers 30 30
Transport 95 95
Tablier 13 13
283 283
ECOLE PRIMAIRE
Premier degré (6 ans)
Frais d’inscription 35 35
Frais de dossier 10 10
Frais de matériel scolaire 95 95
Transport 95 95
Uniforme scolaire 75 75
310 310
Deuxième degré (7 ans)
Frais d’inscription 30 30
Frais de dossier 10 10
Frais de matériel scolaire 90 90
Transport 95 95
Uniforme scolaire 75 75
300 300
Troisième degré (8 ans)
Frais d’inmatriculation 30 30
Frais de dossier 10 10
Frais de matériel scolaire 75 75
Transport 95 95
Uniforme scolaire 80 80
290 290
Quatrième degré (9 ans)
Frais d’inscription 30 30
Frais de dossier 10 10
Frais de matériel scolaire 60 60
Transport 95 95
Uniforme scolaire 80 80
275 275
Cinquième degré (10 ans)
Frais d’inscription 30 30
Frais de dossier 10 10
Frais de matériel scolaire 100 100
Transport 95 95
Uniforme scolaire 85 85
320 320
Sixième degré (11 ans)
Frais d’inscription 30 30
Frais de dossier 10 10
Frais de matériel scolaire 90 90
Transport 95 95
Uniforme scolaire 85 85
310 310
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
1ère année (12 ans)
Frais d’inscription 30 40
Frais de dossier 10 15
Frais de matériel scolaire 135 435
Frais d’admission 0 125
Frais annuel par projet 0 70
Frais de services 0 35
Transport 95 125
Uniforme scolaire 90 95
360 940
2ème année (13 ans)
Frais d’inscription 30 40
Frais de dossier 10 15
Frais de matériel scolaire 160 460
Frais annuel par projet 0 70
Frais de services 0 35
Transport 95 95
Uniforme scolaire 90 95
385 810
3ème année (14 ans)
Frais d’inscription 30 40
Frais de dossier 10 15
Frais de matériel scolaire 155 455
Frais annuel par projet 0 70
Frais de services 0 35
Transport 95 95
Uniforme scolaire 95 100
385 810
4ème année (15 ans)
Frais d’inscription 30 40
Frais de dossier 10 15
Frais de matériel scolaire 150 450
Frais annuel par projet 0 70
Frais de services 0 35
Transport 95 95
Uniforme scolaire 95 100
380 805
5ème année (16 ans)
Frais d’inscription 30 40
Frais de dossier 10 15
Frais de matériel scolaire 160 460
Frais annuel par projet 0 70
Frais de services 0 35
Transport 95 95
Uniforme scolaire 200 205
495 920
TOTAL (avant actualisation) 4 093 6 373
TOTAL en USD (3.62) 1 131 1 760

En analysant le tableau n°1, nous pouvons observer que le coût moyen de l’école par élève est de 300 soles pour l’école primaire, de 400 soles pour l’école secondaire générale, et, de 840 soles pour la variante technique (à exception de la première année qui coûte 940 soles).

Il faut souligner que les frais les plus important assumés par l’élève sont ceux du matériel scolaire. Ils représentent 33.5% du total des dépenses pour la branche générale et 45% dans le cas de la branche technique. En deuxième lieu se trouvent les frais de transport, 27.9% pour l’enseignement général et 17.9% pour l’enseignement technique. Les dépenses en uniforme scolaire pour la formation générale et technique correspondent à 26% et 17% respectivement.

Les élèves qui suivent la variante technique assument un coût supplémentaire de 2280 soles par rapport aux élèves de l’école secondaire générale. Autrement dit, ils doivent compter avec 450 soles supplémentaires par an pendant les cinq ans de formation.

II. Le coût d’opportunité

En économie, le « coût d’opportunité » est « un manque à gagner ». Cette « perte » vient du fait qu’en investissant dans l’éducation, on renonce implicitement à des formes de gain qui viendraient d’une utilisation différente des moyens financiers destinés à l’éducation.

Dans notre cas, il s’agit du coût d’opportunité individuel qu’il faut estimer en évaluant une absence de gain, ce qui implique que le manque à gagner devrait théoriquement être calculé par rapport aux projets ou affectations les plus lucratives, et ceci par rapport à la durée de vie totale de l’investissement que l’on veut effectuer.

D’une manière générale, le calcul du coût d’opportunité n’est jamais pris en compte pour la scolarisation obligatoire. Cela vient du fait, qu’en principe, un enfant n’a pas de manque à gagner car il ne devrait pas travailler. Toutefois, dans notre cas particulier, il s’agit d’enfants péruviens qui se voient contraint de travailler depuis un très jeune âge. Il nous semble donc nécessaire de prendre en compte la manque à gagner de ces enfants.

En fréquentant l’école, en plus des coûts monétaires, chaque élève renonce pendant 12 ans au revenu correspondant à un travail non qualifié, en dehors de la loi et peu rémunéré.

Nous avons construit le tableau n° 2 de la manière suivante :

En premier lieu, nous avons calculé le revenu annuel brut présumé. Ceci a été estimé à partir du gain moyen par jour indiqué par les enfants au travail. Selon nos enquêtes ce montant va de 3 à 10 soles par jour.

En supposant qu’un enfant gagne 4 soles par jour, cela veut dire qu’il perçoit 30 soles par semaine (en travaillant 5 jours par semaine), soit 1040 par an (= 52 semaines). Nous avons cependant majoré ce revenu de deux soles, tous les deux ans, en fonction de l’âge des enfants.

Ainsi, de 6 à 7ans nous estimons un revenu brut de 4 soles (1040 par an), de 8 à 9 ans 6 soles par jour (1560 par an), de 10 à 11 ans de 8 soles (2080 par an), de 12 à 13 ans de 10 soles (2600 par an), de 14 à 15 ans de 12 soles (3120 par an), et, à 16 ans de 14 soles (3640 par an). Pour déterminer le coût d’opportunité, nous avons déduit du revenu annuel brut présumé le revenu brut perçu pendant la période de vacances scolaires, c’est à dire, les gains de 17 semaines. En effet les enfants fréquentant l’école peuvent travailler pendant les vacances.

Par conséquent, durant les deux premières années d’études par exemple, les enfants qui travaillent auraient pu gagner 700 soles par an pendant le temps qu’ils passent à l’école. Pour les élèves de la première année de l’enseignement secondaire technique, la période de vacances scolaire se réduit à 5 semaines, car ils sont obligés de suivre le cours d’orientation professionnelle pendant les vacances.

Pour calculer l’indemnité de salaire d’un apprenti nous avons considéré le salaire perçu par les mineurs qui se forment sur le tas dans une menuiserie de taille moyenne à Trujillo. Ainsi, l’apprenti est censé recevoir un salaire annuel de 2210 soles la première année de formation, 3120 la deuxième, 3900 la troisième, 4420 la quatrième et 4940 la cinquième année. Il s’agit d’un travail à mi-temps, car en principe, cet enfant devrait continuer à étudier.

N.B.

** Nous avons commencé le calcul du coût d’opportunité à partir du premier degré de l’enseignement primaire (6 ans) et non du jardin d’enfance, car il est rare que les enfants travaillent à cet âge.

** L’impôt à la source n’est pas considéré car les enfants travaillent dans le cadre d’une économie informelle et leurs revenus sont minimaux.

Tableau N°2 : Coût d’opportunité

BRANCHE GENERALE BRANCHE TECHNIQUE APPRENTISSAGE DUAL
PRE-SCOLAIRE
Jardin d’enfance (5 ans)
Revenu annuel présumé 0 0 0
Revenu brut vac.scol. 0 0 0
0 0 0
ECOLE PRIMAIRE
Premier degré (6 ans)
Revenu annuel présumé 1 040 1 040 1 040
Revenu brut vac.scol. (20x17sem.) -340 -340 -340
700 700 700
Deuxième degré (7 ans)
Revenu annuel présumé 1 040 1 040 1 040
Revenu brut vac.scol. (20x17sem.) -340 -340 -340
700 700 700
Troisième degré (8 ans)
Revenu annuel présumé 1 560 1 560 1 560
Revenu brut vac.scol. (30x17sem.) -510 -510 -510
1 050 1 050 1 050
Quatrième degré (9 ans)
Revenu annuel présumé 1 560 1 560 1 560
Revenu brut vac.scol. (30x17sem.) -510 -510 -510
1 050 1 050 1 050
Cinquième degré (10 ans)
Revenu annuel présumé 2 080 2 080 2 080
Revenu brut vac.scol. (40x17sem.) -680 -680 -680
1 400 1 400 1 400
Sixième degré (11 ans)
Revenu annuel présumé 2 080 2 080 2 080
Revenu brut vac.scol. (40x17sem.) -680 -680 -680
1 400 1 400 1 400
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
1er année (12 ans)
Revenu annuel présumé 2 600 2 600 2 600
Revenu brut vac.scol. (50x17sem.) -850
Revenu brut vac.scol. (50x5sem.) -250
Imdemnité stage -2 210
1 750 2 350 390
2ème année (13 ans)
Revenu annuel présumé 2 600 2 600 2 600
Revenu brut vac.scol. (50x17sem.) -850 -850
Imdemnité stage -3 120
1 750 1 750 -520
3ème année (14 ans)
Revenu annuel présumé 3 120 3 120 3 120
Revenu brut vac.scol. (60x17sem.) -1 020 -1 020
Indemnité stage -3 900
2 100 2 100 -780
4ème année (15 ans)
Revenu annuel présumé 3 120 3 120 3 120
Revenu brut vac.scol. (60x17sem.) -1 020 -1 020
Indemnité stage -4 420
2 100 2 100 -1 300
5ème année (16 ans)
Revenu annuel présumé 3 640 3 640 3 640
Revenu brut vac.scol. (70x17sem.) -1 190 -1 190
Indemnité stage -4 940
2 450 2 450 -1 300
TOTAL (avant actualisation) 16 450 17 050 2 790
TOTAL US $ (3.62) 4 544 4 710 771

Le tableau n° 2 met en évidence l’énorme différence entre le coût d’opportunité assumé par les apprentis et les élèves des deux filières de formation secondaire; l’indemnité de stage joue un rôle essentiel dans l’abaissement de ce coût.

Les chiffres présentées nous permettent de déduire que le revenu brut annuel moyen d’un enfant de 6 à 11 ans qui travaille est de 1560 soles, ce qui veut dire qu’il perçoit en moyenne 130 soles par mois. Pour un enfant de 12 à 16 ans, il serait de 3016 soles par an, et 250 soles par mois; tandis que pour un apprenti de la même tranche d’âge, il est de 3718 soles par an et 310 soles par mois.

Notons que le revenu annuel moyen perçu pendant les vacances scolaires est de 510 soles pour un enfant en école primaire, de 986 pour celui qui suit l’enseignement secondaire général, et de 866 soles pour celui de la branche technique. Cette différence au niveau secondaire est déterminée par les 12 semaines consacrées au cours d’orientation professionnel.

Il faut souligner que le revenu annuel moyen perçu par l’enfant travaillant uniquement pendant les vacances scolaires est plus élevé que le coût monétaire de sa formation (300 soles pour l’école primaire, 400 soles pour l’école secondaire générale et 840 pour la variante technique).

Enfin, il faut indiquer que les élèves de la branche technique assument un coût d’opportunité plus élevé que ceux de la branche générale.

III. Le total des coûts de formation

Le calcul des coûts de la formation est déterminé en additionnant les coûts monétaires explicites et le coût d’opportunité.

Tableau N°3 : COUT REEL DE L’INVESTISSEMENT

BRANCHE GENERALE BRANCHE TECHNIQUE APPRENTISSAGE
en école générale en école technique
PRE-SCOLAIRE
Jardin d’enfance (5 ans)
Coût monétaire 283 283 283 283
Coût d’opportunité 0 0 0 0
283 283 283 283
ECOLE PRIMAIRE
Premier degré (6 ans)
Coût monétaire 310 310 310 310
Coût d’opportunité 700 700 700 700
1 010 1 010 1 010 1 010
Deuxième degré (7 ans)
Coût monétaire 300 300 300 300
Coût d’opportunité 700 700 700 700
1 000 1 000 1 000 1 000
Troisième degré (8 ans)
Coût monétaire 290 290 290 290
Coût d’opportunité 1 050 1 050 1 050 1 050
1 340 1 340 1 340 1 340
Quatrième degré (9 ans)
Coût monétaire 275 275 275 275
Coût d’opportunité 1 050 1 050 1 050 1 050
1 325 1 325 1 325 1 325
Cinquième degré (10 ans)
Coût monétaire 320 320 320 320
Coût d’opportunité 1 400 1 400 1 400 1 400
1 720 1 720 1 720 1 720
Sixième degré (11 ans)
Coût monétaire 310 310 310 310
Coût d’opportunité 1 400 1 400 1 400 1 400
1 710 1 710 1 710 1 710
ENSEIGNEMENT SECONDAIRE
1er année (12 ans)
Coût monétaire 360 940 360 940
Coût d’opportunité 1 750 2 350 390 390
2 110 3 290 750 1 330
2ème année (13 ans)
Coût monétaire 385 810 385 810
Coût d’opportunité 1 750 1 750 -520 -520
2 135 2 560 -135 290
3ème année (14 ans)
Coût monétaire 385 810 385 810
Coût d’opportunité 2 100 2 100 -780 -780
2 485 2 910 -395 30
4ème année (15 ans)
Coût monétaire 380 805 380 805
Coût d’opportunité 2 100 2 100 -1 300 -1 300
2 480 2 905 -920 -495
5ème année (16 ans)
Coût monétaire 495 920 495 920
Coût d’opportunité 2 450 2 450 -1 300 -1 300
2 945 3 370 -805 -380
Total coût monétaire 4 093 6 373 4 093 6 373
Total coût d’opportunité 16 450 17 050 2 790 2 790
TOTAL (avant actualisation) 20 543 23 423 6 883 9 273
TOTAL US $ (3.62) 5 675 6 470 1 901 2 531

D’après le tableau n°3 nous pouvons voir que le coût réel de la formation scolaire obligatoire est très élevé, et qu’il l’est encore plus pour ceux qui investissent dans la formation technique qui permet d’acquérir des compétences initiales pour l’exercice d’un métier et d’avoir ainsi de meilleures chances de trouver un emploi à la sortie de l’école.

La différence entre le coût d’investissement réel de deux formations est déterminée principalement par les dépenses monétaires effectuées par les élèves de la branche technique, notamment lors de l’entrée à l’école technique (1er année du secondaire). En effet, le coût monétaire de la variante technique est de 2280 soles supérieur à celui de l’enseignement secondaire général, tandis que la différence entre le coût d’opportunité des deux formations est de 600 soles.

L’avantage de la formation en apprentissage est le bas coût d’opportunité assumé par les apprentis, qui réduit considérablement le coût réel de l’investissement, encore plus si la formation générale est suivie dans des établissements de la filière humanistique.

Si nous poursuivions notre comparaison, nous verrions que, contrairement à ce qui se pratique dans un pays développé comme la Suisse, l’employeur ne valorise pas du tout à long terme, et seulement très peu à court terme, les connaissances techniques acquises par un jeune pendant la formation. Dans cette situation, les formations secondaires générales ou même techniques n’ont aucune chance d’être plus rentables à l’échelle d’une vie professionnelle, que l’apprentissage. Celui-ci représente de toute façon l’alternative la meilleure par rapport à quelque autre formation secondaire que ce soit, car il a un coût nettement moins élevé.

Cette analyse n’est cependant pas représentative pour le problème qui nous occupe, car nous comparons ici (dans le tableau n° 3) des apprentis à des jeunes qui ne travaillent pas durant leur formation. Mais les enfants qui nous préoccupent sont justement ceux qui travaillent pendant leur formation.

Pour vérifier laquelle des formations et la plus rentable à long terme du point de vue économique pour un enfant qui travaille, nous allons présenter à continuation ce qui se passe au niveau des gains pour les trois types de formation.

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